[C2i2e] L'instruction des ENAF

Bonjour,

Les ENAF(enfants nouvellement arrivés en France) sont de plus en plus nombreux dans nos écoles. Ils arrivent avec une culture, une langue différente... Et la plupart des enseignants qui reçoivent ces élèves dans une classe ordinaire sont parfois démunis face à ces barrières que constituent la culture et la langue.

Lors d'un stage, j'ai observé une classe ordinaire de CE2 où il y avait justement un ENAF et l'enseignante ne s'en occupait presque pas et ne lui donnait que des exercices plus faciles avec moins de consignes etc mais le souci n'était pas dans la quantité mais plutôt dans la compréhension de la tâche.
Bref, j'aimerai savoir quelles activités, quels dispositifs pourrait on mettre en oeuvre pour favoriser l'intégration et l'instruction de ces Enfants Nouvellement Arrivés en France?
Quels aides pourrait on offrir aux enseignants afin qu'ils soient moins démunis?

Cordialement,

Pauline B

Bonjour

Jusqu'à récemment, pour le premier degré, il existait des structures d'accueil au sein des écoles, les CLIN, qui permettaient d'accueillir dans de bonnes conditions les ENAF et même d'assurer un suivi le temps nécessaire. Pour avoir travaillé pas mal d'années en ZEP, j'ai eu l'occasion d'en constater toute l'efficacité.

Malheureusement, même s'il subsiste officiellement un certain nombre de ces classes, dans la réalité, elles sont en train de disparaître et les maîtres CLIN se transforment progressivement en maîtres-ressources pour toute une circonscription, en conseillers pour les enseignants ordinaires qui accueillent les ENAF à temps plein dans des classes ordinaires. Bref, ça devient du grand n'importe quoi et la responsabilité d'une bonne intégration de ces élèves repose de plus en plus sur les épaules de l'enseignant lambda. A charge pour lui de se former sur son temps personnel, de courir aux quatre coins de l'Académie pour récupérer du matériel et de faire des miracles, de la même façon que pour les élèves souffrant de handicaps divers, de troubles psychiatriques ou comportementaux...

Quels dispositifs pourrait-on mettre en oeuvre, demandes-tu ? De manière bassement pragmatique, je te répondrais qu'avant de songer à réinventer l'eau tiède, on pourrait tout simplement commencer par remettre en place les CLIN telles qu'elles existaient avant.

Du même avis exactement que Mowgli: le meilleur dispositif, c'est la CLIN, où les élèves passent le temps qu'il faut pour maîtriser suffisamment le français.

Dans la CLIN de mon école, avec une enseignante extraordinaire, les enfants passent six mois, un an, parfois un peu plus à faire du français, mais aussi des maths, de l'histoire, de la géo... Ils viennent dans la classe de leur niveau pour les math dès que possible, et enfin intègrent à temps plein quand c'est jugé faisable.

Pour moi, aucune "activité" ou bidouillage en classe ordinaire ne remplacera un apprentissage méthodique de la langue dans une classe spécialisée, en tout cas pour les plus grands. C'est sans doute différent pour les maternelles.

Hors sujet total mais je m'interroge sur le choix des sigles dans l'EN : je suis la seule à penser au pâté quand je lis "ENAF" ?

Même agacement face au siglage forcené et symptomatique. Mais pour le pâté, pas compris.

le pâté Hénnaf, j'en mangeais quand j'étais enfant

Alarica a écrit:Hors sujet total mais je m'interroge sur le choix des sigles dans l'EN : je suis la seule à penser au pâté quand je lis "ENAF" ?

J'y ai pensé aussi...

Moi, ça me fait penser à Winnicott : it's so difficult to become just a good-enough teacher !

Et de trois ! C'est en CLIN (classe d'initiation pour enfants non-francophones), confiée à un PE formé à ce travail, que les enfants ne maîtrisant pas le français ont le plus de chances de le faire rapidement.
Là, au sein d'un petit groupe, pressé ni par les programmes, ni par le rythme de travail, il pourra se perfectionner dans l'oral d'abord, puis, très vite, dans l'écrit.

Si on veut optimiser ses chances, on peut ajouter à cela des "ateliers du mercredi", encadrés par du personnel rémunéré par la mairie (enseignants qui le souhaitent ; éducateurs de jeunes enfants ; titulaires du BAFA ; ...), où ces enfants seront accueillis gratuitement pour jouer, raconter, découvrir le monde, fabriquer, ..., le tout en français.
Ces ateliers pourraient faire l'objet d'un accord Mairie/Education Nationale et bénéficier ainsi de subventions au titre d'appartenance aux Oeuvres Post et Péri Scolaires.

Vous ne trouvez pas qu'on lâche de plus en plus tôt les enfants de CLIN?

arcenciel a écrit:Vous ne trouvez pas qu'on lâche de plus en plus tôt les enfants de CLIN?

Je ne sais pas.
Je n'ai comme référence que ma propre école, où l'enseignante de CLIN garde les élèves aussi longtemps qu'il le faut, avec quand même un maximum de deux ans; c'est arrivé, pour des élèves qui ne passaient pas le cap de l'écrit, ou qui avaient l'âge du CM par exemple, mais un niveau de math de maternelle.

Il me semblait me rappeler qu'il y a bien longtemps les CLINS étaient des classes fermées durant toute l'année scolaire... et que maintenant on les injecte de plus en plus tôt ds les classes ; simple constat.

Pour les méconnaisseurs, ENAF signifie Enfants Nouvellement Arrivés en France

Bintein P a écrit:Pour les méconnaisseurs, ENAF signifie Enfants Nouvellement Arrivés en France

Les méconnaisseurs y mettent une mauvaise volonté assumée, ça doit jouer.

quels méconnaisseurs ? nous relevons l'étrangeté d'un sigle... après, c'est la même chose que les "primo-arrivants", non ?

Une particularité : j'ai vu passer dans mon collège des ENAF qui parlaient... français.

Oui mais. Quand on vient d'un autre continent, que la langue maternelle n'est pas le français, que le français est juste la langue de l'administration et de l'école, et que l'école on y va quand elle est ouverte, quelques mois par ci par là, avec un programme scolaire qui n'a rien à voir avec le programme de nos écoles, et pas d'anglais, et pas de sciences... eh bien... il reste que ces élèves doivent bien avoir une scolarité un peu adaptée, sous peine d'être vite dépassés par les événements.

J'ai le même problème avec mes ENAF du collège. Je suis prof de FLE/FLS et ils apprennent le français avec moi, mais une fois dans le cours de mes collègues, ils sont laissés de côté et à eux de se débrouiller.
Pour les aider, je leur apprends le plus tôt possible à comprendre les mots-clefs des consignes "relier", "cochez"... afin de s'en sortir dans les exercices donnés par les professeurs des autres matières, ainsi que le vocabulaire indispensable. C'est une priorité à mon avis! Du coup, je me retrouve à faire des maths, de l'histoire-géo... C'est une surcharge de travail au départ pour l'enseignant, mais je considère que l'élève n'y est pour rien et qu'il a le droit de s'en sortir.