Secret professionnel face à une discrimination ?

Un sujet déliquat me tarraude depuis un moment mais je ne sais pas trop quoi faire.
Je suis remplaçante et dans l'établissement où je suis actuellement, j'ai une élève lesbienne. Rien d'extraordinaire jusque là. Seulement, apparemment, ça pose problème. A la rentrée, des collègues m'ont dit de faire attention car elle avait des attitudes lesbiennes
En discutant avec cette jeune fille, je me suis rendue compte que ça allait plus loin que des bruits de couloir... La principale a téléphoné aux parents pour les informer que leur fille sortait avec une fille. Les deux filles ont souvent été exclues de cours ou collées parce qu'elles se regardaient. Et cette année, celle dont j'ai été prof n'a même pas le droit d'accompagner ses camarades à l'infirmerie ou aux toilettes alors qu'elle est déléguée...
N'y a-t-il pas discrimination?
Je n'ose pas trop intervenir car je n'affiche pas ma bisexualité... et surtout, ça ne passe vraiment pas avec ma principale. Dès que je fais un pas de travers, elle me convoque. Par contre, quand je viens pour rien sous la neige (200 km) elle trouve ça normal alors que même la CPE n'a pas fait le déplacement.

je dirais que, que ce soit un couple homo ou hétéro, des élèves qui se regardent pendant le cours, perturbent, sont normalement sanctionnés. Après, quelles sont ces "attitudes"? S'il s'agit de trasgresser la limite prof-élève, sanction. Sinon c'est de la discrimination en effet.

que ce soit un couple homo ou hétéro, des élèves qui se regardent pendant le cours, perturbent, sont normalement sanctionnés.

Ah ? :shock:

Je crois qu'il ne faut pas tout mélanger. Je trouve aussi que c'est de la discrimination envers cette fille, mais tu ne dois surtout pas mettre en avant ta bisexualité. Je crois que ton message serait alors marginalisé (" Elles se défendent entre elle. ").
Je ne sais pas si tu peux (dois) intervenir ni comment, mais il y a vraiment un problème dans la gestion de la situation.

J'ai une élève lesbienne. Rien d'extraordinaire jusque là. Seulement, apparemment, ça pose problème. A la rentrée, des collègues m'ont dit de faire attention car elle avait des attitudes lesbiennes. La principale a téléphoné aux parents pour les informer que leur fille sortait avec une fille.

Il faut signaler tout ça à la Halde, qui peut mener par elle-même une enquête, et contacter aussi SOS Homophobie. J'imagine qu'en passant par la Halde, tu n'as pas à t'investir directement dans l'établissement - c'est quelqu'un d'autre qui porte un regard extérieur sur les problèmes recontrés.

John a écrit:

que ce soit un couple homo ou hétéro, des élèves qui se regardent pendant le cours, perturbent, sont normalement sanctionnés.

Ah ? :shock:

je veux dire des élèves qui flirtent, quoi, font autre chose que de s'occuper du cours, passent des petits mots, que sais-je.

Grisemine a écrit:La principale a téléphoné aux parents pour les informer que leur fille sortait avec une fille. Les deux filles ont souvent été exclues de cours ou collées parce qu'elles se regardaient. Et cette année, celle dont j'ai été prof n'a même pas le droit d'accompagner ses camarades à l'infirmerie ou aux toilettes alors qu'elle est déléguée...
N'y a-t-il pas discrimination?.

Tu enseignes dans un collège catho intégriste ??
L'homophobie est punie par la loi, et il serait honteux que l'école publique génère elle-même des discriminations homophobes !!

Il existe, au sein du SNES, un secteur LGBT, de plus en plus actif. Je te conseille de le contacter, on saura te conseiller sur l'attitude à adopter face à la direction et face aux collègues, pour faire cesser ces discriminations envers l'élève concernée.
Par mail : droits.libertes@snes.edu (préciser dans l'objet : homophobie) ; par téléphone à partir de la rentrée : 01.40.63.29.11 (demander Philippe Castel ou Olivier Lelarge).

Peu importe ta sexualité, ici c'est l'élève qui compte... Et si tu te demandes si dénoncer l'homophobie régnante dans l'établissement où tu effectues un remplacement relève du secret professionnel ma réponse est NON !!
Les discriminations doivent être combattues, partout où elles se trouvent !
Encore une fois, pour moi, il n'est pas question de ta sexualité, et heureusement que cela reste encore du domaine privé !!

Ce qui m'a le plus choqué, c'est le fait que l'établissement appelle la famille alors que ce n'est pas le cas lorsque des élèves hétéros se tripotent dans la cour. Là, il n'y a eu aucun geste, que des regards...
Je ne connaissais pas la Halde, je pense les contacter.
En ce qui me concerne, j'ai des soucis avec la principale et je me demandais pourquoi elle s'acharnait contre moi et depuis que je suis au courant de cette histoire, je me demande si... puisque je suis encore pacsée avec mon ex-compagne...

à surveiller donc, de près.... mais attention à ne pas "psychoter" pour rien...
en tout cas, je te souhaite beaucoup de courage !

Grisemine a écrit:Ce qui m'a le plus choqué, c'est le fait que l'établissement appelle la famille alors que ce n'est pas le cas lorsque des élèves hétéros se tripotent dans la cour. Là, il n'y a eu aucun geste, que des regards...
Je ne connaissais pas la Halde, je pense les contacter.
En ce qui me concerne, j'ai des soucis avec la principale et je me demandais pourquoi elle s'acharnait contre moi et depuis que je suis au courant de cette histoire, je me demande si... puisque je suis encore pacsée avec mon ex-compagne...

Il faut relativiser... je ne sais pas ce qu'il en est maintenant, mais quand le Pacs a été instauré, la moitié de ma promo d'IUFM s'est pacsée avec l'autre moitié, peu importe le sexe et peu importe la sexualité... le pacs était un engagement pris à la légère pour avoir les points de mutation, c'est tout. Est-ce différent aujourd'hui ?

Je pense, quand j'ai fait mon stage je n'ai pas voulu qu'on se pacse pour que je reste. Nous nous sommes pacsées quand on a voulu officialiser les choses avec invitations et bagues identiques. Maintenant, nous restons pacsées pour que je puisse être mutée plus près mais ce n'est qu'une excuse. J'espère qu'on se remette ensemble.
J'ai une copine qui s'est pacsée avec une copine pour des points et elle est passée pour le lesbienne de service (les bruits courent vite dans certaines régions)...
Pour mon élève, il y de la discrimination: elle n'a jamais eu le droit de s'expliquer, la principale ne voulait pas l'entendre. Elle refusait de lui parler, elle ne s'adressait qu'à l'autre jeune fille, la victime de ses "avances".

Je crois qu'il te faut être prudente avec ton élève sans pour autant laisser passer ce qui relève de la discrimination...
Prudente, parce que justement ta sexualité peut être un filtre qui t'empêche d'avoir le recul nécessaire et la distance indispensable de chaque enseignant. Si le contact passe bien avec elle, tant mieux. Mais elle ne doit pas savoir pour toi. C'est mon avis. Il ne vaut que ce qu'il vaut.

Personne au collège n'est au courant. Quand je parle de mon ex, je dis il. J'ai juste été attentive à ses remarques: je voulais confronter la version prof et la version élève. En plus elle est déléguée et comme j'étais sa prof principale pour le trimestre...
Je lui ai juste dit que j'étais là si elle voulait en parler, mais toujours dans un lieu neutre où l'on pouvait nous voir ou avec l'autre déléguée... Je fais super gaffe, on ne sait jamais.
Merci pour tous vos conseils!

Extraits de la Circulaire de rentrée 2008 (le texte qui définit chaque année les priorités pour l'année scolaire suivante) :

9 - Lutter contre toutes les violences et toutes les discriminations, notamment l’homophobie
L’école doit offrir à tous les enfants des chances égales et une intégration
réussie dans la société. Sa mission est donc aussi de promouvoir
l’égalité entre les hommes et les femmes, de permettre une prise de
conscience des discriminations, de faire disparaître les préjugés, de
changer les mentalités et les pratiques. Au sein des établissements,
une importance particulière devra être accordée aux actions visant à
prévenir les atteintes à l’intégrité physique et à la dignité de la
personne : violences racistes et antisémites, violences envers les
filles, violences à caractère sexuel, notamment l’homophobie.
Par tous les moyens, prévention et sanction, la lutte contre la violence
dans et autour des établissements demeure une priorité absolue.

La lutte contre l'homophobie est inscrite dans les textes.
Le travail mené en établissement, pour les élèves, se base sur les textes que nous avons à appliquer.

Il est inutile de faire référence à ta situation personnelle : si cela te rend plus sensible à la situation de cette jeune fille, en faire état risquerait de compliquer les choses. Il y a une exigence de neutralité qui fait que... mieux vaut ne pas trop en dire sur soi aux élèves.

Bonne chance.

sur un autre post, tu dis "il" aussi... du coup, j'ai du mal à suivre !
En tout cas, tu as raison d'être méfiante. C'est malheureux mais c'est ainsi !

Quand je parle de mon ex, je dis il.

Ce qui en dit long sur beaucoup de choses et devrait en indigner plus d'un - non pas que tu le fasses, mais que tu sois obligée de le faire.

John a écrit:

Quand je parle de mon ex, je dis il.

Ce qui en dit long sur beaucoup de choses et devrait en indigner plus d'un - non pas que tu le fasses, mais que tu sois obligée de le faire.

Oui, moi ça m'indigne ! La question est de savoir si on est obligé ou si on se croit obligé d'agir ainsi ...

Oui, moi ça m'indigne ! La question est de savoir si on est obligé ou si on se croit obligé d'agir ainsi ...

C'est une pure question rhétorique ?

https://www.neoprofs.org/actualites-f5/la-ligue-de-l-enseignement-epinglee-pour-homophobie-t15709.htm?highlight=ligue

http://www.sedcontra.fr/La-Une/Les-propagandes-homophiles-accreditees-par-lEducation-Nationale.html

http://www.liberation.fr/grand-angle/0101101335-j-ai-cru-que-t-etais-pede-j-ai-eu-trop-peur

http://www.hns-info.net/spip.php?article18693

http://www.sos-homophobie.org/index.php?menu=1&menu_option=12&sel_an=2006&news=55#chap55

John a écrit:

Oui, moi ça m'indigne ! La question est de savoir si on est obligé ou si on se croit obligé d'agir ainsi ...

C'est une pure question rhétorique ?

Oui et non ... c'est d'abord une vraie question, mais pas spécialement destinée à Grisemine que je ne me permettrais pas de juger ainsi. Je me demande simplement dans quelle mesure on peut être choqué(e) par l'attitude des autres quand soi-même on estime que son homosexualité est si honteuse / monstrueuse / choquante / ou que sais-je pour la nier soi-même et la cacher ...
On sait que la plupart des gens sont bêtement homophobes comme ils sont bêtement racistes : simplement par ignorance, peur de l'inconnu, croyance en des clichés ... A nous donc de lutter contre cela à notre niveau en leur montrant un visage simple, banal, quotidien de l'homosexualité, sans en faire toute une histoire ni un fait exceptionnel !

Eloah, je suppose donc que tu es toi même homo et que tu peux donc attester que vivre ainsi son homosexualité n'a aucune incidence sur ta vie quotidienne et professionnelle. Et que se montrer homo ouvertement n'est vraiment pas si compliqué.
D'aillieurs, ce que vis la jeune fille dont parle Grisemine le prouve bien.

D&ns mon collège , deux collègues femmes vivent ensemble , ont deux enfants (par insémination ).Tout le monde le sait, elles font partie des couples officiels du collège et il n'y a évidemment aucun problème.Un autre collègue est homo , on le sait aussi , tout est clair et je crois que c'est ça qui fait qau'il n'y a pas de réflexion.

Eloah et Roxanne, le monde dans lequel nous vivons n'est pas celui des bisounours...
Bien sûr qu'il y a des couples homos qui ne rencontrent aucun problème mais croyez-vous que la plupart des gays le cacheraient si c'était si simple ? que c'est par honte qu'ils ne s'affichent pas ? Je connais des collègues qui l'affichent et n'ont aucun souci et d'autres qui se font insulter tous les jours ou presque...

Eloah, ton premier paragraphe m'a beaucoup choquée.
Vraiment.

Quant au cas que tu évoques Grisemine, effectivement, je trouve que nous ne sommes pas loin du harcèlement moral même pour ces jeunes filles... et je rappelle que les jeunes homos se suicident plus que les autres...alors attention.
Le fait d'avoir appelé leur famille pour les prévenir m'a fait bondir. Les pauvres...
Je connais des cas de jeunes filles qui ont été mises à la porte de chez elle quand les parents l'ont su. Il n'y a pas si longtemps, on les conduisait chez le médecin pour les soigner.

Par contre, ta sexualité Grisemine n'a rien à voir. Il me semble que toute personne, qu'elle soit hétéro ou homo, devrait être choquée par le traitement qu'elles subissent.

Mais on est bien d'accord que cette histoire est hallucinante.Soit , toute démonstration de tendresse est interdite, pour tout le monde et le principal appelle tous les parents , oit il ne dit rien à personne.
Maintenant , je ne vis pas chez les bisounours mais dans une petite ville de province.Mes collègues vivent ensemble , ont construit une famille , ell'es ne "revendiquent" rien , mais elles ne cachent pas ce qu'elles sont.Et c'est ce qui fait que ça se passe normalement.Personne n'est obligé de parler de sa vie privée , mais commencer à dire "il"là où c'est "elle" , c'est à mon humble avis , commencer à se construire une autre vie , et à être l'objet de discussions.Quand les choses sont claires, on ne parle pas puisqu'il n'y a rien à dire.Après , je sais que tout n'est pas réglé dans c domaine, loin de là mais je suis assez d'accord avec Eloah.

[quote="Eloah"]

John a écrit:

Oui, moi ça m'indigne ! La question est de savoir si on est obligé ou si on se croit obligé d'agir ainsi ...

C'est une pure question rhétorique ?

Je me demande simplement dans quelle mesure on peut être choqué(e) par l'attitude des autres quand soi-même on estime que son homosexualité est si honteuse / monstrueuse / choquante / ou que sais-je pour la nier soi-même et la cacher ...
quote]

Tu es d'accord avec ça ?

tu ne penses pas qu'on peut vouloir rester très discret sur sa vie privée, et dire "il" quand on est obligé de répondre, juste pour ne pas s'exposer ?