- AmaliahEmpereur
J'ai souvent travaillé sur la blessure du père et sur la toilette dont sa mère affuble Jacques. J'aimerais bien changer mais je me demande quel texte choisir. Des idées?
- RikkiMonarque
heu... sont un peu petits, nos minots. Tu es sûre d'être dans la bonne "case", là ?
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- Thalia de GMédiateur
Je fais parfois celui-ci
"J’aimais les poireaux.
Que voulez-vous ? – Je haïssais l’oignon, j’aimais les poireaux. On me les arrachait de la bouche, comme on arrache un pistolet des mains d’un criminel, comme on enlève la coupe de poison à un malheureux qui veut se suicider.
« Pourquoi ne pourrais-je pas en manger ? demandai-je en pleurant.
– Parce que tu les aimes », répondait cette femme pleine de bon sens, et qui ne voulait pas que son fils eût de passions.
Tu mangeras de l’oignon, parce qu’il te fait mal, tu ne mangeras pas de poireaux, parce que tu les adores.
« Aimes-tu les lentilles ?
– Je ne sais pas… »
Il était dangereux de s’engager, et je ne me prononçais plus qu’après réflexion, en ayant tout balancé.
Jacques, tu mens !
Tu dis que ta mère t’oblige à ne pas manger ce que tu aimes.
Tu aimes le gigot, Jacques.
Est-ce que ta mère t’en prive ?
Ta mère en fait cuire un le dimanche. – On t’en donne.
Elle en reprend du froid le lundi. – T’en refuse-t-on ?
On le fait revenir aux oignons le mardi – le jour des oignons, c’est sacré – tu en as deux portions au lieu d’une.
Et le mercredi, Jacques ! qui est-ce qui se sacrifie, le mercredi, pour son fils ? Le jeudi, qui est-ce qui laisse tout le gigot à son enfant ? Qui ? parle !
C’est ta mère – comme le pélican blanc ! Tu le finis, le gigot – à toi l’honneur !
« Décrotte l’os ! ce n’est pas moi qui t’en empêcherai, va ! »
Entends-tu, c’est ta mère qui te crie de ne pas avoir de scrupules, d’en prendre à ta faim, elle ne veut pas borner ton appétit… « Tu es libre, il en reste encore, ne te gêne pas ! »
Mais Dieu se reposa le septième jour ! voilà huit fois que j’y reviens, j’ai un mouton qui bêle dans l’estomac : grâce, pitié !
Non, pas de grâce, pas de pitié ! Tu aimes le gigot, tu en auras.
« As-tu dit que tu l’aimais !
– Je l’ai dit, lundi…
– Et tu te contredis samedi ! mets du vinaigre, – allons, la dernière bouchée ! J’espère que tu t’es régalé ?... »
C’est que c’est vrai ! On achetait un gigot au commencement du mois, quand mon père touchait ses appointements. Ils y goûtaient deux fois ; je devais finir le reste – en salade, à la sauce, en hachis, en boulettes ; on faisait tout pour masquer cette lugubre monotonie ; mais à la fin, je me sentais devenir brebis"
Rikki a posté avant que j'envoie, mais je laisse le texte
"J’aimais les poireaux.
Que voulez-vous ? – Je haïssais l’oignon, j’aimais les poireaux. On me les arrachait de la bouche, comme on arrache un pistolet des mains d’un criminel, comme on enlève la coupe de poison à un malheureux qui veut se suicider.
« Pourquoi ne pourrais-je pas en manger ? demandai-je en pleurant.
– Parce que tu les aimes », répondait cette femme pleine de bon sens, et qui ne voulait pas que son fils eût de passions.
Tu mangeras de l’oignon, parce qu’il te fait mal, tu ne mangeras pas de poireaux, parce que tu les adores.
« Aimes-tu les lentilles ?
– Je ne sais pas… »
Il était dangereux de s’engager, et je ne me prononçais plus qu’après réflexion, en ayant tout balancé.
Jacques, tu mens !
Tu dis que ta mère t’oblige à ne pas manger ce que tu aimes.
Tu aimes le gigot, Jacques.
Est-ce que ta mère t’en prive ?
Ta mère en fait cuire un le dimanche. – On t’en donne.
Elle en reprend du froid le lundi. – T’en refuse-t-on ?
On le fait revenir aux oignons le mardi – le jour des oignons, c’est sacré – tu en as deux portions au lieu d’une.
Et le mercredi, Jacques ! qui est-ce qui se sacrifie, le mercredi, pour son fils ? Le jeudi, qui est-ce qui laisse tout le gigot à son enfant ? Qui ? parle !
C’est ta mère – comme le pélican blanc ! Tu le finis, le gigot – à toi l’honneur !
« Décrotte l’os ! ce n’est pas moi qui t’en empêcherai, va ! »
Entends-tu, c’est ta mère qui te crie de ne pas avoir de scrupules, d’en prendre à ta faim, elle ne veut pas borner ton appétit… « Tu es libre, il en reste encore, ne te gêne pas ! »
Mais Dieu se reposa le septième jour ! voilà huit fois que j’y reviens, j’ai un mouton qui bêle dans l’estomac : grâce, pitié !
Non, pas de grâce, pas de pitié ! Tu aimes le gigot, tu en auras.
« As-tu dit que tu l’aimais !
– Je l’ai dit, lundi…
– Et tu te contredis samedi ! mets du vinaigre, – allons, la dernière bouchée ! J’espère que tu t’es régalé ?... »
C’est que c’est vrai ! On achetait un gigot au commencement du mois, quand mon père touchait ses appointements. Ils y goûtaient deux fois ; je devais finir le reste – en salade, à la sauce, en hachis, en boulettes ; on faisait tout pour masquer cette lugubre monotonie ; mais à la fin, je me sentais devenir brebis"
Rikki a posté avant que j'envoie, mais je laisse le texte
- AmaliahEmpereur
Oh zut! Je me suis trompée de partie!
Merci Thalia pour le texte.
Merci Thalia pour le texte.
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