- HéliandreExpert
Un post en clin d'œil à celui de Provence, et pour vous faire part d'un coup de déprime...
Je vous explique la situation : dans mon établissement, tout petit, l'an dernier... un seul 6ème voulait faire latin. Bon, ça n'a pas étonné mes collègues qui avaient les 6èmes, manifestement ils étaient vraiment gratinés, aucune motivation pour le travail, niveau catastrophique, pas du tout scolaires... j'en sais quelque chose, j'ai une 5ème en français cette année et c'est exceptionnel.
Toujours est-il que, devant cet unique candidat, la CDE a décidé d'accepter une année "à l'essai", c'est à dire inscription en 5ème, avec choix en fin d'année de continuer ou d'arrêter.
Or tout à l'heure une des élèves vient m'annoncer qu'elle est seule à vouloir continuer. J'ai pris un temps pour en parler en classe, et ai entendu : "ça ne me plait pas" , "c'est pas bien"... Bon, les exposés, la civilisation, ça va, mais sinon c'est dur, les déclinaisons c'est pas bien, et puis ils pensaient qu'ils allaient parler... Une autre aime bien mais les horaires ne lui conviennent pas, et bien sûr en 1er argument j'ai eu : ça prend des heures, on ne peut pas faire nos devoirs...
Bon, d'accord, je n'ai pas fait de "ludi maximi", et je n'organise pas de voyage (la CDE ne m'a pas accordé de budget pour la sortie proposée, d'une journée), mais je fais mon possible pour faire des activités variées, et rendre le cours intéressant. Cette année, sans doute influencée par la lecture de néo, j'ai davantage axé sur l'analyse grammaticale, la langue et la traduction, donnant des réflexes aux élèves (c'est clair avec les 4èmes), et j'en suis plutôt contente. Mais alors là, j'ai un coup de mou.
Déjà que je n'ai pas mes heures en 3ème (2h au lieu de 3, et pourtant pour reprendre le calcul d'Armide, je suis à plus de 25 % sur les 3 niveaux. Mais dans mon collège riquiqui ça peut faire moins de 10 élèves...). J'ai l'impression de me battre tout le temps pour cette matière ("faire la pute", écrivait un jour l'une d'entre nous), et là, c'est bête, mais ça me touche qu'aucun ne veuille continuer (la seule a été persuadée par un collègue "pour son avenir").
Enfin, ils m'ont quand même dit gentiment "c'est pas contre vous, Madame, mais on n'aime pas (les déclinaisons)"...
Je vous explique la situation : dans mon établissement, tout petit, l'an dernier... un seul 6ème voulait faire latin. Bon, ça n'a pas étonné mes collègues qui avaient les 6èmes, manifestement ils étaient vraiment gratinés, aucune motivation pour le travail, niveau catastrophique, pas du tout scolaires... j'en sais quelque chose, j'ai une 5ème en français cette année et c'est exceptionnel.
Toujours est-il que, devant cet unique candidat, la CDE a décidé d'accepter une année "à l'essai", c'est à dire inscription en 5ème, avec choix en fin d'année de continuer ou d'arrêter.
Or tout à l'heure une des élèves vient m'annoncer qu'elle est seule à vouloir continuer. J'ai pris un temps pour en parler en classe, et ai entendu : "ça ne me plait pas" , "c'est pas bien"... Bon, les exposés, la civilisation, ça va, mais sinon c'est dur, les déclinaisons c'est pas bien, et puis ils pensaient qu'ils allaient parler... Une autre aime bien mais les horaires ne lui conviennent pas, et bien sûr en 1er argument j'ai eu : ça prend des heures, on ne peut pas faire nos devoirs...
Bon, d'accord, je n'ai pas fait de "ludi maximi", et je n'organise pas de voyage (la CDE ne m'a pas accordé de budget pour la sortie proposée, d'une journée), mais je fais mon possible pour faire des activités variées, et rendre le cours intéressant. Cette année, sans doute influencée par la lecture de néo, j'ai davantage axé sur l'analyse grammaticale, la langue et la traduction, donnant des réflexes aux élèves (c'est clair avec les 4èmes), et j'en suis plutôt contente. Mais alors là, j'ai un coup de mou.
Déjà que je n'ai pas mes heures en 3ème (2h au lieu de 3, et pourtant pour reprendre le calcul d'Armide, je suis à plus de 25 % sur les 3 niveaux. Mais dans mon collège riquiqui ça peut faire moins de 10 élèves...). J'ai l'impression de me battre tout le temps pour cette matière ("faire la pute", écrivait un jour l'une d'entre nous), et là, c'est bête, mais ça me touche qu'aucun ne veuille continuer (la seule a été persuadée par un collègue "pour son avenir").
Enfin, ils m'ont quand même dit gentiment "c'est pas contre vous, Madame, mais on n'aime pas (les déclinaisons)"...
- Spoiler:
- Je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est moi qui n'ai pas su leur faire aimer la matière... même si je sais que c'est un problème récurrent, même pour ceux qui organisent des voyages, etc.
- GrypheMédiateur
D'une manière générale, quel est le profil de l'établissement ?
Ce n'est probablement pas lié aux cours que tu fais, mais plutôt au manque "d'appétit" culturel des élèves et des familles.
(Bon, ça ne va pas t'aider beaucoup, ça...)
- HéliandreExpert
Si, ça m'aide un peu, Gryphe, car effectivement je dois peut-être relativiser. Je suis dans un établissement ZEP, RAR, futur ECLAIR, en plus à profil rural (le seul en France je crois, RAR rural...). La plupart du temps ce ne sont pas les parents qui veulent que les enfants fassent latin, pour eux ça fait du travail en plus et ça ne sert à rien, je joue plutôt sur un goût des élèves. Ceci posé, la situation finalement s'explique. D'autant plus si l'on pense que l'an dernier les élèves ne se sont inscrits qu'à la condition de pouvoir arrêter l'année suivante... Ca doit être la lecture du fil sur le nombre de latinistes dans vos établissements, et la conviction de certains collègues sur néo, qui ont dû me faire perdre la notion du terrain... ça ira mieux demain. N'empêche que, si je n'ai pas de latin 4ème l'an prochain, ça va me faire drôle...
- pallasNiveau 9
Comme je te comprends, je me bats chaque année pour récupérer des latinistes ! C'est l'horreur. Comme le dit Gryphe, je pense aussi que le manque d'appétit culturel des enfants de zep (rurale pour ma part), et encore beaucoup plus des parents, n'aide pas.
Je tourne autour de 10 élèves par niveau (sur 80 par niveau) et là je fais ma tournée la semaine prochaine pour me "prostituer". Je fais comme toi des exposés, de la civi oui, mais aussi beaucoup de grammaire, de traduction et ils aiment ça en plus ! mais pas tous : sur chaque classe, j'en ai la moitié seulement qui accroche vraiment (faudrait pas leur demander s'ils veulent arrêter, je connais la réponse).
Je ne fais pas de voyage (avec mes zozos aaaaah !!), je suis exigeante, voire casse-b* selon leurs dires, mais s'ils bossent, ils ont des bonnes notes, (en général ceux qui n'y arrivent pas en grammaire compensent avec le reste et tourne autour de 12) mais j'ai sur 10 élèves 3-4 qui ont 1 ou 2 car ils refusent totalement sous prétexte que c'est nul.
Bon je ne t'aide pas, mais tu n'es pas seule.
Par contre, cette année, j'ai des 6e en français et ça m'aide beaucoup à recruter : confiance avec les parents et les élèves.
Je tourne autour de 10 élèves par niveau (sur 80 par niveau) et là je fais ma tournée la semaine prochaine pour me "prostituer". Je fais comme toi des exposés, de la civi oui, mais aussi beaucoup de grammaire, de traduction et ils aiment ça en plus ! mais pas tous : sur chaque classe, j'en ai la moitié seulement qui accroche vraiment (faudrait pas leur demander s'ils veulent arrêter, je connais la réponse).
Je ne fais pas de voyage (avec mes zozos aaaaah !!), je suis exigeante, voire casse-b* selon leurs dires, mais s'ils bossent, ils ont des bonnes notes, (en général ceux qui n'y arrivent pas en grammaire compensent avec le reste et tourne autour de 12) mais j'ai sur 10 élèves 3-4 qui ont 1 ou 2 car ils refusent totalement sous prétexte que c'est nul.
Bon je ne t'aide pas, mais tu n'es pas seule.
Par contre, cette année, j'ai des 6e en français et ça m'aide beaucoup à recruter : confiance avec les parents et les élèves.
- derouteÉrudit
Et en s'adressant directement aux parents? Fais un sondage auprès des profs de français sur les élèves curieux et appelle les parents. Tu peux aussi utiliser l'argument non politiquement de faire un bon groupe de travail...
- derouteÉrudit
Ce qui est sur c'est que quand ils ne veulent pas, ils ne veulent pas et travailler en plus ce n'est pas à la mode... Donc ne te remets surtout pas en question. Tant pis pour eux!
- ProvenceEnchanteur
Mon recrutement de cette année est exceptionnel; l'an passé, j'ai fait la pute, j'ai présenté avec enthousiasme les joies du latin devant un public de consommateurs blasés. J'ai tenté de convaincre les bons élèves de ne pas se contenter du minimum. Peine perdue... J'en ai retiré un sentiment d'écoeurement, de lassitude et d'humiliation. Je sais bien que la société ne va pas dans le bon sens. Je me retiens de soupirer lorsque un parent me dit: "Que voulez-vous, on ne peut tout de même pas les forcer..." Euh... bah, si...
J'ai de plus en plus conscience des menaces qui pèsent sur le latin (je ne parle même pas du grec que je n'ai jamais enseigné). J'essaie de prendre de la distance pour ne pas me sentir blessée le jour où je ne serai plus professeur d'une matière qui aura disparu, d'une langue morte qu'on aura réussir à faire périr une seconde fois. Si je continue de présenter avec foi et enthousiasme le programme du latin aux élèves de 6e, j'insiste sur l'idée de l'effort, du travail, de la persévérance. Je les encourage à se dépasser eux-mêmes, à tout faire pour se "muscler le cerveau". Mais je refuse de vendre du ludique.
je bénéficie cette année du fait que nos 6e sont très nombreux; j'ai aussi organisé un voyage auquel ont participé certains 6e (pour compléter les effectifs), ce qui semble en avoir motivé certains. Mes collègues qui enseignent en 6e , enfin, soutiennent complètement l'option latin, ce qui n'était pas le cas l'an passé. Mais je ne crie pas victoire. J'ai frémi en regardant les estimations d'effectifs l'an passé; cela risque bien de se reproduire l'an prochain. Tout cela pour te dire que je comprends bien ta déprime, Héliandre, et qu'elle me navre tout particulièrement. Ne te laisse pas atteindre par le syndrome du mauvais vendeur. Nous ne sommes pas des marchands de soupe.
J'ai de plus en plus conscience des menaces qui pèsent sur le latin (je ne parle même pas du grec que je n'ai jamais enseigné). J'essaie de prendre de la distance pour ne pas me sentir blessée le jour où je ne serai plus professeur d'une matière qui aura disparu, d'une langue morte qu'on aura réussir à faire périr une seconde fois. Si je continue de présenter avec foi et enthousiasme le programme du latin aux élèves de 6e, j'insiste sur l'idée de l'effort, du travail, de la persévérance. Je les encourage à se dépasser eux-mêmes, à tout faire pour se "muscler le cerveau". Mais je refuse de vendre du ludique.
je bénéficie cette année du fait que nos 6e sont très nombreux; j'ai aussi organisé un voyage auquel ont participé certains 6e (pour compléter les effectifs), ce qui semble en avoir motivé certains. Mes collègues qui enseignent en 6e , enfin, soutiennent complètement l'option latin, ce qui n'était pas le cas l'an passé. Mais je ne crie pas victoire. J'ai frémi en regardant les estimations d'effectifs l'an passé; cela risque bien de se reproduire l'an prochain. Tout cela pour te dire que je comprends bien ta déprime, Héliandre, et qu'elle me navre tout particulièrement. Ne te laisse pas atteindre par le syndrome du mauvais vendeur. Nous ne sommes pas des marchands de soupe.
- olive-in-oilSage
Dis leurs que s'ils prennent latin, ils feront un voyage pédagogique en Italie. Je connais un établissement où ils attirent les élèves comme ça et ça marche !
- thetisNiveau 5
Je te comprends aussi Héliandre !!!! Chaque année, même si le contact avec les élèves peut être sympathique/dynamique/efficace, on entend les envies d'arrêter s'exprimer haut et fort !
Perso, je lance effectivement des projets ponctuels importants (comme une pièce de théâtre ou le ludus maximus ou un voyage en Italie) mais pas systématiquement, et pas pour jouer la carte du ludique auprès de mes élèves. Mon choix repose d'abord sur le besoin que je ressens de me lancer dans des projets différents pour remettre en question ma façon d'enseigner et la faire progresser, mais aussi sur ma volonté de faire connaître l'option dans le collège. Indirectement, cela permet de faire en sorte que les latinistes se sentent moins isolés dans l'option qu'ils suivent en + des cours. Je trouve très important de valoriser leur investissement à ce niveau. Cela peut être une piste à suivre, non ? Extérioriser son enseignement tout en continuant à respecter les programmes,en ce qui concerne la grammaire et l'analyse phrastique notamment...
Il y a deux ans, je me suis inspirée du travail de R. Delors (cf le site latine loquere) pour lancer une grande campagne de pub pour le latin (et le grec) en collant des affiches dans les couloirs. Ca vaut le coup d'aller voir son travail. Sinon, utiliser le CDI pour une expo, le blog du collège ou son journal papier pour mettre en valeur le travail des élèves put être une solution. Les latinistes apprécient de voir qu'ils ont appris des choses que certains autres élèves pourraient leur envier...
Perso, je lance effectivement des projets ponctuels importants (comme une pièce de théâtre ou le ludus maximus ou un voyage en Italie) mais pas systématiquement, et pas pour jouer la carte du ludique auprès de mes élèves. Mon choix repose d'abord sur le besoin que je ressens de me lancer dans des projets différents pour remettre en question ma façon d'enseigner et la faire progresser, mais aussi sur ma volonté de faire connaître l'option dans le collège. Indirectement, cela permet de faire en sorte que les latinistes se sentent moins isolés dans l'option qu'ils suivent en + des cours. Je trouve très important de valoriser leur investissement à ce niveau. Cela peut être une piste à suivre, non ? Extérioriser son enseignement tout en continuant à respecter les programmes,en ce qui concerne la grammaire et l'analyse phrastique notamment...
Il y a deux ans, je me suis inspirée du travail de R. Delors (cf le site latine loquere) pour lancer une grande campagne de pub pour le latin (et le grec) en collant des affiches dans les couloirs. Ca vaut le coup d'aller voir son travail. Sinon, utiliser le CDI pour une expo, le blog du collège ou son journal papier pour mettre en valeur le travail des élèves put être une solution. Les latinistes apprécient de voir qu'ils ont appris des choses que certains autres élèves pourraient leur envier...
- lysiasNiveau 4
Ce que je vais dire ne vous aidera en rien, mais absolument rien ! Je ne suis pas prof de LC, je ne suis donc pas confronté directement au problème (quoique... étant prof stagiaire d'histoire-géo à partir de septembre, je me dis quand même que si je n'ai pas de collègues qui enseignent latin et/ou grec dans mes futurs établissements et à plus forte raison faute d'élèves, je vais ressentir un énorme vide).
Non, je voulais réagir car ce que vous dites là m'attriste vraiment. Latiniste depuis la 5°, helléniste depuis la 3° (et jusqu'à mon hypo ensuite, puis "pour m'amuser et entretenir depuis"), j'aurais plutôt tendance à penser mon monde de rêve le monde dans lequel on pourrait rendre obligatoire latin et grec dès la 6°, avec initiation dès le CM2 (oui: j'avais dit: "monde de rêve"). Et même si je sais qu'on ne peut pas généraliser, je pense quand même à mes enfants, dans 10, 15, ou 20 ans (quand j'en aurais déjà !)... je me demande comment je vais réagir si à l'âge d'entrer en 5° ils n'ont pas la possibilité de goûter aux langues anciennes. Attention, je ne dis pas qu'en tant que parent il faut forcer le goût des lettres et de la culture à ses enfants, je ne pense pas que je vais être un tyran avec eux, mais néanmoins, à 11-12-13 ans, je ne pense pas que ce choix ne relève que d'eux seuls, je ne pense pas qu'ils aient toutes les cartes en main pour rejeter sur le seul motif de la paresse ou de l'absence d'envie. Après tout, on ne demande pas à un enfant s'il a envie de faire ses vaccins... je vois plutôt le latin comme un vaccin pour eux !
Après, je repense aussi à ce que j'ai fait à mon filleul et son petit cousin l'année dernière en 6°: une petite initiation maison pendant les vacances. J'avais organisé la présentation des quelques règles de base, avec des mots très simple (ce n'était pas de vraies phrases, plus des mots clés), et après l'initiation en question, ils avaient le droit de jouer à Indiana Jones. Pour ça, j'avais fait de faux parchemins, type papier trempé dans du café, puis séché, puis enroulé et brûlé avec une allumette sur les côtés, et enfin j'y avais inscrit au stylo plume faussement calligraphié des mots mystérieux... au fur et à mesure qu'ils arrivaient à traduire, ils avaient des indices pour continuer la quête (en fait: une mini chasse au trésor dans le jardin, ils tombaient régulièrement sur de nouveaux "parchemins" et je les aidais à traduire. A la fin, l'objet de la quête mystérieuse, et un nouveau parchemin en grec ancien cette fois, pour déjà leur donner le goût du mystère...
Bref: 2 nouveaux latinistes convaincus ! chaque fois qu'on se voit ils me disent qu'ils adorent le latin pour pouvoir continuer à faire les explorateurs ! Je vous raconte ça pour le clin d'oeil... et pour dire que je suis vraiment prêt à tout pour faire vivre les LC. On va dire que c'est ma manière de vraiment vous encourager à persévérer ! Courage !
Non, je voulais réagir car ce que vous dites là m'attriste vraiment. Latiniste depuis la 5°, helléniste depuis la 3° (et jusqu'à mon hypo ensuite, puis "pour m'amuser et entretenir depuis"), j'aurais plutôt tendance à penser mon monde de rêve le monde dans lequel on pourrait rendre obligatoire latin et grec dès la 6°, avec initiation dès le CM2 (oui: j'avais dit: "monde de rêve"). Et même si je sais qu'on ne peut pas généraliser, je pense quand même à mes enfants, dans 10, 15, ou 20 ans (quand j'en aurais déjà !)... je me demande comment je vais réagir si à l'âge d'entrer en 5° ils n'ont pas la possibilité de goûter aux langues anciennes. Attention, je ne dis pas qu'en tant que parent il faut forcer le goût des lettres et de la culture à ses enfants, je ne pense pas que je vais être un tyran avec eux, mais néanmoins, à 11-12-13 ans, je ne pense pas que ce choix ne relève que d'eux seuls, je ne pense pas qu'ils aient toutes les cartes en main pour rejeter sur le seul motif de la paresse ou de l'absence d'envie. Après tout, on ne demande pas à un enfant s'il a envie de faire ses vaccins... je vois plutôt le latin comme un vaccin pour eux !
Après, je repense aussi à ce que j'ai fait à mon filleul et son petit cousin l'année dernière en 6°: une petite initiation maison pendant les vacances. J'avais organisé la présentation des quelques règles de base, avec des mots très simple (ce n'était pas de vraies phrases, plus des mots clés), et après l'initiation en question, ils avaient le droit de jouer à Indiana Jones. Pour ça, j'avais fait de faux parchemins, type papier trempé dans du café, puis séché, puis enroulé et brûlé avec une allumette sur les côtés, et enfin j'y avais inscrit au stylo plume faussement calligraphié des mots mystérieux... au fur et à mesure qu'ils arrivaient à traduire, ils avaient des indices pour continuer la quête (en fait: une mini chasse au trésor dans le jardin, ils tombaient régulièrement sur de nouveaux "parchemins" et je les aidais à traduire. A la fin, l'objet de la quête mystérieuse, et un nouveau parchemin en grec ancien cette fois, pour déjà leur donner le goût du mystère...
Bref: 2 nouveaux latinistes convaincus ! chaque fois qu'on se voit ils me disent qu'ils adorent le latin pour pouvoir continuer à faire les explorateurs ! Je vous raconte ça pour le clin d'oeil... et pour dire que je suis vraiment prêt à tout pour faire vivre les LC. On va dire que c'est ma manière de vraiment vous encourager à persévérer ! Courage !
- ArmideNeoprof expérimenté
L'argument du voyage ne marche pas forcément.
Je fais un voyage l'année prochaine, ouvert seulement aux latinistes et hellénistes. Je n'arrive pourtant pas à recruter plus de 4 hellénistes pour l'année prochaine. Pour maintenir mes heures ( que le rectorat va ôter vraisemblablement de la DHG actuelle de mon collège "rural isolé" moins de 250 élèves), le CDE m'a demandé si j'étais prête à faire un effort...
Désolée mais je refuse de travailler gratuitement ou presque ( n'oublions pas qu'être payée en HSE suppose que le CDE ait des HSE et ce, suffisamment pour financer tous les projets rémunérés sur ces promesses d'HSE), surtout quand cela suppose 3heures sup par semaine. Enfin, je dis ça mais je ne suis pas rémunérée pour le club de grec.
Alors je vais retourner encore une fois faire du gringue aux quatrièmes ( dois-je y aller avec des photos de l'Italie ?)et appeler leurs parents. Le CDE qui m'a demandé de faire un effort s'est-il rendu compte des heures d'initiation que j'offre au collège, des heures passées à monter des projets, des sorties faites sur mon temps libre? Je suis effectivement écœurée et je me demande sincèrement, étant donné le profil de ces élèves et leurs projets d'orientation, si cela vaut la peine de dépenser toute cette énergie.
Thétis, tout ce que tu proposes, je le fais déjà...
Je fais un voyage l'année prochaine, ouvert seulement aux latinistes et hellénistes. Je n'arrive pourtant pas à recruter plus de 4 hellénistes pour l'année prochaine. Pour maintenir mes heures ( que le rectorat va ôter vraisemblablement de la DHG actuelle de mon collège "rural isolé" moins de 250 élèves), le CDE m'a demandé si j'étais prête à faire un effort...
Désolée mais je refuse de travailler gratuitement ou presque ( n'oublions pas qu'être payée en HSE suppose que le CDE ait des HSE et ce, suffisamment pour financer tous les projets rémunérés sur ces promesses d'HSE), surtout quand cela suppose 3heures sup par semaine. Enfin, je dis ça mais je ne suis pas rémunérée pour le club de grec.
Alors je vais retourner encore une fois faire du gringue aux quatrièmes ( dois-je y aller avec des photos de l'Italie ?)et appeler leurs parents. Le CDE qui m'a demandé de faire un effort s'est-il rendu compte des heures d'initiation que j'offre au collège, des heures passées à monter des projets, des sorties faites sur mon temps libre? Je suis effectivement écœurée et je me demande sincèrement, étant donné le profil de ces élèves et leurs projets d'orientation, si cela vaut la peine de dépenser toute cette énergie.
Thétis, tout ce que tu proposes, je le fais déjà...
- doctor whoDoyen
Tant que le latin ne sera pas une matière obligatoire en 6è, je ne vois pas comment vous pouvez vous en sortir, les profs de classique... Je vous plains.
(Je connais le problème, j'ai une de vos collègue à la maison.)
(Je connais le problème, j'ai une de vos collègue à la maison.)
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- linotteFidèle du forum
Je suis dans le même cas que toi...
Face à toute mon énergie ou mes projets , je reçois " mais ça fait des heures de cours en plus" ..Ben oui....
Que se passe-t-il si on n'a pas assez de latinistes ? Jusqu'à présent dans mon collège on avait maintenu la section même en dessous de 10 élèves ( mon collège a perdu 5 classes en qqs années, ça n'a pas aidé...), cette année les niveaux ont été groupés, l'année prochaine à ma demande on redivise les niveaux mais tous les niveaux passent à 2h. Là , c'est le principal qui a accepté de me "donner" 1h de plus que celles prévues par la DHG ( DHG = 3h pour un groupe de 4è/3è)
Rien de très réjouissant donc...
Face à toute mon énergie ou mes projets , je reçois " mais ça fait des heures de cours en plus" ..Ben oui....
Que se passe-t-il si on n'a pas assez de latinistes ? Jusqu'à présent dans mon collège on avait maintenu la section même en dessous de 10 élèves ( mon collège a perdu 5 classes en qqs années, ça n'a pas aidé...), cette année les niveaux ont été groupés, l'année prochaine à ma demande on redivise les niveaux mais tous les niveaux passent à 2h. Là , c'est le principal qui a accepté de me "donner" 1h de plus que celles prévues par la DHG ( DHG = 3h pour un groupe de 4è/3è)
Rien de très réjouissant donc...
- UpsilonNiveau 3
Désolée Héliandre, je ne vais pas t'apporter de nouvelles plus réjouissantes de mon côté!! Je fonctionne avec de tous petits groupes en 4ème et 3ème depuis deux ans, depuis précisément que mon cde a décidé d'ouvrir une option anglais (genre classe européenne) en 4ème. Les latinistes de 5ème ont ainsi la possibilité d'arrêter l'option en fin d'année. Je perds donc la moitié de mes effectifs et me retrouve cette année avec 6 élèves en 4ème et 7 en 3ème!
De plus, mon établissement ( environ 500 élèves) propose d'autres "options" ( basket, théâtre, rugby) bien plus attractives et qui ne demandent pas le même investissement!! Que faire avec pareille concurrence????? Je ne pense pas donner des cours rébarbatifs, je me creuse la tête pour trouver des thèmes ou activités sympas. Les voyages et autres sorties proposées ne font pas vraiment grand-chose, les élèves préférant en premier lieu la matière qui leur prend le moins la tête et qui leur donne le moins de travail.
Je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur le maintien de mon option à long terme... et pourtant, je passe voir les 6ème tous les ans en bonne commerciale! Tout ça pour perdre une bonne partie de mes effectifs l'année d'après pour ceux qui ont choisi l'option. Je ne me résous pas à l'idée de "vendre" ma matière, je suis même fatiguée à l'idée d'en arriver là. Sans compter que mes horaires ont été réduits, 2h en 4ème et en 3ème, autant dire que cela restreint le programme.
Bon j'arrête là la déprime... mais courage Héliandre, tu n'es pas la seule à pâtir de ce genre de situation!
De plus, mon établissement ( environ 500 élèves) propose d'autres "options" ( basket, théâtre, rugby) bien plus attractives et qui ne demandent pas le même investissement!! Que faire avec pareille concurrence????? Je ne pense pas donner des cours rébarbatifs, je me creuse la tête pour trouver des thèmes ou activités sympas. Les voyages et autres sorties proposées ne font pas vraiment grand-chose, les élèves préférant en premier lieu la matière qui leur prend le moins la tête et qui leur donne le moins de travail.
Je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur le maintien de mon option à long terme... et pourtant, je passe voir les 6ème tous les ans en bonne commerciale! Tout ça pour perdre une bonne partie de mes effectifs l'année d'après pour ceux qui ont choisi l'option. Je ne me résous pas à l'idée de "vendre" ma matière, je suis même fatiguée à l'idée d'en arriver là. Sans compter que mes horaires ont été réduits, 2h en 4ème et en 3ème, autant dire que cela restreint le programme.
Bon j'arrête là la déprime... mais courage Héliandre, tu n'es pas la seule à pâtir de ce genre de situation!
- AemiliaExpert
olive-in-oil a écrit:Dis leurs que s'ils prennent latin, ils feront un voyage pédagogique en Italie. Je connais un établissement où ils attirent les élèves comme ça et ça marche !
et si on ne veut pas organiser de voyage ?
J'ai eu la chance cette année de partir en Italie avec mes élèves, le voyage était bien sûr prévu avant mon arrivée et organisé en totalité par ma collègue (et tutrice). En tant qu'élève, j'étais partie en Grèce.
Je trouve ces voyages super, mais franchement, je ne me vois pas, mais alors pas du tout gérer un projet comme ça. Ce n'est pas l'organisation qui m'inquiète, mais la gestion et surtout la responsabilité une fois là-bas. Cette année tout c'est bien passé, mais j'ai bien vu le nombre de problèmes qui auraient pu se produire... les "quartiers libres" qu'on leur a régulièrement laissés me faisaient vraiment flipper...même si je n'ai rien dit à mes collègues (je ne m'en sentais pas vraiment le "droit" étant donné que je n'ai rien organisé).
Il y a beaucoup de profs de latins qui ne font pas de voyages ? on vous l'a déjà reproché ou fait pression pour que vous en organisiez ?
- ArmideNeoprof expérimenté
oui à tes deux dernières questions.
Maintenant, rien ne t'y oblige. Tu peux toujours refuser.
Maintenant, rien ne t'y oblige. Tu peux toujours refuser.
- ProvenceEnchanteur
Mon ancien CDE était opposé au principe des voyages scolaires. Il ne risquait pas de me reprocher de ne pas en faire assez!
Honnêtement, un voyage, c'est tellement de fatigue, de tracas et de responsabilités qu'il ne faut en organiser un que si on le souhaite vraiment, en fonction des élèves. Pas la peine de passer une nuit dans le car pour se traîner des boulets sur les sites et finir au commissariat!
Bon, je dis ça, mais je suis revenue très contente de chacun de mes voyages en Provence. Mais je ne prévois rien pour l'instant et je ne me sens aucune obligation en la matière.
Honnêtement, un voyage, c'est tellement de fatigue, de tracas et de responsabilités qu'il ne faut en organiser un que si on le souhaite vraiment, en fonction des élèves. Pas la peine de passer une nuit dans le car pour se traîner des boulets sur les sites et finir au commissariat!
Bon, je dis ça, mais je suis revenue très contente de chacun de mes voyages en Provence. Mais je ne prévois rien pour l'instant et je ne me sens aucune obligation en la matière.
- LunnaNiveau 5
Bonsoir,
Je reviens d'un voyage scolaire avec mes latinistes et pour ma part, cet argument a vraiment bien marché et continue de fonctionner sur les 6ème qui en ont entendu parler. Malgré tout, les questions soulevées ici ne peuvent pas être résolues aussi facilement
Dans mon établissement, on ne peut pas cumuler deux options en 4ème: c'est donc Latin ou autre chose... et bien souvent le Latin en pâtit. On peut arrêter le Latin en fin de 5ème... là encore j'en perds quelques uns Heureusement, j'ai un groupe confortable cette année (38 élèves).
Je me dis que le Latin sera mort quand nous nous serons épuisés à le faire vivre envers et contre tout, mais ce moment n'est pas arrivé. Cela nous forcera à nous adapter, à imaginer et peut-être même à réduire nos exigences et ce sera peut-être là notre unique chance de survie Pour le moment et aussi longtemps que je pourrais, je maintiendrai le niveau tout en ayant conscience qu'un jour, je serai peut-être forcée d'en arriver là pour avoir encore la possibilité de faire découvrir les langues anciennes.
Je reviens d'un voyage scolaire avec mes latinistes et pour ma part, cet argument a vraiment bien marché et continue de fonctionner sur les 6ème qui en ont entendu parler. Malgré tout, les questions soulevées ici ne peuvent pas être résolues aussi facilement
Dans mon établissement, on ne peut pas cumuler deux options en 4ème: c'est donc Latin ou autre chose... et bien souvent le Latin en pâtit. On peut arrêter le Latin en fin de 5ème... là encore j'en perds quelques uns Heureusement, j'ai un groupe confortable cette année (38 élèves).
Je me dis que le Latin sera mort quand nous nous serons épuisés à le faire vivre envers et contre tout, mais ce moment n'est pas arrivé. Cela nous forcera à nous adapter, à imaginer et peut-être même à réduire nos exigences et ce sera peut-être là notre unique chance de survie Pour le moment et aussi longtemps que je pourrais, je maintiendrai le niveau tout en ayant conscience qu'un jour, je serai peut-être forcée d'en arriver là pour avoir encore la possibilité de faire découvrir les langues anciennes.
- Que faire quand on a "trop" de latinistes?
- Pourquoi s'embêter à faire étudier Baudelaire quand Booba peut faire l'affaire?
- Quand on est prof d'histoire-géo, peut-on faire du soutien en français et faire rédiger un roman policier en 4eme ?
- Que faire avec les 4èmes latinistes en fin d'année ?
- Mes 4emes latinistes sont trop bavards et réactifs : que faire ?
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum