- JohnMédiateur
http://www.lefigaro.fr/international/2011/09/02/01003-20110902ARTFIG00629-rentree-le-royaume-uni-teste-les-ecoles-libres-free-schools-faites-par-les-parents.php
Rentrée : le Royaume-Uni teste les «écoles libres»
Vingt-quatre «free schools», financées par l'État mais qui peuvent être gérées par les parents d'élèves, ouvrent leurs portes cette semaine outre-Manche. Un concept qui suscite l'enthousiasme des parents et le scepticisme des syndicats.
Sur le papier, c'est le rêve de bien des parents. Pour la rentrée 2011, vingt-quatre écoles d'un nouveau type vont ouvrir au Royaume-Uni : appelées «écoles libres», elles sont financées par l'État mais leur création est laissée à l'initiative d'associations locales, de professeurs et même de parents d'élèves.
Les écoles libres sont une des promesses de campagne de David Cameron, dans le cadre de sa «Big society» basée sur un désengagement de l'État et une plus grande place laissée à la société civile. La partie éducation s'inspire de modèles étrangers, notamment suédois et américain («charter schools»), où des établissements autonomes sont libres d'organiser leur enseignement comme ils l'entendent. Des écoles du même type existaient bien déjà au Royaume-Uni («Academies»), mais elles ne pouvaient être ouvertes qu'à l'initiative d'organismes spécialisés, pas de citoyens.
L'allocution du premier ministre britannique lors d'une conférence sur les «écoles libres» :
Le recrutement et les programmes gérés par les parents
Pour lancer une école libre, un certain nombre de conditions doivent être réunies. À la base de tout : les parents. Via par exemple une pétition, le groupe ou l'organisation qui veut créer l'établissement doit apporter la preuve qu'il existe une réelle demande locale des parents d'élèves. À cela s'ajoutent la présentation d'un projet éducatif et d'un plan financier. Si le dossier est validé par le ministère de l'Éducation, c'est l'État qui prend en charge les dépenses de l'établissement - qui reste gratuit pour les parents - et son implication s'arrête là. Le recrutement des professeurs, le nombre d'enfants par classe, l'organisation des emplois du temps et le contenu des programmes enseignés, eux, sont entièrement décidés par le comité directeur de l'établissement, c'est-à-dire le cas échéant par les parents eux-mêmes.
Pour la rentrée 2011, ce sont donc 24 projets qui ont été validés, parmi plus de 300 dossiers déposés : huit ont été initiés par des groupes de parents, cinq par des professeurs, cinq autres par des organismes éducatifs et six sont des écoles existantes qui changent de modèle. En tout, l'investissement pour l'État avoisine les 150 millions d'euros. But affiché du gouvernement : fournir une meilleure éducation, prenant mieux en compte les besoins locaux, notamment dans les zones défavorisées. Mais pour certains syndicats enseignants, c'est là que le bât blesse. «Si vous regardez où les 24 établissements sont situés, comme l'a fait le Guardian, vous remarquerez qu'ils se trouvent en majorité dans des zones privilégiées, dénonce au Figaro la secrétaire générale d'ATL («Association of teachers and lecturers»), Mary Bousted. C'est donc une politique qui va utiliser l'argent public pour donner des privilèges à des parents déjà aisés, aux dépens des plus démunis».
«Une menace pour les écoles classiques»
Autre inquiétude du syndicat : la durabilité économique du projet et ses conséquences sur les autres écoles du pays. «Le gouvernement assure que ça se fera sans surcoût mais on voit mal comment des classes plus réduites pourraient coûter le même prix. Ces dépenses supplémentaires, ce pourrait être autant d'argent en moins alloué aux écoles ‘normales'», poursuit Mary Bousted. D'autant que les établissements classiques, ainsi concurrencés, pourraient faire face à une chute du nombre d'inscriptions, ce qui risque selon les syndicats de casser le système éducatif britannique.
Les critiques s'inquiètent enfin du risque de dérives, notamment confessionnelle, des enseignements dispensés dans ces écoles. Le journal The Independant explique ainsi que parmi les écoles-test qui s'apprêtent à ouvrir leurs portes, cinq sont confessionnelles (deux juives, une sikh, une hindou et une anglicane). D'autres projets éducatifs font polémique, tel que celui rapporté par le Guardian d'une école de Manchester plaçant son enseignement sous le signe de «valeurs martiales», avec un encadrement confié à des militaires. Faisant fi des objections soulevées, le gouvernement est bien décidé à développer rapidement le concept : une seconde tranche d'écoles libres est déjà prévue pour l'an prochain. Parmi les projets retenus, The Independant relève le cas de Newark, au nord de Nottingham, qui enseignera la théorie créationniste.
Rentrée : le Royaume-Uni teste les «écoles libres»
Vingt-quatre «free schools», financées par l'État mais qui peuvent être gérées par les parents d'élèves, ouvrent leurs portes cette semaine outre-Manche. Un concept qui suscite l'enthousiasme des parents et le scepticisme des syndicats.
Sur le papier, c'est le rêve de bien des parents. Pour la rentrée 2011, vingt-quatre écoles d'un nouveau type vont ouvrir au Royaume-Uni : appelées «écoles libres», elles sont financées par l'État mais leur création est laissée à l'initiative d'associations locales, de professeurs et même de parents d'élèves.
Les écoles libres sont une des promesses de campagne de David Cameron, dans le cadre de sa «Big society» basée sur un désengagement de l'État et une plus grande place laissée à la société civile. La partie éducation s'inspire de modèles étrangers, notamment suédois et américain («charter schools»), où des établissements autonomes sont libres d'organiser leur enseignement comme ils l'entendent. Des écoles du même type existaient bien déjà au Royaume-Uni («Academies»), mais elles ne pouvaient être ouvertes qu'à l'initiative d'organismes spécialisés, pas de citoyens.
L'allocution du premier ministre britannique lors d'une conférence sur les «écoles libres» :
Le recrutement et les programmes gérés par les parents
Pour lancer une école libre, un certain nombre de conditions doivent être réunies. À la base de tout : les parents. Via par exemple une pétition, le groupe ou l'organisation qui veut créer l'établissement doit apporter la preuve qu'il existe une réelle demande locale des parents d'élèves. À cela s'ajoutent la présentation d'un projet éducatif et d'un plan financier. Si le dossier est validé par le ministère de l'Éducation, c'est l'État qui prend en charge les dépenses de l'établissement - qui reste gratuit pour les parents - et son implication s'arrête là. Le recrutement des professeurs, le nombre d'enfants par classe, l'organisation des emplois du temps et le contenu des programmes enseignés, eux, sont entièrement décidés par le comité directeur de l'établissement, c'est-à-dire le cas échéant par les parents eux-mêmes.
Pour la rentrée 2011, ce sont donc 24 projets qui ont été validés, parmi plus de 300 dossiers déposés : huit ont été initiés par des groupes de parents, cinq par des professeurs, cinq autres par des organismes éducatifs et six sont des écoles existantes qui changent de modèle. En tout, l'investissement pour l'État avoisine les 150 millions d'euros. But affiché du gouvernement : fournir une meilleure éducation, prenant mieux en compte les besoins locaux, notamment dans les zones défavorisées. Mais pour certains syndicats enseignants, c'est là que le bât blesse. «Si vous regardez où les 24 établissements sont situés, comme l'a fait le Guardian, vous remarquerez qu'ils se trouvent en majorité dans des zones privilégiées, dénonce au Figaro la secrétaire générale d'ATL («Association of teachers and lecturers»), Mary Bousted. C'est donc une politique qui va utiliser l'argent public pour donner des privilèges à des parents déjà aisés, aux dépens des plus démunis».
«Une menace pour les écoles classiques»
Autre inquiétude du syndicat : la durabilité économique du projet et ses conséquences sur les autres écoles du pays. «Le gouvernement assure que ça se fera sans surcoût mais on voit mal comment des classes plus réduites pourraient coûter le même prix. Ces dépenses supplémentaires, ce pourrait être autant d'argent en moins alloué aux écoles ‘normales'», poursuit Mary Bousted. D'autant que les établissements classiques, ainsi concurrencés, pourraient faire face à une chute du nombre d'inscriptions, ce qui risque selon les syndicats de casser le système éducatif britannique.
Les critiques s'inquiètent enfin du risque de dérives, notamment confessionnelle, des enseignements dispensés dans ces écoles. Le journal The Independant explique ainsi que parmi les écoles-test qui s'apprêtent à ouvrir leurs portes, cinq sont confessionnelles (deux juives, une sikh, une hindou et une anglicane). D'autres projets éducatifs font polémique, tel que celui rapporté par le Guardian d'une école de Manchester plaçant son enseignement sous le signe de «valeurs martiales», avec un encadrement confié à des militaires. Faisant fi des objections soulevées, le gouvernement est bien décidé à développer rapidement le concept : une seconde tranche d'écoles libres est déjà prévue pour l'an prochain. Parmi les projets retenus, The Independant relève le cas de Newark, au nord de Nottingham, qui enseignera la théorie créationniste.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- ChocolatGuide spirituel
Le principe du moi-je-fais-ce-que-je-veux érigé en politique publique et financé par l'Etat.
Consternant !
Consternant !
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- Spinoza1670Esprit éclairé
Voir ABSOLUMENT Diane Ravitch sur l'échec global de la politique éducative des USA, faisant une large place aux charter schools : Volte-face d’une ministre américaine
Début : "Lorsque je suis entrée dans l’administration de M. George H. W. Bush, en 1991, en tant que vice-ministre de l’éducation, je n’avais aucune idée arrêtée sur la question du « libre choix » en matière d’éducation ou sur celle de la responsabilisation des enseignants. Mais, lorsque j’ai quitté le gouvernement deux ans plus tard, je défendais le principe de la rémunération au mérite : j’estimais que les enseignants dont les élèves obtenaient les meilleurs résultats devaient être mieux payés que les autres. Je soutenais aussi la généralisation des tests d’évaluation, qui me semblaient utiles pour déterminer avec précision quelles écoles avaient besoin d’une aide supplémentaire. J’applaudis donc des deux mains quand, en 2001, le Congrès vota un texte allant en ce sens, la loi NCLB (« No Child Left Behind », pas d’enfant laissé sur le bord du chemin), et de nouveau lorsque, en 2002, le président George W. Bush signa son entrée en vigueur.
Aujourd’hui, en observant les effets concrets de ces politiques, j’ai changé d’avis : je considère désormais que la qualité de l’enseignement que reçoivent les enfants prime sur les problèmes de gestion, d’organisation ou d’évaluation des établissements."
Elle est depuis ce moment de lucidité étiquetée "réac" et "élitiste".
La situation aux USA, malgré les différences, est de plus en plus similaire à celle existant en France. Il est donc possible de s'inspirer de l'action efficace de Ravitch ou de ses collègues (Hirsch, fondation Core Knowledge, etc) pour refonder en France un système scolaire performant et véritablement démocratique.
Pour en savoir plus (en anglais) :
Site de Diane Ravitch
Blog Core Knowledge
Vidéo d'une interview télévisée en anglais portant sur la parution du livre Vie et mort du système scolaire américain. Comment évaluations et libre choix sont en train de détruire l'éducation :
Début : "Lorsque je suis entrée dans l’administration de M. George H. W. Bush, en 1991, en tant que vice-ministre de l’éducation, je n’avais aucune idée arrêtée sur la question du « libre choix » en matière d’éducation ou sur celle de la responsabilisation des enseignants. Mais, lorsque j’ai quitté le gouvernement deux ans plus tard, je défendais le principe de la rémunération au mérite : j’estimais que les enseignants dont les élèves obtenaient les meilleurs résultats devaient être mieux payés que les autres. Je soutenais aussi la généralisation des tests d’évaluation, qui me semblaient utiles pour déterminer avec précision quelles écoles avaient besoin d’une aide supplémentaire. J’applaudis donc des deux mains quand, en 2001, le Congrès vota un texte allant en ce sens, la loi NCLB (« No Child Left Behind », pas d’enfant laissé sur le bord du chemin), et de nouveau lorsque, en 2002, le président George W. Bush signa son entrée en vigueur.
Aujourd’hui, en observant les effets concrets de ces politiques, j’ai changé d’avis : je considère désormais que la qualité de l’enseignement que reçoivent les enfants prime sur les problèmes de gestion, d’organisation ou d’évaluation des établissements."
Elle est depuis ce moment de lucidité étiquetée "réac" et "élitiste".
La situation aux USA, malgré les différences, est de plus en plus similaire à celle existant en France. Il est donc possible de s'inspirer de l'action efficace de Ravitch ou de ses collègues (Hirsch, fondation Core Knowledge, etc) pour refonder en France un système scolaire performant et véritablement démocratique.
Pour en savoir plus (en anglais) :
Site de Diane Ravitch
Blog Core Knowledge
Vidéo d'une interview télévisée en anglais portant sur la parution du livre Vie et mort du système scolaire américain. Comment évaluations et libre choix sont en train de détruire l'éducation :
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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