- Invité22Niveau 10
Est-ce que quelqu'un a un extrait du texte "J'aime / Je n'aime pas" de G. Perec?
- carofifiNiveau 9
61
Je me souviens que Les Noctambules et Le Quartier Latin, rue Champollion, étaient des théâtres.
62
Je me souviens des scoubidous.
63
Je me souviens de « Dop Dop Dop, adoptez le shampooing Dop ».
64
Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'in¬firmerie.
65
Je me souviens qu'à l'occasion de son lancement, l'hebdomadaire le Hérisson (« Le Hérisson rit et fait rire ») donna un grand spectacle au cours duquel, en par¬ticulier, se déroulèrent plusieurs combats de boxe.
66
Je me souviens d'une opérette dans laquelle jouaient les Frères Jacques, et Irène Hilda, Jacques Pils, Armand Mestral et Maryse Martin. (II y en eut une autre, des années plus tard, égale¬ment avec les Frères Jacques, qui s'appe¬lait la Belle Arabelle; c'est peut-être dans celle-là, et pas dans la première, qu'il y avait Armand Mestral.)
67
Je me souviens que je devins, sinon bon, au moins un peu moins nul en anglais, à partir du jour où je fus le seul de la classe à comprendre que earthenware voulait dire « poterie ».
68
Je me souviens de l'époque où il fallait plusieurs mois et jusqu'à plus d'une année d'attente pour avoir une nouvelle voiture.
Georges Perec,Je me souviens, 1978, Seuil
[b]Voilà! la mise en page doit cependant être refaite, car en poiant le texte cela l'a altérée. Envoi en MP sinon si tu préfères.
Je me souviens que Les Noctambules et Le Quartier Latin, rue Champollion, étaient des théâtres.
62
Je me souviens des scoubidous.
63
Je me souviens de « Dop Dop Dop, adoptez le shampooing Dop ».
64
Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'in¬firmerie.
65
Je me souviens qu'à l'occasion de son lancement, l'hebdomadaire le Hérisson (« Le Hérisson rit et fait rire ») donna un grand spectacle au cours duquel, en par¬ticulier, se déroulèrent plusieurs combats de boxe.
66
Je me souviens d'une opérette dans laquelle jouaient les Frères Jacques, et Irène Hilda, Jacques Pils, Armand Mestral et Maryse Martin. (II y en eut une autre, des années plus tard, égale¬ment avec les Frères Jacques, qui s'appe¬lait la Belle Arabelle; c'est peut-être dans celle-là, et pas dans la première, qu'il y avait Armand Mestral.)
67
Je me souviens que je devins, sinon bon, au moins un peu moins nul en anglais, à partir du jour où je fus le seul de la classe à comprendre que earthenware voulait dire « poterie ».
68
Je me souviens de l'époque où il fallait plusieurs mois et jusqu'à plus d'une année d'attente pour avoir une nouvelle voiture.
Georges Perec,Je me souviens, 1978, Seuil
[b]Voilà! la mise en page doit cependant être refaite, car en poiant le texte cela l'a altérée. Envoi en MP sinon si tu préfères.
- Invité22Niveau 10
Ah c'est pas ce texte-là. Apparemment il aurait écrit un texte anaphorique autour de "j'aime/j'aime pas".
- carofifiNiveau 9
J’aime : les parcs, les jardins, le papier quadrillé, les stylos, les pâtes fraîches, Chardin, le jazz, les trains, être en avance, le basilic, marcher dans Paris, l’Angleterre, l’Ecosse, les lacs, les îles, les chats, la salade de tomates épépinées et pelées, les puzzles, le cinéma américain, Klee, Verne, les machines à écrire, la forme orthogonale, l’eau de Vichy, la vodka, l’angélique, les buvards. [...]
Je n’aime pas : les légumes, les montres-bracelets, Bergmann, Karajan, le nylon, le « kitch », Slavik, les lunettes de soleil, le sport, les stations de ski, les voitures, la pipe, la moustache, les Champs-Élysées, la radio, les journaux, le music-hall, le cirque, Jean-Pierre Melville, l’expression « à gogo », les fripes, Charlie-Hebdo. [...]
Georges PEREC, J’aime, je n’aime pas in revue L’Arc.
C'est mieux, non?
Je n’aime pas : les légumes, les montres-bracelets, Bergmann, Karajan, le nylon, le « kitch », Slavik, les lunettes de soleil, le sport, les stations de ski, les voitures, la pipe, la moustache, les Champs-Élysées, la radio, les journaux, le music-hall, le cirque, Jean-Pierre Melville, l’expression « à gogo », les fripes, Charlie-Hebdo. [...]
Georges PEREC, J’aime, je n’aime pas in revue L’Arc.
C'est mieux, non?
- myrtillesNiveau 1
Je pensais que c'était Barthes qui avait fait les J'aime/je n'aime pas
- liskayaNeoprof expérimenté
Oui oui Barthes l'a fait !
Je ne connaissais pas celui de Pérec. J'archive !
J'aime, je n'aime pas
J'aime : la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d'amandes, l'odeur du foin coupé (j'aimerais qu'un « nez » fabriquât un tel parfum), les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée, les oreillers plats, le pain grillé, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesurées, les poires, les pêches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes à écrire, les entremets, le sel cru, les romans réalistes, le piano, le café, Pollock, Twombly, toute la musique romantique, Sartre, Brecht, Verne, Fourier, Eisenstein, les trains, le médoc, le bouzy , avoir la monnaie, Bouvard et Pécuchet, marcher en sandales le soir sur les petites routes du Sud Ouest, le coude de l'Adour vu de la maison du docteur L., les Marx Brothers, le serrano à sept heures du matin en sortant de Salamanque, etc.
Je n'aime pas: les loulous blancs, les femmes en pantalon, les géraniums, les fraises, le clavecin, Miro, les tautologies, les dessins animés, Arthur Rubinstein, les villas, les après midi, Satie, Bartok, Vivaldi, téléphoner, les chœurs d'enfants, les concertos de Chopin, les bransles de Bourgogne, les danceries de la Renaissance, l'orgue, M. A. Charpentier, ses trompettes et ses timbales, le politico sexuel, les scènes, les initiatives, la fidélité, la spontanéité, les soirées avec des gens que je ne connais pas, etc.
J’aime, je n'aime pas: cela n'a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n'a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n'est pas le même que le vôtre. Ainsi, dans cette écume anarchique des goûts et des dégoûts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu à peu la figure d'une énigme corporelle, appelant complicité ou irritation. Ici commence l'intimidation du corps, qui oblige l'autre à me supporter libéralement, à rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu'il ne partage pas.
Roland BARTHES, Roland Barthes par Roland Barthes.
Je ne connaissais pas celui de Pérec. J'archive !
J'aime, je n'aime pas
J'aime : la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d'amandes, l'odeur du foin coupé (j'aimerais qu'un « nez » fabriquât un tel parfum), les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée, les oreillers plats, le pain grillé, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesurées, les poires, les pêches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes à écrire, les entremets, le sel cru, les romans réalistes, le piano, le café, Pollock, Twombly, toute la musique romantique, Sartre, Brecht, Verne, Fourier, Eisenstein, les trains, le médoc, le bouzy , avoir la monnaie, Bouvard et Pécuchet, marcher en sandales le soir sur les petites routes du Sud Ouest, le coude de l'Adour vu de la maison du docteur L., les Marx Brothers, le serrano à sept heures du matin en sortant de Salamanque, etc.
Je n'aime pas: les loulous blancs, les femmes en pantalon, les géraniums, les fraises, le clavecin, Miro, les tautologies, les dessins animés, Arthur Rubinstein, les villas, les après midi, Satie, Bartok, Vivaldi, téléphoner, les chœurs d'enfants, les concertos de Chopin, les bransles de Bourgogne, les danceries de la Renaissance, l'orgue, M. A. Charpentier, ses trompettes et ses timbales, le politico sexuel, les scènes, les initiatives, la fidélité, la spontanéité, les soirées avec des gens que je ne connais pas, etc.
J’aime, je n'aime pas: cela n'a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n'a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n'est pas le même que le vôtre. Ainsi, dans cette écume anarchique des goûts et des dégoûts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu à peu la figure d'une énigme corporelle, appelant complicité ou irritation. Ici commence l'intimidation du corps, qui oblige l'autre à me supporter libéralement, à rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu'il ne partage pas.
Roland BARTHES, Roland Barthes par Roland Barthes.
- carofifiNiveau 9
J'ai du coup un doute sur la validité de ma contribution: c'est un collègue qui m'a donné ce texte et je l'ai archivé, sans mettre en question la source...
Et s'il y avait méprise? Les spécialistes de Perec sauront nous le dire. Après, il est possible que ces deux auteurs aient pratiqué le même "jeu" littéraire...
Et s'il y avait méprise? Les spécialistes de Perec sauront nous le dire. Après, il est possible que ces deux auteurs aient pratiqué le même "jeu" littéraire...
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