Coup de mou, catégorie "à quoi ça sert, les cours ?".

Bon, bah... voilà. Rentrée hier, classe de 3° muette, classe de 4° qu'il va falloir calmer. Rien de particulier à déclarer, sauf que je me suis demandée toute la journée ce que je foutais là. A quoi ça servait de reprendre les natures de mots avec des exercices à la con, répétitifs, même si j'ai essayé de passer par de l'écriture et du follement amusant (yhouhouhh ! ), d'expliquer le fonctionnement des modes en conjugaison (même topo pour les exercices). Je me demande quel intérêt (à priori, aucun) je vais trouver à lire la Parure jeudi et à leur expliquer comment ça fonctionne, quel intérêt à me lancer dans la poésie lyrique au milieu des regards d'amibes (ça a des yeux, les amibes ?) voire des ronchonnements. Je ne vois plus à quoi ça peut leur servir, leur être utile, comment ça peut les ouvrir.
J'ai même laissé les 4° faire qqs remarques, alors que je suis du genre dragon, normalement.

Bref, je ne vois plus d'intérêt à rien, concernant le boulot. Je n'ai jamais été comme ça, je ne me sens pas déprimée dans ma vie personnelle (tout va bien de ce côté). J'ai l'impression qu'on pourrait bien me remplacer par un robot, les élèves y gagneraient sans doute... Je ne comprends pas, ça me met très mal à l'aise (magnifique euphémisme), et surtout, je ne peux pas aborder l'année comme ça, ce n'est pas possible ! Je finirai dans quel état, en juin ?

Des solutions miracle pour trouver la foi, la grâce, l'envie ?

EDIT : c'est ma 12° rentrée, c'est comme dans les couples, y'a un chiffre à dépasser ? :lol:

Je compatis, c'est tout ce que je pourrai faire aujourd'hui Sérafina.

J'ai vu mes classes: une 6e surexcitée, une autre ultra faible avec de gros cas (comportement/pleurs), une 4e muette mais pas pour dire des conneries....

Je me suis dit ce matin (je ne bosse pas pour la 1ère fois de ma vie le mercredi) que j'allais y aller pour faire mon job, point barre. Ras le bol de tout le reste...

La foi, l'envie, c'est pas cette année que je vais la (re)trouver vu les specimen qu'on nous a envoyés!

Je compatis aussi, LM ! Ca va être difficile, cette année... :|
J'espère que tes élèves ne te casseront pas trop les pieds, au moins.

Je n'ai jamais eu la "foi", je ne me suis pas lancée dans ce métier parce que j'y "croyais", mais parce qu'après des études de lettres, il n'y avait pas grand chose d'autre. Mais ça m'a toujours plu. Et jusqu'à maintenant, j'ai toujours aimé faire cours, être devant les élèves, partager ce que j'aime.
Je ne comprends pas pourquoi tout me semble creux et vide, depuis quelque temps, en ce qui concerne le boulot de prof. Désarroi intégral...

Des solutions miracles, non; mais je peux te donner l'avis de qq'un qui a besoin de nouveauté, d'enthousiasme et de défis pour avoir envie d'aller bosser.
Je mourrais d'ennui s'il fallait que je reproduise les mêmes rituels d'une année sur l'autre, s'il fallait que je leur fasse étudier les mêmes oeuvres ou si j'utilisais les mêmes fiches de grammaire, ou encore si je montais les mêmes projets.

Mes copines profs me traitent de folle, me disent que l'éduc nat ne m'érigera pas de statue, et blablabla; elles n'ont pas compris que je le fais tout d'abord pour préserver ma santé mentale, car je suis très mauvaise lorsque je m'ennuie; et en plus je deviens imbuvable ! :lol:

Alors un seul conseil: si la manière de laquelle tu as l'habitude d'exercer ton métier te gonfle, change tout ce que tu peux changer en partant de ce que tu as envie de faire; si cet état perdure, envisage une reconversion.

Désolée d'être si directe que cela, mais je crois qu'il est vital de relever la tête du guidon afin de se demander si le métier que nous exerçons nous correspond toujours; il s'agit d'un coup de blues, le plus souvent, mais ce genre d'état peut cacher un malaise plus profond et des envies de changement de contexte pro.

Bon courage

Peut-être voir si tu peux changer de bahut, demander un lycée ..enfin, je dis ça , moi ça fait ees années que je demande ...on devrait pouvoir bouger plus facilement.

Je ne suis dans cet établissement que depuis 4 ans, et j'avoue en apprécier particulièrement les élèves. Donc pas de mut pour le moment, je pense.

A vrai dire, même si je réutilise un fond de roulement, je change mes cours souvent (pas tout, pas toutes les séquences, mais je renouvelle beaucoup).
Pourtant, bizarrement, je crois que ce métier me plait toujours, et je n'ai pas envie d'en changer.

En y réfléchissant, je crois comprendre d'où provient mon malaise. Ca fait des années que je colle à la bonne manière de faire, celle entre autres professée très haut ici ou sur d'autres listes. Et je me suis oubliée en route. J'ai oublié que je n'adhérais pas à tout. Que j'avais le droit d'avoir un avis différent, d'y croire vraiment, et de l'appliquer.
Je suis une idiote.

Plus d'inquiétude pour moi, je crois que je viens de retrouver le chemin.

Et puis le défi, c'est de rendre les amibes moins amibes, non ?