N. Sarkozy : les enseignants doivent être "à la disposition" de leurs élèves après les cours.

JPhMM a écrit:Quand un type dont le CDD arrivera à terme dans un mois et demi, qui sera très probablement non renouvelé pour cause de grave incompétence et d'irrespect des objectifs collectivement décidés, me dit combien d'heures il décidera de me faire faire six mois plus tard, j'ai le sourcil qui se lève.

[quote="JPhMM"]Quand un type dont le CDD arrivera à terme dans un mois et demi, qui sera très probablement non renouvelé pour cause de grave incompétence et d'irrespect des objectifs collectivement décidés, me dit combien d'heures il décidera de me faire faire six mois plus tard, j'ai le sourcil qui se lève.[/quote]

Je suis tentée d'expérimenter sur une semaine le programme suivant:

- j'arrive au collège 1 minute avant ma première heure de cours
- dès que cela sonne je cesse de répondre aux questions des élèves
- j'admire le soleil pendant les moments sans cours
- je déjeune à l'extérieur
- je reviens pour les heures de l'après-midi
- je pars tout de suite après la sonnerie de mon dernier cours de la journée
- je ne fais que ce qui peut avoir lieu pendant mes 18h de cours hebdomadaires devant les élèves

Chocolat a écrit:Je suis tentée d'expérimenter sur une semaine le programme suivant:

- j'arrive au collège 1 minute avant ma première heure de cours
- dès que cela sonne je cesse de répondre aux questions des élèves
- j'admire le soleil pendant les moments sans cours
- je déjeune à l'extérieur
- je reviens pour les heures de l'après-midi
- je pars tout de suite après la sonnerie de mon dernier cours de la journée
- je ne fais que ce qui peut avoir lieu pendant mes 18h de cours hebdomadaires devant les élèves

Beau résumé, avec un brin de poésie et de contemplation.

Sans rire, l'un des aspects les plus abrutissants de ce boulot, c'est même quand on n'y est plus, on y est encore. Les pauses par exemple ne sont pas de vraies pauses : on se retrouve entre collègues à discuter de choses à régler d'urgence, les élèves viennent nous solliciter, on doit lire des circulaires ou des courriers déposés dans notre casier, récupérer des craies ou des marqueurs, discuter avec la CPE, filer signer un papier au secrétariat, le tout en essayant d'ingérer une gorgée de café pour tenir le coup des deux heures suivantes.

Et je ne parle pas du travail à la maison (cours et corrections), mais même chez moi je reçois sans cesse des e-mails à caractère professionnel (collègues, élèves, direction, rectorat etc.) : 692 mails depuis le début de l'année scolaire par exemple, soit presque 4 mails par jour en moyenne...

Et pour parler des cours par eux-mêmes il n'y a pas tant que ça de boulots où la concentration professionnelle est nécessaire et entière du début à la fin de l'heure. Face à ma classe, je parle, j'interroge, je circule, je vérifie, je surveille, je répète, j'anticipe etc. Pas le temps d'aller aux toilettes, de tailler une bavette ou d'en griller une si l'envie m'en prends. Pas le temps de surfer sur internet, de lire mes textos, de mettre à jour mon mur FaceBook (que je n'ai pas d'ailleurs).

Même pas la possibilité de regarder par la fenêtre sans rien faire pendant deux minutes.

Ca me rend folle!!! Comment peut on avancer des c*nneries pareilles!!
Quand on voit le temps que l'on passe auprès des élèves/parents/AVS/chef/collègues POUR les élèves! Ca me rend dingue!

Je devrais arrêter de voir les parents, ça me permettrait d'arreter de perdre de l'argent en laissant ma fille plus longtemps chez la nourrice...

Chocolat a écrit:Je suis tentée d'expérimenter sur une semaine le programme suivant:

- j'arrive au collège 1 minute avant ma première heure de cours
- dès que cela sonne je cesse de répondre aux questions des élèves
- j'admire le soleil pendant les moments sans cours
- je déjeune à l'extérieur
- je reviens pour les heures de l'après-midi
- je pars tout de suite après la sonnerie de mon dernier cours de la journée
- je ne fais que ce qui peut avoir lieu pendant mes 18h de cours hebdomadaires devant les élèves

Quand tu circules dans le collège, tu regardes les nuages
Tu ne réponds pas non plus aux élèves qui, en sdp, viennent te poser des questions/te remettre des documents, te demander un RV...

Et pas plus aux collègues ou au cpe ou aux surveillants ou à l'administration qui veut te voir pour "truc en 4e machin" ou pour le papier bidule...

Je circulerai avec ma musique préférée dans les oreilles et des lunettes de soleil - je n'entendrai et je ne verrai personne !

Chocolat a écrit:Je suis tentée d'expérimenter sur une semaine le programme suivant:

- j'arrive au collège 1 minute avant ma première heure de cours
- dès que cela sonne je cesse de répondre aux questions des élèves
- j'admire le soleil pendant les moments sans cours
- je déjeune à l'extérieur
- je reviens pour les heures de l'après-midi
- je pars tout de suite après la sonnerie de mon dernier cours de la journée
- je ne fais que ce qui peut avoir lieu pendant mes 18h de cours hebdomadaires devant les élèves

A vrai dire, je m'aperçois que c'est quasiment ce que je fais, sauf la dernière ligne, vu que je lis beaucoup à la maison.
Frisouille : les élèves n'ont même pas le droit d'emprunter le couloir qui mène à la salle des profs

Chocolat a écrit:Je circulerai avec ma musique préférée dans les oreilles et des lunettes de soleil - je n'entendrai et je ne verrai personne !

J'ai fait ça il y a quelques années en arrière, dans un bahut (bon genre) où je me déplaisais fort, vêtue d'un long manteau de cuir noir, lunettes de soleil sur le nez en plein hiver et les écouteurs de mon lecteur CD portable* sur les oreilles avec de la musique rock pour me donner le moral (le MP3 n'existait pas encore)... et ça déplaisait fort.. :lol!:

J'ai circulé pendant 2 mois dans les couloirs d'un autre établissement, avec un MP3 branché cette fois, pour supporter l'idée d'aller à certains cours où les élèves (pas ZEP) me menaient la vie dure, il y a moins longtemps, et me suis fait vertement réprimander par certains collègues ulcérés et la CPE m'a aimablement conseillé de ne pas donner le mauvais exemple.. :lol!: Désolée j'ai répondu, j'ai la nausée et seule la musique me permet d'assurer mes cours sans vomir.

Avec la nouvelle administration, "sarkoziste" en plein, je ne me permettrais plus cette fantaisie.. et puis mes élèves ces dernières années sont adorables, même si ce ne sont pas forcément tous des flèches ni de gros bosseurs...
Mais cela fait un bien immense de s'isoler des cris (des élèves) et chuchotements (commérages des collègues) je vous l'assure... j'avais le moral en flèche de n'être pas polluée par les humeurs des uns et des autres.

Moi non plus je n'arrive pas en avance ni ne reste après les cours terminés (sauf si j'ai des photocops urgentes à faire, ou autres obligations), et préfère être au dehors ou dans ma voiture (s'il fait froid ou pluvieux) pendant mes "heures-trou" pour corriger des copies, écouter de la musique, rêvasser, ressourcer mon énergie s'il n'y a pas de tâches m'obligeant à rester au lycée.
Je ne vais jamais à la cantine, je déjeune dans ma voiture.
Cela ne m'empêche pas d'être à l'écoute de mes élèves s'ils en manifestent le désir, et là je suis très disponible, ou de discuter avec des collègues, parfois.
Mais je passe énormément (=trop) de temps à travailler chez moi.

Et c'est ça qui va devoir changer si les décideurs modifient notre statut... moins travailler à la maison. Ne pas renouveler mes cours tous les ans, réutiliser mes préparations, et vieux textes, passer le temps minimum aux corrections (style correction bac, juste souligner les erreurs par ex...)
Et arriver à faire ça va être ardu, mais s'il le faut, j'en viendrai là.

Bravo, Loup. C'est juste ce qu'ils attendent de nous. Et tu es prête, sans résistance ?

Envisagez-vous la possibilité-même d'une telle issue ? N'est-ce pas déjà une manière de l'accepter ?

Cripure a écrit:
A vrai dire, je m'aperçois que c'est quasiment ce que je fais, sauf la dernière ligne, vu que je lis beaucoup à la maison.

Moi aussi, mais ça, je le fais gratos, puisque cela fait partie de mon fonctionnement !

Aurore a écrit:
Envisagez-vous la possibilité-même d'une telle issue ? N'est-ce pas déjà une manière de l'accepter ?

Moi non, hein, je ne l'envisage même pas une seule seconde - je trouverai le moyen d'exercer mon métier tel que je l'entends !
Et le jour où il sera officiellement transformé en un boulot d'exécutants, sans aucune liberté d'action et sans la moindre possibilité de réflexion (parce que c'est ce qui nous pend au nez, vu notre immobilisme et notre incapacité à être solidaires), je me casserai !

Chocolat a écrit:Et le jour où il sera officiellement transformé en un boulot d'exécutants, sans aucune liberté d'action et sans la moindre possibilité de réflexion (parce que c'est ce qui nous pend au nez, vu notre immobilisme et notre incapacité à être solidaires), je me casserai !

Je suis un peu défaitiste en ce moment, mais j'ai bien peur que ça finisse par arriver et là ce sera vraiment la fin, car tous les bons profs (selon mes critères) partiront. L'école sera morte. C'est déjà en route, avec l'augmentation du nombre de classes par prof, du nombre d'élèves par classe, la diminution du nombre d'heures, etc. : on ne pourra pas absorber éternellement la charge de travail supplémentaire.

Ayez bien à l'esprit que le fait que vous ne prépariez plus vos cours et faites entre guillemets de moins bons cours est le but poursuivi par tout ça !

Ainsi, vu les abus de ces fainéant de profs et le déclin de l'école, il sera bien plus facile de définitivement tout privatiser "pour mettre de l'ordre". Donc non, ce n'est pas une option à mon avis.

Aranel53 a écrit:Ayez bien à l'esprit que le fait que vous ne prépariez plus vos cours et faites entre guillemets de moins bons cours est le but poursuivi par tout ça !

Ainsi, vu les abus de ces fainéant de profs et le déclin de l'école, il sera bien plus facile de définitivement tout privatiser "pour mettre de l'ordre". Donc non, ce n'est pas une option à mon avis.

Je ne comprends pas la conclusion. Ce n'est pas une option, c'est la réalité de ce qui est en train de se passer et je crois bien que cette réalité sera la même que ce soit Sarko ou Hollande le président... à moins d'un sursaut.