Cherche textes poésie du banal et de l'horrible

Je suis en train de constituer un G.T. en poésie sur la problématique suivante: "« Tu m’as donné ta boue, j’en ai fait de l’or », écrivait Charles Baudelaire. A sa manière, en quoi peut-on dire que la poésie est sublimation du banal, du réel, même le plus sordide ? Comment et pourquoi les poètes poétisent-ils le vil, le bas, l'horrible, et pourquoi ?" (idée piquée à Cédric).

J'ai pour l'instant "Une charogne" de Baudelaire et "Le Dormeur du val" de Rimbaud.
En DS de 4h, je donnerai "Le Joujou du pauvre dans le corpus, texte sur lequel portera le commentaire. Comme ça, j'ai un poème en prose, un sonnet et un poème alternant divers mètres.

J'en cherche deux autres.

J'aimerais un texte de Victor Hugo, et je me suis aussi tournée vers Chassignet et Ponge.
chez Chassignet, j'ai trouvé le "Mortel sonnet" ("Mortel pense quel est dessous la couverture"...), mais il ressemble vraiment trop à "Une charogne" au niveau du thème.
Quels textes d'Hugo et Ponge me conseilleriez-vous? J'avais pensé à l'araignée et l'ortie pour le premier, voire au "Crapaud", et pour Ponge au "Cageot".

Et chez Lautréamont, auteur que je ne connais que succintement?

Merci de me donner des pistes!

Fabienne

L'an dernier, j'ai donné en devoir un commentaire d'un extrait de l'égout de Rome tiré de Châtiments.. la dernière partie .. l'enjeu est de travailler la description d'un espace et non d'une personne.

Pour la petite histoire, l'Egout est une grande réalisation du baron Haussman à Paris. Un chef d'oeuvre d'ingénierie..et l'occasion de montrer tous les relents de l'histoire..une mise en scène du Paris de César,

Et de Ponge ..pourquoi pas "le crottin"

Et La ballade des pendus de Villon ?

"Une charogne", "Le Crapaud", "Le Cageot", super !
Et "Vénus anadyomène", de Rimbaud ? Tu peux faire un parallèle pictural, en plus. En termes d'esthétique, c'est pas mal.
Et "L'idole", toujours de Rimbaud, qui détonne pas mal !

Pas pour le sordide, mais pour le banal, tu as par exemple la quenouille de Ronsard :

Quenouille, de Pallas la compagne et l’amie,
Cher présent que je porte à ma chère Marie,
Afin de soulager l’ennui qu’elle a de moi,
Disant quelque chanson en filant de sur toi
Faisant pirouetter à son huis amusée
Tout le jour son rouet et sa grosse fusée ;

Quenouille, je te mène où je suis arrêté,
Je voudrais racheter par toi ma liberté.
Suis-moi donc, tu seras plus que la bienvenue,
Quenouille, des deux bouts et grelette et menue,
Un peu grosse au milieu où la filasse tient,
Etreinte d’un ruban qui de Montoire vient,

Aime-laine, aime-fil, aime-estaim, maisonnière,
Longue, palladienne, enflée, chansonnière,
Suis-moi, laisse Couture, et allons à Bourgueil,
Où, quenouille, on te doit recevoir d’un bon œil.
Car le petit présent qu’un loyal ami donne
Passe des puissants rois le sceptre et la couronne.

henriette a écrit:Pas pour le sordide, mais pour le banal, tu as par exemple la quenouille de Ronsard :

Quenouille, de Pallas la compagne et l’amie,
Cher présent que je porte à ma chère Marie,
Afin de soulager l’ennui qu’elle a de moi,
Disant quelque chanson en filant de sur toi
Faisant pirouetter à son huis amusée
Tout le jour son rouet et sa grosse fusée ;

Quenouille, je te mène où je suis arrêté,
Je voudrais racheter par toi ma liberté.
Suis-moi donc, tu seras plus que la bienvenue,
Quenouille, des deux bouts et grelette et menue,
Un peu grosse au milieu où la filasse tient,
Etreinte d’un ruban qui de Montoire vient,

Aime-laine, aime-fil, aime-estaim, maisonnière,
Longue, palladienne, enflée, chansonnière,
Suis-moi, laisse Couture, et allons à Bourgueil,
Où, quenouille, on te doit recevoir d’un bon œil.
Car le petit présent qu’un loyal ami donne
Passe des puissants rois le sceptre et la couronne.

Je crois que pour certains élèves, la quenouille devienne un objet trés érotique...

:lol:
Certes, dans la série sex toys alors !
Ça renouvelle la lecture du poème !

1. Que croyez-vous que soit la quenouille à laquelle la Belle au bois dormant se pique le doigt ?
DSe Hugo, imparable, l'Epopée du vers : si vous ne l'avez pas, voir http://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_des_si%C3%A8cles_-_2%C3%A8me_s%C3%A9rie._XI._L%E2%80%99Epop%C3%A9e_du_ver

Sinon, Prévert, dans Paroles, le petit bruit de l'oeuf dur sur le comptoir de zinc...

Et l'Epopée du ver, c'est à la fois le banal et l'horrible - tout en un !

Abraxas a écrit:Et l'Epopée du ver, c'est à la fois le banal et l'horrible - tout en un !

excellent je ne connaissais pas. Merci!

Il y a aussi le poème de Scarron dans les vers burlesques.
Vous faites voir des os quand vous riez, Heleine,
Dont les uns sont entiers et ne sont gueres blancs ;
Les autres, des fragmens noirs comme de l'ebene
Et tous, entiers ou non, cariez et tremblans.

Comme dans la gencive ils ne tiennent qu'à peine
Et que vous esclattez à vous rompre les flancs,
Non seulement la toux, mais vostre seule haleine
Peut les mettre à vos pieds, deschaussez et sanglans.

Ne vous meslez donc plus du mestier de rieuse ;
Frequentez les convois et devenez pleureuse :
D'un si fidel avis faites vostre profit.

Mais vous riez encore et vous branlez la teste !
Riez tout vostre soul, riez, vilaine beste :
Pourveu que vous creviez de rire, il me suffit.

Je ne sais pas si ça conviendrait!

Ou les poèmes de la mort de Ronsard : "Je n'ai plus que les os..."

Dans les Fleurs du mal, je choisirais "Une martyre".

L'Epopée du ver j'aime beaucoup, mais avec quel découpage?

Pour Ronsard, je mets "Une Charogne" en parallèle avec le "Carpe diem" d'Horace et "Mignonne allons voir si la rose", pour étudier le renouvellement du thème du memento mori, donc je vais éviter.

Ah oui, effectivement, L'Idole je ne connaissais pas....
C'est quelque chose quand même
Et pour tout dire, je n'assumerai clairement pas de l'étudier en lecture analytique!

Sinon, chez Prévert, tu as La Lessive.
Gros succès quand les élèves découvrent qu'il raconte un avortement....Mais bon, c'est rude.