Les chiffres dramatiques du capes externe en 2011 : tous les postes n'ont pas été pourvus en mathématiques, lettres, musique, documentation, langues, SES...

Pour rappel :

Au CAPES externe de mathématiques, où il y avait 846 postes ouverts en 2010 et 950 en 2011, le nombre de candidats présents aux épreuves écrites est passé de 2695 en 2010 à 1285 en 2011 (-53%), le nombre d'admissibles de 1919 à 1047 (-46%), le nombre d'admis de 846 à 574

Je résume : en 2011, en mathématiques, 950 postes étaient ouverts, 1285 candidats se sont présentés, et seulement 574 postes ont été pourvus.

Ca donne une idée de l'ampleur du désastre.

Et il n'y a pas qu'en mathématiques :

Lettres classiques -> Nombre de postes ouverts : 185 Nombre de candidats présents : 119 Nombre de postes pourvus : 77
Lettres modernes -> Nombre de postes ouverts : 800 Nombre de candidats présents : 1523 Nombre de postes pourvus : 645

En lettres classiques, on n'a même pas pourvu la moitié des postes !

Documentation -> Nombre de postes ouverts : 145 Nombre de présents : 394 Nombre de postes pourvus : 142

Allemand -> Nombre de postes ouverts : 175 Nombre de candidats présents : 280 Nombre de postes pourvus : 174
Anglais -> Nombre de postes ouverts : 790 Nombre de candidats présents : 1679 Nombre de postes pourvus : 659

SES -> Nombre de postes ouverts : 72 Nombre de candidats présents : 333 Nombre de postes pourvus : 68

Musique -> Nombre de postes ouverts : 120 Nombre de candidats présents : 134 Nombre de postes pourvus : 72


Vous savez désormais quoi répondre à ceux qui trouvent que prof est un métier de fainéant : "Il reste des places au concours : présente-toi".

et bien, Hollande n'est pas près de pouvoir réembaucher des profs, quand bien même il le voudrait... il n'y aura pas assez de profs pour remplacer 1 départ en retraite sur deux, c'est Sarko qui va être content, dans certaines matières, on remplace une personne sur 4 !

Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

On va vraiment devenir une espèce en disparition, voire une caste de privilégiés. J'attends juste le moment où je ne vais plus devoir quémander un poste de prof, mais me faire appeler par les CDE, avoir une liste de bahuts longue comme le bras et choisir l'endroit qu'il me plaira en fonction des avantages que l'on me proposera.

*dream*

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

Ceci dit, vu ce qu'est devenu l'enseignement de LC depuis une dizaine d'années, il n'y a rien d'étonnant à cela. Tant que le CAPES de LC sera une épreuve de langue latine et grecque (quelle idée saugrenue, n'est-ce pas ?), et pas de simili culture générale-étymologie-TICE-mythologie-connaissance des peplums, je ne vois pas comment la tendance pourrait s'inverser...

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

+1

A part ça, je vois qu'on supprime les postes de lettres classiques autour de chez moi, et que des compléments de service me pendent au nez...

En tout cas, je vois aussi qu'en math ce ne sont pas les étudiants les plus brillants semble-t-il qui tentent le concours. Je me demande bien pourquoi...

Modulo a écrit:On va vraiment devenir une espèce en disparition, voire une caste de privilégiés. J'attends juste le moment où je ne vais plus devoir quémander un poste de prof, mais me faire appeler par les CDE, avoir une liste de bahuts longue comme le bras et choisir l'endroit qu'il me plaira en fonction des avantages que l'on me proposera.

*dream*

:lol: et ton rêve se cassera la gueule quand tu verras que tes élèves de 3e n'ont encore jamais eu cours d'anglais ou que tes élèves de 1ère n'ont eu de cours de français que trois ans depuis leur sortie de primaire...

En tout cas, c'est le moment où jamais de se présenter au capes pour un étudiant un tout petit peu sérieux et motivé par la perspective d'un emploi stable.

Dinaaa a écrit:En tout cas, c'est le moment où jamais de se présenter au capes pour un étudiant un tout petit peu sérieux et motivé par la perspective d'un emploi stable.

Ça, c'est encore à voir...

Marie Laetitia a écrit:

:lol: et ton rêve se cassera la gueule quand tu verras que tes élèves de 3e n'ont encore jamais eu cours d'anglais ou que tes élèves de 1ère n'ont eu de cours de français que trois ans depuis leur sortie de primaire...

Ce n'est pas trop grave, je n'aurai que 4 heures de cours par semaine avec les meilleurs élèves des deux académies voisines

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

Et pourtant maintenant il faut un master....

henriette a écrit:Ça, c'est encore à voir...

C'est marrant, j'ai dit cet après-midi à l'un de mes étudiants qui veut faire des maths de ne surtout pas faire d'enseignement...

On peut lire ici le rapport du jury de Capes LCL, où le président du jury aborde sans langue de bois la question, et le problème de conscience que pose au jury le faible nombre et le niveau des candidats:

http://media.education.gouv.fr/file/capesext/50/5/r_capes_ext_lettres_class_2011_196505.pdf

Plus généralement, dans la société française de 2011, mener à bien une vocation d’enseignant est fort méritoire, quand on voit ce que sont la condition économique des enseignants, les difficultés rencontrées dans la pratique de leur métier et le peu de considération qui s’attache à leur fonction. De telles remarques concernent tout citoyen et ont trait à l’organisation de la vie de la cité – ce que Platon et Aristote appelaient du beau mot de politique. Que je sache, un président est aussi un citoyen ! Mais il lui faut revenir à des considérations plus techniques.

De telles remarques concernent tout citoyen et ont trait à l’organisation de la vie de la cité – ce que Platon et Aristote appelaient du beau mot de politique.

Le président du jury serait-il néo-platonicien, voire néo-aristotélicien ?

Dans une sociétéoù l’image remplace la réalité, où l’émotion remplace la raison, où l’affirmation péremptoire, la publicité ou les astuces de la communication remplacent l’argumentation, où la mauvaise foi, le mensonge, voire le bourrage de crâne triomphants remplacent la réflexion et l’exercice de l’esprit critique, les cultures antique et classique offrent des richesses incommensurables pour la formation d’esprits libres ; outre sa beauté, la littérature antique transmet une expérience historique qu’il ne faut pas perdre – ce que les premiers humanistes européensappelaient bonae litterae ou litterae humaniores.

Bravo !!!!

John a écrit:

De telles remarques concernent tout citoyen et ont trait à l’organisation de la vie de la cité – ce que Platon et Aristote appelaient du beau mot de politique.

Le président du jury serait-il néo-platonicien, voire néo-aristotélicien ?

J'ai pensé exactement la même chose :lol:
Je m'étais retenu de l'écrire.

Aemilia a écrit:

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

+1

A part ça, je vois qu'on supprime les postes de lettres classiques autour de chez moi, et que des compléments de service me pendent au nez...

La question que je me pose c'est quand même: a-t-on envie de les recruter , aussi? (quant au niveau: étudiants - ou cours déficients ?- absents? Concours en novembre? etc etc...

Je trouve que les étudiants ont bon dos, en fait: comment leur reprocher de ne pas atteindre un niveau que les programmes s'efforcent de bousiller?
Ce discours méprisant me paraît bien être une insupportable hypocrisie de plus du système.

Telle qu'elle est faite, un élève de sixième un tant soit peu intelligent et bien entraîné pourrait facilement présenter l'épreuve de grec ou de latin au bac.

C'est dire le niveau d'exigence.

iphigénie a écrit:

Aemilia a écrit:

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

+1

A part ça, je vois qu'on supprime les postes de lettres classiques autour de chez moi, et que des compléments de service me pendent au nez...

La question que je me pose c'est quand même: a-t-on envie de les recruter , aussi? (quant au niveau: étudiants - ou cours déficients ?- absents? Concours en novembre? etc etc...

Je trouve que les étudiants ont bon dos, en fait: comment leur reprocher de ne pas atteindre un niveau que les programmes s'efforcent de bousiller?
Ce discours méprisant me paraît bien être une insupportable hypocrisie de plus du système.

Personne n'a dit que c'était de la "faute" des étudiants... j'ai passé le bac en 2006 et j'étais parfaitement incapable de traduire un texte latin, pourtant j'étais une excellente élève. Je trouve ça triste, tout ce temps perdu.

"n'ont pas le niveau suffisant" au CAPES:
quand on sait que les professeurs de lettres classiques en congé maladie sont remplacés par des collègues de moderne voire des intérimaires qui n'ont jamais fait de latin ( ah, si, au collège, pardon!)......
C'est pour cela que je parle de vaste hypocrisie et de moyen détourné pour réduire encore les effectifs.

Haldetrude a écrit:

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

Et pourtant maintenant il faut un master....

Comme quoi, l'idée qu'en élevant le niveau de diplômes exigé on recrutait de meilleurs candidats est stupide. Qui était pour, déjà ?

Aemilia a écrit:

iphigénie a écrit:

Aemilia a écrit:

Cripure a écrit:Ca veut dire aussi que sur 119 candidats en lettres classiques, 42 n'avaient pas le niveau pour être reçus... Il n'y a plus 100 personnes par an qui ont le niveau du capes. Mais à part ça, on s'interroge sur la baisse éventuelle du niveau...

+1

A part ça, je vois qu'on supprime les postes de lettres classiques autour de chez moi, et que des compléments de service me pendent au nez...

La question que je me pose c'est quand même: a-t-on envie de les recruter , aussi? (quant au niveau: étudiants - ou cours déficients ?- absents? Concours en novembre? etc etc...

Je trouve que les étudiants ont bon dos, en fait: comment leur reprocher de ne pas atteindre un niveau que les programmes s'efforcent de bousiller?
Ce discours méprisant me paraît bien être une insupportable hypocrisie de plus du système.

Personne n'a dit que c'était de la "faute" des étudiants... j'ai passé le bac en 2006 et j'étais parfaitement incapable de traduire un texte latin, pourtant j'étais une excellente élève. Je trouve ça triste, tout ce temps perdu.

Bac 2002, et j'aurais pu dire la même chose. J'ai eu l'impression en prépa de découvrir des choses qu'on m'avait quasiment cachées jusqu'à présent... Parce qu'on n'exigeait rien de nous...
Je ne veux pas non plus taper sur mes profs du secondaire, quand je vois comme il m'est difficile de faire des cours aussi intéressants que je voudrais, et que mes meilleurs élèves s'ennuient souvent...

iphigénie a écrit:"n'ont pas le niveau suffisant" au CAPES:
quand on sait que les professeurs de lettres classiques en congé maladie sont remplacés par des collègues de moderne voire des intérimaires qui n'ont jamais fait de latin ( ah, si, au collège, pardon!)......
C'est pour cela que je parle de vaste hypocrisie et de moyen détourné pour réduire encore les effectifs.

Bah justement, ils doivent l'enseigner au collège, où est le problème ?