Chronique ordinaire d'un collège qui part en sucette... et une agression, une de plus!

Aujourd'hui, ma collègue agressée vendredi par un 5è (voir ici: Je râle...) a rencontré ma principale. Celle-ci l'a accusée d'un défaut de surveillance (c'est vrai que quand on surveille, c'est bien connu, on évite à 100% toute agression...) parce qu'elle était penchée sur une table en train d'écrire juste avant de se faire agresser (vu le temps qu'on passe à écrire au tableau, ou dans les cahiers de correspondance, je pense qu'on est tous des irresponsables auxquels on ne devrait pas confier d'élèves.). Elle accuse également ma collègue de "faire des histoires pour un élève qui ne pose pas de problème". En tant que PP, je peux assurer que l'adjoint comme la CPE savent que cet élève a posé bien des problèmes. Mais on s'en fout: un agresseur, qu'il soit blanc comme neige avant l'agression ou pas, reste un agresseur.

Depuis que je sais tout ça, je répète en boucle: "J'hallucine...".
Ma copine-collègue à laquelle je viens de raconter tout ça répète la même chose.
Je pense qu'à la rentrée, quand tous les collègues sauront, nous serons tous victimes d'une hallucination collective. Juste parce qu'on n'a plus de mots pour tout ce qui se passe, pour tout ce qui se fait, ou plutôt ce qui ne se fait pas.

Excuse-moi Audrey, je prends toute ta détresse en cours de route. Mais n'y a-t-il pas moyen de tout arrêter si les réactions de la direction sont si hallucinantes ? Un débrayage collectif ?

C'est... effarant.

Audrey

Notre direction est un peu comme ça aussi: c'est toujours un peu notre faute quand il y a un incident?!

On a débrayé une heure en protestation, mis la pression, écrit des lettres au rectorat et proviseur vie-scolaire et on a obtenu un rapport de forces un peu plus favorable.

Courage! Il faut réagir collectivement.

On va en parler le jour de la rentrée... il faudra que le lundi soir, on ait officiellement l'annonce de la tenue d'un conseil de discipline. Du moins c'est ce qu'avec ma copine et ma collègue agressée on se disait..
Là, je fais tourner l'info auprès de mes collègues pour qu'on arrive déjà avec des idées pour la rentrée...

Mais ça commence à faire beaucoup d'agressions, de dépôts de plainte, avec toujours comme seule réponse: "C'est de votre faute..." ou "Ça s'est passé aux abords du collège...".

C'est rageant d'être face à une telle inertie! Je compatis.

Dans mon collège, nous avons tout arrêté mercredi quand des représentants des parents sont rentrés sans autorisation dans le collège, ont interrompu, crié sur et dénigré un prof d'EPS qui faisait une heure de vie de classe à ses élèves pour régler un malentendu, sont allés chercher le chef d'établissement qui a hurlé sur notre collègue.... qui s'est évanouie !!!!
Tout ça, au départ, à cause d'un malentendu sur une remarque de cette prof en conseil de classe considérée comme une remarque raciste (pourtant tous les gens présents ont souri à cette pseudo blague qui était juste nulle- et une attitude considérée comme un dénigrement contre un élève un peu efféminé qu'elle a mis dans un groupe de filles vu son niveau...) Du grand n'importe quoi parti des élèves qui ont été à l'origine de rumeurs de plus en plus grandes qui ont atteint les oreilles des parents, puis de la FCPE, qui ont carrément alerté la LICRA.
Des excuses ont été présentées , tout a été mis à plat, mais le mal est fait et je souhaite bon courage à ma collègue pour reinstaurer de nouveau un climat de confiance après ces rumeurs...

J'hallucine tout autant !

Ta CDE est folle, ou complètement sadique, surement les deux...

Je ne vois pas d'autre explication !

Ta collègue peut-elle se faire aider et conseiller par un syndicat ?

Ta chef a vraiment l'air toxique décidemment !

Je trouve cette approche en effet hallucinante. Il n'y a pas de possibilité que les élus du collège saisissent le rectorat du problème en demandant par exemple une inspection administrative et de vie scolaire ?
Ton témoignage tombe juste le soir où je reçois de mon chef une note complètement opposée. Et pourtant, il s'agit de la même administration. C'est incompréhensible.
https://www.neoprofs.org/t46321-vous-avez-ca-aussi-le-document-unique-de-prevention-des-risques#1377087

On préfèrerait sûrement passer par une autre solution qu'un audit ou l'intervention d'un médiateur...
Nous laisserons la possibilité à notre CDE de convoquer le conseil de discipline. Les choses se compliqueront si elle ne nous l'accorde pas...

Audrey a écrit:On préfèrerait sûrement passer par une autre solution qu'un audit ou l'intervention d'un médiateur...
Nous laisserons la possibilité à notre CDE de convoquer le conseil de discipline. Les choses se compliqueront si elle ne nous l'accorde pas...

Oui, je le conçois volontiers...
On devrait recenser sur Néo le nombre d'établissements en péril du fait de l'incurie de leurs chefs.

En fait, après lecture de ton post sur les "risques" du métier, Cripure, j'en viens à partager avec vous la conclusion suivante.
On essaie de nous rendre dingues, de nous casser, de nous briser les reins pour éteindre toute tentative de résistance.
La technique du chaud-froid est radicale pour détruire un pare-brise avec impact, elle l'est aussi pour casser les gens: faites d'eux l'objet d'actions contradictoires (je te protège quand rien ne se passe/ je t'accable quand tu es à terre) et vous les verrez craquer en un claquement de doigt.

Plus le temps passe, et plus je suis convaincue de la justesse de ma conclusion. On se fout de nous, et la meilleure façon de le faire, c'est de nous laisser croire qu'on ne le fait pas.

Audrey a écrit:En fait, après lecture de ton post sur les "risques" du métier, Cripure, j'en viens à partager avec vous la conclusion suivante.
On essaie de nous rendre dingue, de nous casser, de nous briser les reins pour éteindre toute tentative de résistance.
La technique du chaud-froid est radicale pour détruire un pare-brise avec impact, elle l'est aussi pour casser les gens: faites d'eux l'objet d'actions contradictoires (je te protège quand rien ne se passe/ je t'accable quand tu es à terre) et vous les verrez craquer en un claquement de doigt.

Plus le temps passe, et plus je suis convaincue de la justesse de ma conclusion. On se fout de nous, et la meilleure façon de le faire, c'est de nous laisser croire qu'on ne le fait pas.

La lettre de mon proviseur (brave type au demeurant) m'a surpris et je dois dire que c'est ton interprétation d'ensemble que me paraît être la plus cohérente. J'ajoute "hélas".

Ouaip.
Je préfèrerais moi aussi me tromper.

La réaction de la CDE est pitoyable et je dirais même....criminelle.
En effet, aucune gestion de l'humain et pour moi, c'est le meilleur moyen de conduire les professeurs à une détresse psychologique destructrice !!!

Heureusement que ma collègue et moi-même sommes assez solides... d'autres que nous auraient pété les plombs en étant "soutenu(e)s" de cette façon après une agression.

With friends like these, who needs enemies..?

Décidément...ça ne s'améliore pas (forcément).

La réaction collective, heure de vie syndicale...
Dans le lycée d'une amie, cet aprem, c'était droit de retrait et discussion avec la direction qui ne réagit pas à des faits très graves (pas au lycée / au lycée mais on peut rien faire blablabla).

Il faut inverser le rapport de force!

Bon courage!

Merci Ergo...

Audrey a écrit:Heureusement que ma collègue et moi-même sommes assez solides... d'autres que nous auraient pété les plombs en étant "soutenu(e)s" de cette façon après une agression.

La principale agit-elle ainsi avec tout le monde? N'est-ce pas un choix de "casser" les fortes têtes ou les profs considérés comme solides?

Bon courage Audrey.

Non, je ne pense pas Provence, en ce qui concerne la gestion des violences, insultes et autres problèmes disciplinaires, elle fait preuve d'une incroyable équité entre tous les enseignants: les élèves ne sont que très rarement sanctionnés à hauteur de leur faute.

Il se trouve que ma collègue et moi sommes les seules à avoir été agressées au collège cette année (les premières de cette façon là d'ailleurs en 9 ans) . Je n'ai donc pas de point de comparaison sur ce domaine particulier du "soutien post agression".

Sud education vient de lancer une enquête sur les rapports avec la hiérarchie : c'est le moment de s'exprimer.

Les chefs d'établissement sont capables d'une prodigieuse inventivité verbale quand il s'agit de ne rien faire. Je crois même qu'ils sont recrutés sur ce seul critère. Ça me fascinera toujours.

Je comprends mieux Chaumont pourquoi ce sujet était à l'ordre du jour de notre heure d'infos syndicales il y a peu...ceux qui l'organisent sont à SUD.

On n'a pas eu le temps d'en discuter, malgré ce qui s'était passé entre moi et la CDE peu de temps auparavant...mais là, évidemment, on ne va même pas attendre la prochaine heure d'info pour en parler...

Audrey, n'oublions jamais : le chef est seul(e),nous sommes nombreux.

Il suffit de poser des heures syndicales, de parler entre collègues.
ca doit déboucher sur une grève...
le chef recule, à ce stade.

Mais rassure-toi: l'heure syndicale est posée chaque mois.