J'ai craqué ...

devant le principal, pas devant les élèves...
Cet après-midi, bagarre violente à la récré entre deux gars de ma 3ème pénible que j'ai bien du mal à tenir et faire bosser, du sang un peu partout, plusieurs adultes intervenant pour les séparer, bref. Sonnerie, je vais prendre la classe, moins les deux bagarreurs, pas rangée, mouvement de foule, gros bordel dans la cour, j'ai envie de dire un peu la routine.
Montée en classe déjà pénible. Classe surexcitée par la vue du sang,rires bien gras,chahut, gueulante. Je fais un petit sermon pour dire que là, je suis dégoûtée de constater que la violence les faire rire, je dis que je suis choquée, mais je vois bien que ça ne leur fait rien du tout, et que certains continuent à se marrer et discuter sans vergogner, empêchant le cours de démarrer. A un moment, j'en entends un qui dit à voix haute que le principal est "un batard" car il l'avait poussé à la mise en rang, moi, outrée, je l'exclus de cours illico, dégoûtée des rires "animaliers" de ses copains ... Sur ce, cours toujours pas démarrés, un autre vanne, à distance, un autre, qui lui balance "ta mère la p..." et serre si fort son stylo pour se contrôler qu'il saigne ( et hop, à l'infirmerie) Pendant ce temps là, la midinette de service rigolait tout ce qu'elle savait, parlait haut, comme si elle avait picolé... Le benêt en titre nous sort sont gros rire stupide, hyper bruyant, je ne peux toujours pas faire cours donc je lui sort une table dans le couloir et le met à l'isolement. Sur ce un autre se met à saigner du nez... et je vous passe celui qui profite de toutes ces diversions pour raconter ses vacances aux deux filles de devant qui s'en fichent . Pffff ! Usée et dégoûtée je suis. Je me sens naze et très mauvaise prof. avec cette classe, tout part en sucette. Donc à la fin de l'heure, j'ai pris les devant, je suis allée prévenir leur PP des incidents et de l'ambiance formidable de travail et elle leur a fait un sermon devant moi.

Après j'ai transmis le rapport mentionnant l'insulte au principal et alors, pouf, j'ai craqué, cela a été plus fort que moi, je me suis mise à pleurer . Déjà quand j'ai vu l'élève a priori gentil avec le nez en sang, j'avais failli éclater... J'ai eu une salle journée, pas qu'avec mes classes mais aussi à cause du climat général qui nous enveloppe ces temps-ci, du manque de surveillants qui nous oblige à fliquer aux intercours, à courser des élèves qui vont frapper aux portes, s'introduire à d'autres cours, se foutre de vous... Il a compati, m'a fait asseoir, et a de suite appelé le père de l'insulteur pour lui raconter les faits, et lui dire qu'il est exclu une semaine, tout en me tendant un keenex. Là, je suis cassée, bien dégoûtée et un peu honteuse. Je prends pas mal sur moi mais là, il fallait que ça sorte...

Esméralda, je suis désolée pour toi !!! Ben dis donc, c'est un sacré bahut on dirait. En tout cas, le principal semble humain, et ça, c'est vraiment important. Courage, espérons que demain sera un autre jour et que le sermon du PP aura un certain impact sur tes zozos. En tout cas, un gros bisous de réconfort :

alors là Esmeralda, je t'admire d'être encore dans ce bahut de dingues... en fait, là, je reste scotchée... courage, dis-toi que tu n'as vraiment pas les conditions normales pour enseigner (et qu'à mon avis, tu dois bien plus "éduquer" qu'enseigner...)
bref, je compatis et t'encourage fortement

Merci. Je ne suis pas en zep, mais sans grossir les faits, et en rajouter, c'est vrai que les choses se dégrade ces dernières années, je pourrais en raconter de belles !

Tristesse.

Oh, oui, tristesse Aredius. Total sentiment d'impuissance et d'échec. J'erre entre espoir grâce aux quelques gentils d'autres classes et grands doutes ( qui suis-je ? ou vais-je ? qu'est-ce que je fous là au fait ?) existentiels ...

Je reviens d'une conférence (ouverte à tous) à la fac des sciences de ma ville. Excellente conférence. Mais les tablettes de l'amphi sont couvertes de graffitis au "blanco". Je ne vous dis pas le niveau des écrits ! Et je n'ai jamais lu la moindre réaction des autorités de la fac. Vous imaginez ce que peuvent en penser ceux qui s'aventurent dans ces lieux. Mais tout cela est normal. Après le bac, c'est la fac.
voir :
http://lefenetrou.blogspot.com/2007/01/la-concentration-suite.html

Esméralda. Que je te comprends. Si tu étais à un an de la retraite, je te dirai que c'est une excellente raison pour s'en aller (ça m'a vraiment servi. Et les collègues qui me disaient, tu te rends compte, il faut qu'on tienne encore x années). Mais tout le monde n'est pas dans cette situation pour "po si ti ver" comme disent les gens de la com.

Tout mon soutien Esmeralda!
Accroche-toi aux élèves qui sont bien et ne voit qu'eux .....
Courage !!! et bisous !

agrippine a écrit:alors là Esmeralda, je t'admire d'être encore dans ce bahut de dingues... en fait, là, je reste scotchée... courage, dis-toi que tu n'as vraiment pas les conditions normales pour enseigner (et qu'à mon avis, tu dois bien plus "éduquer" qu'enseigner...)
bref, je compatis et t'encourage fortement

je me joins à ces encouragements, mais voilà, le problème est là : en disant "je t'admire d'y être encore"... que va-t-il se passer si elle part ? Un autre prendra sa place et morflera tout autant, et RIEN au fond ne sera réglé.

Mais punaise, jusqu'à quand supporterons-nous encore tout ça ??????
On attend quoi à la fin ?

ce n'est pas toi qu'il faut remettre en question mais bien le système (vaste pb, je sais !) et ces petits cons qui agissent comme des p'tits cons surtout avec l'excitation de la bagarre.... Ne culpabilise pas, après coup, d'avoir craqué devant ton chef... les élèves deviennent des monstres ces temps-ci... heureusement que tu n'es pas résignée ! cela te touche, c'est tout à fait compréhensible !!

Courage....
Je n'ai pas tes zozos... avec les miens, j'attends qu'ils se calment (certains moins vite que les autres, évidemment !) et je fais de l'humour.... mais on ne joue pas dans la même cour....

Allez zou, bientôt le WE !

Merci les filles, c'est gentil tout ce soutien ...

Je ne sais pas quoi te dire, j'imagine bien ce que tu peux ressentir, alors je me contente d'un petit bouquet:

Et comme Lilith, je me demande ce qu'on attend...

Ne doute pas de toi, Esméralda, si tu n'es pas une bonne gardienne de fous tu es certaienement une bonne prof.

Oui enfin encore une fois , il est bien gentil le CDE de te tendre des mouchoirs , mais si il en avait un peu , il serait IMMEDIATEMENT descendu dans la classe pour les pourrir vraiment et virer sur le champ tous ceux qui foutent le bazar avec les parents qui viennent les chercher.Il faut quand les choses dérapent à ce point arrêter de faire semblant que tout est normal.

Qui n'aurait pas craqué devant tant de sauvagerie ? Tu es humaine, Esméralda, et ton témoignage vient s'ajouter à tous ceux qui montrent ce qu'est devenue l'école aujourd'hui. Repose-toi un peu, ce week end, essaie de penser à toi.

En fait Roxane, quand je lui ai porté le rapport en mains propres dans son bureau et que donc, j'ai craqué, il a tout de suite appelé le père de l'élève ( qui bossait à une bonne demi- heure de route de chez nous, qui ne pouvons pas quitter son boulot comme ça de suite...), il lui a dit que dès demain, il se garde son fiston et ce pendant une semaine. Il n'en est pas à son premier fait, du coup, il a évoqué la réunion d'un conseil de discipline au téléphone. Il ne voulait pas aller chercher le gamin de suite car il m'a dit que sinon, il allait avoir du mal à ne pas le cogner après ça ... Eh oui, mon principal est plutôt un sanguin ! Pour ce qui est de me changer les idées, je vais chez mon papa ce week-end, ça devrait aller ...

Bon week end alors et la météo devrait être belle alors profites en un max !

Beaucoup de courage, Esméralda !

Je pense bien fort à toi. Ce n'est pas de ta faute, tu n'as pas à te sentir mauvaise prof, tu n'y es pour rien s'ils sont cons à ce point.
Et tu peux être fière de n'avoir pas craqué devant eux.
Je m'imagine très très bien le tableau.

Esmeralda, si j'avais eu à gérer ça, j'aurais pleuré derrière aussi, à coup sûr, et franchement, j'admire le fait que tu aies tenu toute l'heure derrière. Comment veux-tu tenir quand tu dois faire un cours dans de telles conditions? C'est humain, c'est normal quand la pression relâche après avoir assisté à une telle bagarre. Ce n'est pas de l'impuissance ou de l'échec, c'est juste un contexte très très dur...et c'est bien plus sain, je trouve, que de gros rires gras...repose-toi bien ce week-end...

Lynette a écrit:Et tu peux être fière de n'avoir pas craqué devant eux.
Je m'imagine très très bien le tableau.

On a pensé à la même chose en même temps, visiblement...

Bon courage, de ma part aussi!

Et ne culpabilise surtout pas - il est parfaitement humain de craquer dans de telles circonstances.

Qu'est-ce que j'aimerais qu'il y ait une mobilisation générale, et des décisions prises au niveau national et Etatique, afin d'endiguer cette violence qui s'amplifie chaque jour un peu plus...