Le Monde : débat sur le rôle de l'inspecteur d'académie.

Du rôle de l'inspecteur d'académie

LE MONDE | 25.05.2012 à 16h46 • Mis à jour le 25.05.2012 à 16h46

Par Heinz Mundschau, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

Je réagis aux propos de Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, qui a déclaré : "Le regard de l'inspecteur est le seul légitime pour évaluer les compétences." Cela commence mal. Une réforme en grande partie judicieuse et adaptée à la situation contemporaine de l'enseignement aussitôt balayée par le "nouveau régime". Quelle erreur. Le système du tout-puissant inspecteur est un atavisme qui ne correspond plus aux nécessités de la gérance d'un établissement scolaire de nos jours. Le proviseur, pour ne parler que du secondaire, est un chef d'entreprise, non seulement dans le domaine de l'administration mais également pour ce qui est de l'enseignement proprement dit. Pour évaluer les compétences dans telle ou telle matière qu'il ne connaît pas, il lui faut effectivement un spécialiste, qui est, dans des pays dotés d'une véritable formation des futurs professeurs, un directeur de stage pour la discipline en question. Ensuite, c'est le proviseur ou le principal de collège qui doit avoir le dernier mot. Celui qu'on appelle aujourd'hui encore "inspecteur d'académie" est très loin de la réalité de l'établissement. En plus, ce ne sont pas uniquement les qualités scientifiques, incontestablement nécessaires, mais aussi le savoir-faire humain et pédagogique, qui font un bon enseignant. C'est toujours sur place que l'on subit les conséquences d'un mauvais choix. D'ailleurs, je crois que le problème principal de l'enseignement français est depuis toujours le manque presque total d'une solide formation pédagogique et didactique après la formation universitaire. Qui dit qu'il veut tout faire pour la jeunesse et son avenir doit aussi investir dans la formation des enseignants.

Heinz Mundschau, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

08 juin 2012
Education: rôle positif de l’inspecteur d’académie

Lettre parue dans Le Monde du 9 juin

Je me permets de réagir aux propos de la lettre « Du rôle de l'inspecteur d'académie» de Heinz Mundschau (Le Monde du 25 mai) . Affirmer de manière péremptoire que « le système du tout-puissant inspecteur est un atavisme qui ne correspond plus aux nécessités de la gérance d’un établissement scolaire de nos jours » me paraît sans fondement. Il me semble qu’il s’agit d’une représentation caricaturale voire archaïque de l’inspecteur dont l’omnipotence n’existe que dans certains esprits et relève même du fantasme.

Chef d’établissement dans un collège depuis dix ans, après être passée par le corps des professeurs, je ne partage absolument pas le point de vue exprimé par M. Mundschau. Au contraire, nous avons besoin de ce pilotage partagé avec les corps d’inspection qui viennent dans les établissements et, avec leur regard extérieur, nous aident dans nos analyses. Chef d’établissement, je ne me crois pas omnisciente et ne rêve pas de le devenir. J’apprécie, en particulier, ces temps d’échanges avec les inspecteurs qui nous aèrent les neurones, nous interpellent et contribuent à un croisement des regards profitable à tous les membres de la communauté éducative.

Durant ma carrière de professeur, je n’ai eu qu’à me louer de la finesse avec laquelle les rapports d’inspection me concernant étaient rédigés et, à présent, dans mes fonctions de chef d’établissement, je n’ai rencontré que des inspecteurs dont la connaissance de la réalité des établissements ne peut que susciter respect et admiration. J’ai pu observer que ces visites d’inspection supposent un minutieux travail préparatoire, une volonté d’être le plus objectif possible, ce qui n’est pas nécessairement aussi évident pour nous qui sommes en immersion dans un contexte auquel nous nous habituons, malgré nous, parfois. Sans les corps d’inspection, je crains, personnellement, que l’exercice de mon métier de chef d’établissement ne devienne trop technocratique. Je souhaite, à l’opposé de M. Mundschau, les associer le plus souvent possible aux réflexions préalables à l’élaboration des différents projets d’établissement : leur place au sein des établissements est légitime.

Réjane Castets, Béziers (Hérault)