- annNiveau 10
Lorsque vous demandez aux élèves de rédiger un commentaire , demandez-vous que chaque axe soit présenté par un mini paragraphe reformulant l'idée directrice de l'axe ? Ce qui donnerait pour être claire pour un commentaire à deux axes :
mon intro classique
mini intro qui reformule l'idée directrice de l'axe 1
mes deux ou trois sous parties
transition
mini intro qui reformule l'idée directrice de l'axe 2
mes deux ou trois sous parties
conclusion
mon intro classique
mini intro qui reformule l'idée directrice de l'axe 1
mes deux ou trois sous parties
transition
mini intro qui reformule l'idée directrice de l'axe 2
mes deux ou trois sous parties
conclusion
- KilmenyEmpereur
Pas un mini-paragraphe, mais une phrase d'introduction, oui.
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- IphigénieProphète
idem,une phrase-annonce générale de l'axe et non commencer par un point de détail du commentaire sans qu'on sache où l'on va.
mais je n'appelle pas ça "mini introduction", sinon entre ces mini intro et les conclusions-transitions, le devoir finit par se répéter constamment!....
mais je n'appelle pas ça "mini introduction", sinon entre ces mini intro et les conclusions-transitions, le devoir finit par se répéter constamment!....
- Peyrard Jean-PierreNiveau 2
Le commentaire de texte est en soi un exercice très difficile, de mon point de vue impossible à réaliser pour des adolescents, surtout dans des conditions d’examen : il s’agit d’un travail de synthèse qui suppose une analyse préalable approfondie. Comment un adolescent pourrait-il en 4 heures réaliser un tel travail sur un texte littéraire qu’il découvre ?
Pour pallier la difficulté, on a inventé les axes de lecture, les thèmes, qui conduisent à des repérages formels qui peuvent aboutir à des aberrations. Je me souviens d’un texte dans lequel Victor Hugo relatait avec l’exaltation que l’on imagine, son passage nocturne du col de Saverne en diligence. Il observait notamment dans le ciel des formes trapézoïdales définies par le mouvement des nuages. Trois copies sur la soixantaine que j’ai corrigées ont développé le thème du cirque (cheval + trapèze = cirque). Qu’est-ce qui explique cette absurdité ? Certainement pas la supposée bêtise de ceux qui ont écrit cela. Les élèves sont convaincus pour la plupart – sans pour autant que cela soit conscient – que la littérature est un monde réservé à des initiés et qui fonctionne avec des codes. La poésie, notamment. Ils essaient donc vaille que vaille de trouver des clefs qui leur ouvrent des portes sur des significations forcément parcellaires. Le résultat, constaté chaque fois dans les jurys, est désolant. Et pendant l’année scolaire, les profs et les élèves se « prennent la tête », les uns pour trouver des méthodes, les autres pour faire des repérages et construire des plans (en trois parties, bien sûr).
Comment imaginer un auteur définissant à l’avance des thèmes qu’il va s’ingénier à répartir dans son texte planifié de manière académique ?
Aucun auteur n’écrit pour être choisi pour une épreuve de baccalauréat.
Je proposais à mes élèves de lire et relire le texte, sans écrire quoi que ce soit, jusqu’au moment où ils pouvaient répondre à cette question : l’auteur a écrit ce texte pour dire quoi ? Qu’est-ce qui l’a poussé à prendre son stylo, à s’asseoir à sa table et à écrire ? Il y a forcément une raison majeure : plaisir, souffrance, peur, angoisse etc. C’est cela qu’il faut d’abord trouver : le « sens ». Je leur demandais ensuite de procéder à une vérification : si je devais écrire un texte pour développer ce que je viens de trouver, est-ce que j’écrirais un tel texte ? Est-ce que j’écrirais un tel texte si je voulais parler du cirque ?
Ensuite : de quoi est composé ce que je viens de trouver ? Là peut commencer à s’ébaucher un plan qui ne sera pas en trois parties.
Cette démarche suppose une réflexion, un investissement personnels sur les problèmes de la société, de l’homme etc. et ce n’est pas si évident pour un adolescent.
JP Peyrard
Pour pallier la difficulté, on a inventé les axes de lecture, les thèmes, qui conduisent à des repérages formels qui peuvent aboutir à des aberrations. Je me souviens d’un texte dans lequel Victor Hugo relatait avec l’exaltation que l’on imagine, son passage nocturne du col de Saverne en diligence. Il observait notamment dans le ciel des formes trapézoïdales définies par le mouvement des nuages. Trois copies sur la soixantaine que j’ai corrigées ont développé le thème du cirque (cheval + trapèze = cirque). Qu’est-ce qui explique cette absurdité ? Certainement pas la supposée bêtise de ceux qui ont écrit cela. Les élèves sont convaincus pour la plupart – sans pour autant que cela soit conscient – que la littérature est un monde réservé à des initiés et qui fonctionne avec des codes. La poésie, notamment. Ils essaient donc vaille que vaille de trouver des clefs qui leur ouvrent des portes sur des significations forcément parcellaires. Le résultat, constaté chaque fois dans les jurys, est désolant. Et pendant l’année scolaire, les profs et les élèves se « prennent la tête », les uns pour trouver des méthodes, les autres pour faire des repérages et construire des plans (en trois parties, bien sûr).
Comment imaginer un auteur définissant à l’avance des thèmes qu’il va s’ingénier à répartir dans son texte planifié de manière académique ?
Aucun auteur n’écrit pour être choisi pour une épreuve de baccalauréat.
Je proposais à mes élèves de lire et relire le texte, sans écrire quoi que ce soit, jusqu’au moment où ils pouvaient répondre à cette question : l’auteur a écrit ce texte pour dire quoi ? Qu’est-ce qui l’a poussé à prendre son stylo, à s’asseoir à sa table et à écrire ? Il y a forcément une raison majeure : plaisir, souffrance, peur, angoisse etc. C’est cela qu’il faut d’abord trouver : le « sens ». Je leur demandais ensuite de procéder à une vérification : si je devais écrire un texte pour développer ce que je viens de trouver, est-ce que j’écrirais un tel texte ? Est-ce que j’écrirais un tel texte si je voulais parler du cirque ?
Ensuite : de quoi est composé ce que je viens de trouver ? Là peut commencer à s’ébaucher un plan qui ne sera pas en trois parties.
Cette démarche suppose une réflexion, un investissement personnels sur les problèmes de la société, de l’homme etc. et ce n’est pas si évident pour un adolescent.
JP Peyrard
- annNiveau 10
Je trouve votre commentaire très pertinent et j'y adhère complètement ... mais j'angoisse toujours à l'idée de ne pas leur avoir donné les bonnes méthodes ! Après pour qui ? pour quoi? ...
- lilith888Grand sage
Personnellement, je trouve que vous restez trop au niveau du "sens" ce qui conduit irrémédiablement aux fameux "plans thématiques", autrement dit, très vite, à la paraphrase...
- annNiveau 10
Difficile de faire autrement avec des secondes , il est difficile de trouver des procédés littéraires lumineux pour tous les textes que l'on étudie !
- Peyrard Jean-PierreNiveau 2
Ce que j’appelle la question du sens passe par la « rencontre » de celui ou celle qui a écrit le texte. Ce qui suppose un investissement dans ce qu’est l’écriture, la lecture. Il faut oublier l’institution scolaire, l’examen, le prof, c’est la meilleure « recette »pour réussir le commentaire littéraire d’un texte qui n’est pas scolaire, comme le reste.
Demander à un élève de lire et de relire le texte avant d’écrire le moindre mot ne va pas de soi parce qu’il a le sentiment de perdre du temps et que son temps est limité le jour de l’examen. Même remarque pour les cours, les prises de notes et ce qu’on appelle la « participation » que l’on confond parfois avec l’expression qui n’est pas forcément explicite. J’ai encore en mémoire deux élèves de 1ère S, brillantes (18/20 en français) qui n’ont pas dit un mot (j’exagère… disons deux mots) pendant l’année scolaire. Pour autant elles « participaient » bien plus efficacement, pour elles et pour moi, que certains de ceux qui cherchaient à recopier mot pour mot ce que je disais.
Lire et relire pour trouver une problématique. Je prends l’exemple du poème Le pont Mirabeau d’Apollinaire. Je l’ai souvent expliqué avec d’autres poèmes d’Alcools.
Le tout début. Personne ne dit : Sous le pont Mirabeau coule la Seine – sauf dans le jeu : sous le pont Mirabeau coule… a) la Volga b) la Ta mise c) la… Mazone d) la Seine ?
Il faut partir de cette première phrase et de Et nos amours, en suspension de construction et de sens.
Ensuite, qu’on puisse évoquer entre nous la notion de thème ne me gêne pas (mais nous nous adressons à des adolescents non spécialistes âgés de 16 ans), même si je ne trouve pas le mot adéquat, mais je ne vois pas le rapport avec la paraphrase qui signifie simplement qu’on n’a pas fait cette rencontre et qu’on se demande ce qu’on va bien pouvoir raconter.
Deux mots à propos du poème (je peux vous en proposer une analyse si cela vous intéresse) dont le sens me paraît être la transformation d’un objet de souffrance (le pont, lien entre Apollinaire et Marie Laurencin, dont la relation est détruite) en objet de contemplation esthétique (problématique de la création artistique). Donc, décrocher l’existence du temps, accepter de le laisser filer avec ce qui a été vécu en changeant l’angle du regard pour donner de la force à la permanence de la vie « Je demeure ». Là est la matière du commentaire que je ferais.
Je suis convaincu qu’il n’existe pas de méthode. Je n’ai jamais su faire un plan de dissertation à l’avance (pourquoi devrions-nous tous fonctionner de la même manière ?) et j’ai expliqué à mes élèves que ce qu’il s’agissait de réaliser, c’était, non obligatoirement un travail en trois parties (ils pouvaient s’ils le souhaitaient), mais un ensemble cohérent qui propose une ou des problématiques, à savoir une représentation du complexe forcément contenu dans le texte littéraire. Ils n’ont pas plus mal réussi que les autres. J’ai bien conscience que c’est déstabilisant, peu confortable et fort peu académique, mais n’est-ce pas inhérent à la littérature et à son enseignement ?
Demander à un élève de lire et de relire le texte avant d’écrire le moindre mot ne va pas de soi parce qu’il a le sentiment de perdre du temps et que son temps est limité le jour de l’examen. Même remarque pour les cours, les prises de notes et ce qu’on appelle la « participation » que l’on confond parfois avec l’expression qui n’est pas forcément explicite. J’ai encore en mémoire deux élèves de 1ère S, brillantes (18/20 en français) qui n’ont pas dit un mot (j’exagère… disons deux mots) pendant l’année scolaire. Pour autant elles « participaient » bien plus efficacement, pour elles et pour moi, que certains de ceux qui cherchaient à recopier mot pour mot ce que je disais.
Lire et relire pour trouver une problématique. Je prends l’exemple du poème Le pont Mirabeau d’Apollinaire. Je l’ai souvent expliqué avec d’autres poèmes d’Alcools.
Le tout début. Personne ne dit : Sous le pont Mirabeau coule la Seine – sauf dans le jeu : sous le pont Mirabeau coule… a) la Volga b) la Ta mise c) la… Mazone d) la Seine ?
Il faut partir de cette première phrase et de Et nos amours, en suspension de construction et de sens.
Ensuite, qu’on puisse évoquer entre nous la notion de thème ne me gêne pas (mais nous nous adressons à des adolescents non spécialistes âgés de 16 ans), même si je ne trouve pas le mot adéquat, mais je ne vois pas le rapport avec la paraphrase qui signifie simplement qu’on n’a pas fait cette rencontre et qu’on se demande ce qu’on va bien pouvoir raconter.
Deux mots à propos du poème (je peux vous en proposer une analyse si cela vous intéresse) dont le sens me paraît être la transformation d’un objet de souffrance (le pont, lien entre Apollinaire et Marie Laurencin, dont la relation est détruite) en objet de contemplation esthétique (problématique de la création artistique). Donc, décrocher l’existence du temps, accepter de le laisser filer avec ce qui a été vécu en changeant l’angle du regard pour donner de la force à la permanence de la vie « Je demeure ». Là est la matière du commentaire que je ferais.
Je suis convaincu qu’il n’existe pas de méthode. Je n’ai jamais su faire un plan de dissertation à l’avance (pourquoi devrions-nous tous fonctionner de la même manière ?) et j’ai expliqué à mes élèves que ce qu’il s’agissait de réaliser, c’était, non obligatoirement un travail en trois parties (ils pouvaient s’ils le souhaitaient), mais un ensemble cohérent qui propose une ou des problématiques, à savoir une représentation du complexe forcément contenu dans le texte littéraire. Ils n’ont pas plus mal réussi que les autres. J’ai bien conscience que c’est déstabilisant, peu confortable et fort peu académique, mais n’est-ce pas inhérent à la littérature et à son enseignement ?
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