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frankenstein
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et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par frankenstein Lun 09 Jan 2012, 22:37
Mufab a écrit:En Primaire, je trouve également dommageable d'encourager la mobilité.

Au contraire, il vaudrait mieux assurer la pérennité des équipes dans les écoles peu demandées : meilleure connaissance des enfants, des familles, des collègues et de leur fonctionnement, de son/ses niveaux propre-s (car qui dit changer d'école en Primaire dit également changer de niveau - et prendre celui dont personne n'a voulu lors des répartitions), de la Commune, implication sur le long terme...
Oui, enfin, je connais pas mal d'écoles "peinardes" où les collègues ne bougeront pas (je ferai pareil !) et d'autres où tous les enseignants se barrent chaque année (certaines écoles ZEP...)
Là, notre hiérarchie peut aussi se poser des questions et arrêter de faire l'autruche... Rolling Eyes
Mufab
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Grand Maître

et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par Mufab Lun 09 Jan 2012, 22:41
C'est pour ça que j'ai mis "écoles peu demandées". Y'a qu'à regarder les barêmes des affectations, ce n'est pas difficile à cibler...

Et ce même hors ZEP.
micaschiste
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Monarque

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par micaschiste Lun 09 Jan 2012, 23:03
il faudrait aussi que les décisions du conseil de classe du 3ème trimestre soient non modifiables par le cde après passage des parents dans son bureau (maintien éventuelle d'une commission d'appel mais qui n'a pas de compte a rendre sur le taux de redoublements/réorientation).
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user7337
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et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par user7337 Lun 09 Jan 2012, 23:48
Christian-HG-TZR67 a écrit:Alors 2-3 précisions :
Quand je parle de mobilité, c'est au sein de l'académie voire du département, il y a assez d'établissements pour pouvoir bouger sans avoir à déménager... donc rien à voir avec l'armée qui peut vous envoyer à pétaouchnok en fonction des besoins,
Ensuite, c'est bien de pouvoir se fixer, (et je bouge depuis le début de ma carrière), mais il est bon aussi de pouvoir changer d'air, de collègues et de public ne serait-ce que pour se remettre en question. Après le rythme des mutations peut être variable, mais une obligation, à intervalles réguliers, est, à mon sens, profitable à tous, profs comme élèves (cf les réputations qu'on se traîne parfois comme des boulets dans les bahuts)
De plus une plus grande mobilité entrainerait de plus grandes possibilités d'avoir des postes fixes pour les plus ''jeunes'' ou les moins doués pour faire les voeux de mutation (dont je fais partie).
Enfin, cette mobilité est à pondérer je le rappelle avec le lieu, j'imagine que les distances-temps entre établissement ne sont pas les mêmes en région parisienne qu'en Champagne-Ardennes ou en Auvergne...
L'idée est d'éviter ce que j'ai vu dans tous les bahuts que j'ai fait depuis que j'enseigne : des collègues qui ont les enfants voire pour les plus anciens les petits-enfants de leurs premiers élèves et qui se sont encroutés ou qui ne peuvent plus voir leur lieu de travail à force et qui pourtant n'ose pas franchir le pas suivant l'adage ''on sait ce qu'on perd mais jamais ce qu'on gagne...''

Et y a pas un moment où tu veux devenir propriétaire ? Parce qu'acheter et être muté à une heure de chez soi, même en restant dans le département...
Leclochard
Leclochard
Empereur

et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par Leclochard Mar 10 Jan 2012, 00:00
benjy_star a écrit:
Christian-HG-TZR67 a écrit:Alors 2-3 précisions :
Quand je parle de mobilité, c'est au sein de l'académie voire du département, il y a assez d'établissements pour pouvoir bouger sans avoir à déménager... donc rien à voir avec l'armée qui peut vous envoyer à pétaouchnok en fonction des besoins,
Ensuite, c'est bien de pouvoir se fixer, (et je bouge depuis le début de ma carrière), mais il est bon aussi de pouvoir changer d'air, de collègues et de public ne serait-ce que pour se remettre en question. Après le rythme des mutations peut être variable, mais une obligation, à intervalles réguliers, est, à mon sens, profitable à tous, profs comme élèves (cf les réputations qu'on se traîne parfois comme des boulets dans les bahuts)
De plus une plus grande mobilité entrainerait de plus grandes possibilités d'avoir des postes fixes pour les plus ''jeunes'' ou les moins doués pour faire les voeux de mutation (dont je fais partie).
Enfin, cette mobilité est à pondérer je le rappelle avec le lieu, j'imagine que les distances-temps entre établissement ne sont pas les mêmes en région parisienne qu'en Champagne-Ardennes ou en Auvergne...
L'idée est d'éviter ce que j'ai vu dans tous les bahuts que j'ai fait depuis que j'enseigne : des collègues qui ont les enfants voire pour les plus anciens les petits-enfants de leurs premiers élèves et qui se sont encroutés ou qui ne peuvent plus voir leur lieu de travail à force et qui pourtant n'ose pas franchir le pas suivant l'adage ''on sait ce qu'on perd mais jamais ce qu'on gagne...''

Et y a pas un moment où tu veux devenir propriétaire ? Parce qu'acheter et être muté à une heure de chez soi, même en restant dans le département...

Ajoutons l'augmentation prévisible du pétrole (à quand le litre de super à 2 euros ?) à la problématique et on comprend que cette proposition est irréaliste, même si elle part d'un bon sentiment.

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frankenstein
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et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par frankenstein Mar 10 Jan 2012, 00:10
Tiens, à ce sujet, comment se fait-il que l'ISSR des TR ZIL ait diminué alors que le MEN assure que le pouvoir d'achat des enseignants a augmenté? (-40% il y a 5 ans et encore -20% depuis la rentrée dans mon dpt ) :shock:

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User5899
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par User5899 Mar 10 Jan 2012, 01:11
Christian-HG-TZR67 a écrit:Alors 2-3 précisions :
Quand je parle de mobilité, c'est au sein de l'académie voire du département, il y a assez d'établissements pour pouvoir bouger sans avoir à déménager... donc rien à voir avec l'armée qui peut vous envoyer à pétaouchnok en fonction des besoins,
Ensuite, c'est bien de pouvoir se fixer, (et je bouge depuis le début de ma carrière), mais il est bon aussi de pouvoir changer d'air, de collègues et de public ne serait-ce que pour se remettre en question. Après le rythme des mutations peut être variable, mais une obligation, à intervalles réguliers, est, à mon sens, profitable à tous, profs comme élèves (cf les réputations qu'on se traîne parfois comme des boulets dans les bahuts)
De plus une plus grande mobilité entrainerait de plus grandes possibilités d'avoir des postes fixes pour les plus ''jeunes'' ou les moins doués pour faire les voeux de mutation (dont je fais partie).
Enfin, cette mobilité est à pondérer je le rappelle avec le lieu, j'imagine que les distances-temps entre établissement ne sont pas les mêmes en région parisienne qu'en Champagne-Ardennes ou en Auvergne...
L'idée est d'éviter ce que j'ai vu dans tous les bahuts que j'ai fait depuis que j'enseigne : des collègues qui ont les enfants voire pour les plus anciens les petits-enfants de leurs premiers élèves et qui se sont encroutés ou qui ne peuvent plus voir leur lieu de travail à force et qui pourtant n'ose pas franchir le pas suivant l'adage ''on sait ce qu'on perd mais jamais ce qu'on gagne...''
Je suis assez grand pour décider de ce qui est bon pour moi, et je suis sûr que pour vous aussi, c'est le cas. Remettons plutôt sur place le mouvement en un temps d'avant 1998, qui permettait de demander une académie sur des postes précis, et de conserver son ancien poste si ces voeux précis étaient inaccessibles.
Christian-HG-TZR67
Christian-HG-TZR67
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et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par Christian-HG-TZR67 Mar 10 Jan 2012, 07:41
Comment dire, j'étais encore élève en 98 Embarassed et je pensais essentiellement à l'intra cripure
Ensuite je suis peut-être conditionné par la région (la Nalsace) dans laquelle je vis et qui est très dense donc, les possibilités d'avoir des bahuts distants les uns des autres de moins d'une 1/2 h et de moins de 45 mn de chez moi nombreuses et relativement bien desservis par les transports en commun voire à vélo pour les sportifs.
Surtout je ne pensais pas que cette proposition soulèverait une telle levée de boucliers :shock: , et encore une fois, mon jugement est sans doute déformé par ce que je vois et j'ai vu dans ma région, mais je comprends vos arguments.
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par V.Marchais Mar 10 Jan 2012, 10:20
Christian, on reparle de tout ça quand vous aurez une trentaine d'années, un réseau social et professionnel que vous n'aurez pas envie de ramener à zéro tous les 3 ou 4 ans et éventuellement quelques mômes qu'il faut, à chaque déménagement, re-scolariser, séparer de leurs copains, à qui il faut trouver une nounou dans un pays qui en manque, etc.
Nous ne sommes n ni pions ni des missionnaires censés vivre dans l'oubli de soi. Nous avons tout aussi bien le droit de nous établir dans un cadre choisi que le boulanger ou la vendeuse. Si nous voulons nous remettre en cause pédagogiquement, il y a bien des moyens de le faire sans ériger en principe le grand chambardement.
Je compatis à votre statut de TZR. Si vous voulez que des postes se libèrent, revendiquez davantage d'heures disciplinaires, de travaux en petits groupes, le plafonnement des heures sups, etc. Mais mettre tout le monde dans la mouise ne résoudra pas les problèmes des TZR actuels.


Dernière édition par V.Marchais le Mar 10 Jan 2012, 13:05, édité 1 fois
Iphigénie
Iphigénie
Prophète

et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par Iphigénie Mar 10 Jan 2012, 11:16
et puis pourquoi ériger en règle ce qui est un souhait personnel dans l'instant?

Je ne sais pas pourquoi il y a comme du "génie" de l'intérieur du corps professoral à demander à ce que notre situation empire sur un tas de petits points qui finissent par faire de grands désastres ...
John
John
Médiateur

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par John Mer 11 Jan 2012, 02:28
Après le rythme des mutations peut être variable, mais une obligation, à intervalles réguliers, est, à mon sens, profitable à tous, profs comme élèves (cf les réputations qu'on se traîne parfois comme des boulets dans les bahuts)
De plus une plus grande mobilité entrainerait de plus grandes possibilités d'avoir des postes fixes pour les plus ''jeunes'' ou les moins doués pour faire les voeux de mutation (dont je fais partie).
Tu as des proches parents dans le service RH d'Orange ?
Cette brillante intuition a déjà été tentée..
Depuis sa privatisation en 2004, France Télécom (dont Orange est une filiale) oriente sa culture d'entreprise vers la rentabilité. Pour ce faire, les employés subissent une pression qui se manifeste principalement par des changements fréquents de postes au sein de l'entreprise. Ces mutations forcées sont identifiées comme étant la principale cause d'une importante vague de suicides parmi les employés de France Telecom-Orange entre 2008 et 2009.
Suite à une enquête, l'Inspection du travail a répondu au syndicat Sud-PTT que l'organisation du travail à France Télécom « a été de nature à générer de la souffrance au travail » et « des risques pour la santé » des salariés.

Bon, ce n'est pas grave : tout le monde peut dire des bêtises une fois dans sa vie, et revenons-en aux choses sérieuses s'il vous plaît Wink

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Christian-HG-TZR67
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par Christian-HG-TZR67 Mer 11 Jan 2012, 07:15
V.Marchais a écrit:Christian, on reparle de tout ça quand vous aurez une trentaine d'années, un réseau social et professionnel que vous n'aurez pas envie de ramener à zéro tous les 3 ou 4 ans et éventuellement quelques mômes qu'il faut, à chaque déménagement, re-scolariser, séparer de leurs copains, à qui il faut trouver une nounou dans un pays qui en manque, etc.
.

Alors tout d'abord merci de me croire si jeune veneration ça me fait beaucoup de bien, mais j'ai toutes les ''contraintes'' que tu mentionnes (enfants, réseaux sociaux, et plus de 30 ans affraid ), je vais clarifier et après j'arrêterai là la polémique :
1) Dans ma région ou mon académie, on la traverse en 1h30-2h Nord-Sud, maximum 30-45 min est-ouest.
2) Habitant environ au centre de la région, j'ai à une demi heure max de transports peu importe le mode de transport, à la louche une 30aine d'établissements secondaires (Collèges-Lycées généraux)
c'est pour ça que quand je dis changer de bahut je ne vois pas le problème, mais la situation doit sûrement être différente dans d'autres régions, après bien sûr, si on m'oblige à traverser les Vosges pour aller dans la France de l'intérieur (expression alsacienne) de force j'angoisserai et je refuserai sans doute.... ce que je n'ai jamais évoqué, je pensais à une mobilité dans le ''bassin d'emploi'' ou le ''pays'', pas au niveau national.

Voilà, sur ce je m'arrête là, si j'ai pas été assez clair et ben tant pis, c'est pas comme si c'était mon métier d'expliquer des choses clairement à des Hommes Very Happy


@ John,
je ne connais personne à Orange, mais j'ai des Actions, faut que ça rende cette histoire :lol: Wink
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Abraxas
Doyen

et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 Empty Re: et vos propositions à vous pour l'EN ?

par Abraxas Mer 11 Jan 2012, 08:35
Point d'étape.
J'ai pris un peu de temps pour répertorier, classer et hiérarchiser les diverses propositions. Je n'ai pas forcément tout retenu, parce que sur certains points nombre d'entre elles se recoupent, mais c'est pour donner une base.

À vous à présent d'infirmer ou de confirmer (j'ai peut-être mal lu, peut-être surinterprété, ou trop mis de mon grain de sel personnel — impossible de m'en empêcher, on ne se refait pas, etc.). Mais ça commence à ressembler à un programme…

Les voici — cum commento, comme on disait jadis, quand on faisait du latin et non des TICE, des TPE et de l’ECJS — au lieu de faire de l’Histoire et de la Géographie.

1. Consacrer au moins 50% du temps, en Primaire, à l’apprentissage du Français. Et à ce titre, privilégier les méthodes d’apprentissage alpha-syllabiques. À ceux qui se demanderaient encore pourquoi, une seule réflexion de bon sens : outre le fait que c’est le mouvement naturel de la langue, qui va du simple au composé, nous passons de plus en plus de temps sur des claviers — et c’est curieux à dire, mais on n’y tape pas des mots, mais des lettres et des suites de syllabes… Une expérimentation comme celle du SLECC a si bien prouvé son efficacité que le ministère, jamais à court d’erreurs, vient de sucrer la maigre subvention qui permettait de diffuser les très efficaces méthodes mises en place dans ce cadre. Cela suppose une réécriture complète des programmes.

2. Mettre au feu les livrets de compétence, et autres fariboles chronophages — la réunionnite aiguë, par exemple, qui frappe de la Maternelle à l’Université. Tant qu’à faire, en revenir aux notes, aujourd’hui bannies du Primaire (je m’étonne que dans la même logique la rue de Grenelle n’ait pas songé à faire interdire les thermomètres dans les hôpitaux).

3. Penser le nombre d’élèves par classe en fonction de la réalité du terrain (30 élèves décents, ça se gère, 12 élèves en difficulté, ça se gère aussi). Cela suppose d’oser enfin clairement des classes de niveau.

4. Et donc la remise en cause radicale du collège unique : il faut proposer une orientation positive en filière professionnelle dès la fin cinquième pour tous ces élèves qui s’ennuient si ostensiblement au collège qu’ils finissent par ennuyer les autres — tout en imaginant des passerelles, qui existaient jadis, afin de leur permettre éventuellement plus tard de revenir dans le giron des études générales. La filière professionnelle doit cesser d’être la voiture-balai de l’Ecole : y passer ne peut plus être une sanction, mais doit être une opportunité. Dans cet esprit, il faut y multiplier les formations en alternance, afin de faire connaître aux élèves les métiers réels, et de faire accepter aux patrons (aux artisans, particulièrement) l’idée que ces élèves ne sont pas des délinquants en puissance.

5. Inutile de renforcer les horaires : il faut sans doute dégraisser, au contraire. Supprimer par exemple l’inutile enseignement de l’anglais en Primaire, ou le confier, hors temps scolaire au sens strict, à de vrais anglophones, les enfants sont des éponges à apprendre les langues tant qu’on ne les en dégoûte pas (or, c’est ce qui se produit aujourd’hui, des gosses saturés d’anglais macaronique n’entrent plus en cours de langue, en Sixième, qu’à reculons). Supprimer au Collèges toutes les activités périphériques — les élèves ont-ils vraiment besoin d’apprendre à l’école à surfer sur Internet ou à manier le joystick ? Dans le même esprit, la classe de Seconde « indifférenciée » cumule tous les programmes de toutes les disciplines — on arrive à plus de 35 heures de cours par semaine. C’est absurde, et démotivant. Les vraies spécialisations doivent intervenir le plus tard possible — peut-être pas avant le Supérieur. Ce n’est pas en détruisant le tissu enseignant que l’on peut faire des économies, c’est en supprimant des programmes toute la mauvaise graisse pédagonigologique.

6. Côté discipline, il faut abroger les circulaires qui identifient les punitions à des « brimades » — et peut-être ne plus imposer à un établissement qui exclut définitivement un élève de lui trouver un autre établissement d’accueil, ce qui revient à faire circuler les trublions. Responsabilisons les parents — à eux de réinscrire leur voyou là où l’on voudra bien le prendre. On peut d’ailleurs inventer des écoles-relais, avec profs volontaires (et payés en conséquence), ou multiplier les internats, afin de décontextualiser des jeunes qui n’ont pas tous la chance d’être orphelins, comme disait Poil-de-carotte, et ne sortent du collège que pour mieux s’épanouir dans l’école de la rue. De même, il faut généraliser les règlements intérieurs intelligents (interdiction totale des portables, par exemple), et censurer les initiatives idiotes (l’interdiction des « colles » le mercredi, alors que c’est souvent le seul levier réel pour faire pression sur certains élèves).

7. En Primaire comme au Collège, réinstaurer l’étude du soir, en la confiant aux enseignants-stagiaires, aux étudiants tentés par le métier, dont ce pourrait être une initiation intéressante. Dans le même esprit, revenir à une formation des enseignants basée sur le compagnonnage, et non sur des cours théoriques coupés de la réalité des classes. D’aucuns suggèrent d’ailleurs de nommer en collèges les spécialistes auto-proclamés des « sciences de l’éducation » qui pontifient aujourd’hui dans les UFM, à cinquante kilomètres et quelques années-lumières des réalités de terrain.

8. La réforme du lycée est-elle bien utile — exemple-type d’interrogation rhétorique… En particulier, la suppression de l’Histoire-Géographie en terminale, pour les sections techniques comme pour les Scientifiques, est une réforme strictement idéologique, inventée par des Grenelliens qui pensent, comme Big Brother, que « l’ignorance, c’est la force ». Quant à « l’accompagnement personnalisé », c’est une fumisterie dans la plupart des cas. Et pour ce qui est de l’autonomie des établissements, il en faut certes assez pour qu’ils puissent faire face aux réalités du terrain (rien n’est jamais semblable), mais juste assez pour s’adapter sans négliger les fondamentaux (rien n’est vraiment différent).

9. Un Primaire mieux organisé produira des Collégiens mieux adaptés, qui deviendront des Lycéens épanouis, et donneront des Etudiants adaptés (faut-il rappeler qu’aujourd’hui le taux d’échec en Université frôle les 50% ?). Dans cet esprit, il faut sans doute réorganiser les deux ou trois premières années de Fac sur le modèle généraliste des prépas (toute spécialisation précoce est un échec assuré). De ces formations-là sortiront des enseignants (à L3 ou M1) capables de transmettre des connaissances solides, et, à M2 (oui, l’agrégation sert à quelque chose !) de vrais spécialistes de leur matière. Bref, inventer des Instituts d’Enseignement Supérieur qui ouvrent à la fois sur l’Université et la Recherche, et sur les métiers à spectre de compétences large. Inutile de s’obstiner à lancer des néo-bacheliers, dont nous connaissons hélas les vraies compétences (ou incompétences) dans des études pointues alors qu’ils ne maîtrisent pas l’orthographe ou la chronologie. Dans cet esprit il est essentiel de multiplier les système-relais, à tous les niveaux, afin d’amener au plus de leurs possibilités des élèves capables mais noyés dans des établissements (nombre de ZEP, entre autres) où l’on n’a guère eu le loisir de faire parler leurs qualités. Des propédeutiques, de l’entrée en Sixième à la première année de fac — cela limitera les redoublements, et allègera d’autant la facture finale : investir là où il faut permet de ne pas arroser indifféremment un système obsolète.

10. Affirmer haut et fort le caractère national, républicain et laïque de l’Ecole. Ce n’est pas l’élève qui en est le centre, ce ne sont pas les « communautés » (un mot haïssable, contre lequel il faut s’insurger sans trêve) qui doivent y faire la loi, c’est la transmission des savoirs, d’une culture réelle et humaniste qui en est le pivot. Le bac, même s’il estb susceptible d’aménagements, doit être clairement revendiqué comme un examen national — peut-être examen de fin d’études, en laissant une plus grande souplesse aux universités pour recruter et orienter les étudiants qui aujourd’hui viennent se fracasser comme des moucherons affolés dans ces impasses que sont la Psycho, la Socio, la « Communication » et autres attrape-nigauds. Les universités doivent d’ailleurs être sommés de dire, à l’inscription, quelles sont exactement les perspectives d’emploi de telle ou telle formation — et s’occuper activement de l’orientation de leurs étudiants. L’orientation est un souci à tous les niveaux, du collège à la fac, et c’est une chose trop sérieuse, comme aurait pu dire Clémenceau, pour la laisser aux COPSY.


Suggestions annexes : imposer fortement les cours privés du type Acadomia, qui prospèrent sur l’angoisse créée par tant de réformes inutiles et de désordre pédagogique. Accepter les parents comme « associés » — restons polis —, pas comme consommateurs de prestations. Revenir au système de lmutations tel qu’il existait avant Claude Allègre — demander un poste précis, et avoir la possibilité de rester là où l’on était en cas d’impossibilité, sans se retrouver balancé sur un rectorat entier et deux ou trois établissements toujours à bonne distance les uns des autres.
Curieusement (est-ce si curieux ?) la question des revendications salariales n’est pas une priorité : quand elle apparaît, c’est de façon raisonnable. Une augmentation de 20% des salaires serait bienvenue, mais chacun sait qu’on ne se lance pas dans ce métier pour être riche — au moins assez bien payé pour être, en ces temps où l’on confond l’être et l’avoir, socialement mieux reconnu. Cela permettrait en tout cas de faire revenir les hommes dans le métier — et d’éviter la perpétuation de stéréotypes qui font d’une profession fortement féminisée une profession forcément dévaluée.

Last but not least : muter aux Eaux et Forêts les responsables de la prospective, ministériels ou rectoraux, afin qu’ils plantent des arbres pour compenser la déforestation occasionnée par leurs multiples circulaires.


Iphigénie
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Prophète

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par Iphigénie Mer 11 Jan 2012, 09:10
Il me semble sauf erreur de ma part qu'il manque à cette belle synthèse quelque chose au sujet des décisions des conseils de classe: tant que ce que disent les professeurs est "facultatif" ou détourné par l'administration, tout le reste est inefficace. Il me semble qu'il faut rétablir une exigence de connaissances pour pouvoir évoluer d'un niveau à l'autre....Je vois que Micaschiste l'a dit plus haut.


Dernière édition par iphigénie le Mer 11 Jan 2012, 09:15, édité 2 fois
micaschiste
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par micaschiste Mer 11 Jan 2012, 09:13
iphigénie a écrit:Il me semble sauf erreur de ma part qu'il manque à cette belle synthèse quelque chose au sujet des décisions des conseils de classe: tant que ce que disent les professeurs est "facultatif" ou détourné par l'administration, tout le reste est inefficace. Il me semble qu'il faut rétablir une exigence de connaissances pour pouvoir évoluer d'un niveau à l'autre....

on est au moins deux à y avoir penser...regarde plus haut sur la même page et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 2252222100
C'est un élève que le cde a fait passer dans le niveau supérieur et qui se plante cette année qui m'y a fait penser. En plus c'est un élève pénible.
Iphigénie
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Prophète

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par Iphigénie Mer 11 Jan 2012, 09:14
je viens juste de l'ajouter en edit pendant que tu postais et vos propositions à vous pour l'EN ? - Page 7 2252222100
Aevin
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par Aevin Mer 11 Jan 2012, 09:24
Je crois que je vais mettre un peu d'animation :

Pour le collège et l'école primaire :
1. fusionner l'école primaire et le collège
2. un enseignement qui ne vise pas les 30% qui iront au lycée, mais tous les élèves
3. création d'un corps d'enseignants pour cette école de base
4. bivalence pour les enseignants (avec un cursus d'études approprié)
5. remise à plat des programmes pour les alléger et pour donner aux profs la possibilité de d'approfondir les sujets
6. réaménagements des horaires - plus de semaines mais moins chargées (également pour le lycée)
7. suppression du redoublement et introduction de l'accompagnement individualisé

Pour le lycée :
8. suppression des séries (S, ES et L) pour les remplacer par des modules
9. plus de flexibilité pour la durée du lycée (entre 2 et 4 ans)

Formation des enseignants :
10. Obligation de suivre des cours en psychologie, en sociologie, en histoire de la pédagogie et du système éducatif
11. obligation de suivre des stages en école de base/lycée durant les études (un peu comme en STAPS)
12. Formation continue dans tes savoirs disciplinaire dans le cadre de l'enseignement supérieur, que ça soit des chercheurs ou des profs de facs

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"Yes, sir, I know sir, and they're useless. They teach facts, not understanding. It's like teaching people about forests by showing them a saw. I want a proper school, sir, to teach reading an writing, and most of all thinking, sir [...]"
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par Pierre_au_carré Mer 11 Jan 2012, 09:33
Abraxas a écrit: Tant qu’à faire, en revenir aux notes, aujourd’hui bannies du Primaire (je m’étonne que dans la même logique la rue de Grenelle n’ait pas songé à faire interdire les thermomètres dans les hôpitaux).

Les notes en primaire, bof bof. ça ne sert pas à grand chose...

4. Et donc la remise en cause radicale du collège unique : il faut proposer une orientation positive en filière professionnelle dès la fin cinquième pour tous ces élèves qui s’ennuient si ostensiblement au collège qu’ils finissent par ennuyer les autres — tout en imaginant des passerelles, qui existaient jadis, afin de leur permettre éventuellement plus tard de revenir dans le giron des études générales.

Cinquième, c'est jeune et il faut quand même un certain bagage théorique. Quatrième, ça serait peut-être plus raisonnable...


Iphigénie
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par Iphigénie Mer 11 Jan 2012, 09:36
Aevin, si tu prends exactement l'inverse de tes propositions, ça peut être bon.

sauf la proposition 2 (et la 12 avec laquelle je suis aussi d'accord): les 30% qui iront au lycée: si le lycée est fait pour eux, c'est pas le problème,le problème c'est trouver la voie qui convient au 70% autre ou qui leur permettra d'accéder au lycée avec le niveau du lycée, pas du CP
Et il n'y a pas que l'enseignement général: tant qu'on considère l'enseignement général comme la seule voie noble en effet, on est dans tes propositions.
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par Iphigénie Mer 11 Jan 2012, 09:40
le giron des études générales.
ça rassure toujours tout le monde....Il me semble que c'est l'une des clés du problème. Il n'y a pas qu'un giron.
Aurore
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par Aurore Mer 11 Jan 2012, 09:51
Aevin a écrit:Je crois que je vais mettre un peu d'animation :

Pour le collège et l'école primaire :
1. fusionner l'école primaire et le collège
2. un enseignement qui ne vise pas les 30% qui iront au lycée, mais tous les élèves
3. création d'un corps d'enseignants pour cette école de base
4. bivalence pour les enseignants (avec un cursus d'études approprié)
5. remise à plat des programmes pour les alléger et pour donner aux profs la possibilité de d'approfondir les sujets
6. réaménagements des horaires - plus de semaines mais moins chargées (également pour le lycée)
7. suppression du redoublement et introduction de l'accompagnement individualisé

Pour le lycée :
8. suppression des séries (S, ES et L) pour les remplacer par des modules
9. plus de flexibilité pour la durée du lycée (entre 2 et 4 ans)

Formation des enseignants :
10. Obligation de suivre des cours en psychologie, en sociologie, en histoire de la pédagogie et du système éducatif
11. obligation de suivre des stages en école de base/lycée durant les études (un peu comme en STAPS)
12. Formation continue dans tes savoirs disciplinaire dans le cadre de l'enseignement supérieur, que ça soit des chercheurs ou des profs de facs
Aevin, c'est le pseudo de Philippe Meirieu ou de Luc Châtel ? Razz
Pryneia
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par Pryneia Mer 11 Jan 2012, 10:15
Merci de votre synthèse Abraxas Smile On se prend à rêver de cette école...

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par Jane Mer 11 Jan 2012, 10:25
Aevin a écrit:Je crois que je vais mettre un peu d'animation :

Pour le collège et l'école primaire :
1. fusionner l'école primaire et le collège
2. un enseignement qui ne vise pas les 30% qui iront au lycée, mais tous les élèves
3. création d'un corps d'enseignants pour cette école de base
4. bivalence pour les enseignants (avec un cursus d'études approprié)
5. remise à plat des programmes pour les alléger et pour donner aux profs la possibilité de d'approfondir les sujets
6. réaménagements des horaires - plus de semaines mais moins chargées (également pour le lycée)
7. suppression du redoublement et introduction de l'accompagnement individualisé

Pour le lycée :
8. suppression des séries (S, ES et L) pour les remplacer par des modules
9. plus de flexibilité pour la durée du lycée (entre 2 et 4 ans)

Formation des enseignants :
10. Obligation de suivre des cours en psychologie, en sociologie, en histoire de la pédagogie et du système éducatif
11. obligation de suivre des stages en école de base/lycée durant les études (un peu comme en STAPS)
12. Formation continue dans tes savoirs disciplinaire dans le cadre de l'enseignement supérieur, que ça soit des chercheurs ou des profs de facs

dans cette perspective-là, supprimons l'école, ça ira plus vite et ça évitera que des arbres soient coupés en vue de l'impression des "programmes". Twisted Evil
Aurore
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par Aurore Mer 11 Jan 2012, 10:52
Abraxas a écrit:Point d'étape.
J'ai pris un peu de temps pour répertorier, classer et hiérarchiser les diverses propositions. Je n'ai pas forcément tout retenu, parce que sur certains points nombre d'entre elles se recoupent, mais c'est pour donner une base.

À vous à présent d'infirmer ou de confirmer (j'ai peut-être mal lu, peut-être surinterprété, ou trop mis de mon grain de sel personnel — impossible de m'en empêcher, on ne se refait pas, etc.). Mais ça commence à ressembler à un programme…

Les voici — cum commento, comme on disait jadis, quand on faisait du latin et non des TICE, des TPE et de l’ECJS — au lieu de faire de l’Histoire et de la Géographie.

1. Consacrer au moins 50% du temps, en Primaire, à l’apprentissage du Français. Et à ce titre, privilégier les méthodes d’apprentissage alpha-syllabiques. À ceux qui se demanderaient encore pourquoi, une seule réflexion de bon sens : outre le fait que c’est le mouvement naturel de la langue, qui va du simple au composé, nous passons de plus en plus de temps sur des claviers — et c’est curieux à dire, mais on n’y tape pas des mots, mais des lettres et des suites de syllabes… Une expérimentation comme celle du SLECC a si bien prouvé son efficacité que le ministère, jamais à court d’erreurs, vient de sucrer la maigre subvention qui permettait de diffuser les très efficaces méthodes mises en place dans ce cadre. Cela suppose une réécriture complète des programmes.

2. Mettre au feu les livrets de compétence, et autres fariboles chronophages — la réunionnite aiguë, par exemple, qui frappe de la Maternelle à l’Université. Tant qu’à faire, en revenir aux notes, aujourd’hui bannies du Primaire (je m’étonne que dans la même logique la rue de Grenelle n’ait pas songé à faire interdire les thermomètres dans les hôpitaux).

3. Penser le nombre d’élèves par classe en fonction de la réalité du terrain (30 élèves décents, ça se gère, 12 élèves en difficulté, ça se gère aussi). Cela suppose d’oser enfin clairement des classes de niveau.

4. Et donc la remise en cause radicale du collège unique : il faut proposer une orientation positive en filière professionnelle dès la fin cinquième pour tous ces élèves qui s’ennuient si ostensiblement au collège qu’ils finissent par ennuyer les autres — tout en imaginant des passerelles, qui existaient jadis, afin de leur permettre éventuellement plus tard de revenir dans le giron des études générales. La filière professionnelle doit cesser d’être la voiture-balai de l’Ecole : y passer ne peut plus être une sanction, mais doit être une opportunité. Dans cet esprit, il faut y multiplier les formations en alternance, afin de faire connaître aux élèves les métiers réels, et de faire accepter aux patrons (aux artisans, particulièrement) l’idée que ces élèves ne sont pas des délinquants en puissance.

5. Inutile de renforcer les horaires : il faut sans doute dégraisser, au contraire. Supprimer par exemple l’inutile enseignement de l’anglais en Primaire, ou le confier, hors temps scolaire au sens strict, à de vrais anglophones, les enfants sont des éponges à apprendre les langues tant qu’on ne les en dégoûte pas (or, c’est ce qui se produit aujourd’hui, des gosses saturés d’anglais macaronique n’entrent plus en cours de langue, en Sixième, qu’à reculons). Supprimer au Collèges toutes les activités périphériques — les élèves ont-ils vraiment besoin d’apprendre à l’école à surfer sur Internet ou à manier le joystick ? Dans le même esprit, la classe de Seconde « indifférenciée » cumule tous les programmes de toutes les disciplines — on arrive à plus de 35 heures de cours par semaine. C’est absurde, et démotivant. Les vraies spécialisations doivent intervenir le plus tard possible — peut-être pas avant le Supérieur. Ce n’est pas en détruisant le tissu enseignant que l’on peut faire des économies, c’est en supprimant des programmes toute la mauvaise graisse pédagonigologique.

6. Côté discipline, il faut abroger les circulaires qui identifient les punitions à des « brimades » — et peut-être ne plus imposer à un établissement qui exclut définitivement un élève de lui trouver un autre établissement d’accueil, ce qui revient à faire circuler les trublions. Responsabilisons les parents — à eux de réinscrire leur voyou là où l’on voudra bien le prendre. On peut d’ailleurs inventer des écoles-relais, avec profs volontaires (et payés en conséquence), ou multiplier les internats, afin de décontextualiser des jeunes qui n’ont pas tous la chance d’être orphelins, comme disait Poil-de-carotte, et ne sortent du collège que pour mieux s’épanouir dans l’école de la rue. De même, il faut généraliser les règlements intérieurs intelligents (interdiction totale des portables, par exemple), et censurer les initiatives idiotes (l’interdiction des « colles » le mercredi, alors que c’est souvent le seul levier réel pour faire pression sur certains élèves).

7. En Primaire comme au Collège, réinstaurer l’étude du soir, en la confiant aux enseignants-stagiaires, aux étudiants tentés par le métier, dont ce pourrait être une initiation intéressante. Dans le même esprit, revenir à une formation des enseignants basée sur le compagnonnage, et non sur des cours théoriques coupés de la réalité des classes. D’aucuns suggèrent d’ailleurs de nommer en collèges les spécialistes auto-proclamés des « sciences de l’éducation » qui pontifient aujourd’hui dans les UFM, à cinquante kilomètres et quelques années-lumières des réalités de terrain.

8. La réforme du lycée est-elle bien utile — exemple-type d’interrogation rhétorique… En particulier, la suppression de l’Histoire-Géographie en terminale, pour les sections techniques comme pour les Scientifiques, est une réforme strictement idéologique, inventée par des Grenelliens qui pensent, comme Big Brother, que « l’ignorance, c’est la force ». Quant à « l’accompagnement personnalisé », c’est une fumisterie dans la plupart des cas. Et pour ce qui est de l’autonomie des établissements, il en faut certes assez pour qu’ils puissent faire face aux réalités du terrain (rien n’est jamais semblable), mais juste assez pour s’adapter sans négliger les fondamentaux (rien n’est vraiment différent).

9. Un Primaire mieux organisé produira des Collégiens mieux adaptés, qui deviendront des Lycéens épanouis, et donneront des Etudiants adaptés (faut-il rappeler qu’aujourd’hui le taux d’échec en Université frôle les 50% ?). Dans cet esprit, il faut sans doute réorganiser les deux ou trois premières années de Fac sur le modèle généraliste des prépas (toute spécialisation précoce est un échec assuré). De ces formations-là sortiront des enseignants (à L3 ou M1) capables de transmettre des connaissances solides, et, à M2 (oui, l’agrégation sert à quelque chose !) de vrais spécialistes de leur matière. Bref, inventer des Instituts d’Enseignement Supérieur qui ouvrent à la fois sur l’Université et la Recherche, et sur les métiers à spectre de compétences large. Inutile de s’obstiner à lancer des néo-bacheliers, dont nous connaissons hélas les vraies compétences (ou incompétences) dans des études pointues alors qu’ils ne maîtrisent pas l’orthographe ou la chronologie. Dans cet esprit il est essentiel de multiplier les système-relais, à tous les niveaux, afin d’amener au plus de leurs possibilités des élèves capables mais noyés dans des établissements (nombre de ZEP, entre autres) où l’on n’a guère eu le loisir de faire parler leurs qualités. Des propédeutiques, de l’entrée en Sixième à la première année de fac — cela limitera les redoublements, et allègera d’autant la facture finale : investir là où il faut permet de ne pas arroser indifféremment un système obsolète.

10. Affirmer haut et fort le caractère national, républicain et laïque de l’Ecole. Ce n’est pas l’élève qui en est le centre, ce ne sont pas les « communautés » (un mot haïssable, contre lequel il faut s’insurger sans trêve) qui doivent y faire la loi, c’est la transmission des savoirs, d’une culture réelle et humaniste qui en est le pivot. Le bac, même s’il estb susceptible d’aménagements, doit être clairement revendiqué comme un examen national — peut-être examen de fin d’études, en laissant une plus grande souplesse aux universités pour recruter et orienter les étudiants qui aujourd’hui viennent se fracasser comme des moucherons affolés dans ces impasses que sont la Psycho, la Socio, la « Communication » et autres attrape-nigauds. Les universités doivent d’ailleurs être sommés de dire, à l’inscription, quelles sont exactement les perspectives d’emploi de telle ou telle formation — et s’occuper activement de l’orientation de leurs étudiants. L’orientation est un souci à tous les niveaux, du collège à la fac, et c’est une chose trop sérieuse, comme aurait pu dire Clémenceau, pour la laisser aux COPSY.


Suggestions annexes : imposer fortement les cours privés du type Acadomia, qui prospèrent sur l’angoisse créée par tant de réformes inutiles et de désordre pédagogique. Accepter les parents comme « associés » — restons polis —, pas comme consommateurs de prestations. Revenir au système de lmutations tel qu’il existait avant Claude Allègre — demander un poste précis, et avoir la possibilité de rester là où l’on était en cas d’impossibilité, sans se retrouver balancé sur un rectorat entier et deux ou trois établissements toujours à bonne distance les uns des autres.
Curieusement (est-ce si curieux ?) la question des revendications salariales n’est pas une priorité : quand elle apparaît, c’est de façon raisonnable. Une augmentation de 20% des salaires serait bienvenue, mais chacun sait qu’on ne se lance pas dans ce métier pour être riche — au moins assez bien payé pour être, en ces temps où l’on confond l’être et l’avoir, socialement mieux reconnu. Cela permettrait en tout cas de faire revenir les hommes dans le métier — et d’éviter la perpétuation de stéréotypes qui font d’une profession fortement féminisée une profession forcément dévaluée.

Last but not least : muter aux Eaux et Forêts les responsables de la prospective, ministériels ou rectoraux, afin qu’ils plantent des arbres pour compenser la déforestation occasionnée par leurs multiples circulaires.


Pour rebondir sur les propositions d'Abraxas, avec lesquelles je suis globalement d'accord :

1. Je serais pour la suppression pure et simple de l'enseignement des langues vivantes au primaire, même hors temps scolaire. Avant de se consacrer pleinement à l'apprentissage d'une langue étrangère, il est nécessaire que l'élève dispose d'un modèle pleinement assimilé qui est celui de la langue maternelle. D'autre part, l'anglais au primaire est un formidable moyen pour le gouvernement de détourner les futurs collégiens des autres langues (allemand et russe principalement). De plus, le fait de confier l'enseignement d'une langue à des natifs (qui n'ont pour certains jamais enseigné !) n'est pas, loin de là, un gage de qualité pédagogique : ce n'est pas parce qu'on sait parler une langue qu'on sait l'enseigner. Enfin, cela entraîne la remise en question des statuts (ces assistants étant payés au lance-pierre par les mairies, pas par l’État).

2. Préconiser à la fois une une seconde qui ne soit pas généraliste ET une spécialisation la plus tardive possible (en Master) me semble contradictoire.
Pourquoi ne pas revenir à une seconde spécialisée (L, S ou ES), mais une fois seulement que les réformes nécessaires aux échelons inférieurs auront été décidées ET traduites dans les faits ?
La question des volumes horaires me semble par ailleurs accessoire par rapport à celle des contenus et des programmes. Il faut commencer par le bon bout : comment peut-on entamer la discussion sur les volumes horaires a priori, sans avoir défini au préalable ce qu'un élève doit savoir à tel ou tel niveau, et sans ajuster les horaires en conséquence ?

3. Transformer les trois premières années de fac en "pseudo prépa" me semble très dangereux. D'une part, l'histoire des 50% d'échec en 1e année est un faux problème, car en réalité beaucoup d'étudiants commencent l'année sans même être persuadés de VOULOIR la terminer, et ne viennent pas en cours et/ou aux examens. Si l'on comptait le taux d'échec parmi les étudiants qui ont effectivement suivi les cours et travaillé durant l'année, il serait alors nettement plus bas. D'autre part, ce n'est pas à la fac de pallier les manques du secondaire, VOIRE DU PRIMAIRE, car certains étudiants n'ont pas le niveau CM2 !!!

Les licences généralistes vont donc entraîner selon moi plusieurs effets pervers :
- il s'agit d'un prétexte idéal pour les politiques (ex. Peillon) pour supprimer les vraies prépas pour des raisons comptables et les remplacer par des cursus au rabais.
- elles dispenseraient ces mêmes politiques de la nécessaire remise en cause du système par la base (primaire et secondaire) et favoriseraient donc tant la poursuite de "l'inflation scolaire" que la baisse générale du niveau.
- il est totalement utopique de penser que si l'on décidait de consacrer 3 années à des connaissances généralistes de base, on pourrait garder la suite du cursus tel qu'il est. A secondariser la fac, on va allonger le nombre d'années d'études supérieures si l'on souhaite garder une spécialisation digne de ce nom.
A vrai dire, les cursus "généralistes" sont dans l'air du temps (projets Pécresse) et existent déjà dans les nouvelles maquettes de licence (ex. Histoire de l'Art à Paris I, voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Il s'agit alors d'un empilement de cours de niveau initiation et d'options diverses et variées aboutissant à un vaste saupoudrage et excluant toute étude approfondie d'une discipline. Cela d'autant plus que les étudiants sont "occupés" en permanence et ne disposent plus du temps nécessaire pour leur travail personnel.

- sachant qu'il n'existe pas d'inspecteurs et pas davantage de programmes nationaux dans les facs, la "licence généraliste" risquerait fort de ressembler à un gigantesque patchwork de recyclage des recherches personnelles des enseignants chercheurs, il est vrai moyennement motivés par la perspective de donner des cours à ce (bas) niveau.

Pour finir : il me semble donc totalement contreproductif de commencer
par réformer le lycée ou l'université. Il faut commencer par réfléchir
aux programmes du primaire, PUIS du collège (avec toutes les
différenciations de parcours que vous avez évoquées, y compris
l'orientation fin 5e), PUIS du lycée (avec des VRAIES filières et des
VRAIS programmes, par exemple en histoire avec des VRAIS cours basés sur
une progression chronologique, et non pas une suite désordonnée
d'études de cas, ex. l'émigration irlandaise des années 1840 suivie par
l'invention de la citoyenneté à l'époque antique, elle-même suivie de la
vie des moines cisterciens au XIIe siècle, etc...). Si ces conditions
sont remplies, quel intérêt de toucher à l'université et aux classes
prépa ? Bref, trop de réformes tue la réforme ! Wink

4. Sur les salaires : il me semble logique de réclamer une seule chose : la fin de la désindexation des traitements sur l'inflation (donc l'abrogation de la mesure de 1983) et leur rattrapage par rapport à celle-ci, sans aucune évolution du temps de travail et des statuts en "contrepartie". Point barre.
fraisedesbois
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par fraisedesbois Mer 11 Jan 2012, 13:30
Aurore a écrit:De plus, le fait de confier l'enseignement d'une langue à des natifs (qui n'ont pour certains jamais enseigné !) n'est pas, loin de là, un gage de qualité pédagogique : ce n'est pas parce qu'on sait parler une langue qu'on sait l'enseigner. Enfin, cela entraîne la remise en question des statuts (ces assistants étant payés au lance-pierre par les mairies, pas par l’État).

oh que oui, le statut des (bientôt feu) intervenants de langues, y'a du boulot.

je me permets juste une correction parce que je connais le sujet (plus que je ne le voudrais) : lorsque les enseignants ne sont pas habilités en LVE, les intervenants de langues qui assurent l'enseignement de langues en primaire sont (encore pour cette année annoncée comme la dernière) des contractuels embauchés par l'Académie.
(contrats tout ce qu'on fait de plus précaires, rémunérés à l'élastique du lance-pierre)

des personnes payés par la mairie (ou par les parents) interviennent occasionnellement (1 école sur notre circo), l'Académie donne accord si habilitation de langues.

(au moins pour celle que je commence à connaître mieux que je ne le voudrais = Hte Garonne)

et au rayon ubuesque, y'a mieux : pour compléter le "service" de l'intervenant de notre école (qui était dispo et volontaire pour les heures que ça représente), l'IEN a dégotté un prof du secondaire qu'il peut payer en heures sup.
là, faudra m'expliquer. ou pas d'ailleurs. parce que j'ai dans l'idée que ça ne va beaucoup me plaire comme explication.




en tous cas, merci pour ce fil et les bilans, tout cela est très riche et instructif Smile

_________________
:lecteur:  Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre -
Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
Schéhérazade
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par Schéhérazade Mer 11 Jan 2012, 13:30
Je serais tentée d'ajouter: recrutement par concours sur épreuves exclusivement disciplinaires pour les instituteurs et les professeurs. Pas d'épreuve de gueule ni d'épreuve idéologique. Donc fin de l'épreuve "agir en fonctionnaire d'Etat"... Garantie que les jurys resteront nationaux, composés d'universitaires, de professeurs de CPGE, d'inspecteurs, et que jamais n'y entreront des "représentants de la société civile"(élus, membres d'assos de parents d'élèves, voire aparachiks du ministère ou CDE...).
Recrutement exclusivement des CDE parmi les anciens professeurs et CPE.
Quelles seraient selon vous tous les modalités idéales de recrutement des CPE, des CDE, des IPR? Leur rôle est considérable et il me semble que la définition exacte de leurs missions, de leur statut a une importance certaine.
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