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retraitée
Doyen

Définition de la discipline selon JM Muglioni : "la discipline est la condition de l’instruction" Empty Définition de la discipline selon JM Muglioni : "la discipline est la condition de l’instruction"

par retraitée Mer 14 Déc 2011 - 15:51
http://www.mezetulle.net/article-quelques-remarques-sur-la-discipline-par-j-m-muglioni-92180113.html

Sommaire de l'article :

La discipline scolaire n'est pas une nécessité sociale
La vraie discipline n’a pas besoin de gendarmes
Discipline et non pas n’importe quelle obéissance
Discipline n’est pas dressage
La discipline n’est pas plus une « valeur » que l’effort
Il n’y a pas de hiérarchie entre le maître et l’élève
Ressentiment à l’égard de l’école
Docilité

Extrait :

5 - La discipline n’est pas plus une « valeur » que l’effort
Certains de mes lecteurs ont été choqués par mes propos sur la discipline. La confusion qui règne sur ce point tient sans doute moins à la manière dont on s’en prend généralement à la discipline et à la douleur que sa contrainte produit parfois, qu’au discours ordinaire des partisans de l’ordre et de l’obéissance qui la sacralisent. La discipline, en effet, n’a en elle-même aucune valeur morale, pas plus que l’effort. C’est une nécessité. Il m’arrive souvent de rappeler ma satisfaction à l’écoute d’une interview du grand violoniste Zino Francescatti (1902-1991). On lui demandait quel morceau lui avait paru le plus difficile, et il répondit qu’aucun jamais ne lui avait paru tel. Est-ce à dire qu’il était moins méritant que ceux de ses collègues aussi bons musiciens qui ont dû surmonter des difficultés considérables ? Faudrait-il mépriser les plus doués parce qu’ils peinent moins que la plupart des autres hommes ? L’effort est donc une nécessité mais non une valeur, et s’il faut l’encourager, l’honorer même, c’est pour faire jouer contre notre paresse naturelle d’autres mobiles. Les décorations sont des sucreries pour le cœur et non pour le ventre. Ainsi l’ordre qui seul rend possible la classe, c’est-à-dire l’attention, la concentration, est une nécessité tout extérieure dont le respect ne requiert aucune sacralisation.

On pouvait autrefois mettre une note de conduite et donner des prix de conduite aux élèves. Certes il arrivait trop souvent qu’on accompagne ces pratiques d’un discours moralisateur et de vexations condamnables ou même de sévices. Ce n’est pourtant pas une raison pour croire que la discipline est l’expression d’une idéologie morale et religieuse. La vivacité d’un de mes petits neveux qui vient d’entrer à l’école ne facilite pas le travail de sa maîtresse. Celle-ci, sans doute à l’insu de sa hiérarchie, distribue des bons points de telle sorte qu’au bout de quinze jours le bavard, ayant vu qu’il était le seul à ne pas en avoir, a changé d’attitude. Il est vrai toutefois que la carotte ne servirait à rien si ses parents n’approuvaient pas l’institutrice et si celle-ci ne donnait pas assez d’exercices aux plus rapides, qui sans cela seraient insupportables. Je le répète donc, la discipline est la condition de l’instruction, et comme cet exemple le montre assez, l’instruction elle-même discipline l’esprit et l’homme tout entier, sans qu’il faille pour cela des mesures spécialement « disciplinaires ». L’enfant discipline sa main pour former des lettres, comme il a su apprendre les articulations de la langue : par là l’instruction donne une maîtrise du corps qui est liberté. Imposer la discipline sans instruire n’a pas de sens. L’école ayant aujourd’hui renoncé à instruire, il n’est pas étonnant qu’y règne la violence. Et certains maîtres n’osent pas affirmer leur autorité de peur d’être sanctionnés par la hiérarchie.
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