- JohnMédiateur
Anne Bocquel et Etienne Kern publient une "'Histoire des parents d'écrivains" où ils reviennent sur les liens entre les écrivains et leurs parents.
Que pensait le général Hugo de son fils Victor ? Pourquoi Baudelaire écrivait-il à Caroline Aupick "Que ce soit 100, enfin n'importe combien ?" François Renard lisait-il les livres de son fils Jules ? Quelle grande dame était considérée par ses parents comme une femme légère et victime de son penchant pour le vin depuis qu'elle avait écrit sur les femmes ? Les Robbe-Grillet ont-ils soutenu leur fils dans sa carrière de romancier ? Pourquoi la mère de Giono était-elle en froid avec son fils ?
Autant de questions auxquelles s'attaquent Anne Boquel et Etienne Kern, déjà fameux pour leur "Histoire des haines d'écrivains"
Les deux auteurs ont rassemblé un grand nombre d'anecdotes sur le sujet des parents d'écrivains, et les ont répertoriées par thèmes (chaque thème constituant un chapitre du livre).
Ils abordent d'abord la réaction des parents quand leur rejeton leur a annoncé qu'il voulait devenir écrivain. Très peu ont bien réagi. On est plutôt dans le rejet total, parce que ça ne se fait pas, que ce n'est pas un vrai métier ou que ça ne rapporte pas. La famille Flaubert n'"accepte" le choix de son fils que parce qu'il est malade.
On voit ensuite l'évolution des relations : apaisement ou condescendance, la place de l'argent pour subvenir aux besoins de l'artiste en herbe. On voit aussi que les parents sont parfois moins caricaturaux que ce que l'Histoire en a retenu. Ex : on voit souvent la mère de Balzac comme quelqu'un de "méchant" (c'est même le mot du médecin de la famille à son sujet). Or, on voit que malgré son rejet premier des ambitions de son fils, malgré ses remarques blessantes quant au style, elle lui a servi d'agent auprès des imprimeurs, libraires, journalistes...
On parle des parents qui ont lu l'oeuvre de leur enfant : Pierre Verne qui corrigeait l'orthographe paraît-il défectueuse de Jules, par exemple. Là où c'est plus problématique, c'est quand l'enfant entreprend une oeuvre autobiographique : "Poulou n'a rien compris à son enfance", aurait dit la mère de J-P Sartre. La mère de M. Duras a mal vécu les oeuvres de sa fille et l'image qui est donnée d'elle. Quant à la mère d'H Bazin, elle a fait une apparition lors d'une séance de dédicace de son fils et aurait scotché tout le monde en disant "il paraît qu'on parle de moi, dans ce livre". On ignore si elle l'a lu. On voit aussi les conflits idéologiques : Caroline Aupick, la mère de Baudelaire, était très croyante et a mal vécu le "Reniement de Saint-Pierre".
On évoque aussi les parents qui ont vécu la mort de leur enfant et de la manière dont ils ont assumé la célébrité du défunt : la mère de Rimbaud ne voulait pas qu'on érige une statue de son fils car c'était comme si on lui volait son deuil. Caroline Aupick, malgré moult hésitations, renonce à faire supprimer le "Reniement de Saint-Pierre" dans les Fleurs du Mal.
Enfin, on voit les relations particulières entre les parents et les enfants écrivains : les Dumas, bien sûr, mais aussi G. Sand et sa fille, que l'écriture aurait rapprochées alors qu'elles étaient gravement fâchées, les Mauriac... et beaucoup d'autres !
(Merci à Carabas pour ce compte rendu).
Que pensait le général Hugo de son fils Victor ? Pourquoi Baudelaire écrivait-il à Caroline Aupick "Que ce soit 100, enfin n'importe combien ?" François Renard lisait-il les livres de son fils Jules ? Quelle grande dame était considérée par ses parents comme une femme légère et victime de son penchant pour le vin depuis qu'elle avait écrit sur les femmes ? Les Robbe-Grillet ont-ils soutenu leur fils dans sa carrière de romancier ? Pourquoi la mère de Giono était-elle en froid avec son fils ?
Autant de questions auxquelles s'attaquent Anne Boquel et Etienne Kern, déjà fameux pour leur "Histoire des haines d'écrivains"
Les deux auteurs ont rassemblé un grand nombre d'anecdotes sur le sujet des parents d'écrivains, et les ont répertoriées par thèmes (chaque thème constituant un chapitre du livre).
Ils abordent d'abord la réaction des parents quand leur rejeton leur a annoncé qu'il voulait devenir écrivain. Très peu ont bien réagi. On est plutôt dans le rejet total, parce que ça ne se fait pas, que ce n'est pas un vrai métier ou que ça ne rapporte pas. La famille Flaubert n'"accepte" le choix de son fils que parce qu'il est malade.
On voit ensuite l'évolution des relations : apaisement ou condescendance, la place de l'argent pour subvenir aux besoins de l'artiste en herbe. On voit aussi que les parents sont parfois moins caricaturaux que ce que l'Histoire en a retenu. Ex : on voit souvent la mère de Balzac comme quelqu'un de "méchant" (c'est même le mot du médecin de la famille à son sujet). Or, on voit que malgré son rejet premier des ambitions de son fils, malgré ses remarques blessantes quant au style, elle lui a servi d'agent auprès des imprimeurs, libraires, journalistes...
On parle des parents qui ont lu l'oeuvre de leur enfant : Pierre Verne qui corrigeait l'orthographe paraît-il défectueuse de Jules, par exemple. Là où c'est plus problématique, c'est quand l'enfant entreprend une oeuvre autobiographique : "Poulou n'a rien compris à son enfance", aurait dit la mère de J-P Sartre. La mère de M. Duras a mal vécu les oeuvres de sa fille et l'image qui est donnée d'elle. Quant à la mère d'H Bazin, elle a fait une apparition lors d'une séance de dédicace de son fils et aurait scotché tout le monde en disant "il paraît qu'on parle de moi, dans ce livre". On ignore si elle l'a lu. On voit aussi les conflits idéologiques : Caroline Aupick, la mère de Baudelaire, était très croyante et a mal vécu le "Reniement de Saint-Pierre".
On évoque aussi les parents qui ont vécu la mort de leur enfant et de la manière dont ils ont assumé la célébrité du défunt : la mère de Rimbaud ne voulait pas qu'on érige une statue de son fils car c'était comme si on lui volait son deuil. Caroline Aupick, malgré moult hésitations, renonce à faire supprimer le "Reniement de Saint-Pierre" dans les Fleurs du Mal.
Enfin, on voit les relations particulières entre les parents et les enfants écrivains : les Dumas, bien sûr, mais aussi G. Sand et sa fille, que l'écriture aurait rapprochées alors qu'elles étaient gravement fâchées, les Mauriac... et beaucoup d'autres !
(Merci à Carabas pour ce compte rendu).
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