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- FrisouilleEnchanteur
Musyne a écrit:J'avais compris que le fait d'avoir le DNB entérinait le socle, autrement dit que s'ils avaient le brevet, ils avaient le socle. Je n'ai encore rien compris, c'est ça?marlène.N a écrit:puis ils ont pas le socle, ils ont pas le brevet.
C'est ce que j'ai compris aussi, ce qui est dit aussi par des IPR, mais cela n'empêche pas, apparemment, de devoir se taper toute la paperasserie.
- LilypimsGrand sage
L'inspecteur qui est passé chez nous en novembre a dit que les profs ne devait ABSOLUMENT PAS valider par item mais en bloc et de façon automatique pour tous les élèves.
Nous ne devons nous pencher que sur les cas qui posent problème, ceux qu'on ne peut valider en l'état, voir comment on peut y remédier et c'est tout.
Il nous a bien dit qu'un prof n'était pas un valideur de compétences.
Avant sa venue, c'était aussi le grand délire. Depuis, je n'ai plus entendu parler de rien. ouf .
Nous ne devons nous pencher que sur les cas qui posent problème, ceux qu'on ne peut valider en l'état, voir comment on peut y remédier et c'est tout.
Il nous a bien dit qu'un prof n'était pas un valideur de compétences.
Avant sa venue, c'était aussi le grand délire. Depuis, je n'ai plus entendu parler de rien. ouf .
- cristalExpert spécialisé
lilypims a écrit:L'inspecteur qui est passé chez nous en novembre a dit que les profs ne devait ABSOLUMENT PAS valider par item mais en bloc et de façon automatique pour tous les élèves.
Ah ben voilà qui simplifie les choses! :lol:
- LilypimsGrand sage
cristal a écrit:lilypims a écrit:L'inspecteur qui est passé chez nous en novembre a dit que les profs ne devait ABSOLUMENT PAS valider par item mais en bloc et de façon automatique pour tous les élèves.
Ah ben voilà qui simplifie les choses! :lol:
Ah, oui! Ca lui a fait un choc au CDE d'entendre ça (il s'était pas mal investi pour établir des livrets, etc.).
Ah, depuis, c'est le bonheur...
- MusyneNiveau 10
Je suis rassurée ! J'ai eu un peu peur car dans mon établissement, on s'occupera de la paperasserie des élèves pour lesquels on aura un doute sur l'obtention du brevet. Les autres, on leur donnera le beau diplôme à la fin.Frisouille a écrit:C'est ce que j'ai compris aussi, ce qui est dit aussi par des IPR, mais cela n'empêche pas, apparemment, de devoir se taper toute la paperasserie.Musyne a écrit:J'avais compris que le fait d'avoir le DNB entérinait le socle, autrement dit que s'ils avaient le brevet, ils avaient le socle. Je n'ai encore rien compris, c'est ça?marlène.N a écrit:puis ils ont pas le socle, ils ont pas le brevet.
_________________
Plus tard, peut-être !
Muse Inn : un bout de chez moi.
- AndmaExpert spécialisé
en bref, personne y pige rien... la bonne blague :lol:
bon, chez nous, on se prend pas le chou avec ça, on a autre chose à faire ...
bon, chez nous, on se prend pas le chou avec ça, on a autre chose à faire ...
- JeanNiveau 8
V.Marchais a écrit:Excusez-moi, mais cet appel à valider tous les élèves en fin de 3e est idiot. C'est exactement ce que souhaite le gouvernement : que tout le monde s'y colle et fasse la preuve du succès du zonzon.
La seule position de combat est le boycott.
Sinon, de fait, on entérine le livret de compétences.
C'est typique de l'hypocrisie du Snes : par devant on fait semblant d'être contre, et par derrière on est pour !
- JeanNiveau 8
[quote="marlène.N"]
Cela fait au moins dix ans que cette saloperie était dans l'air, et c'est maintenant seulement qu'ils se réveillent , au Snes?
Même remarque pour le Snalc : ils n'ont rien vu venir, c'est presque incroyable.
De toute façon, comme c'est l'Europe "de la connaissance" càd "de l'ignorance généralisée des populations" qui est derrière ça, vous pouvez toujours essayer de vous rebeller... maintenant que tout est en place! Bien du plaisir !
Cela fait au moins dix ans que cette saloperie était dans l'air, et c'est maintenant seulement qu'ils se réveillent , au Snes?
Même remarque pour le Snalc : ils n'ont rien vu venir, c'est presque incroyable.
De toute façon, comme c'est l'Europe "de la connaissance" càd "de l'ignorance généralisée des populations" qui est derrière ça, vous pouvez toujours essayer de vous rebeller... maintenant que tout est en place! Bien du plaisir !
- frankensteinVénérable
Comme pour l'école primaire, où ce livret de compétences est théoriquement en oeuvre, ce sera une pagaille monstrueuse, de la colère et de l'amertume chez les profs...Personne n'a rien à gagner avec ce délire pédago-technocratique, ni les élèves, ni les enseignants ni l'EN...Quoique, si on veut détruire le service public de l'Education Nationale, c'est une arme redoutable...
_________________
Mettez des pouces verts sur : https://www.youtube.com/user/Choristenimes/ videos
Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
- AndmaExpert spécialisé
Jean a écrit:
Cela fait au moins dix ans que cette saloperie était dans l'air, et c'est maintenant seulement qu'ils se réveillent , au Snes?
Même remarque pour le Snalc : ils n'ont rien vu venir, c'est presque incroyable.
De toute façon, comme c'est l'Europe "de la connaissance" càd "de l'ignorance généralisée des populations" qui est derrière ça, vous pouvez toujours essayer de vous rebeller... maintenant que tout est en place! Bien du plaisir !
hé, dis donc, moi je trouve qu'on fait ce qu'on peut avec nos petits moyens, simple prof de base.
alors tu adoptes un ton plus clément, s'il te plait...
que tu t'en prennes, à la tête des syndicats, soit, on l'a vu à maintes reprises qu'ils sont mous, on a compris.
on peut savoir ce que tu as fait, toi, pour l'empêcher ,ça??
- ThalieGrand sage
D'autant qu'en lisant le bouquin de Claire Mazeron on voit bien qu'en ce qui concerne le SNALC, ils ont bcp oeuvré contre ce socle et ont retoqué le projet de très nombreuses fois.
- frankensteinVénérable
J'ai retrouvé une affiche du SNALC de 2008 (mettant en garde contre le socle commun)
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2008-11/snalc_pf_cert_verso_2008.pdf
Pour la FSU (et le SNES), il y a quand même l'appel de Bobigny qui fait tache...
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2008-11/snalc_pf_cert_verso_2008.pdf
Pour la FSU (et le SNES), il y a quand même l'appel de Bobigny qui fait tache...
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Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
- Melyne5Fidèle du forum
Info qui nous a été donnée hier : la validation sur pronote ne permettra pas le transfert vers le livret officiel EN donc tout ce qui sera validé sur Pronote n'aura aucune valeur et sera à ressaisir !
Une bonne raison supplémentaire de ne rien faire et d'attendre ...
Une bonne raison supplémentaire de ne rien faire et d'attendre ...
- IsiaSage
moi cette histoire de socle, ça me gave !
personne n'y comprend rien, ça bougonne (pas fort, c'est vrai) mais certains s'y sont mis, ont commencé à valider ("parce qu'on nous demande pas de réfléchir, on doit le faire, un point c'est tout ") et la chef nous a prévus bientôt des réunions avec deux IPR pour une présentation générale des activités possibles et que oui-oui c'est possible, oui-oui vous allez valider... d'ailleurs elle a même inscrit d'office des réunions de "conseils de professeurs" session particulière "livret de compétences 3°" d'ici la fin du mois tous les soirs pendant 1 semaine et demi de 17h à 18 h.....
j'en ai marre !
personne n'y comprend rien, ça bougonne (pas fort, c'est vrai) mais certains s'y sont mis, ont commencé à valider ("parce qu'on nous demande pas de réfléchir, on doit le faire, un point c'est tout ") et la chef nous a prévus bientôt des réunions avec deux IPR pour une présentation générale des activités possibles et que oui-oui c'est possible, oui-oui vous allez valider... d'ailleurs elle a même inscrit d'office des réunions de "conseils de professeurs" session particulière "livret de compétences 3°" d'ici la fin du mois tous les soirs pendant 1 semaine et demi de 17h à 18 h.....
j'en ai marre !
- Melyne5Fidèle du forum
lilypims a écrit:L'inspecteur qui est passé chez nous en novembre a dit que les profs ne devait ABSOLUMENT PAS valider par item mais en bloc et de façon automatique pour tous les élèves.
Nous ne devons nous pencher que sur les cas qui posent problème, ceux qu'on ne peut valider en l'état, voir comment on peut y remédier et c'est tout.
Il nous a bien dit qu'un prof n'était pas un valideur de compétences.
Avant sa venue, c'était aussi le grand délire. Depuis, je n'ai plus entendu parler de rien. ouf .
On n'est pas dans la même académie mais on a dû avoir le même IPR ! Sauf que le grand délire s'était éteint mais semble renaître ces jours-ci !!
- MéluEmpereur
Entre autre
http://www.fo-snfolc.fr/Colleges-ca-suffit-Nous-demandons
http://www.fo-snfolc.fr/Colleges-ca-suffit-Nous-demandons
Le livret de compétences s’oppose aux connaissances disciplinaires. Nos statuts de certifiés et d’agrégés sont fondés sur la transmission de connaissances disciplinaires, pas sur l’évaluation de compétences comportementales, humaines, ni sociales. Demander l’abandon des livrets de compétences, le retrait du nouveau DNB, c’est défendre nos statuts, nos conditions de travail.
Livrets de compétences : la négation du travail de l’enseignant.
Tous n’auront pas le niveau, ni les compétences, pourtant tous seront validés ! Nos collègues de langue vivante ont déjà fait l’expérience de cette supercherie avec le niveau A2. Ils sont extrêmement rares les élèves qui n’ont pas été validés en A2. En revanche, ils sont très nombreux les collègues qui ont découvert que les élèves qu’ils n’avaient pas validé en juin avaient le brevet en juillet . Il en va du niveau A2 comme des compétences du livret. Si une d’entre elles n’est pas validée, le diplôme n’est pas délivré. Pour ne pas pénaliser un élève, les collègues vont renoncer à leurs exigences disciplinaires et valider des compétences qui ne correspondent plus aux résultats réels de l’élève. Combien d’heures à consacrer à leur remplissage pour, au final, nier son propre travail et valider tout le monde ?
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"Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d'eux à notre tour ?"
[ Jane Austen ] - Extrait de Orgueil et préjugés
- AndmaExpert spécialisé
tiré d'une liste de discussion de profs de maths :
le socle :«Plus on est nombreux à moins apprendre, moins on est nombreux à tout
comprendre.».
le socle :«Plus on est nombreux à moins apprendre, moins on est nombreux à tout
comprendre.».
- Pierre_au_carréGuide spirituel
A ce propos, un article :
http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/12/23/vers-l-inegalite-mais-ensemble.html
Mais peut-être que quelqu'un l'a déjà mis...
http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/12/23/vers-l-inegalite-mais-ensemble.html
Mais peut-être que quelqu'un l'a déjà mis...
- HéliandreExpert
- Hermione0908Modérateur
Réunion de m*** ce soir, en sortant j'avais l'impression d'avoir passé 1h30 à commettre des actes contre nature à l'encontre de malheureux diptères. Deux choses cependant m'ont fait dresser l'oreille : la demande expresse de notre chef de valider des compétences en troisième dès le deuxième trimestre (je croyais que c'était le troisième) et surtout, de commencer à valider les quatrièmes. Là où la mesure est d'autant plus tordue, c'est que les deux profs en charge des quatrièmes sont des contractuelles, donc peu enclines à se rebeller si elles veulent continuer à bosser (ce que je comprends).
- Pierre_au_carréGuide spirituel
Héliandre a écrit:Il est là :
https://www.neoprofs.org/t28640-article-pierre-jourde-vers-l-inegalite-mais-ensemble-nouvel-obs?highlight=jourde
Oups, merci.
(la honte, je l'ai peut-être vu ici en plus... )
- Karine B.Guide spirituel
http://www.creteil.snes.edu/IMG/pdf/10-76_S1_Colleges.pdf
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Le SNES, what else ?
Stagiaire agrégée à la rentrée 2015
Blog Maison Avant / Après Mise à jour en août 2013
- Karine B.Guide spirituel
Extrait du bulletin académique n°276 (fev-mars 2010)
Plongée dans l’enseignement par « compétences » Révolution copernicienne ou restauration conservatrice ?
PAR MAGALI LAUMENERCH ET SAMUEL DUMOULIN
« L’approche par compétences » (APC) arrive en France. Nico Hirtt, enseignant en Belgique et animateur de l’association « Pour une école démocratique » (APED) est l’auteur d’une étude approfondie de l’APC qui analyse les circonstances et les effets de la mise en place de cette nouvelle « mode pédagogique » dans plusieurs pays, parmi lesquels le Québec, la Suisse romande et la Belgique francophone. Invité par la section académique au stage « collège » du 25 janvier dernier, il a d’abord démontré le non-sens pédagogique auquel aboutit la restructuration de l’enseignement autour des « compétences », avant de décrypter les arrières pensées des puissants promoteurs de l’APC. Rigoureuse et documentée, l’analyse de Nico Hirtt dénonce une négation du savoir, un accroissement des inégalités entre élèves et un bouleversement stérile de nos pratiques professionnelles, masqués par un discours pédagogique parfois généreux et moderniste. Et décèle la véritable portée de l’APC : une soumission de l’enseignement aux besoins d’une économie capitaliste en crise.
Mobiliser Emile Zola ! A quoi servent les professeurs ? A cette question, la Banque mondiale, dont la légitimité sur le sujet ne saute pas instantanément aux yeux, avait répondu au début des années 1990 : plutôt que des transmetteurs de savoirs, ils doivent être des facilitateurs d’apprentissage. Cette philosophie de l’éducation postule que ce qu’il importe de transmettre aux élèves, ce ne sont pas des savoirs, mais la capacité de mobiliser des « outils » en vue de mener à bien des tâches à la fois complexes et inédites. En somme, suggère la banque mondiale, il s’agirait de permettre aux élèves de faire face aux différentes situations de l’existence, plutôt que de les assommer de savoirs théoriques dispensés pendant d’interminables cours magistraux proférés d’un ton monocorde par des profs vêtus d’une blouse grise au cours d’après-midis pluvieux. Cruel dilemme. Ainsi l’APC proclame ouvertement la supériorité des « compétences » sur les savoirs. Et recommande la réduction de ceux-ci à ce qui peut être « mobilisé » en vue de « la réalisation de tâches », « dans des situations de la vie ? ». Or, avez-vous déjà « mobilisé » Emile Zola, le calcul intégral, la peinture expressionniste, la tectonique des plaques, le subjonctif imparfait, le néolithique, « dans des situations de la vie » ? On mesure ici l’un des soubassements de l’approche par compétences : le mépris pour le savoir, l’appauvrissement de la culture. Instrumentalisation et réduction des savoirs, donc, mais aussi culture du résultat, qui ne mesure la pratique pédagogique qu’à l’aune du résultat final. Et qui promet une véritable omniprésence de l’évaluation, l’élève étant, en permanence, placé devant des tâches à résoudre. Autre aberration « pédagogique : les compétences dites « transversales », non adossées à des savoirs disciplinaires. « Savoir résoudre un problème », par exemple, est un objectif d’apprentissage parfaitement creux. L’approche par compétences est aussi facteur d’inégalités plus grandes entre les élèves. D’abord, parce que les programmes scolaires, axés sur les compétences et non plus sur les connaissances, sont beaucoup plus flous. En Belgique francophone, le programme d’Histoire pour la dernière année du secondaire tient en 32 mots, laissant la place à la soi-disant « liberté pédagogique » de l’enseignant ! Avec quelles disparités d’un établissement à l’autre ? Ensuite, parce que la détermination du niveau nécessaire pour la validation d’une compétence est renvoyée à chaque établissement, voire à chaque enseignant ! Enfin, la construction de savoirs nouveaux, qui n’est plus une priorité pour l’Ecole, est renvoyée au milieu familial, ce qui accentue les inégalités sociales. Une dizaine d’années après la refonte de l’enseignement belge autour des compétences, un rapport de l’Inspection pointe sans surprise les conséquences négatives sur le niveau de connaissance des élèves. Et reconnaît que cette nouvelle approche génère des différences de niveau par l’absence de référentiel substantiel commun.
A qui profite le crime ? Mais alors, à quoi bon ? Nico Hirtt y répond en remontant aux sources de cette notion et en interrogeant les motivations de ses promoteurs. Le concept de compétence s’est généralisé dans le domaine éducatif sous l’influence de l’OCDE, de la Commission européenne et d’organismes comme la Banque Mondiale. Il est directement importé du monde de l’entreprise, et, selon l’aveu de ses promoteurs même*, il procède d’une pression des entreprises pour faire prendre en charge par les systèmes éducatifs une formation qui leur demandait du temps et de l’argent. Dans ce contexte, l’approche par compétences, outre qu’elle donne un cadre conceptuel commun à l’enseignement et au monde de l’entreprise, a pour fonction de résoudre la contradiction entre un enseignement « unique » pour tous les élèves jusqu’à 12, 14 ou 16 ans selon les pays, et un marché du travail fortement – et de plus en plus – polarisé. En effet, sous le vocable de « société de la connaissance » promu par le Parlement européen, se cache en réalité une économie dont les besoins sont répartis en une part d’emplois très hautement qualifiés et une masse de travailleurs peu formés mais adaptables, flexibles et « souples ». Dans les 25 pays de l’UE le nombre d’emplois de ce type devrait passer de 8,6% en 1996 à 11,8% en 2015. Accroître la mise en concurrence de ces salariés est un des objectifs du patronat. Conclusion empruntée à un consultant britannique, dans un rapport pour la Commission européenne : « De l’augmentation de l’offre de ces compétences-là résultera une baisse des salaires réels pour tous les travailleurs qui en disposaient déjà ». Plus largement, la validation – locale - de compétences ayant aussi pour effet de faire voler en éclat l’existence de diplômes – nationaux – sur lesquels se fondent les conventions collectives et les grilles de salaires, c’est l’ensemble du monde du travail qui est visé. En 2001, l’OCDE déduisait du raisonnement précédent que, comme « tous n’embrasseront pas une carrière dans le dynamique secteur de la nouvelle économie (…), les programmes scolaires ne peuvent être conçus comme si tous devaient aller loin ». Avec le socle commun, nous y sommes.
Plongée dans l’enseignement par « compétences » Révolution copernicienne ou restauration conservatrice ?
PAR MAGALI LAUMENERCH ET SAMUEL DUMOULIN
« L’approche par compétences » (APC) arrive en France. Nico Hirtt, enseignant en Belgique et animateur de l’association « Pour une école démocratique » (APED) est l’auteur d’une étude approfondie de l’APC qui analyse les circonstances et les effets de la mise en place de cette nouvelle « mode pédagogique » dans plusieurs pays, parmi lesquels le Québec, la Suisse romande et la Belgique francophone. Invité par la section académique au stage « collège » du 25 janvier dernier, il a d’abord démontré le non-sens pédagogique auquel aboutit la restructuration de l’enseignement autour des « compétences », avant de décrypter les arrières pensées des puissants promoteurs de l’APC. Rigoureuse et documentée, l’analyse de Nico Hirtt dénonce une négation du savoir, un accroissement des inégalités entre élèves et un bouleversement stérile de nos pratiques professionnelles, masqués par un discours pédagogique parfois généreux et moderniste. Et décèle la véritable portée de l’APC : une soumission de l’enseignement aux besoins d’une économie capitaliste en crise.
Mobiliser Emile Zola ! A quoi servent les professeurs ? A cette question, la Banque mondiale, dont la légitimité sur le sujet ne saute pas instantanément aux yeux, avait répondu au début des années 1990 : plutôt que des transmetteurs de savoirs, ils doivent être des facilitateurs d’apprentissage. Cette philosophie de l’éducation postule que ce qu’il importe de transmettre aux élèves, ce ne sont pas des savoirs, mais la capacité de mobiliser des « outils » en vue de mener à bien des tâches à la fois complexes et inédites. En somme, suggère la banque mondiale, il s’agirait de permettre aux élèves de faire face aux différentes situations de l’existence, plutôt que de les assommer de savoirs théoriques dispensés pendant d’interminables cours magistraux proférés d’un ton monocorde par des profs vêtus d’une blouse grise au cours d’après-midis pluvieux. Cruel dilemme. Ainsi l’APC proclame ouvertement la supériorité des « compétences » sur les savoirs. Et recommande la réduction de ceux-ci à ce qui peut être « mobilisé » en vue de « la réalisation de tâches », « dans des situations de la vie ? ». Or, avez-vous déjà « mobilisé » Emile Zola, le calcul intégral, la peinture expressionniste, la tectonique des plaques, le subjonctif imparfait, le néolithique, « dans des situations de la vie » ? On mesure ici l’un des soubassements de l’approche par compétences : le mépris pour le savoir, l’appauvrissement de la culture. Instrumentalisation et réduction des savoirs, donc, mais aussi culture du résultat, qui ne mesure la pratique pédagogique qu’à l’aune du résultat final. Et qui promet une véritable omniprésence de l’évaluation, l’élève étant, en permanence, placé devant des tâches à résoudre. Autre aberration « pédagogique : les compétences dites « transversales », non adossées à des savoirs disciplinaires. « Savoir résoudre un problème », par exemple, est un objectif d’apprentissage parfaitement creux. L’approche par compétences est aussi facteur d’inégalités plus grandes entre les élèves. D’abord, parce que les programmes scolaires, axés sur les compétences et non plus sur les connaissances, sont beaucoup plus flous. En Belgique francophone, le programme d’Histoire pour la dernière année du secondaire tient en 32 mots, laissant la place à la soi-disant « liberté pédagogique » de l’enseignant ! Avec quelles disparités d’un établissement à l’autre ? Ensuite, parce que la détermination du niveau nécessaire pour la validation d’une compétence est renvoyée à chaque établissement, voire à chaque enseignant ! Enfin, la construction de savoirs nouveaux, qui n’est plus une priorité pour l’Ecole, est renvoyée au milieu familial, ce qui accentue les inégalités sociales. Une dizaine d’années après la refonte de l’enseignement belge autour des compétences, un rapport de l’Inspection pointe sans surprise les conséquences négatives sur le niveau de connaissance des élèves. Et reconnaît que cette nouvelle approche génère des différences de niveau par l’absence de référentiel substantiel commun.
A qui profite le crime ? Mais alors, à quoi bon ? Nico Hirtt y répond en remontant aux sources de cette notion et en interrogeant les motivations de ses promoteurs. Le concept de compétence s’est généralisé dans le domaine éducatif sous l’influence de l’OCDE, de la Commission européenne et d’organismes comme la Banque Mondiale. Il est directement importé du monde de l’entreprise, et, selon l’aveu de ses promoteurs même*, il procède d’une pression des entreprises pour faire prendre en charge par les systèmes éducatifs une formation qui leur demandait du temps et de l’argent. Dans ce contexte, l’approche par compétences, outre qu’elle donne un cadre conceptuel commun à l’enseignement et au monde de l’entreprise, a pour fonction de résoudre la contradiction entre un enseignement « unique » pour tous les élèves jusqu’à 12, 14 ou 16 ans selon les pays, et un marché du travail fortement – et de plus en plus – polarisé. En effet, sous le vocable de « société de la connaissance » promu par le Parlement européen, se cache en réalité une économie dont les besoins sont répartis en une part d’emplois très hautement qualifiés et une masse de travailleurs peu formés mais adaptables, flexibles et « souples ». Dans les 25 pays de l’UE le nombre d’emplois de ce type devrait passer de 8,6% en 1996 à 11,8% en 2015. Accroître la mise en concurrence de ces salariés est un des objectifs du patronat. Conclusion empruntée à un consultant britannique, dans un rapport pour la Commission européenne : « De l’augmentation de l’offre de ces compétences-là résultera une baisse des salaires réels pour tous les travailleurs qui en disposaient déjà ». Plus largement, la validation – locale - de compétences ayant aussi pour effet de faire voler en éclat l’existence de diplômes – nationaux – sur lesquels se fondent les conventions collectives et les grilles de salaires, c’est l’ensemble du monde du travail qui est visé. En 2001, l’OCDE déduisait du raisonnement précédent que, comme « tous n’embrasseront pas une carrière dans le dynamique secteur de la nouvelle économie (…), les programmes scolaires ne peuvent être conçus comme si tous devaient aller loin ». Avec le socle commun, nous y sommes.
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Le SNES, what else ?
Stagiaire agrégée à la rentrée 2015
Blog Maison Avant / Après Mise à jour en août 2013
- ThalieGrand sage
Très bon texte, je l'ai diffusé auprès de mes collègues, merci Karine.
- doctor whoDoyen
Pour plus de détails, voici le dossier de Nico Hirtt sur Skolo.org :
http://www.skolo.org/spip.php?article1099
(Je sais, je l'ai déjà posté. Mais puisqu'on en reparle...)
http://www.skolo.org/spip.php?article1099
(Je sais, je l'ai déjà posté. Mais puisqu'on en reparle...)
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- PseudoDemi-dieu
Et dire que nous avons une réunion sur le socle ET le dnb lundi soir, après les cours. Je vais me mettre près de la porte (et donc arriver aussi tôt que possible car cela sera convoité) pour filer au bout d'une heure.
Ca et la formation les mercredi après-midi sur le TBI que je n'utiliserais jamais, ça commence à bien faire !
Ca et la formation les mercredi après-midi sur le TBI que je n'utiliserais jamais, ça commence à bien faire !
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- Nouveau socle commun : "Il n'y aura pas de proposition de carnet de compétences ou de grille d'évaluation dans le socle".
- Quelle est la différence entre socle et programme en maths? (programme -socle=?)
- Une bombe placée sous la voiture d’un professeur en Guyane
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- [Article] : Le délire du numérique à l'école ?
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