"procès" d'une élève fait par la classe

Comme certains le savent, j'ai une élève en 6ème qui n'arrive pas à s'intégrer, est très maladroite dans sa façon de s'adresser aux élèves et à l'équipe éducative... depuis quelques semaines, il s'avère que le harcèlement dont elle est victime n'est vrai qu'à demi : plusieurs élèves et leurs parents l'accusent de mentir, de déformer des faits voire d'embêter les autres élèves.
Ce matin, quand je suis arrivée, la classe était en ébullition. Cette élève avait commis quelque chose de grave envers un autre, sous les yeux de deux autres camarades. Je n'ai pas pu les retenir : ils ont vidé leur sac, cela a duré environ une demi heure. J'ai laissé la parole à cette élève dès qu'elle la demandait, évidemment les informations se contredisaient mais elle a admis certains faits... (sous la pression ?) Elle a un vrai problème et je comprends le sentiment de la classe, seulement je n'avais pas du tout envie d'organiser un procès !!! J'ai fini par couper court (mais sans doute trop tard) et ai retrouvé la classe par la suite chez le CE.
Je m'en veux énormément d'avoir laissé un tel événement se produire. Aurais-je du envoyer quelqu'un chercher le CPE ? Cela aurait signifié qu'un vrai débat commençait, or ce n'était pas non plus ce que je voulais. Je sais déjà que la mère va retourner ça contre moi... Bon, en fait, je voulais surtout savoir ce que vous auriez fait, la situation m'a échappé.

Couper court immédiatement, sans discussions, ce n'est pas le lieu, pas le moment. Promettre de recevoir les élèves concernés après le cours, d'écouter les témoins, avec le CPE et de faire un rapport selon les circonstances.

Quand il y a un incident on ne peut pas non plus faire comme si de rien. Couper au plus court dirais-je et relayer aussi vite que possible auprès des personnes qui pourront dépassionner le débat, donc hors classe.

L'année dernière, nous avons dû gérer une élève de 6è qui devrait sûrement être en 4è, extrêmement violente, menteuse (elle avait accusé un collègue d'attouchement dans son ancien collège), et disons le, presque folle ... Nous avions interdiction de rencontrer la mère (malheureusement, elle m'est tombée dessus, on aurait dit une méchante femme russe, comme dans les vieux films, avec un accent horrible ...)
Bref, l'année a été difficile, d'autant plus que les garçons de la classe s'amusaient à la chercher, et qu'évidemment, elle leur rentrait dedans, en cours, à la récré, dans les couloirs ... C'était insupportable.

On a réussi tant bien que mal à la gérer. En fait, en son absence, nous avons discuté avec la classe, mais un peu chacun dans nos cours. Pour ma part, j'ai expliqué que cette élève avait des soucis à se concentrer, à avoir une attitude "normale", et que je comprenais leur ras le bol. MAIS je leur ai aussi expliqué que JE gérais ses interruptions de cours, ses accès de folie, et que je comptais sur eux pour l'ignorer TOTALEMENT quand elle montrait sa vilaine personnalité, et par contre, je comptais sur eux pour être gentils et agréables quand elle faisait des efforts ...

Et bien ça n'a vraiment pas été facile, mais ils ont été assez surprenants. Quand elle se retournait pour les chercher du regard, ils faisaient semblant de rien, et moi je leur faisais un clin d'oeil pour leur signifie que j'appréciais leur attitude, puis je la remettais gentiment en place, sans que ça prenne trop de temps.
Certains se sont même proposés pour s'asseoir à côté d'elle(on a changé souvent de voisin, quand même ...) et elle a fait de gros efforts de participation.

Je pense que ce n'était pas du tout académique, mais ça a fonctionné quand même pas mal, les élèves l'ont d'ailleurs félicitée en fin d'année quand on a fait un bilan ...

J'aurais fait comme toi, j'en suis sûre ... De toute façon, maintenant, c'est fait, tu n'as pas à culpabiliser. Ce qu'il faut, c'est trouver des solutions pour cette petite ...

Ce n'est pas académique mais c'est très humain et fait grandir tout le monde.

On leur a demandé la même chose Pluie, mais sans succès... Elle a systématiquement embêter l'autre et s'il ne répond pas, elle l'agresse hysiquement (l'un d'eux a les chaussures bousilléées !). Et comme elle n'a jamais été absente, je n'ai jamais eu l'occasion de parler à l'ensemble de la classe. Enfin bon, comme tu dis c'est fait... our elle, le CE ne veut pas qu'on apelle le médecin scolaire sans accord des parents et ils refusent. Il va les convoquer pour en reparler.

ah, oui, la nôtre était très souvent absente, ça permettait de souffler, de mettre au point des stratégies et de féliciter les enfants ...

Dur de travailler sans les parents ...

En tout cas courage, et sache que tu n'as rien à te reprocher !

Magpie a écrit:On leur a demandé la même chose Pluie, mais sans succès... Elle a systématiquement embêter l'autre et s'il ne répond pas, elle l'agresse physiquement (l'un d'eux a les chaussures bousilléées !). Et comme elle n'a jamais été absente, je n'ai jamais eu l'occasion de parler à l'ensemble de la classe. Enfin bon, comme tu dis c'est fait... pour elle, le CE ne veut pas qu'on appelle le médecin scolaire sans accord des parents et ils refusent. Il va les convoquer pour en reparler.

Pour parler avec l'ensemble de la classe en l'absence de cette élève, vous pourriez peut-être la convoquer chez le CDe et/ou CPE et/ou l'infirmière. Pendant ce temps, un ou plusieurs profs en profite le point avec la classe.

Pour le refus des parents, il faudrait peut-être leur signaler que le comportement de leur fille (agression physique sur d'autres élèves) pourrait donner lieu à un conseil de disc. avec exclusion à la clef et/ou à une plainte déposée par les parent des élèves agressés. Est-ce qu'ils préfèrent vraiment cela à une rencontre avec le médecin scolaire ? Bien sûr, il ne faudrait pas le leur présenter comme un "chantage". L'idée serait plutôt de leur dire "normalement, ça va mal se finir pour votre fille, point barre. Mais notre objectif n'est pas de l'exclure ou de la mettre en difficulté. Comme vous, nous souhaitons ce qu'il y a de mieux pour elle, or le mieux nous semble la prévention et l'accompagnement par le médecin plutôt que le répressif bête et méchant. Nous sommes dans le même camp etc."

Voilà, à vrai dire jusqu'ici aucun élève ne s'était plaint (d'ailleurs zozo premier a dit "Moi je trouve que zozo 2 il a été vachement sympa parce que quand il était à côté d'elle, il avait des bleus et il s'est jamais plaint pour pas la faire punir"), mais ces nouvelles "preuves" vont peser dans la balance. Quand je pense à ce qu'elle peut avoir dans la tête, j'ai drôlement peur... Son comportement est vraiment indéchiffrable.

Il faut passer la main. Hélas, tu ne pourras pas déchiffrer son comportement, tu n'as pas les clés pour le faire.

En récupérant des témoignages d'élèves, vous pourriez envisager une commission éducative.

Magie : quand je ne trouve aucune solution qui satisfait tout le monde, je choisis souvent celle qui satisfait le plus grand nombre. Je privilégie l'intérêt commun à l'intérêt de l'élève, même si l'élève en question est en souffrance et aurait davantage besoin d'aide que les autres.
Car je suis professeur. Ma sœur est assistante sociale. Pas moi.

À ta place, je pense que j'aurais donné un temps limite, genre OK, le problème empêche de travailler, on en parle dix minutes, et ensuite on travaille, on est là pour ça..

Dans tous les cas, il ne faut jamais s'en vouloir quand on est pris au dépourvu et qu'on ne gère pas au mieux une situation délicate comme celle-là. Nous n'avons pas les clés pour résoudre ce genre de choses.