SOS complément du nom...

J'ai une classe de 5e hautement larguée, dans des proportions qui m'épatent souvent, en ce matin ils sont encore allés au-delà de mes inquiétudes les plus folles.
Leçon sur le complément du nom, entamée hier (nous avions repéré des noms dans des phrases types, observé que "quelque chose" les précisait et s'introduisait avec une préposition).
Aujourd'hui, on rappelle la leçon (les bons, peu nombreux, sont sages et attendent), on corrige l'exercice (une série de trucs du genre "identifier le complément du nom et la préposition dans "la pince à linge"), tout semble aller bien, j'en vois qquns corriger des erreurs sans m'inquiéter outre mesure.
On continue par un exercice à l'oral: ils sont censés lire toutes les phrases seuls avant qu'on le fasse oralement ensemble, et hop, on attaque. Et là... c'est le drame. Plus de la moitié se confirment infichus d'identifier un nom commun, alors de là à trouver ce qui peut le compléter... je les ai fait passer à l'écrit pour voir l'étendue des désastres. Immense, mon évaluation de la moitié de la classe n'était pas fausse: 15 sur 27 peinent à trouver un nom commun dans une phrase simple.
Pour resituer, on a revu les classes grammaticales avant les vacances (cours niveau CM2 pour réveiller ce que nous avions fait en septembre), et aussi la semaine dernière.

Concrètement... que faire? J'ai déjà eu des classes faibles avec lesquelles il fallait partir de très loin pour construire quelque chose, mais là, je ne sais plus. Et je refuse de laisser tomber.

Pour les compléments du nom je leur fais faire des menus :
Une soupe à ...
du gigot d'agneau, des carottes à la crème
Enfin ils inventent eux même un menu garni de compléments du nom.
après ça n'aide pas à identifier le nom, puisque c'est ce qui pose problème.
J'ai un temps travaillé sur le coupeur de mots pour revoir les classes grammaticales mais je ne le fais plus depuis que la littérature de jeunesse a disparu des nouveaux programmes.

Je note l'idée, ça peut servir!

Quand un GN est hors contexte, ils s'en sortent, "c'est après m'dame". Ce qui m'interroge, c'est la reconnaissance même du nom... nous avons déjà vu les CO (ce fut laborieux, certains doutent toujours du mot qui peut bien être le verbe), et je ne pensais pas que trouver les noms serait encore plus dure...
Je vais me fendre d'une fiche d'exercices décomposés pour voir si je réussis quelque chose de satisfaisant, je suis preneuse de toutes vos suggestions!

Je procéderais en faisant faire de l'analyse grammaticale, en commençant très très simple :
"le bateau". Opération à répéter plusieurs fois, en variant l'article.

Puis analyser "la trousse" et "l'élève". Puis "la trousse de l'élève".

Mais ca ne peut marcher que si tu le fais vraiment de manière soutenue. Et pour les bons, tu donnes du plus ardus, pour qu'ils s'entraînent.

doctor who a écrit:Je procéderais en faisant faire de l'analyse grammaticale, en commençant très très simple :
"le bateau". Opération à répéter plusieurs fois, en variant l'article.

Que veux-tu dire par analyse grammaticale? Repérer que les noms sont précédés d'un déterminant?

Le bon vieil exo de grand-mère.

Je le présent comme suit (certains font différemment).

"la trousse de l'élève"
"la" : article défini ; détermine le nom "trousse"
"trousse" : nom commun ; (pas de fonction)
"de" : préposition ; introduit le nom "élève"
"le" : article défini ; détermine le nom "élève"
"élève" : nom commun ; complément du nom "trousse"

ok! ça ressemble un peu à ce que j'ai fait ce matin, sauf que j'ai détaillé seulement à l'oral.

Angua, si tes élèves, massivement, ne maîtrisent pas le nom, tu bâtis sur du vent. A ta place, je ferais le bilan, et je dirais : "C'est pas grave, on va reprendre ensemble" et je referais des exercices très simples sur le nom et son repérage avant de reprendre au niveau du groupe nominal et de ce qui peut compléter un nom.
Ensuite, comme le dit Doctor Who, progression rigoureuse, analyse de phrase au moins une fois par semaine et on enfonce le clou à chaque leçon : le nom vs le verbe, le nom + déterminants et adjectifs, le nom et le pronom, les fonctions avec, à chaque fois, détermination de la nature du mot qui occupe cette fonction... Cette progressivité et ce perpétuel réinvestissement des leçons est le seul moyen de fixer les connaissances et de ne pas repartir à zéro chaque année.
Courage, je me suis trouvée dans la même situation l'an dernier avec... mes 3e ! et on s'en est sortis !

Je n'arrive pas à m'astreindre à faire ce genre de choses assez régulièrement, mais je n'ai plus le choix en fait si je veux les faire avancer. (déjà renoncé à un projet avec leur prof d'arts P et PP, tant ils sont lents et sans repères...)

Pour le moment, je prépare mon cours de demain, qui ressemble un peu à une usine à gaz mais je veux reprendre ceux qui trainent sans perdre ceux qui comprennent. En croisant les doigts pour qu'ils soient pour une fois calmes à cette heure là et pouvoir les mettre en groupes.

Angua, faire de l'analyse logique après la phrase du jour, ça marche du tonnerre (et ça ne prend pas tant de temps que ça, finalement).

Tu dictes ta phrase, on corrige ce qu'a écrit l'élève au tableau.
Ensuite :
- verbes ? Puis découpage en propositions.
- sujet ?
- COD, COI, attribut ?
- CC, Cdn ?
Puis :
- interrogation sur quelques natures ou sur toutes, selon la longueur et la difficulté de la phrase.

Et bien, même mes 5e tout mous (la moitié de la classe, à une interro de rattrapage sur l'adj. a écrit "des maisons blancs"... Elèves : "Ah, ben, oui, mais on n'a pas réfléchi", prof : "c'est sensé me rassurer ?"), ça marche !
Noël ! Ils ont compris pour la plupart le Cdn !
Et comme on le fait à chaque heure, ils ne l'auront pas oublié dans deux semaines

Je suis POUR la piqure quotidienne de grammaire et d'orthographe C'est de moins en moins douloureux

De toute façon, faire de la grammaire sans faire faire d'analyse grammaticale, c'est comme si on pissait dans un violon.

je fais tout pour que chacune de mes leçons de grammaire, orthographe, conjugaison, morphologie soient décloisonnées au maximum. Toute leçon reprend une, deux, trois notions vues précédemment. Je ne parle même pas du décloisonnement langue-écriture-lecture !

Mais même comme cela, cela ne suffit pas. Les exercices d'analyse sont indispensables. Ce sont les gammes de l'élève grammairien ! En en ayant l'habitude, les élèves pourront réinvestir ces réflexes d'analyses dans la lecture d'une phrase ou d'une expression, ou dans la correction d'un solécisme ou d'une phrase bancale.

Trop de collègues se contentent de faire apprendre leur leçon de grammaire aux élèves. Résultat : en 4è, on peut avoir des restes de connaissances théoriques sur le nom, mais ne pas être fichu d'en retrouver un dans une phrase !

Repars du début. Avec mes élèves de Fle, je disais pour commencer que le nom sert à "nommer" le monde qui nous entoure. On commençait par le "concret" : les objets de la salle de classe : table, bureau, trousse, mur, plafond etc, les personnes présentes (professeur, élève, fille, garçon, Pierre, Marie), les animaux.

Ensuite, passage aux articles et adjectifs déterminants. Puis la caractérisation : par l'adjectif (une trousse verte, rouge, sale, abîmée, vieille, une élève bavarde, blonde, grande, insolente etc)
Puis remplacement de l'adjectif (soigneusement choisi pour commencer, tu affineras après) par un CDN, puis une relative;

Quant au repérage du CDN, ou de toute expansion du nom, le remplacement du nom (du Gn) par un pronom permet de voir que ce pronom remplace aussi l'épithète ou le CDN, et que par conséquent ceux-ci sont étroitement associés au nom : La vieille voiture est tombée en panne/ Elle est tombée en panne. Je nourris le chat du voisin/ Je le nourris.

Et sans cesse, des exos, avec piqûre de rappel constante, à tout propos (pendant une étude de texte, un corrigé de rédaction) sans quoi ils oublient;
dans les contrôles, prévois toujours des vérifications concernant les leçons antérieures; Et faire copier des modèles d'analyse sur le cahier, en distinguant bien nature et fonction.

Tiens, Retraitée, comme on se retrouve ! Même démarche.
Cf. définition du nom dans TDL. (Mais je n'ai rien inventé, la preuve !)

Angua, voici le genre d'exercice très simple qui aide à reprendre les bases :





1.
Complétez
chacune des listes suivantes par cinq noms supplémentaires.


a) Noms
désignant des personnes : Jeanne, charcutier, parrain…


b) Noms
d’animaux : escargot, souris, hippopotame…


c) Noms
désignant des choses matérielles : porte, chaussure, forêt…


d) Noms
désignant des idées : intelligence, amour, pensée…

V.Marchais a écrit:Tiens, Retraitée, comme on se retrouve ! Même démarche.
Cf. définition du nom dans TDL. (Mais je n'ai rien inventé, la preuve !)

Angua, voici le genre d'exercice très simple qui aide à reprendre les bases :





1.
Complétez
chacune des listes suivantes par cinq noms supplémentaires.


a) Noms
désignant des personnes : Jeanne, charcutier, parrain…


b) Noms
d’animaux : escargot, souris, hippopotame…


c) Noms
désignant des choses matérielles : porte, chaussure, forêt…


d) Noms
désignant des idées : intelligence, amour, pensée…

Bonne année, Véronique!

A toi aussi, Retraitée !

Je fonctionne beaucoup, tant en latin et grec qu'une français, avec les exercices type boule de neige...
Tu pars d'un nom commun avec son déterminant, que tu complètes avec un épithète, puis un CdN, puis une proposition subordonnée relative...et hop! les expansions du nom sont revues!
Ensuite, tu peux complexifier en construisant carrément des phrases selon le même cheminement avec des CC, des COD, COI, et d'autres propositions...

Mes élèves de grec m'en ont réclamé à grands cris l'autre jour, parce que je cite "ça aide vachement à comprendre et on voit plus vite comment n'importe quelle phrase fonctionne!"...

Je note tout ça! (je commence à avoir un tas de documents à trier impressionnant...)

Bon, j'ai tenté ma première phrase du jour avec une autre classe aujourd'hui (eux aussi naufragés de la grammaire), je pense pouvoir trouver le rythme avec eux, et mes 5e attaqueront la semaine prochaine.
Avec les 5e à l'origine de mon message, j'ai tenté aujourd'hui une activité monstrueuse: fiches en autonomie, sur le principe des "livres dont vous êtes le héros", chaque activité renvoyant à des règles et des exercices (de l'ultra-simple au complexe) pour reposer des bases et avoir pour moi une photographie exacte de ce qui pêche. Bilan: je n'ai pas tout corrigé, mais j'ai une "photo" aussi précise de ce qui manque à chacun.
Bilan bis: finalement, ce n'est pas si catastrophique que je le croyais, mais il y a du boulot.
Bilan ter: ils vont manger de la phrase du jour eux aussi...