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John
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par John Jeu 17 Fév 2011 - 13:37
Enquête sur les représentations de l'homosexualité dans le milieu étudiant, par SOS homophobie et le Caélif

SOS homophobie et le Caélif (Collectif des Associations Etudiantes LGBT d’Île-de-France) publient, ce 17 février 2011, une enquête sur les représentations de l’homosexualité dans le milieu étudiant, réalisée au printemps 2010 en Île-de-France. Cette enquête, la première de ce genre en France, permet de dresser un panorama des perceptions de l’homosexualité et de l’homophobie chez ce public rarement ciblé. Parce que les étudiant-e-s bénéficient d’un accès facilité aux savoirs et ont toujours connu une société où l'homosexualité n'est considérée ni comme un délit (depuis 1982) ni comme une maladie mentale par l'OMS (depuis 1992), on pourrait s'attendre à ce qu’ils et elles manifestent une ouverture d’esprit certaine.

Les plus de 4000 réponses obtenues révèlent pourtant que l’homophobie n’épargne pas l’enseignement supérieur. Ainsi, parmi les principaux résultats de l'enquête, il faut souligner le fait que, pour près d'un-e étudiant-e sur cinq, l’homosexualité n’est pas « une manière d’aimer comme une autre », et 13% des répondant-e-s estiment que l’homosexualité est « une orientation sexuelle déviante ». De même, ils et elles sont 19% à se dire « choqué-e-s » ou « dégoûté-e-s » par un couple de même sexe qui se tient la main ou s’embrasse en public.

D'après notre enquête, trois étudiant-e-s sur quatre défendent pourtant les grands principes d’égalité des droits : 73% des sondé-e-s estiment « absolument nécessaire » ou « souhaitable » que la société reconnaisse l'égalité des droits (ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels). C'est l’homophobie ordinaire et quotidienne (insultes, « plaisanteries » et moqueries) qui est minimisée et banalisée : une majorité des répondant-e-s estiment que les insultes « pédé », « enculé », « gouine » ou « tapette » ne sont pas forcément ou pas du tout homophobes. De même, 47% des répondant-e-s hétérosexuel-le-s ne constatent « jamais » d’insultes homophobes sur leur lieu d’études, contre seulement 30% des homo et bisexuel-le-s : cet écart montre combien les difficultés rencontrées par les homo et bisexuel-le-s restent méconnues.

Dans ce contexte, les administrations des établissements d'enseignement supérieur ont pleinement leur rôle à jouer pour le bien-être des étudiant-e-s homo ou bisexuel-le-s. Pourtant, de nombreux établissements d’enseignement supérieur semblent refuser de se saisir du sujet – en témoigne les difficultés que nous avons rencontrées pour diffuser ce questionnaire plus largement. Des efforts conjoints doivent être menés par les associations, les administrations et les pouvoirs publics. Aussi cette enquête se conclue-t-elle sur différentes pistes : campagnes de sensibilisation, soutien des associations LGBT de campus par leurs administrations, prise en compte de la lutte contre les discriminations dans les règlements intérieurs... Il est indispensable que le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche et les établissements se saisissent véritablement de la lutte contre l'homophobie.


Télécharger l'enquête :
http://www.sos-homophobie.org/enquete-milieu-etudiant
http://www.caelif.fr/enquete-2011

Contacts presse :
Bartholomé Girard, président de SOS homophobie : 06 28 32 02 50 / sos@sos-homophobie.org
Simon Lhéritier, responsable de l'enquête au Caélif : 06 89 54 90 20 / simon.lheritier@caelif.fr

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par Kensei Jeu 17 Fév 2011 - 15:12
C'est l’homophobie ordinaire et quotidienne (insultes, « plaisanteries » et moqueries) qui est minimisée et banalisée : une majorité des répondant-e-s estiment que les insultes « pédé », « enculé », « gouine » ou « tapette » ne sont pas forcément ou pas du tout homophobes.
Ben voyons... Rolling Eyes De toutes façons, vu leur nullité crasse en langue française et leur absence de réflexion sur le sujet (poids des mots et signification, homophobie), ce n'est pas étonnant.
Il m'est arrivé de reprendre des amis profs qui avaient laissé échapper un "enculé" en ma présence, j'ai eu droit à la même excuse pitoyable de "mais non, ce n'est pas homophobe, c'est comme une exclamation !".
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par User5899 Jeu 17 Fév 2011 - 19:32
Moi, j'ai eu droit à "C'est comme une ponctuation" !!!
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par Carabas Jeu 17 Fév 2011 - 19:42
D'après notre enquête, trois étudiant-e-s sur quatre défendent pourtant les grands principes d’égalité des droits : 73% des sondé-e-s estiment « absolument nécessaire » ou « souhaitable » que la société reconnaisse l'égalité des droits (ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels). C'est l’homophobie ordinaire et quotidienne (insultes, « plaisanteries » et moqueries) qui est minimisée et banalisée : une majorité des répondant-e-s estiment que les insultes « pédé », « enculé », « gouine » ou « tapette » ne sont pas forcément ou pas du tout homophobes.
Ca, ça ne m'étonne pas. Il y a souvent un grand décalage entre les valeurs prônées et les faits.

De même, parmi les 53% de Français en faveur du mariage homosexuel (chiffres que j'ai vus dernièrement), combien réagiraient bien si leur enfant annonçait son homosexualité?

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par Celeborn Jeu 17 Fév 2011 - 19:50
Carabas a écrit:
De même, parmi les 53% de Français en faveur du mariage homosexuel (chiffres que j'ai vus dernièrement), combien réagiraient bien si leur enfant annonçait son homosexualité?

Ensuite, il y a une différence entre foutre son gosse dehors et accuser le coup sur le moment car on n'y était pas préparé.

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par Eloah Jeu 17 Fév 2011 - 20:30
Kensei a écrit:
C'est l’homophobie ordinaire et quotidienne (insultes, « plaisanteries » et moqueries) qui est minimisée et banalisée : une majorité des répondant-e-s estiment que les insultes « pédé », « enculé », « gouine » ou « tapette » ne sont pas forcément ou pas du tout homophobes.
Ben voyons... Rolling Eyes De toutes façons, vu leur nullité crasse en langue française et leur absence de réflexion sur le sujet (poids des mots et signification, homophobie), ce n'est pas étonnant.
Il m'est arrivé de reprendre des amis profs qui avaient laissé échapper un "enculé" en ma présence, j'ai eu droit à la même excuse pitoyable de "mais non, ce n'est pas homophobe, c'est comme une exclamation !".

Je suis pleinement d'accord avec toi et, personnellement, c'est un vocabulaire que je n'apprécie pas mais, il faut être honnête, c'est aussi un vocabulaire que pas mal d'homos emploient entre eux ! L'incapacité à prendre conscience du poids des mots n'est pas l'apanage des hétéros, c'est un peu comme nos élèves qui s'envoient des insultes à la tête "pour se dire bonjour" ... (et tant pis si je me fais huer !! :lol: )
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par caraboss Jeu 17 Fév 2011 - 23:52
Il y a 5 ou 6 ans, j'enseignais en Dut. A ce moment là il y avait une polémique à Paris autour d'un salon organisé à l'intention des communautés homosexuelles. Des flancs de bus faisaient la promotion de ce salon avec en visuel des couples homos s'embrassant et invitant à rallier ledit salon. Une association catho avait déposé une plainte et la RATP avait retiré les affiches. J'ai distribué des phococop de ces visuels. Des étudiants ont refusé de les regarder et les ont retournées. J'ai émis l'idée que peut-être de telles phot étaient susceptibles de choquer certains d'entre eux. L'un d'eux m'a répondu que non, notre génération était plus ouverte, etc. J'ai bricolé un sondage autour de la simple question choqué, un peu choqué, pas très choqué, pas du tout choqué. Je ne suis pas sociologue. Une majorité des 65 étudiants ont répondu choqué ou un peu choqué. Tout est presque dit. L'homosexualité demeure un tabou. Certes on la conçoit ou on l'accepte lorsque cela concerne certains milieux mais dans la masse, c'est vraiment loin d'être banalisé. J'enseigne en lycée, je vois des couples se rouler des pelles dansl a cour, dans les couloirs : je n'ai jamais vu des couples homo le faire et je pense que si cela se produisait, ce serait terrible. Tout reste à faire.
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User5899
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par User5899 Ven 18 Fév 2011 - 0:39
caraboss a écrit:J'enseigne en lycée, je vois des couples se rouler des pelles dansl a cour, dans les couloirs : je n'ai jamais vu des couples homo le faire et je pense que si cela se produisait, ce serait terrible. Tout reste à faire.
Eh bien, à ma grande surprise, au cours des dix dernières années, dans mon gros bahut hyper rural de la France profonde, deux petits couples de garçons se sont promenés, enlacés, bisouillés pendant leurs trois années sans qu'il y eût remarques ou voies de fait. En revanche, cette année, on a eu une arrivée de bourrins premier choix. Ce n'est pas linéaire, le progrès...
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par caraboss Ven 18 Fév 2011 - 0:40
Vive la campagne !!!
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par Kensei Ven 18 Fév 2011 - 16:35
Eloah a écrit:Je suis pleinement d'accord avec toi et, personnellement, c'est un vocabulaire que je n'apprécie pas mais, il faut être honnête, c'est aussi un vocabulaire que pas mal d'homos emploient entre eux ! L'incapacité à prendre conscience du poids des mots n'est pas l'apanage des hétéros, c'est un peu comme nos élèves qui s'envoient des insultes à la tête "pour se dire bonjour" ... (et tant pis si je me fais huer !! :lol: )
Certes, mais c'est pour moi très différent. Car c'est de la récupération au second degré, comme quand les gays et lesbiennes anglosaxons ont utilisé "queer" ou "dyke" pour parler d'eux-même, une façon politique d'en annihiler le premier sens injurieux. Se dire "gouine" ou "pédé" quand on est homo (et la plupart du temps entre homos), n'a pas le même sens qu'entendre crier ces mêmes mots par un hétéro homophobe qui les lance comme une insulte.
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par Violet Ven 18 Fév 2011 - 16:53
caraboss a écrit:Il y a 5 ou 6 ans, j'enseignais en Dut. A ce moment là il y avait une polémique à Paris autour d'un salon organisé à l'intention des communautés homosexuelles. Des flancs de bus faisaient la promotion de ce salon avec en visuel des couples homos s'embrassant et invitant à rallier ledit salon. Une association catho avait déposé une plainte et la RATP avait retiré les affiches. J'ai distribué des phococop de ces visuels. Des étudiants ont refusé de les regarder et les ont retournées. J'ai émis l'idée que peut-être de telles phot étaient susceptibles de choquer certains d'entre eux. L'un d'eux m'a répondu que non, notre génération était plus ouverte, etc. J'ai bricolé un sondage autour de la simple question choqué, un peu choqué, pas très choqué, pas du tout choqué. Je ne suis pas sociologue. Une majorité des 65 étudiants ont répondu choqué ou un peu choqué. Tout est presque dit. L'homosexualité demeure un tabou. Certes on la conçoit ou on l'accepte lorsque cela concerne certains milieux mais dans la masse, c'est vraiment loin d'être banalisé. J'enseigne en lycée, je vois des couples se rouler des pelles dansl a cour, dans les couloirs : je n'ai jamais vu des couples homo le faire et je pense que si cela se produisait, ce serait terrible. Tout reste à faire.

tout à fait...
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par liliepingouin Ven 18 Fév 2011 - 17:17
Kensei a écrit:
Eloah a écrit:Je suis pleinement d'accord avec toi et, personnellement, c'est un vocabulaire que je n'apprécie pas mais, il faut être honnête, c'est aussi un vocabulaire que pas mal d'homos emploient entre eux ! L'incapacité à prendre conscience du poids des mots n'est pas l'apanage des hétéros, c'est un peu comme nos élèves qui s'envoient des insultes à la tête "pour se dire bonjour" ... (et tant pis si je me fais huer !! :lol: )
Certes, mais c'est pour moi très différent. Car c'est de la récupération au second degré, comme quand les gays et lesbiennes anglosaxons ont utilisé "queer" ou "dyke" pour parler d'eux-même, une façon politique d'en annihiler le premier sens injurieux. Se dire "gouine" ou "pédé" quand on est homo (et la plupart du temps entre homos), n'a pas le même sens qu'entendre crier ces mêmes mots par un hétéro homophobe qui les lance comme une insulte.

Tout à fait d'accord. Reprendre l'insulte à son compte, ce n'est pas du tout la même chose que d'entendre quelqu'un d'autre utiliser ce mot, que ce soit dans un contexte homophobe ou pas

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par Eloah Ven 18 Fév 2011 - 21:54
liliepingouin a écrit:
Kensei a écrit:
Eloah a écrit:Je suis pleinement d'accord avec toi et, personnellement, c'est un vocabulaire que je n'apprécie pas mais, il faut être honnête, c'est aussi un vocabulaire que pas mal d'homos emploient entre eux ! L'incapacité à prendre conscience du poids des mots n'est pas l'apanage des hétéros, c'est un peu comme nos élèves qui s'envoient des insultes à la tête "pour se dire bonjour" ... (et tant pis si je me fais huer !! :lol: )
Certes, mais c'est pour moi très différent. Car c'est de la récupération au second degré, comme quand les gays et lesbiennes anglosaxons ont utilisé "queer" ou "dyke" pour parler d'eux-même, une façon politique d'en annihiler le premier sens injurieux. Se dire "gouine" ou "pédé" quand on est homo (et la plupart du temps entre homos), n'a pas le même sens qu'entendre crier ces mêmes mots par un hétéro homophobe qui les lance comme une insulte.

Tout à fait d'accord. Reprendre l'insulte à son compte, ce n'est pas du tout la même chose que d'entendre quelqu'un d'autre utiliser ce mot, que ce soit dans un contexte homophobe ou pas

Ah oui, je suis d'accord avec vous ! Je faisais référence à ceux (hétéros) qui emploient ces mots sans forcément penser à mal (et sans se rendre compte du mal qu'ils peuvent faire).
Cet aprèm par ex, je suivais deux jeunes adultes (ou vieux ados :lol:); l'un d'eux a vu un de ses copains dans une auto-école, il s'est arrêté, la porte s'est ouverte et il a dit "Pédé ... tu fais quoi ? " ... Autant, je ne comprends pas cet usage de tels mots, autant je suis quasi sûre qu'il ne pensait pas à mal en le disant.
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par Invité19 Ven 18 Fév 2011 - 22:02
liliepingouin a écrit:
Kensei a écrit:
Eloah a écrit:Je suis pleinement d'accord avec toi et, personnellement, c'est un vocabulaire que je n'apprécie pas mais, il faut être honnête, c'est aussi un vocabulaire que pas mal d'homos emploient entre eux ! L'incapacité à prendre conscience du poids des mots n'est pas l'apanage des hétéros, c'est un peu comme nos élèves qui s'envoient des insultes à la tête "pour se dire bonjour" ... (et tant pis si je me fais huer !! :lol: )
Certes, mais c'est pour moi très différent. Car c'est de la récupération au second degré, comme quand les gays et lesbiennes anglosaxons ont utilisé "queer" ou "dyke" pour parler d'eux-même, une façon politique d'en annihiler le premier sens injurieux. Se dire "gouine" ou "pédé" quand on est homo (et la plupart du temps entre homos), n'a pas le même sens qu'entendre crier ces mêmes mots par un hétéro homophobe qui les lance comme une insulte.

Tout à fait d'accord. Reprendre l'insulte à son compte, ce n'est pas du tout la même chose que d'entendre quelqu'un d'autre utiliser ce mot, que ce soit dans un contexte homophobe ou pas

ça me fait penser au très beau livre de Judith Butler, Le pouvoir des mots, où elle parle notamment de la réappropriation et du retournement de l'insulte par les communautés homos (et donc, de la langue contexte, etc).

sinon, pour faire encore partie de la communauté étudiante d'une certaine façon, je peux témoigner que même dans des milieux parisiens très ouverts et aux moeurs libérées, une certaine forme d'homophobie très pernicieuse existe. J'ai entendu des mecs hétéros dire qu'ils ne voulaient pas trop accompagner leurs copains gays dans certains bars, qu'ils sentaient des regards concupiscents sur eux... et pour connaitre lesdits bars, je peux dire que c'est pur fantasme. Et quand on creusait un peu, on s'apercevait que derrière ces remarques un peu anodines, se cachait tout de même une dérision pour ces milieux gays. Atterrant.
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par Kensei Ven 18 Fév 2011 - 22:33
Oiseau phenix a écrit:ça me fait penser au très beau livre de Judith Butler, Le pouvoir des mots, où elle parle notamment de la réappropriation et du retournement de l'insulte par les communautés homos (et donc, de la langue contexte, etc).
C'est précisément de ça dont je parlais en effet. Wink
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par Celeborn Sam 19 Fév 2011 - 1:21
Kensei a écrit:
Oiseau phenix a écrit:ça me fait penser au très beau livre de Judith Butler, Le pouvoir des mots, où elle parle notamment de la réappropriation et du retournement de l'insulte par les communautés homos (et donc, de la langue contexte, etc).
C'est précisément de ça dont je parlais en effet. Wink

J'ai effectivement bien noté ce principe (pas nouveau, cf. la négritude), mais je dois avouer n'en avoir toujours pas compris l'intérêt. Qu'en dit l'amie Judith ?

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par Edgar Mer 9 Mar 2011 - 8:50
Kensei a écrit:
C'est l’homophobie ordinaire et quotidienne (insultes, « plaisanteries » et moqueries) qui est minimisée et banalisée : une majorité des répondant-e-s estiment que les insultes « pédé », « enculé », « gouine » ou « tapette » ne sont pas forcément ou pas du tout homophobes.
Ben voyons... Rolling Eyes De toutes façons, vu leur nullité crasse en langue française et leur absence de réflexion sur le sujet (poids des mots et signification, homophobie), ce n'est pas étonnant.
Il m'est arrivé de reprendre des amis profs qui avaient laissé échapper un "enculé" en ma présence, j'ai eu droit à la même excuse pitoyable de "mais non, ce n'est pas homophobe, c'est comme une exclamation !".

Je vous rejoins tous sur le fait que le chemin est encore long, et pas forcément linéaire, car il y a des reculs temporaires dus à des préjugés culturels et religieux véhiculés par certaines personnes dans le monde scolaire et étudiant actuel.

Néanmoins, je tiendrai le reste de mon commentaire uniquement sur les termes mentionnés dans les citations ci-dessus.

Je suis d'accord avec vous sur le fait que ces termes renvoient à un lexique connu de tous et dont les sonorités et connotations sont péjoratives, attribuant des caractéristiques, censées correspondre à des personnes indignes, à d'autres dans le but de les dévaloriser en les insultant.

Je pense que tout le monde ne les utilise pas en pleine conscience du sens complet et dénotatif qu'ils ont. La plupart sont juste utilisés pour leurs connotations, très fortement péjoratives, dans l'idée que dans certaines situation, ils feront plus de mal que de traiter quelqu'un de "con", "connard", "salaud", "enfoiré" etc.

Ces mots ne sont pas une création de ceux qui les utilisent, ils sont partie d'un lexique dans lequel il n'y a qu'à piocher, ce qui me semble pire en terme d'implicite sur l'image encore véhiculée dans la société par la réalité que ces termes sont censés recouvrir. Ils sont banalisés comme dit plus haut. Et c'est sur leur sens réel qu'il faut communiquer pour qu'ils cessent d'être utilisés ou invoqués.

Mais personne n'est obligé de les utiliser déjà même s'ils existent. L'utilisation de ces termes, c'est-à-dire tous ceux que j'ai cités, n'est pas parfaitement commune à toutes les catégories sociales ou culturelles (non que l'on ne soit pas très grossier dans les milieux les plus hauts socialement, mais on n'a pas les mêmes termes).

Lorsque Kensei dit avoir repris des profs qui avaient utilisé le terme "enculé", ce qui me gêne le plus n'est pas le sous-entendu, car je ne suis pas certain que tout le monde fasse la relation immédiate entre le sens de l'acte décrit et le fait sous entendu qu'il soit le propre des "pédés". Ce terme est totalement hors de mon vocabulaire, mais quand je l'ai entendu, il a fallu que quelqu'un comme ici soulève ce problème pour que je fasse la relation. Mais je suis atterré que des professeurs utilisent ce genre de terme aujourd'hui dans leur cadre pro. en salle des profs. Et je sais, on l'entend, comme d'autres malheureusement chez des professeurs. Ceci me désole sur la situation sociale et culturelle actuelle de notre métier telle que représentée par ces gens, que j'ai peine à appeler collègues.

Car pour moi, ce terme, d'une vulgarité exemplaire, a toute son efficacité non dans son sens indirect, mais dans la très forte accentuation de la 2nde syllabe /ku/ par celui qui le dit. C'est le "cul" qui est mis en avant, avec tout ce qu'il véhicule de malpropre.

Tout comme ceux qui traitent quelqu'un de "con" ne savent peut-être pas, ou ne font pas consciemment de lien avec le sexe féminin. C'est la sonorité qui est invoquée et le sens figuré, non le sens propre.

"Enfoiré" c'est pareil à mon avis.

J'ai entendu, quand j'étais au lycée, un gars qui avait été enfermé par un autre dans les toilettes et qui voulait l'insulter fortement, le traiter de "Portugais". Je pense que dans la balance, il trouvait ça plus percutant encore qu' "enculé."

Nous sommes face à un autre problème dans nos classes : vous avez tous sûrement été obligés d'arbitrer une situation où un élève vous a dit quelque chose d'inacceptable mais que le sens qu'il lui donnait et ses connotations n'étaient pas les mêmes que pour vous. C'était un terme très fort pour vous et quelque chose de banal pour eux, qui ne visait donc pas les même intentions. Clémence ? Education ? Il faut souvent naviguer en eaux troubles.

Pour conclure, je vais vous citer ce que j'ai entendu d'une jeune fille de 15 ans hier en classe quand je lui demandais ce qui allait se passer si je lui confisquais encore son portable. Elle lance : "Oh non , Monsieur ....putain mon père il va m'enculer ! S'il vous plaît" (malaise chez moi, gros malaise)









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Cath
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par Cath Mer 9 Mar 2011 - 22:22
Cripure a écrit:
caraboss a écrit:J'enseigne en lycée, je vois des couples se rouler des pelles dansl a cour, dans les couloirs : je n'ai jamais vu des couples homo le faire et je pense que si cela se produisait, ce serait terrible. Tout reste à faire.
Eh bien, à ma grande surprise, au cours des dix dernières années, dans mon gros bahut hyper rural de la France profonde, deux petits couples de garçons se sont promenés, enlacés, bisouillés pendant leurs trois années sans qu'il y eût remarques ou voies de fait. En revanche, cette année, on a eu une arrivée de bourrins premier choix. Ce n'est pas linéaire, le progrès...

Quand j'étais en tle (il y a 25 ans euh non 26), couple de filles qui s'embrassaient à plein bouche dans les couloirs sans que ça attire la moindre remarque...
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