Enseigner dans les DOM TOM

Bonjour tout le monde,

Depuis que j'ai appris qu'il était possible de demander les DOM TOM en mutations inter académiques, je suis extrêmement tentée et j'y pense de plus en plus (malheureusement mon copain pas du tout ) et donc j'aimerais savoir si l'un/e d'entre vous l'aurait fait, comment ça se passe, est-ce difficile de s'intégrer, matériellement, est-ce qu'il vaut mieux avoir une petite somme de côté, l'enseignement est-il très différent, comment sont les conditions d'enseignement ??
Bref j'aimerais connaître vos expériences, vos vécus et vos avis : êtes-vous tenté(e)s, pourquoi, qu'y avez-vous trouvé, êtes-vous resté(e)s, revenu(e)s ...
Je suis a priori très très attirée par la Réunion mais pourquoi pas la Polynésie française, la Martinique, la Guadeloupe ... J'ai envie de changer de vie, de vivre une expérience nouvelle tant que je suis jeune et pleine d'envie de voyage et de connaître autre chose que les titres collèges de Moselle mais avant de me lancer et éventuellement de tout lâcher ici, je voudrais savoir ce qui m'attendrait vraiment.
J'ai aussi entendu qu'il était plutôt facile d'y aller mais assez difficile de revenir ... J'envisage éventuellement de rester quelques années mais pas forcément d'y faire ma vie.

Attention : par l'inter tu ne peux postuler que pour la Guyane, la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe et Mayotte.

Pour la Polynésie, la Nouvelle Calédonie et Wallis et Futuna, il y a un mouvement spécifique avec barème différent du barème national pour l'inter.

Il est très facile en lettres d'avoir certaines îles. Je suis arrivé en Martinique fin août, j'ai loué un studio meublé une semaine à une dame qui louait des trucs, c'était un peu chelou mais en deux jours, j'ai trouvé un T2 meuble à 10 min à pied de mon lycée, le pied !

Concernant l'intégration, aucun problème, c'est même plus facile que chez les bouseux landais pour comparaison, qui eux, n'intègrent personne, si tu ne fais pas du rugby et que tu n'as pas dégueulé pendant les feria.

Je ne regrette pas du tout cette mutation, on est bien en Martinique, les gens sont sympas, t'apprennent plein de choses. Je suis dans un lycée super, où les collègues sont très proches et bienveillants. Et puis quel bonheur de ne plus connaître l'hiver, quel dépaysement de pouvoir sans cesse aller à la mer.

Je ne compte pas y faire ma vie ... mais pour le moment, ça me convient ... en attendant d'aller sur une île !!!

Concernant le retour des DOM, tu repasses au mouvement inter normalement avec les points que tu as.
Pour le retour d'un poste en TOM COM (poste spécifique avec mouvement ad hoc) tu repasses à l'inter avec ton barème mais avec une priorité hors capacité d'accueil sur ton académie de départ, au cas où tu n'aurais pas une éventuelle satisfaction sur d'autres voeux.
Et ensuite à l'intra comme tout le monde.

Moi non plus je ne regrette pas. je suis arrivée à la Réunion il y a 4 ans et mes conditions de travail sont sans commune comparaison avec le 93. quant aux conditions de vie... Pas d'hiver, je peux aller à la plage quand je veux, même après le boulot, les élèves ne sont pas bosseurs, mais au moins ils sont gentils, j'habite à 5 min de mon collège, ... Bon, il y a aussi des inconvénients: on est loin de sa famille, pas possible de se faire un week end à Londres ou Barcelone à bas prix, on est loin de tout et le moindre billet est quand même assez cher.
Sinon, si tu es en poste depuis 4 ans ou plus, ton déménagement est payé (enfin, il y a un plafond), le Rectorat paie aussi ton billet d'avion.
Après selon ton académie d'affectation tu auras aussi une majoration de salaire servant à compenser la chèreté de la vie.

Eh bien, moi non plus je ne regrette pas.

Une grande réjouissance : le départ, après s'être débarrassé de presque ou tout. Une valise et hop ! On s'en va à l'autre bout du monde (La Nouvelle Calédonie pour ma part).
Il y a nécessairement une période d'adaptation, mais ça en vaut la peine.

J'ai aussi le sentiment qu'il y a autant d'avis que d'expériences. Certains ont détesté, d'autres adoré. Il faut avoir envie (ou accepter) de partir, d'être séparé de sa famille, d'être isolé (mais quel littéraire n'a pas envie d'être peinard avec son bouquin ?) de découvrir une nouvelle façon de travailler, etc. On peut voyager, on rencontre un tas de gens.

C'était bien. Dès que je peux, je repars.

Wouah ... Et ben, merci beaucoup pour toutes ces réponses qui ne font que me conforter dans mon envie mais qui hélas signifie me séparer de mon copain si jamais il préfère vraiment rester dans notre petit coin paumé où il fait gris, moche et froid . La décision est bien dure à prendre ... J'ai encore jusqu'aux mutations inter aca de l'année prochaine pour le convaincre. Je vais essayer de le décider à partir en Réunion cet été pour lui donner envie et le faire changer d'avis ...
Continuez à me donner vos avis et à partager vos expériences, c'est vraiment intéressant et ça permet d'avoir un bon panel !!!

Et une question me taraude quand même : êtes-vous / étiez-vous célibataires lorsque vous êtes parti(e)s ??
Et une autre question, décidément ! Comment est la vie dans "votre" île ? Qu'Y a-t-il à faire, à voir ? Est-ce facile / difficile de rencontrer des gens et de se faire des amis ?

J'étais marié. J'avais une fille âgée de deux ans environ, quand nous sommes partis (puis une autre quand nous sommes repartis).

Sur notre île (70 km sur 30 environ), on menait une vie pas si éloignée de celle que l'on mène aujourd'hui dans notre cambrousse auboise. Finalement, dans la semaine, je ne dépasse pas un périmètre de plus d'une vingtaine de kilomètres (que l'on soit entouré de champs ou par la mer, qu'est-ce que ça change ?). Je n'ai jamais souffert de l'insularité, ma femme oui (plus ou moins selon les moments).

Il y a forcément plein de gens à rencontrer : on a fait 20 000 km ! alors on trouve (on a envie de trouver) des gens qui sont nés là-bas (Caldoches, Kanak, Wallisiens...). On rencontre aussi des gens qui ont fuit la métropole pour toutes sortes de raisons (avouables ou non). Avec cette propension à se regrouper entre apatrides, on rencontre toutes sortes de professions (peut-être des gens que je n'aurais jamais rencontrés). De fait, on avait une vie sociale autrement développée qu'ici. Il doit y avoir une sorte d'émulation dans ces voyages, parce qu'on voyage ! quand tu es payé le double de ton salaire, tu peux voyager. C'est d'ailleurs important de s'échapper de temps à autre, mais sur "notre" île, il y avait toujours quelque chose à faire (évidemment pas d'opéra ou de cinéma en 3D), mais des balades, aller se baigner dans le lagon...

Ce que je retiens aussi, c'est qu'on était très disponible, notamment pour nos enfants (rien n'était loin : les magasins, l'école, les amis..., pas de circulation...).

J'arrête là ! Vais me coucher (me lève tôt).

Plusieurs d'entre vous parlent de majoration de salaire ... pouvez-vous m'en dire plus ??
Est-ce que votre conjoint(e) a dû quitter son travail ? Comment cela s'est-il passé en arrivant sur l'île ?
On ne sait jamais, imaginons que l'homme accepte de partir avec moi, je voudrais savoir un peu ce qui est possible. Il est facteur en CDI, donc agent de l'Etat, et on m'a parlé de congé sans solde renouvelable. Donc je me dis qu'il pourrait faire demander ça et trouver des petits boulots parce qu'il est assez débrouillard mais sans avoir l'angoisse de revenir en Métropole sans travail.
J'ai aussi entendu qu'avec ces majorations de salaire, il était possible de vivre à 2 sur un seul salaire, ça vous paraît possible ?

A la Réunion, c'est toujours possible de vivre à deux avec un salaire, mais c'est quand même juste à mon avis. Ca veut dire pas beaucoup de sorties et surtout pas de sortie de l'île. Tout dépend aussi si tu as des enfants ou non.
Ce qu'il faut voir, c'est que, certes, le salaire est plus élevé, mais les produites de consommation sont aussi bien plus chers. Les produits coûtent souvent le double ou sont au moins 1/3 plus cher. Exemple: un paquet de Special K doit être à 5 euros 90, les gels douche et autres déodorants coûtent bien plus qu'en Métropole. La mère d'un copain fait le test quand elle vient ici. Par rapport à un Leclerc en Métropole, le caddie coûte presque le double.
Enfin, moi ça m'a permis de prendre un congés parental de 6 mois, ce qui était exclu en région parisienne...

Je n'ai pas encore d'enfant.
A priori, si on part à 2, c'est pour que les 2 travaillent mais si jamais mon homme ne trouve pas de travail ou que le congé sans solde ne l'autorise pas, il faudra bien faire avec ! : pale:
Mais c'est vrai que j'imagine un tel voyage avec la découverte des lieux environnants, ce serait dommage de ne pas bouger dans un tel cadre !