Luc Cédelle fait l'éloge du dernier livre de Pascal Bouchard.

Attention, c'est du très lourd, ça va vous plaire, si vous ne l'avez pas déjà lu bien sûr !

"Pascal Bouchard fait partie du cercle restreint des journalistes depuis longtemps spécialisés sur l’éducation. Particularité : des années 1970 à son départ de l’éducation nationale en 1988, il a été enseignant, plus précisément professeur de lettres, d’abord maître-auxiliaire puis agrégé. Pendant plusieurs années, il a assuré sur France Culture une émission régulière sur l’école, avant d’être co-fondateur avec Marc Guiraud de l’AEF (agence éducation formation), qu’il a quittée en 2007.

Aujourd’hui directeur du site Touteduc, Pascal Bouchard a écrit plusieurs livres sur l’enseignement du français, notamment sur celui de la grammaire, sur le métier d’enseignant en général et l’évolution du système éducatif. Il vient de publier aux éditions Chronique sociale Une école sans boussole dans une société sans projet .

Un titre qui n’est pas sans me rappeler un article que j’avais signé en 2009 dans Le Monde, intitulé « L’éducation nationale sans rêve ni moteur ». Je partage avec ce confrère le souhait, peut-être irréalisable, d’un débat rationnel sur l’éducation. Sans doute aussi la conviction que rien de bien intelligent ni d’efficace ni de très durable ne peut s’y faire qui ne serait le résultat de la recherche d’un consensus.

Pascal Bouchard, dans son livre, va au-delà du seul champ de l’enseignement, qu’il lie à des propositions de « révolution démocratique ». Mon intention ici n’est pas de dresser la liste de mes approbations ou désapprobations vis-à-vis de ses analyses, mais de signaler cet ouvrage et de donner une idée de la contribution au débat qu’il représente.

En « bonnes feuilles », avec l’autorisation de l’auteur et de l’éditeur, en voici donc un chapitre in extenso. Titré « conclusion », il est évidemment situé à la fin de l’ouvrage, mais précède d’autres pages réellement finales. C’est un tout petit chapitre, mais sa longueur (11 000 signes) me fait une fois de plus « exploser » les formats conseillés dans le cadre d’un blog. Tant pis.

Pour des raisons impératives de lisibilité, j’ai ajouté d’autorité des passages à la ligne beaucoup plus nombreux que sur l’original, ainsi que des intertitres. Les passages en gras sont d’origine.

L.C."


La suite, savoureuse bien entendu, ici : http://education.blog.lemonde.fr/2011/01/06/au-sujet-dune-%C2%AB-ecole-sans-boussole-dans-une-societe-sans-projet-%C2%BB/

Dans ce que tu cites, je ne vois rien de problématique.

John a écrit:Dans ce que tu cites, je ne vois rien de problématique.

C'est vrai : c'est le chapitre extrait qu'il faut aller lire.
Pascal Bouchard est quelqu'un qui a plein de bonnes idées.

Igniatius a écrit:

John a écrit:Dans ce que tu cites, je ne vois rien de problématique.

C'est vrai : c'est le chapitre extrait qu'il faut aller lire.
Pascal Bouchard est quelqu'un qui a plein de bonnes idées.

Ah ouais

Je ne vois pas ce qu'il y a de "nouveau" dans ce discours. Les pédagogistes sont persuadés que la transmission des savoirs (sans tralala) est nocive pour l'individu :


Une révolution démocratique

Le rôle de l’enseignant est d’aider chacun de ses élèves à dire « je », à s’affirmer comme un sujet, qui n’est pas une cire molle où s’inscrirait le savoir du maître, ni un enfant-roi capricieux, mais un individu conscient de ce qu’il est, de la place qu’il occupe dans le corps social. Celui de l’État est de permettre aux hommes de trouver leurs places, de permettre et d’organiser le débat entre eux, pour que chacun puisse faire valoir ses besoins et ses moyens. Il est aussi de leur faire confiance.

D'autres, dont je fais partie, ne pensent pas exactement la même chose. Où est la nouveauté ?

Euh...
Je n'ai pas dit qu'il y avait quelque chose de nouveau, si ?

C'est juste un élément de plus.

Igniatius a écrit:Euh...
Je n'ai pas dit qu'il y avait quelque chose de nouveau, si ?

C'est juste un élément de plus.

Mais je sais bien ! C'est Cédelle qui m'irrite en ressassant une nouvelle fois des arguments maintes fois avancés!:
Un titre qui n’est pas sans me rappeler un article que j’avais signé en 2009 dans Le Monde, intitulé « L’éducation nationale sans rêve ni moteur ». Je partage avec ce confrère le souhait, peut-être irréalisable, d’un débat rationnel sur l’éducation. Sans doute aussi la conviction que rien de bien intelligent ni d’efficace ni de très durable ne peut s’y faire qui ne serait le résultat de la recherche d’un consensus.

Pascal Bouchard, dans son livre, va au-delà du seul champ de l’enseignement, qu’il lie à des propositions de « révolution démocratique ». Mon intention ici n’est pas de dresser la liste de mes approbations ou désapprobations vis-à-vis de ses analyses, mais de signaler cet ouvrage et de donner une idée de la contribution au débat qu’il représente.
Au bout d'un moment, ça devient pénible cette recherche de consensus mielleux. :colere:

OK !


D'ailleurs, c'est le propos de Bouchard : montrer que les anti-pédagos refusent de discuter, et qu'ils sont donc des anti-démocrates.

Enfin, ce qui est nouveau, c'est de nier la baisse du niveau. Ca fait tout de même quelques années que même Mérieu n'ose plus.
Mon passage préféré, c'est celui-là :
Personne n’ose dire qu’il ne veut pas d’Arabes ni
de Noirs dans la classe de ses enfants. Mais il peut déclarer que le
relativisme généralisé masque la baisse du niveau et compromet la
survie de la Culture.
Moi qui pense que la culture tout court, la culture universelle, et la maîtrise de la langue, avec l'effort qu'elle suppose, est aussi bonne pour les Noirs et les Arabes que pour mes enfants, et que les premiers n'ont pas à avoir, sous couvert de relativisme et d'ouverture, une culture au rabais, je dois traîner un vague fond de racisme.

Moi, mon passage préféré, c'est quand il parle des méthodes de lecture. Regardez dans les com' la réponse de Catherine Huby : ça déménage !

C'est en effet du très lourd Igniatius. Avec ce Bouchard, on atteint un sommet absolu dans la bêtise la plus pure. Ca sent le règlement de comptes du médiocre complexé par des esprits plus forts et plus libres que lui (normaliens agrégés de lettres et médaillés Fields).

Certaines phrases, bien mises en gras par ce demi-habile de Cédelle, font tout simplement frémir. Exemple: "la démocratie suppose la raison et l'expertise". J'ai l'impression d'être face à un slogan de 1984 de George Orwell. Ah ! "l'expertise": ce mot affreux qui sert à disqualifier l'expérience des gens simples, des gens de terrain.

J'adore les propos sur le bled, lequel donnerait une vision "autoritaire et tronquée" de la grammaire... Ha, ha, ha, ça aura au moins le mérite de me faire rire. Je ne crois pas avoir traumatisé mes élèves de 4e en leur faisant faire les exercices systématiques du bled...

C'est lamentable, tout simplement lamentable.




:boucherie:

Bon, alors puisque vous êtes bien chauds, la cerise : Bouchard, Cédelle et Polony sur un plateau.
Le débat ne vole pas haut, mais cela en dit long sur les capacités inquisitoriales de nos amis...
Bon courage, ça dure un peu longtemps, je suis désolé, mais il y a quelques morceaux d'anthologie.




Ah sinon Mélane, la référence à Orwell est très juste en effet.

Bon, alors puisque vous êtes bien chauds, la cerise : Bouchard, Cédelle et Polony sur un plateau.

Avec Brighelli en fond d'écran

John a écrit:

Bon, alors puisque vous êtes bien chauds, la cerise : Bouchard, Cédelle et Polony sur un plateau.

Avec Brighelli en fond d'écran

Oui oui, ils diffusent un extrait d'émission pour le casser un peu : leurs commentaires sont amusants.

A je ne sais plus quel moment (pas le courage de me repasser une deuxième heure là-dessus), Bouchard fracasse encore un peu Lafforgue en expliquant "je lui ai dit à Lafforgue que faire une étude scientifique, c'est confronter sa pensée à des chiffres , il faut enquêter..." (c'est une très mauvaise citation mais li'dée est là) : en gros, il veut expliquer que l'on ne fait pas de généralités à partir d'exemples, qu'il faut manipuler les statistiques ; à Lafforgue, un génie dans sa génération, il veut expliquer les grands nombres. J'avais trouvé cela génial, je crois qu'il ne sait pas ce qu'est vraiment une médaille Fields.

A un autre moment, on apprend que la thèse de Bouchard a été réalisée sous la direction de...
attention...
Philippe Meirieu !
Ca vous dit quelque chose ?
Quel petit monde quand même...

Igniatius a écrit:

John a écrit:

Bon, alors puisque vous êtes bien chauds, la cerise : Bouchard, Cédelle et Polony sur un plateau.

Avec Brighelli en fond d'écran

Oui oui, ils diffusent un extrait d'émission pour le casser un peu : leurs commentaires sont amusants.

A je ne sais plus quel moment (pas le courage de me repasser une deuxième heure là-dessus), Bouchard fracasse encore un peu Lafforgue en expliquant "je lui ai dit à Lafforgue que faire une étude scientifique, c'est confronter sa pensée à des chiffres , il faut enquêter..." (c'est une très mauvaise citation mais li'dée est là) : en gros, il veut expliquer que l'on ne fait pas de généralités à partir d'exemples, qu'il faut manipuler les statistiques ; à Lafforgue, un génie dans sa génération, il veut expliquer les grands nombres. J'avais trouvé cela génial, je crois qu'il ne sait pas ce qu'est vraiment une médaille Fields.

A un autre moment, on apprend que la thèse de Bouchard a été réalisée sous la direction de...
attention...
Philippe Meirieu !
Ca vous dit quelque chose ?
Quel petit monde quand même...

Ha, ha, merci pour l'anecdote sur Fields. C'est quand même énorme. Franchement Igniatius, je ne sais pas si j'ai envie de m'infliger ça maintenant.

En tout cas, j'imagine bien ce minuscule Bouchard s'adressant aux philosophes des Lumières: "Mais tout ce que vous dites est faux ! Vous ne vous appuyez pas sur des statistiques !"

V.Marchais a écrit:Enfin, ce qui est nouveau, c'est de nier la baisse du niveau. Ca fait tout de même quelques années que même Mérieu n'ose plus.
Mon passage préféré, c'est celui-là :
Personne n’ose dire qu’il ne veut pas d’Arabes ni
de Noirs dans la classe de ses enfants. Mais il peut déclarer que le
relativisme généralisé masque la baisse du niveau et compromet la
survie de la Culture.
Moi qui pense que la culture tout court, la culture universelle, et la maîtrise de la langue, avec l'effort qu'elle suppose, est aussi bonne pour les Noirs et les Arabes que pour mes enfants, et que les premiers n'ont pas à avoir, sous couvert de relativisme et d'ouverture, une culture au rabais, je dois traîner un vague fond de racisme.

Ohh, moi aussi alors. Et puis, pour aggraver mon cas, je donne une vision tronquée de la grammaire en proposant des exercices du BLED à mes élèves.
Plus sérieusement, lorsqu'il écrit "Le rôle de l’enseignant est d’aider chacun de ses élèves à dire « je », à s’affirmer comme un sujet, qui n’est pas une cire molle où s’inscrirait le savoir du maître, ni un enfant-roi capricieux, mais un individu conscient de ce qu’il est, de la place qu’il occupe dans le corps social", j'ai envie de lui faire recopier cinquante fois cette phrase de Hannah Arendt: je dois cesser de considérer les enfants "comme une minorité opprimée qui a besoin de se libérer".

je donne une vision tronquée de la grammaire en proposant des exercices du BLED à mes élèves.

Et autoritaire, en plus !

En même temps, il y a peut-être mieux que le BLED et les exercices systématiques comme idéal d'enseignement de la grammaire. Sin c'est ça qu'on oppose à Bouchard, il va avoir beau jeu...

Les exercices systématiques, c'est pourtant très pratique.

Je ne dis pas que c'est suffisant, mais c'est nécessaire.

John a écrit:Les exercices systématiques, c'est pourtant très pratique.

Je ne dis pas que c'est suffisant, mais c'est nécessaire.

Bien sûr, mais fonder son enseignement de grammaire sur ce principe, c'est criminel. Et ça laisse la porte ouverte à toutes les conneries en provenance du camp d'en face (l'ORL, pour ne pas la citer).

doctor who a écrit:

John a écrit:Les exercices systématiques, c'est pourtant très pratique.

Je ne dis pas que c'est suffisant, mais c'est nécessaire.

Bien sûr, mais fonder son enseignement de grammaire sur ce principe, c'est criminel. Et ça laisse la porte ouverte à toutes les conneries en provenance du camp d'en face (l'ORL, pour ne pas la citer).

Au cas où ce ne serait pas clair, j'ai volontairement forcé le trait...Non, non, je ne suis pas une criminelle! :lol:

C'est dingue cette histoire d'ORL (observation réfléchie de la langue), les pédagogos, les IUFM et beaucoup d'inspecteurs ont "enrhumé":Lool: je ne sais combien de jeunes enseignants avec cette lubie ridicule ...ORL, ça sonnait comme une espèce de spécialité pédagogique: les oreilles, la voix... pour le nez, ce doit être au sens figuré !
Ridicule et éphémère; il faudrait leur rappeler de temps en temps à ces acteurs de l'innovation... :colere:

Ah, Bouchard…
Encore un qui m'aime…
D'ailleurs, comment peut-on ne pas m'aimer ? :lol: