Sarkozy remet en chantier la formation des profs

Les syndicats enseignants avaient boycotté la cérémonie des voeux du
Président, hier. Ils ne l'ont donc pas entendu demander la réforme de
l'une des réformes qu'il avait lancée en 2009... et qu'ils ont tant
critiquée.





Recruter des enseignants à bac + 5 au lieu de bac + 4;
et les former tous à l'université... C'étaient les points majeurs de la
réforme dite de la « mastérisation » de la formation des maîtres. Elle
avait été annoncée en 2009. Elle a tenté d'entrer en vigueur en
septembre 2010. Avec des kyrielles de problèmes: qu'est-ce qu'un professeur doit savoir avant d'entrer dans une classe? Doit-il avoir une formation pratique?
Ces questions ont trouvé une réponse, hier : celle de Nicolas Sarkozy
qui avait lui-même lancé la réforme, il y a tout juste deux ans.

« Quels efforts budgétaires ? »
« Mon souci, c'est de mettre devant nos enfants des enseignants mieux formés », a rappelé le Président, qui présentait ses voeux au monde de l'éducation et de la culture, au Grand Palais, à Paris. « Je pense qu'il faut que nous remettions sur le chantier les éléments de formation. Passer des IUFM (Institut de formation universitaire des maîtres) à l'université, passer d'un niveau licence à un niveau master, ne suffit pas. » Précision àl'attention de Luc Chatel, ministre de l'Éducation: « Il y a toute la question de la formation pratique. Il ne faut pas avoir peur d'améliorer en permanence notre système. »
« C'est une reconnaissance implicite du bien-fondé de ce qu'on a pu dire,
réagissait à chaud Frédérique Rolet, porte-parole du Snes, Syndicat
national de l'enseignement du second degré, qui avait lui aussi boycotté
cette cérémonie. Mais nous nous demandons quels efforts
budgétaires le gouvernement est prêt à faire. La suppression de l'année
de stage après le concours a été décidée pour des raisons budgétaires. »
« On espère que ce n'est pas un simple effet d'annonce »,
renchérit Christian Chevalier, responsable du SE-Unsa. Au ministère,
l'annonce ne semblait pas prévue. Aucun rendez-vous n'est à l'agenda.
Le Président n'ignore pas qu'il fait cette annonce alors que 16000 postes d'enseignants vont disparaître à la prochaine rentrée. « La
réponse ne peut pas être celle unique des effectifs. C'est celle de la
qualité de la formation et de la rémunération. Depuis le début des
années 1990, il y a 600 000 enfants de moins et il y a 45 000
enseignants de plus. » Certes mais, dans le même temps, les études de chaque Français se sont allongées. Et, mardi, l'Insee l'a confirmé: la France continue à faire beaucoup d'enfants. Donc de futurs élèves.





Philippe SIMON.