les faire lire

L'éternel problème des profs de lettres en collège ou même en lycée j'imagine : la lecture personnelle.E3n 3° j'ai donné dés la première semaine la liste des livres à lire jusqu'en Janvier (soit Un coeur simple en Octobre , Paroles de poilus en Novembre et Un secret en Janvier).J'ai régulièrement rappelé d'acheter et de lire Un coeur simple, j'ai laissé une semaine supplémentaire en disant qu'un questionnaire de lecture était prévu et puis c'est tombé ce matin.Et sur mes 2 3° , à vue d'oeil j'ai une douzaine d'élèves qui n'a pas lu ou presque pas.Et une bonne moitié en classe euro , avec des gamins qui se targuent d'aller au lycée (le fils de la cpe en tête).Furieuse je suis.J'envisage donc de marquer le coup et de les "inviter" 4 heures un mercredi am surveillés par moi pour lire et faire une bonne punition bien pénible , histoire de marquer le coup et dès demain je vois le cde pour qu'il en rajoute une couche .Mais ça me gave ....

J'ai parlé aux miens ce matin d'un projet lecture. Première question posée après le thème ( quand même! ) : Ils font combien de pages les livres? :marteau:

Ce n'est pas grave, ils viendront dans ma TL.

C'est un sujet sur lequel je suis assez désespérée. Quand je vois des mômes sans un livre à la maison, sans aucune exemplarité côté lecture, avec téloche toujours allumée, pire, quand je vois des mômes ânonner et venir péniblement à bout d'une petite page en 5 minutes montre en main sans y avoir compris grand chose, je me dis que c'est fichu. Toute seule, je peux pas. Les parents doivent jouer leur rôle dans la transmission culturelle. La plupart de ceux de mes élèves en sont incapables, pour des raisons très diverses (langue, quart monde, misère sociale...). Dans le cas que tu décris, Roxanne, j'appellerai tout de même les familles pour une petite mise au point et communication du calendrier de lecture.
Mais pour les miens, la lecture cursive est devenue un plus, une option. Pas trouvé mieux.

J'ai eu une élève qui ne lisait aucun des livres que je donnais en tant que prof de français (même quand c'était un livre au choix sur un thème) ...et en même temps elle empruntait et lisait plein de livres au cdi.

Moi même mes parents ne lisaient absolument pas et j'ai toujours adoré lire! (mais bon la télé n'était pas allumée 24h/24 et je n'avais pas d'ordi, de mp3 ou autre, pas de sous et surtout pas le droit de recevoir des amies ou de sortir donc...)...et puis je suis vieille et c'était une autre époque!

En LP, j'ai abandonné l'idée de leur faire acheter un bouquin...
C'est déjà bien dur de lire les extraits en classe... (parcours de lecture).
Ceci dit, il y a quelques élèves qui achètent les romans... mais sont pas nombreux.

J'adore lire, pas mes enfants ! S'il n'y a pas de contrôle de lecture à l'horizon, ils ne lisent qu'en diagonale...

sand a écrit:J'adore lire, pas mes enfants ! S'il n'y a pas de contrôle de lecture à l'horizon, ils ne lisent qu'en diagonale...

Sans contrôle de lecture au bout, mes élèves ne lisent pas, que ce soit les collégiens ou les lycéens. Même si les collégiens râlent moins à chaque titre que je donne.

Certaines années, dans les classes où lire est exceptionnel, je consacre des heures de cours à de la lecture silencieuse. C'est chronophage (énormément!), mais je pense que c'est utile: au moins, les non lecteurs se mettent à lire, voire prennent du plaisir dans la lecture (joie!) et veulent continuer quand on les arrête... Pour les lectures communes, j'essaie autant que possible, de toujours lancer la lecture en classe: ainsi aucun d'eux n'a "pas lu" le livre. Ils en ont au moins découvert qq pages... Mais, je suis comme vous, assez désespérée quand je les vois si réticent au fait d'ouvrir un bouquin. La semaine prochaine, justement, je lancerai leurs lectures cursives en classe, histoire d'espérer donner envie de lire à au moins un ou deux de la classe...Mais 4h/semaine, c'est peanuts pour tout ce qu'on à faire...

Même avec contrôle de lecture, certains ne lisent pas... (7 /25 dans mes classes cette année).

Enfin là je parle d'élèves en classes euro , bon niveau social, qui ont des préntentions scolaires, c'est pourquoi je suis d'autant plus furieuse.

Appelle leurs parents, Roxanne, et colle leur un contrôle de lecture coef 2 ou 3 qui va leur plomber leur moyenne et faire grincer des dents les parents. Tu préviens avant pour être dans les clous et motiver les troupes.

Dans ma ZEP, je n'ai même pas cette ressource. Comme chez Cannelle, la plupart des non lecteurs préfère avoir zéro que de lire un livre (quelle misère !). Ils se disent que ça ne change rien à leur malheur d'être paumés en français. Mais contrairement à ceux de Cannelle, ils sont incapables de lire tout seuls (pas des trucs niveau collège en tout cas), et la lecture silencieuse ne résoudrait rien. J'ai essayé une année de prendre à part ces petits lecteurs pour lire avec eux en dehors du cours, pour qu'ils puissent suivre ensuite avec les autres. J'ai découvert des gosses qui, même lorsqu'ils déchiffrent à peu près correctement, ont toujours une vitesse de lecture qui ne leur permet pas d'élaborer le sens au fur et à mesure et qui pratique régulièrement des erreurs de déchiffrages (un mot pour un autre), lesquelles achèvent de les noyer dans un texte qu'ils ne comprennent pas (évidemment, quand on lit "relève" au lieu de "révèle", dernière en date, la phrase perd son sens). J'ai des élèves en grand nombre pour qui lire est une souffrance, et je pèse mes mots. C'est un terrible constat d'échec, pour eux et pour l'école. Les seules chose que j'aie trouvé pour eux :
- Oraliser tous les textes étudiés en classe pour qu'ils puissent suivre quand même le travail fait sur ces textes ;
- Transformer chaque OI en lecture suivie, avec lecture systématique en classe des extraits étudiés, résumés oraux de l'intrigue, et lecture intégrale facultative ;
- Pour les lectures cursives, je donne à ces "lecteurs" des oeuvres choisies pour leur brièveté (contes, nouvelles) et je les fais accompagner par un adulte (un AE en général) au moins pendant un temps. Là, parfois, il y a un déclic. Mais c'est pas la panacée.

sand a écrit:J'adore lire, pas mes enfants !

La crainte de ma vie... Pour le moment, ils ont le profil gros lecteurs, mais avec le temps, qui sait...

moi dans ce cas c'est contrôle de lecture, noté sur 20 histoire de plomber la moyenne de ceux qui n'auraient pas lu. si ce sont des élèves de zep qui ne lisent jamais, et qui se moquent d'avoir 0, ben ils auront 0, que veux-tu que je fasse de plus?

Oui mais une note au mileu d'autres ça n'a pas de poids.Donc j'ai vu le cde : mercredi je viens moi-même les surveiller pendant 3 heures pour qu'ils lisent et je vais leur faire recopier le premier chapitre , donc grosse punition bien c...e mais c...e pour moi aussi hélas ! mais je veux frapper fort.

par contre tu te punis toi-même aussi...

ben oui mais à la vie sco , jamais ils n'auraient accepté 25 collés ! et puis là ça va marquer le coup, montrer que je ne rigole pas.

Spoiler:

Je fonctionne un peu à l'inverse, et je note à la carotte : les contrôles de lecture sont très faciles. En théorie , les élèves comprennent donc que c'est de la rigolade d'avoir une bonne note : il suffit de lire. Lire devient donc une activité valorisante.

Et puis, (mais là vous ne serez certainement pas d'accord avec ma façon de faire) je ne donne en cursive que de la littérature jeunesse, ou des romans faciles et contemporains. Des choses que j'aime. Parce que j'ai détesté le Rouge et le Noir, et tout Maupassant, et tout Flaubert, quand on m'a forcée à les lire au collège, et je ne les ai redécouverts avec plaisir qu'en fac. Les classiques, je les réserve en OI, en classe, là où je peux accompagner les élèves. Et là, comme Véronique, il m'est arrivé de passer des heures entières à lire les Misérables, par exemple, pour être sûre :1. que ce serait lu 2. qu'ils auraient compris.

En cursive, ils apprennent déjà à ne plus avoir peur des livres.
Sinon, c'est comme apprendre à nager en balançant les gosses à l'eau. Certes, les plus costauds/dégourdis/ceux qui savent déjà nager s'en sortent. Mais combien se noient ? Alors je commence par leur donner des planches, ils nageront tous seuls plus tard, quand l'eau sera devenue un plaisir.

Mon contrôle était facile (et prévu), il ne 'agit pas de plomber la moyenne mais de l'augmenter, là c'est l'oeuvre étudiée, enfin il n'y a pas d'excuses.

Rassure-toi roxanne : j'ai bien écrit qu'il ne s'agissait que de théorie, dans mon cas. J'ai toujours, comme tout le monde, des élèves qui ne lisent pas. Et je sanctionne sans état d'âme, comme tu le fais.

sérafina a écrit:
Et puis, (mais là vous ne serez certainement pas d'accord avec ma façon de faire) je ne donne en cursive que de la littérature jeunesse, ou des romans faciles et contemporains.

Ben quoi ? C'est fait pour ça, la littérature jeunesse : lire tout seul, sans la médiation du prof, qui se consacre aux classiques. Les IO ne disent pas autre chose.

Boh, on tape tellement souvent, facilement, allégrement, systématiquement, avec mépris sur la litt jeunesse, que c'est à peine si j'ose en parler ici, ou ailleurs, sous peine de m'en prendre plein la figure. Je marche toujours sur des oeufs, je prends mille précautions oratoires.

je ne donne pas de lecture cursive, j'ai toujours trouvé le principe contradictoire en lui-même: c'est censé être une lecture-plaisir, sans le prof pour surveiller, etc. mais en même temps on est censé l'évaluer, donc où est le plaisir si c'est évalué et que les élèves sont obligés de le faire?

Ca me semble tout de même faire partie de notre travail que d'inciter à lire. C'est différent, une lecture imposée dans le cadre d'un étude d'OI, et un livre qu'on peut choisir dans une liste, en fonction de ses goûts, ses capacités...

Je suis assez d'accord avec marquise, en plus le mot "cursive" est atroce, à chaque fois ils me disent "mais ça veut dire quoi ?" et ils ont cent fois raison les pauvres gamins. Du coup j'évite ce mot barbare. Je rajoute que je suis en pleine contradiction aussi car je refuse d'évaluer la cursive en leur faisant cocher des cases comme dans un QCM : "Quel métier fait X charpentier, cuisinier ou pêcheur ?", je ne vois pas l'intérêt de réduire une oeuvre à un QCM.