Les pressions que vous avez subies

Dans le fil sur les méthodes, on a dévié sur l'histoire des pressions reçues — des collègues, de la hiérarchie, voire des pressions qu'on finit par se mettre soi-même — en faveur de telle ou telle méthode.

Je trouve que le sujet mérite bien un fil à lui tout seul !

Moi aussi, comme Mowgli, j'ai lu beaucoup de "choses vécues" dans le livre de R. Boutonnet. En particulier, un détail qui m'a particulièrement horripilée, cette "complicité" que les profs d'IUFM et autres formateurs créent avec leurs stagiaires, qui repose sur un "nous on sait, mais dans les écoles, les collègues ne savent pas", "mettez-nous tout sur le dos", etc.

En fait, ce sont des drôles de méthodes — elle les décrit beaucoup mieux que moi — visant à créer une suspicion envers les collègues, qui sont forcément immobilistes et pas à la page.

Par ailleurs, oui, j'ai failli ne pas avoir de CP cette année, parce que monsieur l'inspecteur ne voulait pas me confier de CP. Il se trouve que j'ai une directrice courageuse, qui a estimé que j'avais le même diplôme et les mêmes qualifications que tout le monde dans cette école, et que si monsieur l'inspecteur voulait user de son autorité, il était en droit de le faire, mais par écrit et en signant. Le gars n'a rien écrit, rien signé, et j'ai eu mon CP.

Il n'empêche, il reste des égratignures...

Je touche du bois : pas de pression de ma hiérarchie.

Des collègues de mon ancienne école, oui, pour que je rentre dans le moule, que j'arrête de considérer les parents de mes élèves comme des gens responsables et de respecter tous mes élèves (qui me le rendaient, ça, et ça les a fait ch***), que je m'incline devant les décisions de "l'équipe", que j'arrête d'être comme je suis (une bosseuse qui n'est pas toujours d'accord avec tout le monde), et surtout que je la ferme...
C'est plus que des égratignures, car c'est encore pire venant de collègues que tu croises tous les jours ou presque.

Du coup je suis partie : et actuellement c'est le bonheur, vraiment.

(Rikki, tu me dis si je suis HS, et j'édite.)

Ben non, tu n'es pas HS. Des pressions subies des collègues, c'est pire, tu as raison !

Si la hiérarchie est odieuse mais les collègues soudés, on fait front, et on s'en sort bien. Mais dans le cas contraire...

L'année dernière, quand j'ai annoncé que je voulais tenter l'expérimentation SLECC, ça a été vraiment dur. Les gens ne me parlaient plus. Pour une grande bavarde comme moi, quelle punition !

quand j'ai annoncé que je voulais tenter l'expérimentation SLECC (...) Les gens ne me parlaient plus.

:shock:

Dans ma nouvelle école depuis 3 ans, ce ne serait pas un motif valable !
Quand on ne "parle plus" à quelqu'un (oui, nous avons 1 collègue avec qui ça ne passe pas, et un Brigade l'an passé avec qui ça a été dur), c'est parce qu'il ne "tente" rien, au contraire !
("De toutes façons, ils ne sont pas disponibles" : c'est son maître mot.)

J'en profite : si certain(e)s d'entre vous le souhaitent, mon blog (ici) est près à accueillir des témoignages d'instits/professeurs des écoles sur le sujet, et ce d'autant que ça m'intéresse énormément, cet aspect pression hiérarchique au primaire (j'ai d'ailleurs lu le livre de Rachel Boutonnet).

N'hésitez donc pas à me contacter en PM !

Des pressions, bien sûr qu'il y en a eu...Peut-être que certains inspecteurs se sont "calmés", en tout cas ce qu'a écrit R.Boutonnet était bel et bien vrai. Personnellement, j'ai eu les mêmes sentiments en ce qui concerne l'IUFM et tout le catéchisme pédagogique. Aujourd'hui, avec quelques années d'expérience, j'ai surtout l'impression d'un immense gâchis et je m'interroge toujours sur les raisons ou les finalités des prétendues "nouveautés" pédagogiques. Par exemple, je suis certain que le LDC et le socle c'est du pipeau complet, (on le sait bien depuis les livrets de 1989!) que les élèves ne seront pas meilleurs avec ce truc, comment se fait-il que tous les syndicats d'enseignants du primaire ne disent rien et encouragent sa mise en oeuvre ? C'est un mystère...

Mufab a écrit:Quand on ne "parle plus" à quelqu'un (oui, nous avons 1 collègue avec qui ça ne passe pas, et un Brigade l'an passé avec qui ça a été dur), c'est parce qu'il ne "tente" rien, au contraire !

Perso, je cause à tout le monde sans me soucier de ce qu'ils font ou pas dans leur classe.

projet de ma hiérarchie de baisser ma note admin d'un point pour me dégoûter de rester sur le poste pour lequel je m'étais investie plus que de raison. Il paraît aussi que mon CdE de l'époque n'a pas supporté que je me plaigne de ma charge de travail (35h de présence; 50à70h de travail par semaine + apparition de l'HDA, du SCC, de l'école ouverte pendant les vacances entre autres joyeusetés, mais faut pas se plaindre.)

Dhaiphi a écrit:

Mufab a écrit:Quand on ne "parle plus" à quelqu'un (oui, nous avons 1 collègue avec qui ça ne passe pas, et un Brigade l'an passé avec qui ça a été dur), c'est parce qu'il ne "tente" rien, au contraire !

Perso, je cause à tout le monde sans me soucier de ce qu'ils font ou pas dans leur classe.

Moi aussi. Je t'avais répondu que ce n'était pas de ça dont je parlais, et j'édite.

Merci de ton témoignage, Lorica, mais... peux-tu traduire tous ces jolis sigles s'il te plait ?

CdE, HDA, SCC... j'ai zéro point, pour l'instant !

Chef d'établissement, histoire des arts et socle commun de compétences

CdE: chef d'établissement
HDA: histoire des Arts (nouvelle épreuve en 3e)
SCC: Socle commun des compétences et Connaissances, ou un truc comme ça.

Bref, j'ai fui le collège où les gens se laissent charger comme des mules sans broncher.

Ah, mais nous aussi, on a / va avoir (je ne sais plus) socle et histoire des arts !

Par contre, pas encore de chef d'établissement, donc pas de note administrative. Mais tout vient à point à qui sait attendre...

Euh ...Socle commun et HDA, t'as quand même dû en entendre parler ! Non ?
Parce que chez nous, c'est la mode depuis un moment !

L'iufm façon Rachel Boutonnet, j'ai vécu.

Une fois titularisée, J'ai eu affaire aux conseillers pédagogiques.
Tout un programme. :boum:
Avec leurs ordres conseils ubuesques et complètements hors de la réalité de la classe et leur inspection des travaux finis visites où même si on a appliqué leurs ordres conseils ils ne sont pas contents.

J'ai eu aussi droit aux collègues psychopathes super gentilles, qui détestaient ma méthode de lecture et voulaient absolument imposer leur grande g*eule point de vue et leurs pratiques dans ma classe. (Ca a quand même été jusqu'aux insultes devant les élèves/parents et à la lettre de diffamation auprès de l'inspection...)

Une fois, j'ai aussi un inspecteur qui m'a dit que si je n'y arrivais pas en EREA (j'avais été envoyée en remplacement, sans formation et sans préavis. Il y a un élève de 4ème qui m'a jeté une table dessus quand même, sans compter les insultes et même des coups de poing) c'est que j'étais incompétente et que c'était de ma faute.



Enfin bref, maintenant dans ma petite classe unique au milieu de nul part, où même les conseillers péda ne mettent jamais les pieds, j'ai la paix.

En fait quand je dis que je n'ai pas de "pressions", ce n'est pas vrai. Mais elle beaucoup plus indirecte et personnelle : c'est par exemple, au contraire de mes collègues, le fait que je me refuse à créer et à remplir des bulletins trimestriels colorés, parce que je fais peu d'éval sommatives, mais des commentaires mensuels directement sur le cahier d'exos ("du jour", si on veut).
On ne me le reproche pas, mais je sens que ça dénote, et je ne suis pas à l'aise avec ça.

Et aussi la rédaction (et surtout le suivi) des PPRE.

Oui, ben en fait, socle commun, c'est de la paperasse pour les CM2, alors, j'ai pas trop regardé.

Histoire des arts, ben, on a plus ou moins tacitement décidé qu'on n'avait pas trop le temps, alors non, on ne fait rien. On a la chance, à Paris, d'avoir un prof d'arts plastiques, on se défausse sur lui et on passe notre tour.

On n'a plus que 24 heures par semaine, avec un nombre de matières de plus en plus délirant, qui se superpose avec une injonction contradictoire : recentrez-vous sur les fondamentaux. Alors...

On doit faire, sur ces 24 h : histoire des arts, anglais, débat philo, prévention routière, prévention dentaire, nutrition, développement durable, sport (plus piscine), musique, découverte du monde, lectures suivies, informatique, et je suis sûre que j'en oublie. Ah oui, ça me revient : français, et maths.

Quant aux sigles... le jour où l'inspectrice m'a demandé "que faites-vous en ORL", j'ai failli exploser de rire, et j'ai répondu un truc du genre "j'en suis restée à me nettoyer les oreilles au coton-tige". Ca ne m'a évidemment pas porté bonheur.

L'ORL semble être passée de mode. Tant mieux !

J'ai eu affaire aux conseillers pédagogiques.

Vi, moi aussi. Je ne supportais pas leur façon d'avoir toujours raison, de ne pas même écouter la contradiction, de sembler savoir comment faire et de ne pas te le dire, parce que ça doit venir de toi...

Rikki a écrit:

Quant aux sigles... le jour où l'inspectrice m'a demandé "que faites-vous en ORL", j'ai failli exploser de rire, et j'ai répondu un truc du genre "j'en suis restée à me nettoyer les oreilles au coton-tige". Ca ne m'a évidemment pas porté bonheur.

:lol:

Mufab a écrit:En fait quand je dis que je n'ai pas de "pressions", ce n'est pas vrai. Mais elle beaucoup plus indirecte et personnelle : c'est par exemple, au contraire de mes collègues, le fait que je me refuse à créer et à remplir des bulletins trimestriels colorés, parce que je fais peu d'éval sommatives, mais des commentaires mensuels directement sur le cahier d'exos ("du jour", si on veut).
On ne me le reproche pas, mais je sens que ça dénote, et je ne suis pas à l'aise avec ça.

Et aussi la rédaction (et surtout le suivi) des PPRE.

Tu suis tes PPRE, toi ?

Ben mon neveu... tu m'impressionnes... je ne sais même plus dans quel tiroir j'ai mis les miens...

Pour info : un PPRE est un document où on écrit : en haut à gauche, le prénom et le nom de famille de l'enfant, ainsi que sa date de naissance. Dans la case "diagnostic" : "a redoublé parce qu'il ne savait pas lire". Dans la case "actions envisagées" : "lui apprendre à lire".

On met dans un tiroir, et on oublie.

Ca marche super bien !

Mes élèves en PPRE savent très bien lire, je suis sûre que c'est grâce à ça !

Oui, c'est de la paperasse qui m'agace, et que l'on est sensé présenter pour tout élève en difficulté (maintien, demande d'aide au RASED, et même si on le prend en soutien...).

Provence a écrit:

Rikki a écrit:

Quant aux sigles... le jour où l'inspectrice m'a demandé "que faites-vous en ORL", j'ai failli exploser de rire, et j'ai répondu un truc du genre "j'en suis restée à me nettoyer les oreilles au coton-tige". Ca ne m'a évidemment pas porté bonheur.

:lol:

Tiens, moi je me suis légèrement râclé la gorge quand j'ai entendu ORL... :lol!:

Dans la case "diagnostic" : "a redoublé parce qu'il ne savait pas lire". Dans la case "actions envisagées" : "lui apprendre à lire".

Et logiquement ce document doit vivre : détail des objectifs et actions ? évaluation des actions à 2 mois d'échéance ? (On continue ou on passe à autre chose ?) Avis de l'élève ? Rôle des parents et du RASED ? ...

Mufab a écrit:Oui, c'est de la paperasse qui m'agace, et que l'on est sensé présenter pour tout élève en difficulté (maintien, demande d'aide au RASED, et même si on le prend en soutien...).

ça ne fait pas partie des pressions, ça ?