- frecheGrand sage
V.Marchais a écrit:Dhaiphi a écrit:Le problème est qu'il existe bien plus de "petites tortues" et de "gentils escargots" que de "Speedy Gonzales".doublecasquette a écrit: cela s'équilibrait*...
* : Si le Ministère pouvait l'entendre et voir toutes les économies conséquentes qu'il pourrait faire en faisant filer les Speedy Gonzales de la lecture et du calcul, peut-être qu'il nous autoriserait même à laisser prendre son temps aux petites tortues et aux gentils escargots...
L'équilibrage est tout à fait illusoire.
Je ne sais pas. Je suis loin d'être une spécialiste. Mais quand la psy nous a montré la répartition de la population en terme de QI, c'était une courbe de Gauss. Donc, à moins que cette représentation soit fausse, équilibre il y aurait.
exactement !
- SapotilleEmpereur
doublecasquette a écrit: Ben moi, ce sujet me démoralise. J'ai tellement tourné dans ma tête et remâché pendant des années ce que nous avons fait et qu'il n'aurait pas fallu faire, ce que nous n'avons pas fait et qu'il aurait fallu faire, pour notre ex petit bonhomme que je n'ai plus le courage de donner quelque conseil que ce soit à qui que ce soit.
En plus, avec ma profession d'épouvantail bourgeois et mon passé d'élève de prépa, je m'en suis pris plein la gueule pour pas un rond. J'ai vécu la lutte des classes sans savoir mettre le nom dessus.
Un exemple, en début de GS, alors que je protestais que mon fils lisait déjà couramment. "Le rôle de l'école n'est pas d'apprendre à lire car c'est un savoir qui vient naturellement, à un âge variable d'un enfant à l'autre. "
Comment vouliez-vous que je comprenne cette phrase ?
Maintenant, je sais, mais il m'a fallu pratiquer longuement les forums et blogs consacrés à l'instruction ... ooops ! Mille excuses ! L'EDUCATION.
Si j'avais su !
Maintenant, vous verriez comment je gère, avec la N°2 ! C'est formidable
Rencontre parents-professeurs classe de Seconde indifférenciée ( :colere: :colere: ça c'était interne. en extérieur, ça donne )
Nous étions reçus par SVT+allemand (proche retraite) et nous expliquions le but TS option math. Quand la professeur de SVT m'a expliqué qu'il ne fallait surtout pas s'imaginer que l'option math préparait mieux et que tout se vaut gnagnagnagnagna, j'ai répondu d'un air de ravi de la crèche: "Bien sûr ! Mais si notre fille veut faire Médecine, elle n'aura plus de mathématique dans le supérieur et il serait dommage qu'elle ne profite pas de l'enseignement secondaire pour mieux découvrir cette matière qui l'intéresse :etoilecoeur: ".
Douze ans plus tôt, j'aurais répondu : "C'est pas fini, vos mensonges et vos conneries? ", phrase que le prof d'allemand a si bien entendu qu'il a failli piquer un fou-rire.
Après, on peut en parler avec humour et un certain détachement, :succes: mais à vivre, c'est terrible !!!
Il me souvient d'avoir demandé à notre psy-scolaire si elle avait des suggestions à me faire pour une enfant brillante qui me donnait l'impression de s'ennuyer ...
Elle m'avait répondu "Dites-lui que c'est mal écrit et qu'elle recommence, ça l'occupera !!!
C'est à partir de ce moment que j'ai cessé de faire confiance à ces gens-là et à faire "ma petite cuisine" pour pousser la table vers le niveau supérieur !!!
- mfloNiveau 10
Eh ben, je ne pensais pas qu'on était si nombreux à avoir connu les angoisses de parents devant trouver la meilleure solution pour leurs rejetons.
C'est un sujet un peu tabou, et on évite en général d'en parler. (on a vite fait de passer pour les parents profs qui font trimer leurs enfants à la maison pour qu'ils réussissent plus vite et mieux que les autres)
Dans le genre de la suggestion faite à Sapotille, je me rappelle un instit qui m'avait dit que je devais ralentir mon fils qui avait un niveau trop haut par rapport aux autres.
J'avais jugé inutile d'essayer de lui faire dire comment freiner mon fils ; lui interdire de lire ? Ne pas répondre à ses questions ? Le mettre de force devant TF1 ????
C'est un sujet un peu tabou, et on évite en général d'en parler. (on a vite fait de passer pour les parents profs qui font trimer leurs enfants à la maison pour qu'ils réussissent plus vite et mieux que les autres)
Dans le genre de la suggestion faite à Sapotille, je me rappelle un instit qui m'avait dit que je devais ralentir mon fils qui avait un niveau trop haut par rapport aux autres.
J'avais jugé inutile d'essayer de lui faire dire comment freiner mon fils ; lui interdire de lire ? Ne pas répondre à ses questions ? Le mettre de force devant TF1 ????
- TinselExpert
Voilà j'ai vu la maman de ma loupiote ce matin. La loupiote ne se plaint pas, à la maison, de s'ennuyer en classe.
J'ai proposé 2 choses:
- la pousser, et lui faire faire le français avec les CE1, dans l'optique qu'elle suive journée entière avec les CE1 vers janvier ou mars, puis passe en CE2.
- la freiner, et la garder avec moi et lui faire faire des exercices complètement décrochés de la lecture des CP, avec des plans de travail autonome CE1.
La maman a choisi de tenter le passage doux en Ce1. J’imagine qu'elle en avait déjà bien parlé avec son mari, elle n'avait pas l'air surprise, plutôt contente sans pour autant se dire qu'elle enfantait un génie. "Je vous fais confiance" m'a-t-elle dit ( moi qui doutais tant...)
La loupiote était ravie enchantée quand je lui ai dit ça! et les devoirs de CE1 c'était l’apothéose! Elle est repartie avec le livre de lecture des CE1 (Pas à page) pour les vacances
J'ai proposé 2 choses:
- la pousser, et lui faire faire le français avec les CE1, dans l'optique qu'elle suive journée entière avec les CE1 vers janvier ou mars, puis passe en CE2.
- la freiner, et la garder avec moi et lui faire faire des exercices complètement décrochés de la lecture des CP, avec des plans de travail autonome CE1.
La maman a choisi de tenter le passage doux en Ce1. J’imagine qu'elle en avait déjà bien parlé avec son mari, elle n'avait pas l'air surprise, plutôt contente sans pour autant se dire qu'elle enfantait un génie. "Je vous fais confiance" m'a-t-elle dit ( moi qui doutais tant...)
La loupiote était ravie enchantée quand je lui ai dit ça! et les devoirs de CE1 c'était l’apothéose! Elle est repartie avec le livre de lecture des CE1 (Pas à page) pour les vacances
- SapotilleEmpereur
Tinsel a écrit:
La maman a choisi de tenter le passage doux en Ce1. J’imagine qu'elle en avait déjà bien parlé avec son mari, elle n'avait pas l'air surprise, plutôt contente sans pour autant se dire qu'elle enfantait un génie. "Je vous fais confiance" m'a-t-elle dit ( moi qui doutais tant...)
Tu vois comme cette situation est toujours délicate !!!
Les parents n'osaient pas trop en parler mais désiraient qu'il se passe quelque chose !!!
Tu n'osais pas trop proposer ce passage parce que tu craignais de te tromper ...
Ces situations sont toujours complexes !
Bravo pour ta décision, pour votre décision !!!
- V.MarchaisEmpereur
Contente pour tout le monde, Tinsel, et bravo pour ton attention à cette élève - il y en a tant à côté desquels nous passons.
- DhaiphiGrand sage
5 bons élèves, 5 nuls et un marigot de moyens plus ou moins intéressés, plus ou moins capables, plus ou moins suivis... Voilà, j'ai respecté la répartion en forme de "cloche" d'une classe théorique.freche a écrit:exactement !V.Marchais a écrit:Je ne sais pas. Je suis loin d'être une spécialiste. Mais quand la psy nous a montré la répartition de la population en terme de QI, c'était une courbe de Gauss. Donc, à moins que cette représentation soit fausse, équilibre il y aurait.
Maintenant, il faut tenir compte du fait que la plupart des bons et bons + sont dans le privé depuis la maternelle et qu'il nous en reste fort peu.
_________________
De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- V.MarchaisEmpereur
Ça c'est vrai. En plus, la répartition des CSP dans le public n'est probablement pas une courbe de Gauss...
- DhaiphiGrand sage
Bien évidemment, je ne viens pas sur ce forum pour raconter des balivernes. :lol:V.Marchais a écrit:Ça c'est vrai. ...
_________________
De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- caroletteNeoprof expérimenté
J'ai deux élèves dans ma classe de CP qui lisent couramment. L'un est très demandeur de plus de difficultés, mais n'est pas à un niveau de fin de CP en mathématiques, et n'a pas encore une correspondance scripte-cursive correcte. L'autre fait ce qu'on lui demande, même si c'est plus complexe que ce que font ses camarades, mais n'en demande pas plus.
Pendant les vacances, je leur ai donné Le petit chaperon rouge de Rue des instits à lire à voix haute, afin qu'ils le lisent en plusieurs épisodes à la rentrée à la classe.
L'un et l'autre font des fiches de sons assez complexes, et en totale autonomie, pendant que j'ânonne avec le reste de la classe. Dans le fichier de maths SLECC, ils avancent à leur rythme.
Je me demande si, à la rentrée des vacances de la Toussaint, je ne leur ferais pas faire quelques leçons (pratiquées l'an dernier en cours double CP-CE1) de Ecrire Analyser CE1. Mais le reste de la classe étant saturé au niveau zygotos, il faudra qu'ils travaillent en autonomie : c'est faisable d'après vous ?
Pendant les vacances, je leur ai donné Le petit chaperon rouge de Rue des instits à lire à voix haute, afin qu'ils le lisent en plusieurs épisodes à la rentrée à la classe.
L'un et l'autre font des fiches de sons assez complexes, et en totale autonomie, pendant que j'ânonne avec le reste de la classe. Dans le fichier de maths SLECC, ils avancent à leur rythme.
Je me demande si, à la rentrée des vacances de la Toussaint, je ne leur ferais pas faire quelques leçons (pratiquées l'an dernier en cours double CP-CE1) de Ecrire Analyser CE1. Mais le reste de la classe étant saturé au niveau zygotos, il faudra qu'ils travaillent en autonomie : c'est faisable d'après vous ?
- TinselExpert
Pas bête, s'il s'avère que ma loupiote raccrochera la classe de CE1 à temps plein, je peux la laisser avancer à son rythme dans Compter Calculer. Ceci dit je n'ai pas trop de craintes sur le moment où elle passera à Picbille CE1...carolette a écrit:Dans le fichier de maths SLECC, ils avancent à leur rythme.
- survivorNiveau 6
Mais c'est proprement effrayant, et choquant, de lire ça sous la plume d'un enseignant (du public ?) en activité. Je pense que c'est ce que j'aurais pu entendre de la bouche de feu mon grand-père - mort en 1992, à l'âge de 85 ans, je le précise uniquement pour situer le contexte historique. Ah, ce bon vieil élitisme... Des bons encore plus bons, et le reste, ceux qui suivent moins vite ou pas du tout, à la casse. Des cancres et des bons à rien, vous dis-je, et il y en a entre 15 et 20 dans chaque classe ! Et cela ne fait qu'empirer ! Quelle époque, ma brave dame, quelle époque... Soyons clairs tout de suite, je ne suis ni un bien-pensant progressiste du PS ou du Front de Gauche, ni un post-soixante-huitard du GFEN, ni un idéaliste qui se berce de théories oiseuses à base d'égalitarisme dogmatique. Mais il y a quand même des limites.Dhaiphi a écrit:Je préférerais naturellement plus "d'élèves intéressants, vifs et travailleurs" car c'est pour eux que je fais classe, les autres je les subis comme ils subissent mon enseignement.
J'ai quatre élèves qui relèvent de la casse dont je parlais plus haut, de cette vraie casse qu'on appelle aujourd'hui poliment la CLIS, et qui refont un CP cette année. Il y seront dirigés en douceur à la fin de l'année car je doute qu'ils puissent combler le fossé qui - compte tenu de leur année de retard - les sépare déjà des autres. Cela représente environ 1/5 de mon effectif. Sans faire d'angélisme, je ne les subis aucunement, et ils ne subissent pas mon enseignement. Ils sont juste décalés. Et pour certains en souffrance. Je fais quand même classe pour eux, même si je connais la fin du film et que je sais que ne la réécrirai pas - je ne suis pas naïf, et je me dis que le peu qu'ils apprendront, ce sera toujours ça de pris. Et si à ces quatre-là j'ajoute ceux qui sont aussi en difficulté, mais à une moindre échelle, ceux qui ne donnent pas l'impression d'avoir vraiment envie, ceux qui rament tant bien que mal, et tous ceux qui ne sont ni très "vifs", ni vraiment "intéressants", ni forcément "travailleurs", me voilà à 5/5 de mon effectif. Et après ? Ils ne méritent pas que je fasse quand même le travail pour lequel je suis payé ?
Ne sommes nous pas sensés faire la classe pour TOUS les élèves ? Qu'ils réussissent ou pas, c'est une autre question. Une chose est certaine, si on laisse de côté les 4/5 de la classe, ils ne progresseront jamais. Alors non, en effet, tous les élèves ne réussiront pas, et sûrement pas de la même manière, ni surtout en même temps. Oui, l'égalité des chances tant proclamée est une foutaise, un concept idiot et creux, inventé par des sociologues marxistes pour soulager leur mauvaise conscience de classe et leur complexes de bourgeois culturellement favorisés (les enfants de Bourdieu, eux, ont tous fait Normal Sup - et dire que leur père dénonçait la reproduction sociale...). Mais est-ce au nom de ce constat que l'on doit balancer aux ordures la majorité des élèves qui ont le seul tort de n'être point "intéressants, vifs et travailleurs" ?
Et d'abord, c'est quoi un élève intéressant ? Ou vif ? L'intérêt et la vivacité ne se mesurent qu'aux résultats scolaires ? Comment peut-on porter de tels jugements de valeur sur des gosses, comme s'ils étaient pleinement responsables de ce qu'ils sont, en dehors de toute autre considération ? Quand tu parles d'objectivité et de constat vérifié année après année, j'ai juste envie de rire. Le seul constat que je fais, c'est que tu ne fais classe qu'aux élèves qui pourraient fort bien se passer de ton enseignement. C'est sûr que ça flatte l'égo à peu de frais. C'est toujours bon à prendre.
_________________
Tout a été enlevé sauf la tête
pour l’entêtement.
La tête jetée d’arrière en avant
comme un nœud.
Guy Viarre, Sans un
- survivorNiveau 6
Dhaiphi a écrit:Maintenant, il faut tenir compte du fait que la plupart des bons et bons + sont dans le privé depuis la maternelle et qu'il nous en reste fort peu.
Ah ben, oui, voilà, c'est dans le privé qu'il faut que tu ailles enseigner. CQFD. Là tu auras des tripotées d'élèves "vifs", "intéressants" et "travailleurs"... De quoi te faire plaisir jusqu'à la retraite.
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comme un nœud.
Guy Viarre, Sans un
- CondorcetOracle
survivor a écrit:Mais c'est proprement effrayant, et choquant, de lire ça sous la plume d'un enseignant (du public ?) en activité. Je pense que c'est ce que j'aurais pu entendre de la bouche de feu mon grand-père - mort en 1992, à l'âge de 85 ans, je le précise uniquement pour situer le contexte historique. Ah, ce bon vieil élitisme... Des bons encore plus bons, et le reste, ceux qui suivent moins vite ou pas du tout, à la casse. Des cancres et des bons à rien, vous dis-je, et il y en a entre 15 et 20 dans chaque classe ! Et cela ne fait qu'empirer ! Quelle époque, ma brave dame, quelle époque... Soyons clairs tout de suite, je ne suis ni un bien-pensant progressiste du PS ou du Front de Gauche, ni un post-soixante-huitard du GFEN, ni un idéaliste qui se berce de théories oiseuses à base d'égalitarisme dogmatique. Mais il y a quand même des limites.Dhaiphi a écrit:Je préférerais naturellement plus "d'élèves intéressants, vifs et travailleurs" car c'est pour eux que je fais classe, les autres je les subis comme ils subissent mon enseignement.
J'ai quatre élèves qui relèvent de la casse dont je parlais plus haut, de cette vraie casse qu'on appelle aujourd'hui poliment la CLIS, et qui refont un CP cette année. Il y seront dirigés en douceur à la fin de l'année car je doute qu'ils puissent combler le fossé qui - compte tenu de leur année de retard - les sépare déjà des autres. Cela représente environ 1/5 de mon effectif. Sans faire d'angélisme, je ne les subis aucunement, et ils ne subissent pas mon enseignement. Ils sont juste décalés. Et pour certains en souffrance. Je fais quand même classe pour eux, même si je connais la fin du film et que je sais que ne la réécrirai pas - je ne suis pas naïf, et je me dis que le peu qu'ils apprendront, ce sera toujours ça de pris. Et si à ces quatre-là j'ajoute ceux qui sont aussi en difficulté, mais à une moindre échelle, ceux qui ne donnent pas l'impression d'avoir vraiment envie, ceux qui rament tant bien que mal, et tous ceux qui ne sont ni très "vifs", ni vraiment "intéressants", ni forcément "travailleurs", me voilà à 5/5 de mon effectif. Et après ? Ils ne méritent pas que je fasse quand même le travail pour lequel je suis payé ?
Ne sommes nous pas sensés faire la classe pour TOUS les élèves ? Qu'ils réussissent ou pas, c'est une autre question. Une chose est certaine, si on laisse de côté les 4/5 de la classe, ils ne progresseront jamais. Alors non, en effet, tous les élèves ne réussiront pas, et sûrement pas de la même manière, ni surtout en même temps. Oui, l'égalité des chances tant proclamée est une foutaise, un concept idiot et creux, inventé par des sociologues marxistes pour soulager leur mauvaise conscience de classe et leur complexe de bourgeois culturellement favorisés (les enfants de Bourdieu, eux, ont tous fait Normale Sup - et dire que leur père dénonçait la reproduction sociale...). Mais est-ce au nom de ce constat que l'on doit balancer aux ordures la majorité des élèves qui ont le seul tort de n'être point "intéressants, vifs et travailleurs" ?
Et d'abord, c'est quoi un élève intéressant ? Ou vif ? L'intérêt et la vivacité ne se mesurent qu'aux résultats scolaires ? Comment peut-on porter de tels jugements de valeur sur des gosses, comme s'ils étaient pleinement responsables de ce qu'ils sont, en dehors de toute autre considération ? Quand tu parles d'objectivité et de constat vérifié année après année, j'ai juste envie de rire. Le seul constat que je fais, c'est que tu ne fais classe qu'aux élèves qui pourraient fort bien se passer de ton enseignement. C'est sûr que ça flatte l'égo à peu de frais. C'est toujours bon à prendre.
Faire de John Rawls, l'un des grands théoriciens de l'égalité des chances un sociologue marxiste, voilà qui laisse songeur. Il faudra vraiment m'expliquer comment libéralisme et marxisme sont d'aimables frères intellectuels.
- doublecasquetteEnchanteur
Malgré cette erreur historico-politique, j'adhère tout à fait à ce que dit Survivor et je le remercie d'avoir eu le culot de le dire !
Dans ma classe de vingt élèves, j'ai cette année deux ou trois élèves qui auraient peut-être l'insigne honneur de correspondre à la définition de Dhaiphi, et encore, tout dépend où on place le curseur.
Hier, les dix de CE2 ont fini les contrôles qui traînent ici sur ce forum. La plus mauvaise note de maths est un 7,25 /20 dans la catégorie "Problèmes" compensée par un 20 /20 en "Calcul", un 7/10 en "Mesures" et un 8,5 /10 en "Géométrie".
Et en Français, la plus mauvaise note doit être un 14,25/20 en orthographe et un autre, d'un autre élève, en conjugaison.
Alors oui, en effet, dans ma classe, je n'ai pas 100% de futurs Polytechniciens, Ulmiens, Centraleux ou énarques et ce n'est pas malheureux parce que j'ai quand même l'intention dans vingt ans de pouvoir encore aller chez le coiffeur, prendre le bus, manger des patates cultivées en France et blaguer de tout et de rien avec ma crémière !
Et, comme je continue à croire envers et contre tout qu'un conducteur d'autobus, un coiffeur, une crémière et une agricultrice ont tout autant le droit qu'un énarque de connaître St Exupéry et Kipling et d'apprécier Haendel et Vivaldi, je continuerai à partir du 2 novembre 2011 et jusqu'au 1° septembre 2015 (la quille !) de ltirer, pousser, encourager, secouer, enseigner, tout comme je continuerai de lire Le Petit Prince et les Histoires Comme Ça et de faire écouter la Musique pour les Feux d'Artifice Royaux et les Quatre Saisons à mes futurs petits ilotes, en espérant que l'insolence de l'Enfant d'Eléphant ou celle du Chameau résonnera un peu au fond de leurs cerveaux de nouilles lorsqu'on leur demandera plus tard d'aller cirer les pompes des Élites Sérénissimes de certains de mes collègues.
Dans ma classe de vingt élèves, j'ai cette année deux ou trois élèves qui auraient peut-être l'insigne honneur de correspondre à la définition de Dhaiphi, et encore, tout dépend où on place le curseur.
Hier, les dix de CE2 ont fini les contrôles qui traînent ici sur ce forum. La plus mauvaise note de maths est un 7,25 /20 dans la catégorie "Problèmes" compensée par un 20 /20 en "Calcul", un 7/10 en "Mesures" et un 8,5 /10 en "Géométrie".
Et en Français, la plus mauvaise note doit être un 14,25/20 en orthographe et un autre, d'un autre élève, en conjugaison.
Alors oui, en effet, dans ma classe, je n'ai pas 100% de futurs Polytechniciens, Ulmiens, Centraleux ou énarques et ce n'est pas malheureux parce que j'ai quand même l'intention dans vingt ans de pouvoir encore aller chez le coiffeur, prendre le bus, manger des patates cultivées en France et blaguer de tout et de rien avec ma crémière !
Et, comme je continue à croire envers et contre tout qu'un conducteur d'autobus, un coiffeur, une crémière et une agricultrice ont tout autant le droit qu'un énarque de connaître St Exupéry et Kipling et d'apprécier Haendel et Vivaldi, je continuerai à partir du 2 novembre 2011 et jusqu'au 1° septembre 2015 (la quille !) de ltirer, pousser, encourager, secouer, enseigner, tout comme je continuerai de lire Le Petit Prince et les Histoires Comme Ça et de faire écouter la Musique pour les Feux d'Artifice Royaux et les Quatre Saisons à mes futurs petits ilotes, en espérant que l'insolence de l'Enfant d'Eléphant ou celle du Chameau résonnera un peu au fond de leurs cerveaux de nouilles lorsqu'on leur demandera plus tard d'aller cirer les pompes des Élites Sérénissimes de certains de mes collègues.
- survivorNiveau 6
condorcet a écrit:Faire de John Rawls, l'un des grands théoriciens de l'égalité des chances un sociologue marxiste, voilà qui laisse songeur. Il faudra vraiment m'expliquer comment libéralisme et marxisme sont d'aimables frères intellectuels.
Certes, et je ne te l'expliquerai pas . J'ai écrit une belle connerie, un peu hâtivement, emporté par mon indignation . Mea culpa
Rawles d'ailleurs, est assez lucide quand il conditionne l'égalité des chances aux capacités égales. En ce sens, l'égalité sociale des chances doit aussi tenir compte des inégalités naturelles et intellectuelles, qu'il ne nie pas. C'est là une injustice de fait dont il faut tenir compte. Il n'y a bien qu'au Ministère de l’Éducation Nationale qu'on nie ces inégalités-là... pour mieux supprimer, au nom des impératifs financiers, toute alternative digne de ce nom au parcours scolaire classique. Mais je m'égare à nouveau...
Merci à toi en tout cas pour le recadrage.
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Tout a été enlevé sauf la tête
pour l’entêtement.
La tête jetée d’arrière en avant
comme un nœud.
Guy Viarre, Sans un
- V.MarchaisEmpereur
doublecasquette a écrit:
Et, comme je continue à croire envers et contre tout qu'un conducteur d'autobus, un coiffeur, une crémière et une agricultrice ont tout autant le droit qu'un énarque de connaître St Exupéry et Kipling et d'apprécier Haendel et Vivaldi, je continuerai à partir du 2 novembre 2011 et jusqu'au 1° septembre 2015 (la quille !) de ltirer, pousser, encourager, secouer, enseigner, tout comme je continuerai de lire Le Petit Prince et les Histoires Comme Ça et de faire écouter la Musique pour les Feux d'Artifice Royaux et les Quatre Saisons à mes futurs petits ilotes
Nous sommes d'accord, DC. Et je ne suis pas certaine que Dhaiphi pense autrement, malgré sa maladresse (ou ses provocations ?). Seulement, il faut bien admettre que c'est de plus en plus difficile, de tenir ces exigences, justement parce que l'école de la République, celle qui devrait être la garante de cet idéal auquel nous souscrivons, n'a pas l'air elle-même convaincue de sa nécessité, plus soucieuse qu'elle est de vendre des "compétences" et du ludique. Dhaphi ne dit peut-être rien d'autre que cette difficulté. Ne nous hâtons pas trop de lui en faire procès.
- MufabGrand Maître
Je n'ai pas lu tout le fil, donc pardon si ça arrive comme un cheveu sur la soupe. DC va dire que je radote, vu qu'elle connaît cette histoire et qu'elle y a contribué , mais...
...l'élève qui m'a le plus marquée, et qui continue à le faire car j'ai des échos par son instit actuelle : père ne sachant pas lire, redoublement du Ce1, arrivée en Ce2 sans rien déchiffrer, comportement difficile, RASED n'y croyant plus et ayant abandonné l'aide lexique.
Eh bien il m'a littéralement épatée sur la qualité et la précision de son vocabulaire, ses questions sur Dieu, son humour... Il me reconstituait (à l'oral) des poèmes à trous, avec les mots justes, ceux choisis par l'auteur. Sur le cul la Mufab.
Oui, il ne faut surtout pas cataloguer trop tôt les enfants, et surtout ne rien prédire à l'avance, - et sans être pour autant démago (car on peut très bien dire à un enfant : "là tu as des lacunes", "Tu ne sais pas lire mais on va réapprendre : tu verras après, tu pourras exprimer tout ça par écrit...", "Comment ça se fait que tu bloques en maths ?" etc.).
Et comme vous, je pense sincèrement que les enfants en difficulté sont encore plus sensibles que d'autres à l'introduction en classe d'une Culture commune -qui dépasse l'école-, qu'ils ne reçoivent pas forcément chez eux, mais qui est encore un lien fort (l'un des derniers ?) entre les hommes et les générations, de quelque milieu qu'ils soient.
En fait je suis en train de me dire que seule l'école a encore ce pouvoir de transmission.
...l'élève qui m'a le plus marquée, et qui continue à le faire car j'ai des échos par son instit actuelle : père ne sachant pas lire, redoublement du Ce1, arrivée en Ce2 sans rien déchiffrer, comportement difficile, RASED n'y croyant plus et ayant abandonné l'aide lexique.
Eh bien il m'a littéralement épatée sur la qualité et la précision de son vocabulaire, ses questions sur Dieu, son humour... Il me reconstituait (à l'oral) des poèmes à trous, avec les mots justes, ceux choisis par l'auteur. Sur le cul la Mufab.
Oui, il ne faut surtout pas cataloguer trop tôt les enfants, et surtout ne rien prédire à l'avance, - et sans être pour autant démago (car on peut très bien dire à un enfant : "là tu as des lacunes", "Tu ne sais pas lire mais on va réapprendre : tu verras après, tu pourras exprimer tout ça par écrit...", "Comment ça se fait que tu bloques en maths ?" etc.).
Et comme vous, je pense sincèrement que les enfants en difficulté sont encore plus sensibles que d'autres à l'introduction en classe d'une Culture commune -qui dépasse l'école-, qu'ils ne reçoivent pas forcément chez eux, mais qui est encore un lien fort (l'un des derniers ?) entre les hommes et les générations, de quelque milieu qu'ils soient.
En fait je suis en train de me dire que seule l'école a encore ce pouvoir de transmission.
- RikkiMonarque
Merci Mufab, Akwa et Véronique.
Je n'ai plus trop la tête au forum en ce moment, mais vous lire me fait du bien.
C'est triste qu'on soit obligés de cataloguer "surdoué" un gamin juste "bien doué", faisant de l'intelligence une anomalie. C'est triste qu'on soit obligé de cataloguer "handicapé" un gamin juste "mou du genou" ou "lent au démarrage" ou "méga flemmard", au lieu de lui botter le train tout en lui donnant des billes pour avancer.
Mais ça fait du bien de lire des gens de bon sens et de conviction qui se battent pour que tout le monde progresse au max de ses propres possibilités.
Je n'ai plus trop la tête au forum en ce moment, mais vous lire me fait du bien.
C'est triste qu'on soit obligés de cataloguer "surdoué" un gamin juste "bien doué", faisant de l'intelligence une anomalie. C'est triste qu'on soit obligé de cataloguer "handicapé" un gamin juste "mou du genou" ou "lent au démarrage" ou "méga flemmard", au lieu de lui botter le train tout en lui donnant des billes pour avancer.
Mais ça fait du bien de lire des gens de bon sens et de conviction qui se battent pour que tout le monde progresse au max de ses propres possibilités.
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- V.MarchaisEmpereur
En même temps, il faut bien admettre, Rikki, que "botter le train" est devenu extrêmement compliqué. J'enrage quand je vois tous ces petits normalement fainéants et tout aussi normalement intelligents qu'on enferme peu à peu dans l'indigence à force de ne jamais rien exiger d'eux.
Pas de devoirs en primaire - poussé dans certaines ZEP (la mienne notamment) jusqu'à aucun exercice de mémoire, aucune leçon. Bref, aucune habitude de travail jusqu'en Sixième. Or, chacun sait que la préadolescence, c'est l'âge idéal pour découvrir l'effort...
Des élèves de collège qui considèrent qu'apprendre un sonnet en deux semaines, c'est exorbitant, n'apprennent aucune leçon, ne font pas les punitions.
Une administration qui renâcle de plus en plus à des sanctions un peu plus significatives - ou alors, nous sommes priés d'assurer la surveillance de nos heures de colle nous-mêmes.
Des textes qui nous mettent des bâtons dans les roues, insistant toujours sur les devoirs des enseignants, jamais sur ceux des élèves.
Des "pédagogues" prompts à nous culpabiliser et à faire des élèves les victimes toujours irresponsables d'un système abject (mais pourquoi diable le conserve-t-on, alors ?).
Une avocate à la con qui vient procéduriser tout ça.
Des parents de plus en plus contestataires, exigeant le retrait de ce zéro (aucune conjugaison sue le jour du contrôle pourtant annoncé de longue date), contestant telle punition et jurant leurs grands dieux que Chéri ne la fera pas.
Je suis lasse de régler ces questions dans le bureau du CDE. Maintenant, il m'arrive de répondre : "Si vous voulez faire de votre enfant un imbécile, après tout, c'est votre problème, pas le mien."
Le bottage de cul pourrait sauver sans doute aucun une bonne moitié de nos cancres qui n'a contre soi qu'une tendance bien naturelle à la paresse. En nous l'interdisant, on condamne ces enfants.
Pas de devoirs en primaire - poussé dans certaines ZEP (la mienne notamment) jusqu'à aucun exercice de mémoire, aucune leçon. Bref, aucune habitude de travail jusqu'en Sixième. Or, chacun sait que la préadolescence, c'est l'âge idéal pour découvrir l'effort...
Des élèves de collège qui considèrent qu'apprendre un sonnet en deux semaines, c'est exorbitant, n'apprennent aucune leçon, ne font pas les punitions.
Une administration qui renâcle de plus en plus à des sanctions un peu plus significatives - ou alors, nous sommes priés d'assurer la surveillance de nos heures de colle nous-mêmes.
Des textes qui nous mettent des bâtons dans les roues, insistant toujours sur les devoirs des enseignants, jamais sur ceux des élèves.
Des "pédagogues" prompts à nous culpabiliser et à faire des élèves les victimes toujours irresponsables d'un système abject (mais pourquoi diable le conserve-t-on, alors ?).
Une avocate à la con qui vient procéduriser tout ça.
Des parents de plus en plus contestataires, exigeant le retrait de ce zéro (aucune conjugaison sue le jour du contrôle pourtant annoncé de longue date), contestant telle punition et jurant leurs grands dieux que Chéri ne la fera pas.
Je suis lasse de régler ces questions dans le bureau du CDE. Maintenant, il m'arrive de répondre : "Si vous voulez faire de votre enfant un imbécile, après tout, c'est votre problème, pas le mien."
Le bottage de cul pourrait sauver sans doute aucun une bonne moitié de nos cancres qui n'a contre soi qu'une tendance bien naturelle à la paresse. En nous l'interdisant, on condamne ces enfants.
- sandGuide spirituel
Dans ce métier, on balance constamment entre la passion et le pessimisme. Hier j'étais bien dans le creux. Ce matin je regarde deux-trois rédac de 3ème, et j'y recrois !
- MufabGrand Maître
D'accord sur ton message, Véro (si tu le permets), notamment sur les parents qui contestent les punitions (c'est ce qu'il y a de pire, que de remettre en cause la sanction, même si elle peut paraître injuste, et à travers elle l'autorité : c'est perturbant pour des enfants, que de devoir choisir qui a raison, du prof ou de ses parents) sauf sur les devoirs en primaire : l'exception est au contraire de n'en pas donner.
- Marie LaetitiaBon génie
V.Marchais a écrit:En même temps, il faut bien admettre, Rikki, que "botter le train" est devenu extrêmement compliqué. J'enrage quand je vois tous ces petits normalement fainéants et tout aussi normalement intelligents qu'on enferme peu à peu dans l'indigence à force de ne jamais rien exiger d'eux.(...)
Je suis lasse de régler ces questions dans le bureau du CDE. Maintenant, il m'arrive de répondre : "Si vous voulez faire de votre enfant un imbécile, après tout, c'est votre problème, pas le mien."
Le bottage de cul pourrait sauver sans doute aucun une bonne moitié de nos cancres qui n'a contre soi qu'une tendance bien naturelle à la paresse. En nous l'interdisant, on condamne ces enfants.
Véronique, est-ce que tu accepterais que je publie ton texte sur le blog que je tiens, soit en l'état, soit que tu le remanies, complète un peu (si tu en as le temps) ? Je comprendrais tout à fait que tu préfères le garder ici sur le forum, cela dit. J'aime bien avoir des échos d'expérience, pour multiplier les sources et enfoncer le clou...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
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