- RuthvenGuide spirituel
B .Delmotte dans Esthétique de l'angoisse écrit :
"Memento mori : l'expression latine est bien connue, largement utilisée et commentée ; elle n'a pourtant pas perdu la sécheresse claquante de son énonciation. (...) Difficile en tout cas de ne pas être concerné par ces deux mots : sans doute est-ce la raison pour laquelle l'expression(proprement : "souviens-toi de la mort") est si souvent traduite par un "souviens-toi que tu vas mourir" qui redouble l'implication personnelle de l'enjeu."
Est-ce qu'un latiniste pourrait me confirmer son analyse (et auquel me dire de quel nom mori peut bien être le génitif) ? Je n'ai pas de grammaire sous la main pour vérifier, mais je croyais que mori était l'infinitif de morior, et il me semblait que la traduction littérale était bien "souviens-toi que tu vas mourir", le sujet de l'infinitif étant la même personne que celui de l'impératif.
Merci par avance.
"Memento mori : l'expression latine est bien connue, largement utilisée et commentée ; elle n'a pourtant pas perdu la sécheresse claquante de son énonciation. (...) Difficile en tout cas de ne pas être concerné par ces deux mots : sans doute est-ce la raison pour laquelle l'expression(proprement : "souviens-toi de la mort") est si souvent traduite par un "souviens-toi que tu vas mourir" qui redouble l'implication personnelle de l'enjeu."
Est-ce qu'un latiniste pourrait me confirmer son analyse (et auquel me dire de quel nom mori peut bien être le génitif) ? Je n'ai pas de grammaire sous la main pour vérifier, mais je croyais que mori était l'infinitif de morior, et il me semblait que la traduction littérale était bien "souviens-toi que tu vas mourir", le sujet de l'infinitif étant la même personne que celui de l'impératif.
Merci par avance.
- RuthvenGuide spirituel
thrasybule a écrit:c'est un infinitif déponent
Merci . La trad. littérale est donc bien "souviens-toi que tu vas mourir" et non pas "souviens-toi de la mort" ?
- thrasybuleDevin
Il y a, je crois, deux formes pour "mourir": morior, moriris, moriri et morior, moreris, mori
- thrasybuleDevin
Oui, l'idée de futur est ici peut-être rendu par l'impératif futur, mais ça, c'est à vérifierRuthven a écrit:thrasybule a écrit:c'est un infinitif déponent
Merci . La trad. littérale est donc bien "souviens-toi que tu vas mourir" et non pas "souviens-toi de la mort" ?
- thrasybuleDevin
Je trouve que tu as de bien macabres pensées en ce premier jour de l'année, mais venant de Jason, rien ne m'étonne!
- RuthvenGuide spirituel
thrasybule a écrit:Il y a, je crois, deux formes pour "mourir": morior, moriris, moriri et morior, moreris, mori
OK. Je viens de trouver un Gaffiot en ligne.
- RuthvenGuide spirituel
thrasybule a écrit:Je trouve que tu as de bien macabres pensées en ce premier jour de l'année, mais venant de Jason, rien ne m'étonne!
Je suis censé faire un cours sur la métaphysique des vanités pour illustrer le divertissement pascalien.
- thrasybuleDevin
Euh , éventuellement, ça m'intéresserait pour Quignard!Ruthven a écrit:thrasybule a écrit:Je trouve que tu as de bien macabres pensées en ce premier jour de l'année, mais venant de Jason, rien ne m'étonne!
Je suis censé faire un cours sur la métaphysique des vanités pour illustrer le divertissement pascalien.
- InvitéInvité
Souviens-toi de mourir, littéralement, donc souviens-toi que tu es mortel.
Parodié dès l'Antiquité par Ovide dans son Art d'aimer : memento flere.
Parodié dès l'Antiquité par Ovide dans son Art d'aimer : memento flere.
- thrasybuleDevin
Je rectifie, l'impératif futur est utilisé pour les sentences gnomiques
- RuthvenGuide spirituel
Je te le passe en MP quand je l'ai fini (d'ici quinze jours).
En gros, je voudrais partir de la vanité de Pieter Boel, montrer comment la vanité s'est retrouvé classée dans le genre le plus bas de la peinture - la nature morte - alors qu'elle portait une leçon au moins aussi essentielle que la peinture historique ; dans la vanité, il y aurait néanmoins une complaisance à l'égard du sensible (d'où une petite digression sur la vanité de la peinture selon Pascal comme art mimétique); cette complaisance serait désamorcée dans une vanité du type de celle attribuée à Ph. de Champaigne (fond noir, austérité ...).
[Dans TLMDM, M. de Sainte Colombe n'aime d'ailleurs pas Ph. de Champaigne qu'il trouve trop triste et trop dramatique ; le dessert aux gauffrettes ne serait donc pas nécessairement une vanité. Je viens d'en trouver une analyse chez L. Marin "Comment lire un tableau" in Etudes sémiologiques. Ecritures, peintures, p.90-92.
En gros, je voudrais partir de la vanité de Pieter Boel, montrer comment la vanité s'est retrouvé classée dans le genre le plus bas de la peinture - la nature morte - alors qu'elle portait une leçon au moins aussi essentielle que la peinture historique ; dans la vanité, il y aurait néanmoins une complaisance à l'égard du sensible (d'où une petite digression sur la vanité de la peinture selon Pascal comme art mimétique); cette complaisance serait désamorcée dans une vanité du type de celle attribuée à Ph. de Champaigne (fond noir, austérité ...).
[Dans TLMDM, M. de Sainte Colombe n'aime d'ailleurs pas Ph. de Champaigne qu'il trouve trop triste et trop dramatique ; le dessert aux gauffrettes ne serait donc pas nécessairement une vanité. Je viens d'en trouver une analyse chez L. Marin "Comment lire un tableau" in Etudes sémiologiques. Ecritures, peintures, p.90-92.
- InvitéInvité
Trop triste et trop dramatique, ce n'est pas le but de la nature morte ? Je pose la question, je suis une truffe en peinture.
- RuthvenGuide spirituel
Agamemnon a écrit:Trop triste et trop dramatique, ce n'est pas le but de la nature morte ? Je pose la question, je suis une truffe en peinture.
Seulement des vanités, parce que la nature morte peut aussi être célébration du sensible.
Le jugement de Sainte Colombe sur Champaigne ne doit d'ailleurs pas porter sur sa vanité, car il y a très peu de natures mortes peintes par lui.
- thrasybuleDevin
Merci beaucoup, ça a l'air super intéressant!Ruthven a écrit:Je te le passe en MP quand je l'ai fini (d'ici quinze jours)..
- AbraxasDoyen
Il y avait eu une exposition sublime, au musée de Caen, sur les vanités du XVIIème. Et un magnifique album/catalogue (je l'ai, je m'en repaisse régulièrement) d'Alain Tapié sur les Vanités du XVIIème — disponible sur Amazon, mais un peu cher.
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