Comment noter les rédactions "ultra-gores" ?

J'ai un cas de conscience : un élève qui me pond toujours des récits abracadabrants a donné libre cours à une imagination relativement malsaine lors de la dernière rédaction : scènes de torture, viols, le tout raconté sur un ton assez léger.
Je pense noter honnêtement, selon le barème : il a respecté le sujet (qui était le récit d'un souvenir qu'on n'arrive pas à oublier), mais a trop insisté sur le récit des faits au détriment de l'analyse des sentiments et du souvenir. Sa mise en scène est "convaincante" (j'ai vraiment trouvé cela horrible)... mais il y a beaucoup de fautes de langue et de ponctuation.
Mais que faire de ce récit affreux ? Depuis trois mois que je suis là, je commence à connaître les élèves de collège, et je pense que c'est de la provocation de la part de cet élève-là, mais il a un problème ce gamin, non ?
Je suppose que c'est un cas que les profs de collège rencontrent fréquemment. Que faites-vous ? Une remarque ? Rien ? "Très bien pour la mise en scène, j'ai failli vomir ?"
En tout cas, son petit jeu de provocation a marché : me voilà bien embarrassée d'être obligée de noter un avatar d'Irréversible (enfin, là, j'exagère, la rédaction reste assez générale dans la description, et le film, je ne l'ai même pas vu, juste entendu parler et cela m'a suffi... ).

j'ai des 6e qui ont vu toute la série des Saw.
Les petits sigles -16 ne changent pas grand chose à ce que les enfants/ados regardent. du coup, ce qui nous paraît violent peut simplement leur sembler marrant.
Parles-en peut-être au CPE ou au PP ?

Plus qu'un problème d'évaluation, j'y verrais un problème psychologique.
Il a quel age cet élève ?

Lornet a écrit:
Parles-en peut-être au CPE ou au PP ?

A l''infirmière, plutôt...

Kilmeny a écrit:

Lornet a écrit:
Parles-en peut-être au CPE ou au PP ?

A l''infirmière, plutôt...

Ou au COPsy

Pas sur qu'il y ait un problème psy. En tout cas, soit je ne noterais pas, soit je mettrais une taule. C'est comme s'il te faisait une rédac pornographique.
Pour moi, c'est la même chose. Il y a des choses qui ne s'écrivent pas quand on a 12 ans. Tu le lui expliques, tu pourris sa copie, il ne recommencera plus.

Il a quinze ans (3e), et il est assez dégourdi pour tout ce qui est "contourner les règles et trouver les failles de toute consigne".
Merci en tout cas, je lui laisse son 10/20 et je lui rends sa copie comme s'il m'avait raconté que son frère lui avait coupé le bras de sa poupée et qu'il ne pouvait oublier ce souvenir horrible.
Pour ce qui est d'une prise en charge psychologique... j'avoue que oui, je peux en toucher un mot au CPE qui verra s'il faut faire qqc de plus.
Je voulais seulement avoir vos avis pour ne pas faire une x-ième maladresse avec cette classe qui m'en fait voir de toutes les couleurs (ici, c'était cramoisi - rouge sang).
Je vous quitte, je file au collège (sad monday).

Ah, Dr Who a un autre avis...
Mais il va me dire... qu'il a parfaitement respecté le sujet !

Tu mets une note que tu "réserves" pour le moment, quitte à ce qu'il n'est pas de note pour ce devoir-là. L'important, c'est surtout de savoir pourquoi il écrit cela...Fais une photocopie du devoir, et montre-le à l'assistante sociale, l'infirmière, ou la co-psy ( si vous en avez), voire au cpe / cde s'ils sont efficaces et essaie d'avoir un rendez-vous avec le gamin et une de ces personnes pour connaitre les raisons....

Car c'est inoubliable !

Fin bon, pour ce qui est du rdv avec le copsy... je ne suis pas certaine que ce soit nécessaire.
Connaissant le garnement, c'est plutôt de la provoc' (il a eu la perversité de numéroter les lignes parce que j'avais demandé de ne pas dépassé 20 lignes pour ne pas avoir des rédactions fleuves pleines de fautes : ses viols tiennent effectivement en 20 lignes).

Je vais conserver les copies. Je pensais les rendre aujourd'hui, mais je peux attendre, et j'aviserai plus tard.

arabeskankylose a écrit:Ah, Dr Who a un autre avis...
Mais il va me dire... qu'il a parfaitement respecté le sujet !

On s'en fout. Il y a des consignes implicites et il faut qu'il en prennent conscience. Ou plutôt, il en a conscience, puisqu'il les transgresse : montre-lui qu'elles rentrent aussi dans la note.

Ou alors, tu lui mets 10 et tu le colles 2 heures.

Balancer à sa prof des trucs sexuels à 12 ans, même par provocation, ça n'est pas neutre.
Prendre très au sérieux la chose, avec intervention du personnel de santé, c'est à la fois ne pas passer à coté d'un vrai problème s'il y a, et montrer les limites à ce gamin, si toutefois il n'y a rien là dessous qu'un peu de provoc.

Pseudo a écrit:Balancer à sa prof des trucs sexuels à 12 ans, même par provocation, ça n'est pas neutre.
Prendre très au sérieux la chose, avec intervention du personnel de santé, c'est à la fois ne pas passer à coté d'un vrai problème s'il y a, et montrer les limites à ce gamin, si toutefois il n'y a rien là dessous qu'un peu de provoc.

On récapitule :

> une sale note pour montrer que les consignes implicites de TOUTE interrogation sont incontournables,
> deux heures de colle pour montrer que dire ce genre de chose est assimillable à de l'insolence,
> RDV avec papa, maman et le psy (et parle avec eux des comportements culturels du gamin, en évoquant la néccesité d'un contrôle parental et le thème de la maltraitance).

une collègue il y a qques années avait un élève de 3e qui avait globalement respecté la consigne mais racontait aussi des trucs gore

Spoiler:

; la collègue a fait une copie du truc, à montrer aux parents, avec devoir de réflexion en plus à la clé.

mais je ne sais plus comment elle a noté...

Sinon tu ne notes pas, il refait le devoir et tu convoques les parents. Il faut que les parents voient ce qu'il écrit.

Ca m'est déjà arrivé avec un 6ème. J'avais transmis une copie du devoir à l'infirmière, à l'adjoint, à la CPE, et convoqué les parents en rendez-vous avec leur fils. Le gosse avait en fait raconté un film "pour adulte", les parents ont reconnu qu'ils le laissaient sans surveillance devant la télé, et souvent seul le soir à la maison...le piquant de l'affaire? Les parents étaient instits.

Edit: J'ai noté la copie comme un devoir normal. Elle était, de fait, en partie hors sujet, l'élève a donc indirectement été pénalisé dans sa note...

Finalement, j'ai rendu les copies. Avant le cours, j'ai eu le temps de relire rapidement sa prose et j'ai constaté que j'avais laissé passer trop de fautes et de maladresses dans l'expression : prétexte merveilleux pour baisser la note, et j'en ai profité pour coller sur le front de sa copie un placard mortifiant.
Au moment où j'ai annoncé que je rendais les copies en commentant globalement les productions de la classe, le cher dégénéré a lancé avec une satisfaction jubilatoire : "La mienne, elle vous a plu, Madame ?"
J'ai conservé ma mollesse habituelle et j'ai embrayé sur la notion de hors-sujet : tout ce qui est macabre, malsain et pervers n'est a priori pas acceptable selon la définition du sujet.
Et dans un grand moment de lâcheté, j'ai ensuite changé d'activité : je n'ai pas envie de perdre du temps à dialoguer avec des gnards qui cherchent avant tout à faire de la provocation.
J'ai donc laissé courir cette fois-ci, mais j'aurai à reparler de cette copie gore de toute façon, puisque j'ai demandé aux élèves de reprendre leurs rédactions pour travailler certains passages pour améliorer l'expression.
On verra bien s'il choisit le décor de son histoire sale ou s'il préfère retravailler les passages scabreux. Suspense... Va-t-il en rajouter ? S'il persiste, c'est à cette occasion que je ferai mon lot de photocopies pour le CPE, le PP et les parents.
Merci en tout cas pour vos réponses : niaise que j'étais avant de passer le seuil du collège, je n'imaginais pas qu'une pauvre rédac' pût me mettre dans l'embarras.

Bonne réaction...
Effectivement ce gosse est quand même sacrément provocateur. Cela dit on verra ce qu'il en dira devant plusieurs adultes, dont ses parents...éventuellement...