- JohnMédiateur
http://education.blog.lemonde.fr/2012/03/07/meirieu-jai-un-peu-honte-pour-luniversite/#xtor=RSS-32280322
Extrait :
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Je crois qu’il y a un vrai problème qui dépasse la question des grandes écoles. Aujourd’hui, un nombre important d’élèves fuit les premières années de l’université pour se réfugier dans les classes préparatoires, mais aussi les DUT et les BTS. A côté du réflexe élitiste des grandes écoles, il y a une vraie question posée aux universités.
Je sais que les licences professionnelles et les masters professionnels qui se mettent en place parviennent, assez souvent, à proposer des cursus bien organisés… Mais je suis catastrophé par ce qui se passe pour les bataillons d’étudiantes et d’étudiants qui se bousculent dans les filières de Lettres et sciences humaines. J’ai même un peu honte pour notre institution : pas de véritable progression et, a fortiori, de curriculum ; une juxtaposition d’enseignements dont les intitulés généraux présentent, parfois, une vague cohérence, mais dont les contenus sont totalement hétéroclites ; une extrême pauvreté des situations d’apprentissage ; aucune guidance méthodologique sérieuse ; des situations d’évaluation rocambolesques ; des validations où une note de statistiques peut compenser une note de psychologie clinique ! Bref, pour qui regarde l’université que je connais sur le plan pédagogique, c’est vraiment n’importe quoi !
« Tout invite à faire des étudiants des gêneurs »
Il y a, bien sûr, plusieurs éléments qui se combinent pour expliquer cet état de fait. D’abord, évidemment, une massification du recrutement sans réflexion sérieuse sur les mutations qu’elle imposait. Cette absence de réflexion est, elle-même, liée à une sorte d’antipédagogisme constitutif de l’identité de l’enseignant universitaire : pour lui, le savoir est à lui-même sa propre pédagogie. Avec cette conception, on développe une sorte de détestation des médiations qui sont vécues comme obscurcissant la relation quasi-mystique au savoir que le professeur entretient en lui-même et reproduit avec ses étudiants. Et puis, bien sûr, le comportement de l’institution : l’écart entre la prime pédagogique et la prime de recherche, les modalités de recrutement et d’avancement, l’organisation des laboratoires de recherche et leur évaluation. Tout invite à faire des étudiants – de licence en particulier – des gêneurs à qui l’on concède quelques cours, mais pas plus. Et cette situation est à peine corrigée, à la marge, par quelques dispositifs satellites de suivi et d’accompagnement mais qui laissent fonctionner à plein le darwinisme universitaire : seuls les plus adaptés survivent !
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Luigi_BGrand Maître
Le "darwinisme universitaire", étrange expression. On sent bien la haine de toute sélection, même naturelle.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- AuroreEsprit éclairé
... et du savoir, surtout.
S'il a honte pour l'université, moi, j'ai honte pour lui...
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