- amarokNiveau 10
Pourquoi Hugo dit-il que Cromwell est "une comédie", au lieu de dire que c'est un drame romantique ?
Avez vous idée pourquoi Hugo, qui évoque le drame romantique dans le célèbre extrait de la préface de Cromwell, ne le nomme pas et utilise la phrase: "ce type c'est le grotesque et cette forme (nouvelle) c'est la comédie"?? pourquoi ne dit il pas "le drame romantique"? ou est ce une erreur du texte (que j'ai pioché sur le net)???
- JohnMédiateur
Cromwell est le premier drame romantique, nommé ainsi a posteriori : comment veux-tu qu'il dise "c'est le premier drame romantique et il sera suivi de plein d'autres"...?
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- variaHabitué du forum
En fait ici, à cet endroit précis, Hugo ne parle bien que de la comédie et du grotesque : il envisage un peu + loin le sublime et l'alliance des deux, qu'il n'a fait que présenter pour le moment.
Mais le terme de drame romantique est déjà présent dans cette préface, que je crois rédigée après coup (sans certitude) :
"Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l'auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l'avons déjà établi, le drame, c'est le grotesque avec le sublime, l'âme sous le corps, c'est une tragédie sous une comédie. Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d'une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s'associant même au besoin les fascinations de l'opéra, ces représentations, tout en n'offrant qu'une pièce, en vaudraient bien d'autres ? La scène romantique ferait un mets piquant, varié, savoureux, de ce qui sur le théâtre classique est une médecine divisée en deux pilules."
Mais le terme de drame romantique est déjà présent dans cette préface, que je crois rédigée après coup (sans certitude) :
"Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l'auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l'avons déjà établi, le drame, c'est le grotesque avec le sublime, l'âme sous le corps, c'est une tragédie sous une comédie. Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d'une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s'associant même au besoin les fascinations de l'opéra, ces représentations, tout en n'offrant qu'une pièce, en vaudraient bien d'autres ? La scène romantique ferait un mets piquant, varié, savoureux, de ce qui sur le théâtre classique est une médecine divisée en deux pilules."
- amarokNiveau 10
Merci bcp Varia. J'ajoute ce passage à mon extrait.
- HannibalHabitué du forum
COMEDIE
A.− 1. Pièce de théâtre, quel que soit le genre auquel elle appartient.
(T.L.F.)
A.− 1. Pièce de théâtre, quel que soit le genre auquel elle appartient.
(T.L.F.)
- IphigénieProphète
j'allois le dire
- variaHabitué du forum
Je ne veux pas imposer mes idées, mais quand même (désolée pour la prétérition... ), si l'on lit l'ensemble de la préface, c'est bien de comédie au sens de pièce reposant sur des effets comiques - ou plus précisément, ici, grotesques - que V. Hugo parle à cet endroit-là...
Amarok, il me semble que la reproduction donnée par Wi...sources est fiable, donc tu peux lire l'ensemble de la préface pour te forger une idée + précise des termes employés.
En tout cas Hugo ne dit pas que Cromwell est une comédie, contrairement au titre de ton post... il intègre une part comique, mais ce n'est qu'une étape dans la présentation par Hugo du drame romantique comme genre et de la synthèse qu'il opère.
Amarok, il me semble que la reproduction donnée par Wi...sources est fiable, donc tu peux lire l'ensemble de la préface pour te forger une idée + précise des termes employés.
En tout cas Hugo ne dit pas que Cromwell est une comédie, contrairement au titre de ton post... il intègre une part comique, mais ce n'est qu'une étape dans la présentation par Hugo du drame romantique comme genre et de la synthèse qu'il opère.
- HannibalHabitué du forum
varia a écrit: si l'on lit l'ensemble de la préface, c'est bien de comédie au sens de pièce reposant sur des effets comiques - ou plus précisément, ici, grotesques - que V. Hugo parle à cet endroit-là...
Je viens d'aller voir, et vous avez raison.
Hugo explique que c'est l'avènement du christianisme qui a développé la sensibilité au grotesque, et donné toute sa place au genre de la comédie.
Cela dit, sa définition du grotesque excède aussi les bornes de la stricte comédie, de sorte qu'il ne définit pas Cromwell comme une comédie pour autant : il se contente de l'inscrire dans une tradition dont la comédie est l'un des aspects.
"Ainsi voilà un principe étranger à l'antiquité, un type nouveau introduit dans la poésie ; et, comme une condition de plus dans l'être modifie l'être tout entier, voilà une forme nouvelle qui se développe dans l'art. Ce type, c'est le grotesque. Cette forme, c'est la comédie.
(...)
Dans la pensée des modernes, au contraire, le grotesque a un rôle immense. Il y est partout ; d'une part, il crée le difforme et l'horrible ; de l'autre, le comique et le bouffon.(...) c'est lui qui fait tourner dans l'ombre la ronde effrayante du sabbat, lui encore qui donne à Satan les cornes, les pieds de bouc, les ailes de chauve-souris. C'est lui, toujours lui, qui tantôt jette dans l'enfer chrétien ces hideuses figures qu'évoquera l'âpre génie de Dante et de Milton, tantôt le peuple de ces formes ridicules au milieu desquelles se jouera Callot, le Michel-Ange burlesque. Si du monde idéal il passe au monde réel, il y déroule d'intarissables parodies de l'humanité. Ce sont des créations de sa fantaisie que ces Scaramouches, ces Crispins, ces Arlequins, grimaçantes silhouettes de l'homme, types tout à fait inconnus à la grave antiquité, et sortis pourtant de la classique Italie. C'est lui enfin qui, colorant tour à tour le même drame de l'imagination du midi et de l'imagination du nord, fait gambader Sganarelle autour de don Juan et ramper Méphistophélès autour de Faust."
- IphigénieProphète
John a écrit:Cromwell est le premier drame romantique, nommé ainsi a posteriori : comment veux-tu qu'il dise "c'est le premier drame romantique et il sera suivi de plein d'autres"...?
Non, John, ce qui fait la spécificité (et la faiblesse du drame romantique) c'est bien qu'il a été défini avant que l'on n'écrive les pièces, contrairement au classicisme, défini par Boileau après Molière et Racine.
Il emploie bien le mot drame tout le temps dans la Préface:
"le drame tient de la tragédie par la peinture des passions et de la comédie par la peinture des caractères."
Quant à"romantique" il me semble que c'est Stendhal dans Racine et Shakespeare qui oppose le classicisme( ce qui plaisait au public du XVIIe ) au "romanticisme"(ce qui plaît au public d'aujourd'hui)
Je ne sais pas à quel passage précis renvoie Amarok.
- variaHabitué du forum
Mais à aucun moment il ne dit que Cromwell est une comédie ! Pour simplifier à l'extrême, il explique ce que fut la comédie et son lien avec le grotesque (+ comique, bouffon, etc.) (c'est le passage que tu cites, Hannibal) ; auparavant il avait présenté l'épopée, la tragédie et le sublime ; et il montre que le drame romantique (dont est Cromwell) va mêler les deux.Hannibal a écrit:Cela dit, sa définition du grotesque excède aussi les bornes de la stricte comédie, de sorte qu'il ne définit pas Cromwell comme une comédie pour autant : il se contente de l'inscrire dans une tradition dont la comédie est l'un des aspects.
Merci, sinon, à Iphigénie qui éclaircit mes vague notions chronologiques sur les publications de Hugo (icône de mon année d'agreg quand même, je la lui dois un peu puisque tombée sur lui à toutes les épreuves ou presque... mais j'ai depuis beaucoup oublié....)
- HannibalHabitué du forum
varia a écrit:
Mais à aucun moment il ne dit que Cromwell est une comédie !
Ben oui, je ne disais rien d'autre dans mon dernier post : nous sommes d'accord.
- variaHabitué du forum
- User5899Demi-dieu
Il emploie sans cesse le mot drame, pour le distinguer de la tragédie. Quant à "romantique", je ne suis pas sûr qu'en 1827, ce soit un terme qu'on accole facilement à "drame". C'est plutôt Stendhal qui oppose classique à romantique, plus précisément au "romanticisme", en désignant ainsi ce qui convient au public de son temps.amarok a écrit:Avez vous idée pourquoi Hugo, qui évoque le drame romantique dans le célèbre extrait de la préface de Cromwell, ne le nomme pas et utilise la phrase: "ce type c'est le grotesque et cette forme (nouvelle) c'est la comédie"?? pourquoi ne dit il pas "le drame romantique"? ou est ce une erreur du texte (que j'ai pioché sur le net)???
- HannibalHabitué du forum
"Quoi qu'il advienne, il croit devoir avertir d'avance le petit nombre de personnes qu'un pareil spectacle tenterait, qu’une pièce extraite de Cromwell n'occuperait toujours pas moins de la durée d'une représentation. Il est difficile qu'un théâtre romantique s'établisse autrement. "
Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l'auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l'avons déjà établi, le drame, c'est le grotesque avec le sublime, l'âme sous le corps, c'est une tragédie sous une comédie. Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d'une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s'associant même au besoin les fascinations de l'opéra, ces représentations, tout en n'offrant qu'une pièce, en vaudraient bien d'autres ? La scène romantique ferait un mets piquant, varié, savoureux, de ce qui sur le théâtre classique est une médecine divisée en deux pilules.
Normalement, c'est bien la préface de 1827. (En GF, page 105 pour la seconde citation).
Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l'auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l'avons déjà établi, le drame, c'est le grotesque avec le sublime, l'âme sous le corps, c'est une tragédie sous une comédie. Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d'une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s'associant même au besoin les fascinations de l'opéra, ces représentations, tout en n'offrant qu'une pièce, en vaudraient bien d'autres ? La scène romantique ferait un mets piquant, varié, savoureux, de ce qui sur le théâtre classique est une médecine divisée en deux pilules.
Normalement, c'est bien la préface de 1827. (En GF, page 105 pour la seconde citation).
- JohnMédiateur
Errare humanum, perseverare diabolicum
Merci à Iphigénie et Varia, ainsi qu'à Hannibal pour la citation exacte.
Merci à Iphigénie et Varia, ainsi qu'à Hannibal pour la citation exacte.
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- HannibalHabitué du forum
Cela dit, Hugo qualifie aussi le Cid de "pièce romantique", au détour d'un commentaire dans la même préface, mais je pense qu'il renvoie ainsi au côté romanesque et médiéval de la pièce de Corneille.
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"Quand la pierre tombe sur l'oeuf, malheur à l'oeuf.
Quand l'oeuf tombe sur la pierre, malheur à l'oeuf." (proverbe)
- User5899Demi-dieu
Au temps pour moi Ce que c'est que la flemme en vacances, tout de même !Hannibal a écrit:"Quoi qu'il advienne, il croit devoir avertir d'avance le petit nombre de personnes qu'un pareil spectacle tenterait, qu’une pièce extraite de Cromwell n'occuperait toujours pas moins de la durée d'une représentation. Il est difficile qu'un théâtre romantique s'établisse autrement. "
Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l'auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l'avons déjà établi, le drame, c'est le grotesque avec le sublime, l'âme sous le corps, c'est une tragédie sous une comédie. Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d'une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s'associant même au besoin les fascinations de l'opéra, ces représentations, tout en n'offrant qu'une pièce, en vaudraient bien d'autres ? La scène romantique ferait un mets piquant, varié, savoureux, de ce qui sur le théâtre classique est une médecine divisée en deux pilules.
Normalement, c'est bien la préface de 1827. (En GF, page 105 pour la seconde citation).
- amarokNiveau 10
Oui, merci pr tous ces éclaircissements!
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