- DoyenneNiveau 3
Par une décision n° 2024-1105 QPC du 4 octobre 2024, le Conseil constitutionnel érige le droit de se taire en garantie pour des fonctionnaires poursuivis disciplinairement. (…) Cette décision était attendue et prévisible. Attendue, car le Conseil constitutionnel a déjà estimé à deux reprises que « le principe selon lequel nul n’est tenu de s’accuser, dont découle le droit de se taire » était applicable à des procédures disciplinaires (…) ; ce qui n’a pas tardé à être invoqué devant les juridictions administratives dans le contentieux disciplinaire (…). Prévisible, car le droit de se taire s’applique « non seulement aux peines prononcées par les juridictions répressives mais aussi à toute sanction ayant le caractère d’une punition » (…) ; ce qui est le cas des sanctions disciplinaires infligées aux fonctionnaires. (…)
La portée du droit de se taire paraît limitée, dès lors que l’agent aura pu reconnaître les faits avant même l’engagement de la procédure disciplinaire, ce qui risque de fragiliser à l’excès les procédures disciplinaires, en particulier celles en cours. En effet, le Conseil constitutionnel a indiqué que « la déclaration d’inconstitutionnalité peut être invoquée dans les instances introduites à la date de publication de la présente décision et non jugées définitivement ».
https://www.weka.fr/actualite/droits-et-obligations/article_juridique/l-obligation-d-informer-prealablement-du-droit-de-se-taire-le-fonctionnaire-poursuivi-devant-le-conseil-de-discipline-186102/
- LadyOlennaModérateur
Je rajoute qu'on nous a vivement recommandé de rajouter, sur les convocations pour un conseil de discipline élèves, la mention " vous avez le droit de vous taire durant toute la procédure" (ou un truc dans le genre).
- ZeSandmanFidèle du forum
Oui, la DACES l'a aussi faite écrire à un cde pour convoquer un collègue ; la première fois qu'on le lit, ça fait un peu bizarre. Je comprends mieux maintenant merci.
_________________
Ce sont les rêves qui donnent au monde sa forme.
- DoyenneNiveau 3
ZeSandman a écrit:Oui, la DACES l'a aussi faite écrire à un cde pour convoquer un collègue ; la première fois qu'on le lit, ça fait un peu bizarre. Je comprends mieux maintenant merci.
Le droit de se taire reconnu à un enseignant dans le cadre d'un CD d'élève ? L'interprétation du rectorat est plus que douteuse.
- GanbatteHabitué du forum
J'ai du mal à saisir les ramifications de cette décision.
Cela m'est déjà arrivé de convoquer un personnel, entretien rapport etc, de l'inviter à s'exprimer s'il le souhaitait, qu'il réponde "je ne souhaite pas commenter", ce qui m'a semblé tout à fait dans ses droits, il n'a rien à dire ou ne souhaite rien dire, il ne dit rien et voilà. Je ne comprends pas la nouveauté.
Cela m'est déjà arrivé de convoquer un personnel, entretien rapport etc, de l'inviter à s'exprimer s'il le souhaitait, qu'il réponde "je ne souhaite pas commenter", ce qui m'a semblé tout à fait dans ses droits, il n'a rien à dire ou ne souhaite rien dire, il ne dit rien et voilà. Je ne comprends pas la nouveauté.
- Vieux_MongolFidèle du forum
C'est la fin officielle des brodequins et de l'estrapade dans les sous-sols des rectorats
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Vieux_Mongol a écrit:C'est la fin officielle des brodequins et de l'estrapade dans les sous-sols des rectorats
Je comprends mieux.
Et tant qu'on y est, il n'y aurait pas quelque part un texte qui préciserait que les ministres de l'EN ont le droit de se taire?
- JennyMédiateur
Aperçu par hasard a écrit:Vieux_Mongol a écrit:C'est la fin officielle des brodequins et de l'estrapade dans les sous-sols des rectorats
Je comprends mieux.
Et tant qu'on y est, il n'y aurait pas quelque part un texte qui préciserait que les ministres de l'EN ont ledroitde se taire?
devoir.
- DoyenneNiveau 3
Ganbatte a écrit:J'ai du mal à saisir les ramifications de cette décision.
Cela m'est déjà arrivé de convoquer un personnel, entretien rapport etc, de l'inviter à s'exprimer s'il le souhaitait, qu'il réponde "je ne souhaite pas commenter", ce qui m'a semblé tout à fait dans ses droits, il n'a rien à dire ou ne souhaite rien dire, il ne dit rien et voilà. Je ne comprends pas la nouveauté.
Le juge administratif considérait traditionnellement que le principe d’obéissance hiérarchique faisait obligation au fonctionnaire d’être capable de rendre compte de sa conduite aux autorités hiérarchique et disciplinaire, de sorte que le silence par lui gardé face aux demandes de ces autorités pouvait constituer une faute ou être le fondement d’une présomption quelconque. Par la décision citée ci-dessus, le Conseil constitutionnel vient de faire sauter cette obligation au moins envers l’autorité disciplinaire (créant ainsi un régime bâtard où se taire devient un droit lors de la procédure de sanction mais reste une faute lors des actes préparatoires à cette procédure, un peu comme si, en matière pénale, on reconnaissait le droit de se taire au tribunal mais on créait un délit de se taire en garde à vue).
Quelques exemples pour illustrer :
- Deux élèves sortent d’un entretien avec Monsieur X. L’une dit avoir été bousculée par le professeur, l’autre confesse n’avoir rien vu mais déclare avoir entendu un bruit « comme si on giflait quelqu’un ». Monsieur X nie avoir été violent, dit savoir d’où vient le bruit mais, interrogé par le président du conseil de discipline, invoque le droit de se taire. Toute décision qui s’appuierait ne serait-ce qu’en partie sur le fait que Monsieur X n’a pas été capable de fournir une explication à ce bruit, donnant dès lors une crédibilité suffisante à la thèse d’une altercation physique avec la jeune fille, serait entachée d’illégalité.
- Monsieur et Madame Y administrent conjointement le réseau informatique du collège. À une heure où ils ont tous les deux cours dans une salle informatique, un message haineux est posté sur le réseau depuis le compte administrateur. Monsieur et Madame Y disent n’y être pour rien et refusent catégoriquement de détailler au conseil de discipline leur emploi du temps pendant cette fameuse heure. Ils invoquent leur droit au silence. Toute décision (ultérieure) prononçant une sanction en raison de ce refus serait entachée d’illégalité.
- Monsieur le principal Z, qui se reconvertit bientôt dans le privé, a écrit sur Facebook que monsieur le recteur est un ***. Convoqué en conseil de discipline au cours de sa période de suspension, il fait parvenir une lettre à son président dans laquelle il invoque son droit au silence. Il prend néanmoins le soin de poster sur Facebook une photo de lui pendant ses vacances aux Seychelles. Toute décision qui déduirait de son attitude une absence de remords serait probablement entachée d’illégalité.
- À l’occasion de son conseil de discipline il y a un mois, Madame Bonus a admis pour la première fois avoir eu des gestes déplacés envers un élève. Madame la rectrice en est très soulagée car il n’y avait aucune preuve matérielle. Madame la rectrice a cependant oublié de préciser dans sa convocation à Madame Bonus qu’elle avait le droit de se taire. Informée de la récente décision du Conseil constitutionnel, Madame Bonus a formé un recours en excès de pouvoir contre la décision prononçant sa mise à la retraite d’office. Après son annulation, toute nouvelle décision qui serait motivée par les déclarations faites par Madame Bonus lors de son premier conseil de discipline serait entachée d’illégalité.
- GanbatteHabitué du forum
Doyenne a écrit:Ganbatte a écrit:J'ai du mal à saisir les ramifications de cette décision.
Cela m'est déjà arrivé de convoquer un personnel, entretien rapport etc, de l'inviter à s'exprimer s'il le souhaitait, qu'il réponde "je ne souhaite pas commenter", ce qui m'a semblé tout à fait dans ses droits, il n'a rien à dire ou ne souhaite rien dire, il ne dit rien et voilà. Je ne comprends pas la nouveauté.
Le juge administratif considérait traditionnellement que le principe d’obéissance hiérarchique faisait obligation au fonctionnaire d’être capable de rendre compte de sa conduite aux autorités hiérarchique et disciplinaire, de sorte que le silence par lui gardé face aux demandes de ces autorités pouvait constituer une faute ou être le fondement d’une présomption quelconque. Par la décision citée ci-dessus, le Conseil constitutionnel vient de faire sauter cette obligation au moins envers l’autorité disciplinaire (créant ainsi un régime bâtard où se taire devient un droit lors de la procédure de sanction mais reste une faute lors des actes préparatoires à cette procédure, un peu comme si, en matière pénale, on reconnaissait le droit de se taire au tribunal mais on créait un délit de se taire en garde à vue).
Quelques exemples pour illustrer :
- Deux élèves sortent d’un entretien avec Monsieur X. L’une dit avoir été bousculée par le professeur, l’autre confesse n’avoir rien vu mais déclare avoir entendu un bruit « comme si on giflait quelqu’un ». Monsieur X nie avoir été violent, dit savoir d’où vient le bruit mais, interrogé par le président du conseil de discipline, invoque le droit de se taire. Toute décision qui s’appuierait ne serait-ce qu’en partie sur le fait que Monsieur X n’a pas été capable de fournir une explication à ce bruit, donnant dès lors une crédibilité suffisante à la thèse d’une altercation physique avec la jeune fille, serait entachée d’illégalité.
- Monsieur et Madame Y administrent conjointement le réseau informatique du collège. À une heure où ils ont tous les deux cours dans une salle informatique, un message haineux est posté sur le réseau depuis le compte administrateur. Monsieur et Madame Y disent n’y être pour rien et refusent catégoriquement de détailler au conseil de discipline leur emploi du temps pendant cette fameuse heure. Ils invoquent leur droit au silence. Toute décision (ultérieure) prononçant une sanction en raison de ce refus serait entachée d’illégalité.
- Monsieur le principal Z, qui se reconvertit bientôt dans le privé, a écrit sur Facebook que monsieur le recteur est un ***. Convoqué en conseil de discipline au cours de sa période de suspension, il fait parvenir une lettre à son président dans laquelle il invoque son droit au silence. Il prend néanmoins le soin de poster sur Facebook une photo de lui pendant ses vacances aux Seychelles. Toute décision qui déduirait de son attitude une absence de remords serait probablement entachée d’illégalité.
- À l’occasion de son conseil de discipline il y a un mois, Madame Bonus a admis pour la première fois avoir eu des gestes déplacés envers un élève. Madame la rectrice en est très soulagée car il n’y avait aucune preuve matérielle. Madame la rectrice a cependant oublié de préciser dans sa convocation à Madame Bonus qu’elle avait le droit de se taire. Informée de la récente décision du Conseil constitutionnel, Madame Bonus a formé un recours en excès de pouvoir contre la décision prononçant sa mise à la retraite d’office. Après son annulation, toute nouvelle décision qui serait motivée par les déclarations faites par Madame Bonus lors de son premier conseil de discipline serait entachée d’illégalité.
Ces circonvolutions m'emplissent d'admiration et d'effroi mêlés. J'espère un jour une résolution de la contradiction que tu énonces, mais je crois qu'il va me falloir beaucoup de patience.
- BaldredSage
La lecture de ce passage me réjouit, il a l'air très sympathique ce Z
"Monsieur le principal Z, qui se reconvertit bientôt dans le privé, a écrit sur Facebook que monsieur le recteur est un ***. Convoqué en conseil de discipline au cours de sa période de suspension, il fait parvenir une lettre à son président dans laquelle il invoque son droit au silence. Il prend néanmoins le soin de poster sur Facebook une photo de lui pendant ses vacances aux Seychelles. Toute décision qui déduirait de son attitude une absence de remords serait probablement entachée d’illégalité."
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Des vacances aux Seychelles… Mais c'est absurde, aussi absurde que d'aller à Ibiza dans ce genre de cas.
_________________
Si tu vales valeo.
- BaldredSage
Ça allonge le nez du pied de nez peut-être ?
- Anne_68Niveau 10
Je crois que ce principal suspendu aux Seychelles s'appelle Gérard Manvussa.
_________________
- "Wo alles dunkel ist, macht Licht !" :
Was keiner wagt, das sollt ihr wagen // Was keiner sagt, das sagt heraus
Was keiner denkt, das wagt zu denken // Was keiner anfängt, das führt aus
Wenn keiner ja sagt, sollt ihr′s sagen // Wenn keiner nein sagt, sagt doch nein
Wenn alle zweifeln, wagt zu glauben // Wenn alle mittun, steht allein
Wo alle loben, habt Bedenken // Wo alle spotten, spottet nicht
Wo alle geizen, wagt zu schenken // Wo alles dunkel ist, macht Licht
Lothar Zenetti
https://lyricstranslate.com/de/was-keiner-wagt-what-no-one-dares.html
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