- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Je fais suivre cette info reçue sur la liste de diffusion de "Reconstruire l'Ecole"
Bonjour,
L'ENS Cachan, à la demande du service concours, a entrepris une réforme de l'épreuve de langue pour les CPGE préparant le concours D1 (droit). Professeur dans une classe préparant à ce concours, j'ai été conviée avec mes collègues de langues à une réunion à Cachan.
L'épreuve actuelle comprend une version et un essai. Sachant que la version était tombée en disgrâce dans l'enseignement supérieur - elle a été par exemple supprimée du concours de Centrale - je m'attendais à ce qu'on nous annonce son remplacement par une épreuve de type synthèse de documents, très en vogue actuellement. Mais c'était faire preuve d'optimisme : ce que j'ai entendu est allé bien au-delà de mes craintes :
L'épreuve concoctée par un groupe de pédagogistes excessifs est une... ETUDE DE CAS !!!!!!
Il s'agit de "s'adapter aux contraintes professionnelles", d'"évaluer les candidats sur leur maîtrise effective de la langue cible" (sic) d'"élaborer un meilleur prédicteur (sic!)des compétences réelles (il y en aurait de virtuelles?) en langue étrangère des candidats telles qu'il les manifestent dans une situation hors évaluation "(Ah ! cette obsession de la "situation authentique !). L'épreuve comporterait l' "accomplissement d'une tâche avec mise en situation", "la rédaction d'un document professionnel", (pouvant être "un courrier, un email (sic) un rapport ", etc.
En vrac : "Macro-tâches" et "sous tâches", "repérage d'informations ciblées" (comme, malheureusement, au bac), "scénarios", "missions" "évaluation des compétences" tableaux à remplir avec "liste d'items" etc.
J'avais l'impression de me retrouver - bien malgré moi - dans un film d'horreur.....
Les 3 profs recrutés pour transmettre la bonne parole étaient de toute évidence de bons petits soldats de la pédagogogie... L'un d'eux a même pondu un livre sur l'évaluation dont il n'a pas omis de nous vanter les mérites....(je suis en train d'essayer de retrouver son nom que je n'ai malheureusement pas noté.)
Heureusement, les collègues présents (5 en tout !!!!) étaient tout aussi consternés que moi et les pédagos ont dû essuyer un feu nourri de critiques de plus en plus virulentes.
Nous avons décidé de nous opposer à la mise en place de cette réforme, mais la période ne s'y prête guère ! Leur intention est de mettre en place cette réforme dès la rentrée 2014 !!!! (alors que les élèves entrant en 2ème année ont été préparés à la version et l'essai !)
Merci de diffuser cette info auprès des professeurs de CPGE en particulier afin que la mobilisation soit la plus large possible. Il faut à tout prix empêcher cette réforme !
Amitiés
************
Voici le compte-rendu express d'une collègue présente à la réunion qui vous donnera quelques renseignements complémentaires :
Bonsoir à tous,
La réunion a duré plus de 2 heures 30, je suis partie avant son terme. Ne vous formalisez pas s'il vous plaît pour la forme que prend mon compte-rendu.
Nous avons été reçus par trois enseignants de langue du département qui ne devraient pas être congédiés lors de l'autonomie de la D1. Monsieur .... leur a assuré qu'il continuerait à recourir à leurs services et notamment pour cette "commande" consistant en la refonte de l'épreuve de langue vivante au concours D1.
Je pense qu'il n'y a pas malice dans le choix de l'horaire, peu compatible avec l'organisation des collègues habitant en province. Les enseignants ont considéré que les collègues de langue étaient sans doute en période d'examens et concours, ils voulaient leur laisser la possibilité d'assister à cette réunion. Ils reconnaissent ne pas avoir pensé aux collègues de province.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est finalement de ne pas avoir reçu de réponse à la question, pourtant deux fois posée : s'agissait-il d'une réunion d'information sur un projet définitif qui n'attend plus que son décret, ou bien davantage de "tâter" le terrain auprès de nous pour éventuellement réviser leur copie ? Je penche davantage pour la première version. L'IG n'a pas été consulté.
Le projet serait prévu pour une application dès la session de 2014 ! Nous avons collectivement manifesté notre désaccord. On nous a répondu que tous les étudiants seraient placés dans la même situation... Il y a de fortes chances que l'échéance soit néanmoins reportée.
La commande de M.... : réactualiser les connaissances en langue, l'évaluation de la maîtrise effective de la langue cible et pas seulement sur le français avec l'exercice de version. Les D1 ont vocation à travailler dans des ambassades, cabinets d'avocats internationaux, entreprises. Il faut articuler la préparation en CPGE avec la formation en langue dispensée à Ker Lann. L'autonomie de Ker Lann permet ce changement - ça augure mal du reste - il faut partir de situations qui permettent de montrer la maîtrise effective de la langue. Voilà pour les objectifs annoncés en début de réunion. L'objectif ne serait plus une évaluation négative mais une évaluation positive.
L'épreuve durerait 3 heures. Ne seraient corrigés que les admissibles, rien de neuf. Ce serait une épreuve de synthèse, à partir d'une étude de cas, de scénarios... 3 sujets "zéro" ont été remis et seront sans doute diffusés. Je n'ai pas de scanner. L'objectif serait d'accomplir une tâche avec une mise en situation (rôle de conseiller d'un maire, de chef d'entreprise, d'une mairie...) qui conduirait l'étudiant - consignes formulées en français - à rédiger une lettre, un courriel, un rapport, un compte-rendu pour une conférence, pour communiquer de manière générale. Pour ceux qui ont vécu l'épreuve de l'OMA, c'est le retour... L'objectif est de rédiger un document professionnel, un document préparatoire à une action que le chef veut organiser. Pour ceux qui regrettaient de ne pas être allés en BTS... collègue ou étudiant... Ce serait la macro-tâche.
Il y aurait une sous-tâche pour évaluer les compétences en langue, le repérage d'une information ciblée, sélective. Dans le sujet "zéro", un tableau appelé "SWOT" doit être complété. Pour ceux qui adorent le management... n'oublions pas que ce sont les collègues de langue qui devront gérer tous ces aspects, et surtout ceux qui enseignent l'italien, l'allemand ou l'espagnol 1 heure par semaine avec D1 et D2 confondus !
La production des étudiants est fixée à 1000 mots (italien, espagnol, anglais). 500 mots pour l'allemand.
Les documents (documents institutionnels, graphique, article de presse, pas audio car techniquement complexe) n'excéderaient pas 2500 mots (2000 en allemand). Et c'est très long... L'épreuve est sans dictionnaire. La discussion a été houleuse sur le nombre de documents, la complexité des documents, le temps passé à la compréhension et finalement peu sur la rédaction proprement dite.
Le "spécialiste" de l'évaluation - maître de conférences ayant apparemment réfléchi sur l'évaluation dans sa thèse - dit que 250 mots ne sont pas suffisants pour repérer les erreurs systématiques.
Les étudiants pourraient apporter des connaissances extérieures.
Les 3 collègues ont fourni des suggestions pour la préparation : ils se sont référés à un diplôme de l'enseignement supérieur qui existe déjà : le diplôme de compétences en langue étrangère (épreuve par scénario).
Voilà les éléments bruts tels que je les ai pris en notes. Nous étions 5 présents. Nous avons manifesté notre désaccord sur de nombreux points. Il semblerait qu'il y ait un consensus sur l'épreuve actuelle, peu satisfaisante en ce qui concerne l'essai.
Néanmoins, pourquoi ne pas proposer une composition - terme utilisé dans le programme officiel pour les épreuves de droit - avec deux documents dont les arguments devraient être repris pour s'assurer d'une bonne compréhension ? Je l'ai proposé à deux reprises.
J'ai lourdement insisté sur le fait que cela rendait le concours de l'ENS moins prestigieux avec des sujets de type BTS : "vous êtes le conseiller de ...". Le maître de conférence a insisté sur la contextualisation indispensable pour communiquer. C'était insupportable pour une option A d'entendre encore ces mots de communication externe, compte-rendu, rapport. Cela l'était tout autant pour les collègues de langue présents, préférant continuer à travailler la civilisation, l'actualité... L'épreuve orale resterait inchangée.
Le message a été répété à plusieurs reprises : l'épreuve doit être conçue pour les besoins de l'école. Et nous de répéter que les 17 normaliens recrutés sont suffisamment brillants pour être capables de produire ce genre de document si la voie professionnelle empruntée l'exige.
Nous étions peu, mais virulents, très remontés. Une collègue est partie, dépitée d'entendre une messe sur le "comment évaluer".
Peut-être serait-il bon dans un premier temps de se rapprocher de l'IG.
Je vous remercie de diffuser largement ces quelques points. Une réflexion collective doit commencer. Les juristes pourront apprécier la mention "document non contractuel" apposée sur le document remis ce soir intitulé "D1 - session 2014 et suivantes - nouvelle épreuve écrite en langue'.
Bonne soirée à tous,
***
Bonjour,
L'ENS Cachan, à la demande du service concours, a entrepris une réforme de l'épreuve de langue pour les CPGE préparant le concours D1 (droit). Professeur dans une classe préparant à ce concours, j'ai été conviée avec mes collègues de langues à une réunion à Cachan.
L'épreuve actuelle comprend une version et un essai. Sachant que la version était tombée en disgrâce dans l'enseignement supérieur - elle a été par exemple supprimée du concours de Centrale - je m'attendais à ce qu'on nous annonce son remplacement par une épreuve de type synthèse de documents, très en vogue actuellement. Mais c'était faire preuve d'optimisme : ce que j'ai entendu est allé bien au-delà de mes craintes :
L'épreuve concoctée par un groupe de pédagogistes excessifs est une... ETUDE DE CAS !!!!!!
Il s'agit de "s'adapter aux contraintes professionnelles", d'"évaluer les candidats sur leur maîtrise effective de la langue cible" (sic) d'"élaborer un meilleur prédicteur (sic!)des compétences réelles (il y en aurait de virtuelles?) en langue étrangère des candidats telles qu'il les manifestent dans une situation hors évaluation "(Ah ! cette obsession de la "situation authentique !). L'épreuve comporterait l' "accomplissement d'une tâche avec mise en situation", "la rédaction d'un document professionnel", (pouvant être "un courrier, un email (sic) un rapport ", etc.
En vrac : "Macro-tâches" et "sous tâches", "repérage d'informations ciblées" (comme, malheureusement, au bac), "scénarios", "missions" "évaluation des compétences" tableaux à remplir avec "liste d'items" etc.
J'avais l'impression de me retrouver - bien malgré moi - dans un film d'horreur.....
Les 3 profs recrutés pour transmettre la bonne parole étaient de toute évidence de bons petits soldats de la pédagogogie... L'un d'eux a même pondu un livre sur l'évaluation dont il n'a pas omis de nous vanter les mérites....(je suis en train d'essayer de retrouver son nom que je n'ai malheureusement pas noté.)
Heureusement, les collègues présents (5 en tout !!!!) étaient tout aussi consternés que moi et les pédagos ont dû essuyer un feu nourri de critiques de plus en plus virulentes.
Nous avons décidé de nous opposer à la mise en place de cette réforme, mais la période ne s'y prête guère ! Leur intention est de mettre en place cette réforme dès la rentrée 2014 !!!! (alors que les élèves entrant en 2ème année ont été préparés à la version et l'essai !)
Merci de diffuser cette info auprès des professeurs de CPGE en particulier afin que la mobilisation soit la plus large possible. Il faut à tout prix empêcher cette réforme !
Amitiés
************
Voici le compte-rendu express d'une collègue présente à la réunion qui vous donnera quelques renseignements complémentaires :
Bonsoir à tous,
La réunion a duré plus de 2 heures 30, je suis partie avant son terme. Ne vous formalisez pas s'il vous plaît pour la forme que prend mon compte-rendu.
Nous avons été reçus par trois enseignants de langue du département qui ne devraient pas être congédiés lors de l'autonomie de la D1. Monsieur .... leur a assuré qu'il continuerait à recourir à leurs services et notamment pour cette "commande" consistant en la refonte de l'épreuve de langue vivante au concours D1.
Je pense qu'il n'y a pas malice dans le choix de l'horaire, peu compatible avec l'organisation des collègues habitant en province. Les enseignants ont considéré que les collègues de langue étaient sans doute en période d'examens et concours, ils voulaient leur laisser la possibilité d'assister à cette réunion. Ils reconnaissent ne pas avoir pensé aux collègues de province.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est finalement de ne pas avoir reçu de réponse à la question, pourtant deux fois posée : s'agissait-il d'une réunion d'information sur un projet définitif qui n'attend plus que son décret, ou bien davantage de "tâter" le terrain auprès de nous pour éventuellement réviser leur copie ? Je penche davantage pour la première version. L'IG n'a pas été consulté.
Le projet serait prévu pour une application dès la session de 2014 ! Nous avons collectivement manifesté notre désaccord. On nous a répondu que tous les étudiants seraient placés dans la même situation... Il y a de fortes chances que l'échéance soit néanmoins reportée.
La commande de M.... : réactualiser les connaissances en langue, l'évaluation de la maîtrise effective de la langue cible et pas seulement sur le français avec l'exercice de version. Les D1 ont vocation à travailler dans des ambassades, cabinets d'avocats internationaux, entreprises. Il faut articuler la préparation en CPGE avec la formation en langue dispensée à Ker Lann. L'autonomie de Ker Lann permet ce changement - ça augure mal du reste - il faut partir de situations qui permettent de montrer la maîtrise effective de la langue. Voilà pour les objectifs annoncés en début de réunion. L'objectif ne serait plus une évaluation négative mais une évaluation positive.
L'épreuve durerait 3 heures. Ne seraient corrigés que les admissibles, rien de neuf. Ce serait une épreuve de synthèse, à partir d'une étude de cas, de scénarios... 3 sujets "zéro" ont été remis et seront sans doute diffusés. Je n'ai pas de scanner. L'objectif serait d'accomplir une tâche avec une mise en situation (rôle de conseiller d'un maire, de chef d'entreprise, d'une mairie...) qui conduirait l'étudiant - consignes formulées en français - à rédiger une lettre, un courriel, un rapport, un compte-rendu pour une conférence, pour communiquer de manière générale. Pour ceux qui ont vécu l'épreuve de l'OMA, c'est le retour... L'objectif est de rédiger un document professionnel, un document préparatoire à une action que le chef veut organiser. Pour ceux qui regrettaient de ne pas être allés en BTS... collègue ou étudiant... Ce serait la macro-tâche.
Il y aurait une sous-tâche pour évaluer les compétences en langue, le repérage d'une information ciblée, sélective. Dans le sujet "zéro", un tableau appelé "SWOT" doit être complété. Pour ceux qui adorent le management... n'oublions pas que ce sont les collègues de langue qui devront gérer tous ces aspects, et surtout ceux qui enseignent l'italien, l'allemand ou l'espagnol 1 heure par semaine avec D1 et D2 confondus !
La production des étudiants est fixée à 1000 mots (italien, espagnol, anglais). 500 mots pour l'allemand.
Les documents (documents institutionnels, graphique, article de presse, pas audio car techniquement complexe) n'excéderaient pas 2500 mots (2000 en allemand). Et c'est très long... L'épreuve est sans dictionnaire. La discussion a été houleuse sur le nombre de documents, la complexité des documents, le temps passé à la compréhension et finalement peu sur la rédaction proprement dite.
Le "spécialiste" de l'évaluation - maître de conférences ayant apparemment réfléchi sur l'évaluation dans sa thèse - dit que 250 mots ne sont pas suffisants pour repérer les erreurs systématiques.
Les étudiants pourraient apporter des connaissances extérieures.
Les 3 collègues ont fourni des suggestions pour la préparation : ils se sont référés à un diplôme de l'enseignement supérieur qui existe déjà : le diplôme de compétences en langue étrangère (épreuve par scénario).
Voilà les éléments bruts tels que je les ai pris en notes. Nous étions 5 présents. Nous avons manifesté notre désaccord sur de nombreux points. Il semblerait qu'il y ait un consensus sur l'épreuve actuelle, peu satisfaisante en ce qui concerne l'essai.
Néanmoins, pourquoi ne pas proposer une composition - terme utilisé dans le programme officiel pour les épreuves de droit - avec deux documents dont les arguments devraient être repris pour s'assurer d'une bonne compréhension ? Je l'ai proposé à deux reprises.
J'ai lourdement insisté sur le fait que cela rendait le concours de l'ENS moins prestigieux avec des sujets de type BTS : "vous êtes le conseiller de ...". Le maître de conférence a insisté sur la contextualisation indispensable pour communiquer. C'était insupportable pour une option A d'entendre encore ces mots de communication externe, compte-rendu, rapport. Cela l'était tout autant pour les collègues de langue présents, préférant continuer à travailler la civilisation, l'actualité... L'épreuve orale resterait inchangée.
Le message a été répété à plusieurs reprises : l'épreuve doit être conçue pour les besoins de l'école. Et nous de répéter que les 17 normaliens recrutés sont suffisamment brillants pour être capables de produire ce genre de document si la voie professionnelle empruntée l'exige.
Nous étions peu, mais virulents, très remontés. Une collègue est partie, dépitée d'entendre une messe sur le "comment évaluer".
Peut-être serait-il bon dans un premier temps de se rapprocher de l'IG.
Je vous remercie de diffuser largement ces quelques points. Une réflexion collective doit commencer. Les juristes pourront apprécier la mention "document non contractuel" apposée sur le document remis ce soir intitulé "D1 - session 2014 et suivantes - nouvelle épreuve écrite en langue'.
Bonne soirée à tous,
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- MrBrightsideEmpereur
Et moi j'attends le moment où on va nous coller de la synthèse en EC...
- dandelionVénérable
Donc en gros ils feraient passer le Toeic à l'entrée de Normale sup' Et leur base c'est le DCL, examen dont le succès a été pour le moins mitigé? Version + essai me semblaient pourtant un bon moyen de tester le niveau écrit des candidats, et ce à moindre coût avec des critères extrêmement clairs (barbarisme, faux-sens, etc).
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