- GaranceNeoprof expérimenté
Voilà mon corpus :
Texte A – Marivaux, L’Ile des esclaves, acte I, scène 1 (1725).
Texte B – Eugène Ionesco, Rhinocéros, Acte III, scène finale (1959).
Document 1 – photo de la mise en scène de L’Ile des esclaves par Irina Brook, Paris, Théâtre de l’Atelier (2005).
Document 2 : photo de la mise en scène de Rhinocéros par Emmanuel Demarcy Mota, Paris, Théâtre de la Ville (2004).
Je n'arrive pas à trouver une question... aidez-moi !!!!!
Texte A - Marivaux, L’Ile des esclaves, acte I, scène 1 (1725).
Iphicrate, citoyen d’Athènes, et son esclave Arlequin ont survécu à un naufrage et ont échoué sur une île où les esclaves deviennent les maîtres et réciproquement.
Iphicrate - Eh ! ne sais-tu pas que je t'aime ?
Arlequin - Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez pour ce qui est de nos gens , que le ciel les bénisse ! s'ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge.
Iphicrate, un peu ému - Mais j'ai besoin d'eux, moi.
Arlequin, indifféremment - Oh ! cela se peut bien, chacun a ses affaires : que je ne vous dérange pas !
Iphicrate - Esclave insolent !
Arlequin, riant - Ah ! ah ! vous parlez la langue d'Athènes ; mauvais jargon que je n'entends plus.
Iphicrate - Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ?
Arlequin, se reculant d'un air sérieux - Je l'ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te le pardonne ; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes, j'étais ton esclave ; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice là ; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami ; je vais trouver mes camarades et tes maîtres. (Il s'éloigne.)
Iphicrate, au désespoir, courant après lui, l'épée à la main - Juste ciel ! peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable ! tu ne mérites pas de vivre.
Arlequin - Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde.
Texte B – Eugène Ionesco, Rhinocéros, Acte III, scène finale (1959).
Dans une petite ville, tous les habitants se sont transformés peu à peu en rhinocéros. Seul Bérenger reste encore humain.
Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. ( Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace. ) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! ( Il regarde les paumes de ses mains. ) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? ( Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace. ) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente , sans poils, comme la leur !( Il écoute les barrissements .) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. ( Il essaye de les imiter. ) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! Non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les
suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer, je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte ! ( Il tourne le dos à la glace. ) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité !( Il a un brusque sursaut. ) Eh bien, tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde !
Ma carabine, ma carabine ! ( Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant : ) Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas !
II – TRAVAIL D’ECRITURE (16 points)
Vous traiterez un de ces sujets
1) Commentaire
Vous commenterez le texte de Marivaux (texte A).
2) Dissertation
Eugène Ionesco dans un « Discours sur l’avant-garde » publié dans Notes et Contre-Notes (1966), déclare que « le théâtre peut être le lieu de la plus grande liberté, de l’imagination la plus folle ».
Cette affirmation vous paraît-elle correspondre pleinement à ce que vous savez du théâtre ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes et documents du corpus, les œuvres étudiées et lues et les spectacles auxquels vous avez pu assister.
Texte A – Marivaux, L’Ile des esclaves, acte I, scène 1 (1725).
Texte B – Eugène Ionesco, Rhinocéros, Acte III, scène finale (1959).
Document 1 – photo de la mise en scène de L’Ile des esclaves par Irina Brook, Paris, Théâtre de l’Atelier (2005).
Document 2 : photo de la mise en scène de Rhinocéros par Emmanuel Demarcy Mota, Paris, Théâtre de la Ville (2004).
Je n'arrive pas à trouver une question... aidez-moi !!!!!
Texte A - Marivaux, L’Ile des esclaves, acte I, scène 1 (1725).
Iphicrate, citoyen d’Athènes, et son esclave Arlequin ont survécu à un naufrage et ont échoué sur une île où les esclaves deviennent les maîtres et réciproquement.
Iphicrate - Eh ! ne sais-tu pas que je t'aime ?
Arlequin - Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez pour ce qui est de nos gens , que le ciel les bénisse ! s'ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge.
Iphicrate, un peu ému - Mais j'ai besoin d'eux, moi.
Arlequin, indifféremment - Oh ! cela se peut bien, chacun a ses affaires : que je ne vous dérange pas !
Iphicrate - Esclave insolent !
Arlequin, riant - Ah ! ah ! vous parlez la langue d'Athènes ; mauvais jargon que je n'entends plus.
Iphicrate - Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ?
Arlequin, se reculant d'un air sérieux - Je l'ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te le pardonne ; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes, j'étais ton esclave ; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice là ; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami ; je vais trouver mes camarades et tes maîtres. (Il s'éloigne.)
Iphicrate, au désespoir, courant après lui, l'épée à la main - Juste ciel ! peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable ! tu ne mérites pas de vivre.
Arlequin - Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde.
Texte B – Eugène Ionesco, Rhinocéros, Acte III, scène finale (1959).
Dans une petite ville, tous les habitants se sont transformés peu à peu en rhinocéros. Seul Bérenger reste encore humain.
Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. ( Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace. ) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! ( Il regarde les paumes de ses mains. ) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? ( Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace. ) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente , sans poils, comme la leur !( Il écoute les barrissements .) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. ( Il essaye de les imiter. ) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! Non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les
suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer, je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte ! ( Il tourne le dos à la glace. ) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité !( Il a un brusque sursaut. ) Eh bien, tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde !
Ma carabine, ma carabine ! ( Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant : ) Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas !
II – TRAVAIL D’ECRITURE (16 points)
Vous traiterez un de ces sujets
1) Commentaire
Vous commenterez le texte de Marivaux (texte A).
2) Dissertation
Eugène Ionesco dans un « Discours sur l’avant-garde » publié dans Notes et Contre-Notes (1966), déclare que « le théâtre peut être le lieu de la plus grande liberté, de l’imagination la plus folle ».
Cette affirmation vous paraît-elle correspondre pleinement à ce que vous savez du théâtre ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes et documents du corpus, les œuvres étudiées et lues et les spectacles auxquels vous avez pu assister.
- nuagesGrand sage
pour quelles raisons les auteurs ont-ils eu recours au dialogue ou au monologue dans ces passages?
ou
Les deux textes, tout en cherchant à remporter l'adhésion du public, comportent une part d'imagination : en quoi réside-t-elle?
ou
En quoi ces deux textes présentent-ils un certain nombre de conventions propres à une représentation théâtrale? (ce qui serait valable surement aussi pour les images)
ou
Les deux textes, tout en cherchant à remporter l'adhésion du public, comportent une part d'imagination : en quoi réside-t-elle?
ou
En quoi ces deux textes présentent-ils un certain nombre de conventions propres à une représentation théâtrale? (ce qui serait valable surement aussi pour les images)
- GaranceNeoprof expérimenté
si je garde ce corpus et que je demande quel(s) registre(s) domine(nt) dans ces textes ?
1°) ça va ?
2°) vous répondez quoi ?
1°) ça va ?
2°) vous répondez quoi ?
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