- Clecle78Bon génie
Le problème quand les gens restent au même endroit c'est qu'il y a des situations de domination et d'impunité qui peuvent s'installer et il devient très difficile de faire évoluer les choses parce que "c'est comme ça ". Et parfois ça devient invivable quand un petit chef décide de tout. J'avais déjà pensé à muter face à cette situation compliquée et puis j'y avais renonce justement parce que j'habitais à un kilomètre et que j'appréciais les élèves. Et je m'étais dis que non, je n'allais pas partir parce que certains étaient désagréables. Mais quand l'occasion s'est présentée suite à une proposition de mutation de mon mari je n'ai pas hésité. Évidemment je me suis retrouvée face aux menaces de suppression de poste en lettres classiques dans mes deux derniers établissements, ce n'était pas toujours simple. Mais voir des fonctionnements différents ça m'a fait du bien même si parfois ce n'était pas ce que j'aurais souhaité.
- EnglishTidsearNiveau 9
Ça fait plus de vingt ans que je suis dans le même lycée. Arrivée par hasard dans cette petite ville de campagne, J'envisage de garder mon poste jusqu'à la retraite. Je ne m'y ennuie pas, je m'entends très bien avec mes collègues d'anglais et la salle des professeurs, nous arrivons à nous répartir les différents niveaux sans animosité. Je mets entre vingt et vingt-cinq minutes pour aller travailler. Il y a d'autres établissements plus proches, dont un à dix minutes de chez moi où est scolarisé mon fils, mais la manière d'y enseigner (inexistance de groupes en langue par exemple) n'est pas la même et ne me convient pas.
Je pense que les inspecteurs sont tenus de nous poser la question de notre évolution professionnelle : moi, on m'avait conseillé de passer l'agrégation alors que tout ce que je souhaite, c'est de rester à temps partiel afin de disposer de temps personnel.
Rester dans le même même établissement, c'est confortable : Les élèves nous connaissent de réputation, l'administration aussi.
Quitter son établissement, c'est prendre le risque d'être le dernier arrivé et de voir son poste disparaître. Dans mon cas, être muté en collège serait une catastrophe.
Je pense que les inspecteurs sont tenus de nous poser la question de notre évolution professionnelle : moi, on m'avait conseillé de passer l'agrégation alors que tout ce que je souhaite, c'est de rester à temps partiel afin de disposer de temps personnel.
Rester dans le même même établissement, c'est confortable : Les élèves nous connaissent de réputation, l'administration aussi.
Quitter son établissement, c'est prendre le risque d'être le dernier arrivé et de voir son poste disparaître. Dans mon cas, être muté en collège serait une catastrophe.
- MalavitaÉrudit
Clecle78 a écrit:Le problème quand les gens restent au même endroit c'est qu'il y a des situations de domination et d'impunité qui peuvent s'installer et il devient très difficile de faire évoluer les choses parce que "c'est comme ça ". Et parfois ça devient invivable quand un petit chef décide de tout. J'avais déjà pensé à muter face à cette situation compliquée et puis j'y avais renonce justement parce que j'habitais à un kilomètre et que j'appréciais les élèves. Et je m'étais dis que non, je n'allais pas partir parce que certains étaient désagréables. Mais quand l'occasion s'est présentée suite à une proposition de mutation de mon mari je n'ai pas hésité. Évidemment je me suis retrouvée face aux menaces de suppression de poste en lettres classiques dans mes deux derniers établissements, ce n'était pas toujours simple. Mais voir des fonctionnements différents ça m'a fait du bien même si parfois ce n'était pas ce que j'aurais souhaité.
C'est exactement ce qu'il se passe actuellement dans mon établissement. Je pense de plus en plus à la mutation mais seulement pour retourner dans ma région d'origine. Pour l'instant, je n'y suis pas prête : risque d'être TZR, abandon de toutes mes activités, de mon réseau professionnel, obligation de vendre mon appartement... Il y a deux ou trois ans en arrière, la question ne se posait même pas.
- cit6Niveau 7
Cléopatra2 a écrit:
C'était plutôt un lycée de fin de carrière pour les gens qui sont du coin, mais un lycée de début pour les jeunes profs parisiens.
C'est toujours le cas pour mon lycée actuel, où je suis arrivée il y a une dizaine d'années et d'où je ne vais partir qu'à la retraite (j'en suis proche ), après 16 ans dans un lycée ZEP. Et je parlais justement l'autre jour à la cantine avec deux "vieux" profs de l'établissement. L'un d'entre eux y est depuis 35 ans, après avoir passé 2 ans dans le nord de la France (j'ai appris à cette occasion qu'à la fin des années 80, même l'académie de Versailles était inaccessible pour un neotit et qu'ils étaient envoyés dans les académies d'Amiens ou Lille!). L'autre y est aussi arrivé il y a plus de 30 ans, mais l'a quitté pendant 10 ans pour ne pas avoir ses enfants dans le même établissement, puis y est revenu depuis une quinzaine d'années et ne compte plus en partir.
Mais c'est aussi un lycée pour des profs plutôt jeunes (peut-être pas neotit tout de même) qui y restent souvent une dizaine d'années (plus ou moins selon la matière) avant de muter en province.
Quant à "s'encrouter", avec l'évolution des élèves et les modifications tous les 5-6 ans des programmes, je ne vois pas bien comment on peut le faire dans notre métier, et j'aimerais bien connaître un prof qui fait vraiment le même cours depuis 20 ans (ou même 10). On doit constamment adapter et s'adapter.
Pour revenir à la collègue qui a lancé ce fil, je pense quand même qu'enseigner en collège REP+ doit devenir difficile à partir d'un certain âge (il faut de l'énergie) et qu'il ne doit pas y avoir beaucoup de collègues de plus de 60 ans! Mais bon, cela laisse encore du temps .
Et sinon, j'ai un peu l'impression que la "mobilité" a moins le vent en poupe qu'il y a quelques années et que l'on insiste moins dessus dans l'administration, dans la fonction publique en tout cas (j'ai l'exemple d'un proche à qui on a arrêté de demander de muter).
Cit6.
- ElaïnaDevin
Iridiane a écrit:Oui, là je pense qu’il ne faut pas se faire tant de noeuds au cerveau : tu n’as pas envie de muter pour le moment, tu ne mutes pas, et le jour où tu changes d’avis, tu mutes.
Alors même que les gens qui ont envie de muter ne le peuvent souvent pas, je trouve ça fort de café que les inspecteurs se mettent à faire pression pour faire muter ceux qui sont bien ! De quoi je me mêle ?
Je pense que pour l'inspecteur c'est une façon de faire comme si l'EN proposait de réelles perspectives de carrière.
Pour répondre à la question, t'as pas envie de muter, tu mutes pas. T'as envie, tu fais une demande. Et c'est tout.
Pour ma part après 5 ans de précaire à la fac (oui parce que dans ATER, le mot principal c'est "temporaire" hein) j'ai demandé un poste en lycée, j'avais demandé à peu près n'importe quoi en lycée pas trop loin de chez moi. Bim, poste fixe à 12 km (traduction francilienne : 45 minutes de voiture, 1h30 en bus à l'époque). Au passage c'est là qu'on voit la grande disparité entre les régions et les matières, aussi : dans l'académie de Versailles, tu veux un poste fixe en hg en lycée dans les Yvelines ou le Val d'Oise, tu l'as quasiment en claquant des doigts... (Viendez dans les Yvelines : c'est bien).
J'y suis restée trois ans, j'étais très heureuse là-bas mais c'était vraiment loin en termes de temps de trajet. J'ai entendu une de mes collègues dire qu'elle demandait sa mut' pour un truc plus près de chez elle, je me suis dit que j'allais tenter. J'ai mis les trois établissements autour de chez moi, et re-bim, j'ai eu un poste fixe dans celui qui est le plus loin géographiquement (7 km, 20 minutes porte à porte à vélo) mais le plus réputé (même si c'est possiblement un peu surévalué). Je ne pense pas en partir avant longtemps, parce que j'y suis bien, j'aime mes collègues, le public est globalement facile (enfin, il y a aussi les classes de l'angoisse, c'est pas parce que c'est chez les riches que ça peut pas être apocalyptique aussi), bref, je danse la vie, je chante la vie, je ne suis qu'amour. Certains de mes collègues y ont fait 30 voire 35 ans de leur carrière, sans forcément habiter à côté d'ailleurs, juste parce qu'ils étaient bien là. Après tout pourquoi pas ?
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- horriblaNiveau 7
Merci à toutes et tous pour vos réponses.
Je ne me demande pas si je dois muter, je n'en ai pas envie. Ma question était plutôt celle de la décision consciente qu'on va (sauf carte scolaire, on ne peut rien prévoir si longtemps à l'avance) rester 20 ans encore au même endroit.
Pour l'instant, je n'ai pas encore sauté le pas de me dire "oui, c'est ici que je serai encore lorsque je partirai à la retraite" mais je n'en suis pas très loin.
Je ne me demande pas si je dois muter, je n'en ai pas envie. Ma question était plutôt celle de la décision consciente qu'on va (sauf carte scolaire, on ne peut rien prévoir si longtemps à l'avance) rester 20 ans encore au même endroit.
Pour l'instant, je n'ai pas encore sauté le pas de me dire "oui, c'est ici que je serai encore lorsque je partirai à la retraite" mais je n'en suis pas très loin.
- IridianeFidèle du forum
horribla a écrit:Merci à toutes et tous pour vos réponses.
Je ne me demande pas si je dois muter, je n'en ai pas envie. Ma question était plutôt celle de la décision consciente qu'on va (sauf carte scolaire, on ne peut rien prévoir si longtemps à l'avance) rester 20 ans encore au même endroit.
Pour l'instant, je n'ai pas encore sauté le pas de me dire "oui, c'est ici que je serai encore lorsque je partirai à la retraite" mais je n'en suis pas très loin.
Mais tu n’as pas besoin de te dire ça, si l’an prochain tu as envie de muter rien ne t’en empêche ! Ne pas muter dans l’immédiat ne veut pas dire signer pour rester 20 ans.
- roxanneOracle
Et puis, il y a la vie, ses aléas, ses rencontres. Je me permets de rappeler l'expérience d'Ysabel sur ce forum qui était depuis une vingtaine d'années dans son établissement si je ne me trompe pas et qui suite à une rencontre amoureuse a muté dans une autre académie.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
À partir du moment où : tu as une famille qui n’a pas pour perspective de bouger ; ou un cercle de relations sur place (hors travail) dans lequel tu t’épanouis ; tu te sens bien dans ton établissement, etc.
Ce n’est pas forcément pour 10 ou 20 ou 30 ans, mais tu prends conscience d’une forme de stabilité.
Pour moi il y aura un questionnement quand mon compagnon prendra sa retraite, car lui sera plus mobile, mais rien n’est joué, et on verra bien.
En tout cas, si un jour tu as envie de muter, tu seras bien contente d’avoir accumulé des points
Ce que dit Roxanne est vrai : il y a vingt ans, je pensais que je muterais quand je rencontrerais quelqu’un qui habiterait ailleurs… et j’ai rencontré quelqu’un qui habite ici, donc je n’ai pas muté
Ce n’est pas forcément pour 10 ou 20 ou 30 ans, mais tu prends conscience d’une forme de stabilité.
Pour moi il y aura un questionnement quand mon compagnon prendra sa retraite, car lui sera plus mobile, mais rien n’est joué, et on verra bien.
En tout cas, si un jour tu as envie de muter, tu seras bien contente d’avoir accumulé des points
Ce que dit Roxanne est vrai : il y a vingt ans, je pensais que je muterais quand je rencontrerais quelqu’un qui habiterait ailleurs… et j’ai rencontré quelqu’un qui habite ici, donc je n’ai pas muté
- lene75Prophète
Je suis depuis 15 ans dans mon établissement, pas spécialement par choix, mais les mutations sont complètement bloquées dans ma discipline. En 15 ans il a beaucoup changé. Ce n'est plus du tout le même profil établissement qu'il y a 15 ans. D'une année sur l'autre suivant les classes qu'on a, c'est aussi le jour et la nuit. Suivant les collègues, aussi. En philo l'équipe est toute petite, quand on n'a qu'un seul autre collègue en poste fixe, changer de collègue change beaucoup de choses. Depuis deux ans j'ai une nouvelle collègue et je me sens beaucoup mieux dans mon lycée grâce à ça. Et chaque année on a un nouveau collègue sur le BMP, donc du sang neuf tous les ans. Les directions changent aussi. Les profs de l'établissement sont renouvelés à peu près à hauteur de 25% chaque année, ce qui fait pas mal de mouvement et de nouvelles têtes.
Je vois un certain nombre d'avantages à rester dans un établissement, outre le fait de ne pas risquer de perdre son poste et la distance (je suis à 25 min en voiture, en lycée c'est une chance), le fait que certaines routines soient installées permet de prendre du recul pour se consacrer au coeur de son métier, je trouve. Et on peut expérimenter des trucs sans risque de passer pour un incompétent si ça ne donne pas le résultat escompté : au bout de 15 ans, on a donné suffisamment de gages à tout le monde pour ne plus avoir rien à prouver ni à la direction, ni aux collègues, ni aux parents, ni aux élèves. Idem par exemple si je colle ou exclus un élève : les CPE savent que je ne le fais pas tous les 4 matins et donc que si je le fais que c'est du sérieux. Au point parfois de servir de jauge pour les autres : "Si même toi t'as pas un bon feeling avec la classe au premier cours, c'est que l'année va être compliquée pour tout le monde avec cette classe", ça permet de réagir vite (remarque d'une PP de STMG qui est là depuis plus longtemps que moi et qui m'a beaucoup accompagnée à mes débuts avec ces classes). Pour les élèves aussi c'est très rassurant de voir qu'on sait où on va, avec qui on bosse et comment, et ce que ça donne à l'examen, et qu'on peut anticiper leurs difficultés parce qu'on connaît bien leur profil et ce qui fonctionne ou pas avec eux. C'est l'avantage de l'expérience. On connaît bien ses profils d'élèves et ça fait gagner beaucoup de temps et d'efficacité. J'ai apprécié de pouvoir compter sur les "piliers" de l'établissement quand je suis arrivée. Maintenant c'est mon job (et je ne me rendais pas compte à quel point c'est vraiment du travail en plus que d'accueillir et d'accompagner les nouveaux collègues, enfin ceux qui sont en demande, au moins).
Après dans des établissements comme le mien, et sûrement en REP aussi, ça dépend pourquoi on a fait prof. Pour le côté pédagogique c'est chouette, mais 15 ans avec un niveau de stimulation intellectuelle proche de 0 parce qu'on a des élèves pour qui le problème principal est de réussir à écrire une phrase dans un français non pas tout à fait correct mais au moins compréhensible, ça finit par être pesant. La répétition des comportements perturbateurs aussi, surtout quand on connaît la chanson et qu'on ne peut plus faire semblant de croire que les super pseudo-mesures mises en place vont faire des miracles, parce qu'elles ont déjà été testées et ont déjà échoué 50 fois auparavant, et que le fin mot de l'histoire c'est qu'on ne fera rien et qu'on laissera traîner les problèmes jusqu'à la fin de l'année. Certains collègues semblent avoir la mémoire courte ou font bien semblant de croire qu'une idée est nouvelle quand on réinvente l'eau tiède, moi ça me lasse, je ne peux pas faire semblant, je voudrais qu'on tienne compte de l'expérience passée pour faire autre chose, ce qui peut me faire passer pour une grincheuse.
Mais tant que tu te sens bien, il n'y a pas de raison de changer juste pour changer, sans pour autant pouvoir prévoir combien de temps tu te sentiras encore bien.
Je vois un certain nombre d'avantages à rester dans un établissement, outre le fait de ne pas risquer de perdre son poste et la distance (je suis à 25 min en voiture, en lycée c'est une chance), le fait que certaines routines soient installées permet de prendre du recul pour se consacrer au coeur de son métier, je trouve. Et on peut expérimenter des trucs sans risque de passer pour un incompétent si ça ne donne pas le résultat escompté : au bout de 15 ans, on a donné suffisamment de gages à tout le monde pour ne plus avoir rien à prouver ni à la direction, ni aux collègues, ni aux parents, ni aux élèves. Idem par exemple si je colle ou exclus un élève : les CPE savent que je ne le fais pas tous les 4 matins et donc que si je le fais que c'est du sérieux. Au point parfois de servir de jauge pour les autres : "Si même toi t'as pas un bon feeling avec la classe au premier cours, c'est que l'année va être compliquée pour tout le monde avec cette classe", ça permet de réagir vite (remarque d'une PP de STMG qui est là depuis plus longtemps que moi et qui m'a beaucoup accompagnée à mes débuts avec ces classes). Pour les élèves aussi c'est très rassurant de voir qu'on sait où on va, avec qui on bosse et comment, et ce que ça donne à l'examen, et qu'on peut anticiper leurs difficultés parce qu'on connaît bien leur profil et ce qui fonctionne ou pas avec eux. C'est l'avantage de l'expérience. On connaît bien ses profils d'élèves et ça fait gagner beaucoup de temps et d'efficacité. J'ai apprécié de pouvoir compter sur les "piliers" de l'établissement quand je suis arrivée. Maintenant c'est mon job (et je ne me rendais pas compte à quel point c'est vraiment du travail en plus que d'accueillir et d'accompagner les nouveaux collègues, enfin ceux qui sont en demande, au moins).
Après dans des établissements comme le mien, et sûrement en REP aussi, ça dépend pourquoi on a fait prof. Pour le côté pédagogique c'est chouette, mais 15 ans avec un niveau de stimulation intellectuelle proche de 0 parce qu'on a des élèves pour qui le problème principal est de réussir à écrire une phrase dans un français non pas tout à fait correct mais au moins compréhensible, ça finit par être pesant. La répétition des comportements perturbateurs aussi, surtout quand on connaît la chanson et qu'on ne peut plus faire semblant de croire que les super pseudo-mesures mises en place vont faire des miracles, parce qu'elles ont déjà été testées et ont déjà échoué 50 fois auparavant, et que le fin mot de l'histoire c'est qu'on ne fera rien et qu'on laissera traîner les problèmes jusqu'à la fin de l'année. Certains collègues semblent avoir la mémoire courte ou font bien semblant de croire qu'une idée est nouvelle quand on réinvente l'eau tiède, moi ça me lasse, je ne peux pas faire semblant, je voudrais qu'on tienne compte de l'expérience passée pour faire autre chose, ce qui peut me faire passer pour une grincheuse.
Mais tant que tu te sens bien, il n'y a pas de raison de changer juste pour changer, sans pour autant pouvoir prévoir combien de temps tu te sentiras encore bien.
- Lord StevenExpert
Une de mes amies a été nommée dans un lycée à l'autre bout de la France, et pendant quelques années ne pensait qu'à une chose: en partir. Quarante ans plus tard, elle y est encore. Sa décision consciente a plutôt été liée au fait que l'herbe n'était pas plus verte ailleurs (au contraire, petit lycée de campagne, donc classes peu chargées) et qu'elle préférait faire 30 km de route par rapport à son domicile actuel plutôt qu'être la dernière arrivée dans un établissement plus proche et donc se coltiner les classes dont personne ne veut.
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- mamieprofExpert spécialisé
Je suis arrivée comme néotit dans mon lycée il y 9 ans et j'ai prévu d'en partir à 65 ans dans 2 ans. Je suis stupéfaite de n'avoir pratiquement que des collègues qui sont là depuis au moins 15 ans.
Beaucoup y sont depuis plus de 25 ans. Il n'y a quasiment pas de mutations, les places se libèrent au gré des départs en retraite.
Et je crois que c'est pareil pour les collègues du collège de notre cité scolaire.
Beaucoup sont à moins de 25 minutes du lycée (à pieds en vélo ou en voiture) et nous disposons de 2 grands parkings profs ce qui facilite clairement la vie.
En 9 ans je crois que 7 personnes sont parties 3 dans l'académie et les 4 autres dans les académies de Nantes, Orléans et Montpellier.
Pour une équipe d'environ 70 personnes je trouve ça étonnant (venant du secteur privé c'est encore plus curieux !).
2 collègues (LM et anglais ) souhaitent muter (Nantes et Nice) et demandent des mutations avec leur conjoint chaque année mais ils sont profs de techno ou d'Italien et apparemment "ce sont eux qui bloquent la mutation car leur discipline est difficile à obtenir"
Certains collègues ont des regrets car leur inspecteur leur a proposé de muter en demandant de classes prépas et à 4/5 ans de la retraite. D'un coté ils n'ont pas envie de recréer tous leurs cours, de l'autre ils se disent que cela aurait pu être une super fin de carrière.
Les collègues de philo (55 ans environ) révéraient de Paris mais "c'est mort ! "
Une collègue a muté pour l'académie de Montpellier il y a 4 ans afin de retrouver sa région d'origine. Elle a mis tous ses points pour se retrouver dans un collège épouvantable et surtout dangereux. Depuis certains ont de ses nouvelles et elle ne sort par de sa dépression causée par son arrivée dans un Sud trop idéalisé. C'est triste ! Elle regrette tant ! Mais pas envie de revenir pour être TZR dans l'académie de Versailles dans un établissement peut-être aussi compliqué.
Beaucoup y sont depuis plus de 25 ans. Il n'y a quasiment pas de mutations, les places se libèrent au gré des départs en retraite.
Et je crois que c'est pareil pour les collègues du collège de notre cité scolaire.
Beaucoup sont à moins de 25 minutes du lycée (à pieds en vélo ou en voiture) et nous disposons de 2 grands parkings profs ce qui facilite clairement la vie.
En 9 ans je crois que 7 personnes sont parties 3 dans l'académie et les 4 autres dans les académies de Nantes, Orléans et Montpellier.
Pour une équipe d'environ 70 personnes je trouve ça étonnant (venant du secteur privé c'est encore plus curieux !).
2 collègues (LM et anglais ) souhaitent muter (Nantes et Nice) et demandent des mutations avec leur conjoint chaque année mais ils sont profs de techno ou d'Italien et apparemment "ce sont eux qui bloquent la mutation car leur discipline est difficile à obtenir"
Certains collègues ont des regrets car leur inspecteur leur a proposé de muter en demandant de classes prépas et à 4/5 ans de la retraite. D'un coté ils n'ont pas envie de recréer tous leurs cours, de l'autre ils se disent que cela aurait pu être une super fin de carrière.
Les collègues de philo (55 ans environ) révéraient de Paris mais "c'est mort ! "
Une collègue a muté pour l'académie de Montpellier il y a 4 ans afin de retrouver sa région d'origine. Elle a mis tous ses points pour se retrouver dans un collège épouvantable et surtout dangereux. Depuis certains ont de ses nouvelles et elle ne sort par de sa dépression causée par son arrivée dans un Sud trop idéalisé. C'est triste ! Elle regrette tant ! Mais pas envie de revenir pour être TZR dans l'académie de Versailles dans un établissement peut-être aussi compliqué.
- TrucOuBiduleHabitué du forum
Je me retrouve totalement la réponse de @lene75 sauf que je ne suis pas en philo mais en technologie collège (19 ans collège REP93).lene75 a écrit:Je suis depuis 15 ans dans mon établissement, pas spécialement par choix, mais les mutations sont complètement bloquées dans ma discipline. En 15 ans il a beaucoup changé. Ce n'est plus du tout le même profil établissement qu'il y a 15 ans. D'une année sur l'autre suivant les classes qu'on a, c'est aussi le jour et la nuit. Suivant les collègues, aussi. En philo l'équipe est toute petite, quand on n'a qu'un seul autre collègue en poste fixe, changer de collègue change beaucoup de choses. Depuis deux ans j'ai une nouvelle collègue et je me sens beaucoup mieux dans mon lycée grâce à ça. Et chaque année on a un nouveau collègue sur le BMP, donc du sang neuf tous les ans. Les directions changent aussi. Les profs de l'établissement sont renouvelés à peu près à hauteur de 25% chaque année, ce qui fait pas mal de mouvement et de nouvelles têtes.
Je vois un certain nombre d'avantages à rester dans un établissement, outre le fait de ne pas risquer de perdre son poste et la distance (je suis à 25 min en voiture, en lycée c'est une chance), le fait que certaines routines soient installées permet de prendre du recul pour se consacrer au coeur de son métier, je trouve. Et on peut expérimenter des trucs sans risque de passer pour un incompétent si ça ne donne pas le résultat escompté : au bout de 15 ans, on a donné suffisamment de gages à tout le monde pour ne plus avoir rien à prouver ni à la direction, ni aux collègues, ni aux parents, ni aux élèves. Idem par exemple si je colle ou exclus un élève : les CPE savent que je ne le fais pas tous les 4 matins et donc que si je le fais que c'est du sérieux. Au point parfois de servir de jauge pour les autres : "Si même toi t'as pas un bon feeling avec la classe au premier cours, c'est que l'année va être compliquée pour tout le monde avec cette classe", ça permet de réagir vite (remarque d'une PP de STMG qui est là depuis plus longtemps que moi et qui m'a beaucoup accompagnée à mes débuts avec ces classes). Pour les élèves aussi c'est très rassurant de voir qu'on sait où on va, avec qui on bosse et comment, et ce que ça donne à l'examen, et qu'on peut anticiper leurs difficultés parce qu'on connaît bien leur profil et ce qui fonctionne ou pas avec eux. C'est l'avantage de l'expérience. On connaît bien ses profils d'élèves et ça fait gagner beaucoup de temps et d'efficacité. J'ai apprécié de pouvoir compter sur les "piliers" de l'établissement quand je suis arrivée. Maintenant c'est mon job (et je ne me rendais pas compte à quel point c'est vraiment du travail en plus que d'accueillir et d'accompagner les nouveaux collègues, enfin ceux qui sont en demande, au moins).
Après dans des établissements comme le mien, et sûrement en REP aussi, ça dépend pourquoi on a fait prof. Pour le côté pédagogique c'est chouette, mais 15 ans avec un niveau de stimulation intellectuelle proche de 0 parce qu'on a des élèves pour qui le problème principal est de réussir à écrire une phrase dans un français non pas tout à fait correct mais au moins compréhensible, ça finit par être pesant. La répétition des comportements perturbateurs aussi, surtout quand on connaît la chanson et qu'on ne peut plus faire semblant de croire que les super pseudo-mesures mises en place vont faire des miracles, parce qu'elles ont déjà été testées et ont déjà échoué 50 fois auparavant, et que le fin mot de l'histoire c'est qu'on ne fera rien et qu'on laissera traîner les problèmes jusqu'à la fin de l'année. Certains collègues semblent avoir la mémoire courte ou font bien semblant de croire qu'une idée est nouvelle quand on réinvente l'eau tiède, moi ça me lasse, je ne peux pas faire semblant, je voudrais qu'on tienne compte de l'expérience passée pour faire autre chose, ce qui peut me faire passer pour une grincheuse.
Mais tant que tu te sens bien, il n'y a pas de raison de changer juste pour changer, sans pour autant pouvoir prévoir combien de temps tu te sentiras encore bien.
De ce fait, si j'avais été la posteuse initiale, je l'aurais intitulé "ne jamais muter" tout court.
Ce que je ne savais pas (pas devin) lors de ma titularisation et celle de mes collègues de cohorte plus ou moins 5 ans, c'est que j'avais passé un concours certes du secondaire, mais en réalité à primoaffectation francilienne (ok, comme beaucoup) pérenne (ça c’est plus rare) : les causes sont toutes les réformes en STI puis lycée et notre mise à l'écart (technocollège) lors des reclassements à la création du CAPET S2I en 2012.
Dans les faits, les recrutés d'après 2012 ont pour leur très grande majorité évité la primoaffectation francilienne en jonglant avec les deux mouvements de mut inter qui ont eux été conservés : celui de la technologie collège (L1400) et ceux des S2i (archi, élec, méca, info - L1411 à L1414).
Là, perso j'en ai marre, ma mutation sera hors EN, car entre ce que j'y ai vécu et les perspectives qui se profilent... pas trop de choix.
- CatalunyaExpert spécialisé
J'ai muté en 2023 après 10 ans passés dans mon lycée pour aller dans un autre lycée beaucoup plus proche car j'en avais marre de l'heure de voiture quotidienne (2x30 minutes) qui en plus empêche de rentrer en cas de gros trous dans l'edt.
J'ai donc muté à la rentrée 2023. Un an plus tard, mon poste a disparu. J'ai donc fait "tout poste académie" et ai obtenu avec une chance inouïe le lycée que j'avais précédemment quitté. Je disposerai donc de 3000 points lorsqu'un poste se libèrera dans le lycée proche de chez moi (dans 5 ans maximum, départ à la retraite). Les jouerai-je? J'avoue que perdre mon poste un an après mon arrivée m'a refroidi. D'un autre côté, comme je suis le dernier arrivé dans mon lycée actuel (mais c'était déjà le cas avant de muter), j'ai peur de la baisse démographique et de me reprendre une carte scolaire. Et une carte scolaire à 30 minutes de là où on habite, ce n'est pas la même chose car on peut vite se retrouver trèèèès loin.
J'ai donc muté à la rentrée 2023. Un an plus tard, mon poste a disparu. J'ai donc fait "tout poste académie" et ai obtenu avec une chance inouïe le lycée que j'avais précédemment quitté. Je disposerai donc de 3000 points lorsqu'un poste se libèrera dans le lycée proche de chez moi (dans 5 ans maximum, départ à la retraite). Les jouerai-je? J'avoue que perdre mon poste un an après mon arrivée m'a refroidi. D'un autre côté, comme je suis le dernier arrivé dans mon lycée actuel (mais c'était déjà le cas avant de muter), j'ai peur de la baisse démographique et de me reprendre une carte scolaire. Et une carte scolaire à 30 minutes de là où on habite, ce n'est pas la même chose car on peut vite se retrouver trèèèès loin.
- A TuinVénérable
horribla a écrit:Merci à toutes et tous pour vos réponses.
Je ne me demande pas si je dois muter, je n'en ai pas envie. Ma question était plutôt celle de la décision consciente qu'on va (sauf carte scolaire, on ne peut rien prévoir si longtemps à l'avance) rester 20 ans encore au même endroit.
J'ai envoie de te dire, tout dépend aussi si tu as des enfants. Si tu en as des petits, quand ils vont devenir grands il faudra gérer la surveillance des devoirs et faire faire les devoirs, et le temps que cela prend est juste infect pour peu que l'enfant soit moyen ou moyennement volontaire pour faire. Quand ce moment est fini, pas sûr que la personne ait ensuite envie de se coltiner une préparation de cours de lycées+copîes afférentes pour faire beau, jusqu'à 2h du matin ad vitam eternam - ou du moins, l'envisager pour les 9 ou 10 ans de bagne de surveillance de devoirs/contrôles à faire réciter, à prévoir entre la 6e et la Terminale d'un enfant d'âge scolaire - à considérer qu'il n'y en ait qu'un seul et pas une fratrie.
Bienheureux les gens ayant des enfants qui travaillent tous seuls et sans peine de la 6e à la Tle en ayant entre 16 et 18 partout tout le long !
Au regard d'un tel paramètre, les demandes d'un inspecteur ou les considérations sur une hypothétique "évolution de carrière" apparaissent clairement vaines, et hors sol. Déjà avoir du temps pour soi pour se reposer suffisamment et faire ce qu'il y a à faire au quotidien sans avoir le sentiment de courir partout en permanence, c'est déjà un début.
- CasparProphète
En fait je me rends compte que j'ai envie de muter chaque année au moment de la répartition et de toutes les mesquineries qui vont avec: beaucoup de collègues ont la classe X ou le BTS Y depuis 15/20/30 ans (cochez la bonne case), ne veulent pas de secondes, pas de classes techno, pas de ceci ou de cela sous divers prétextes plus ou moins acceptables...D'autres (ou souvent les mêmes) ont LEUR salle depuis des années et pas question de les faire bouger non plus. Je m'entends bien avec eux par ailleurs mais chaque année j'ai envie de dire leurs quatre vérités à certains. Bon, je me doute que c'est un peu pareil ailleurs, voire pire, donc je relativise.
J'aimerais aussi aller dans un lycée sans classes techno en grande partie pour éviter l'ETLV (enseignement technique en langue vivante), heure de co-enseignement que je déteste (rien à avoir avec les collègues de co-enseignement concernés, ça s'est toujours bien passé mais cette heure est une corvée hebdomadaire qui pèse sur mon moral).
Il devrait y avoir un poste libre dans un tout petit lycée sans classe technologique, l'opposé de l'énorme cité scolaire où je suis actuellement, mais c'est à 30 minutes en voiture de chez moi et j'ai peur de regretter ensuite (et comme le dit @Catalunya plus haut, c'est galère quand on est obligé de rester toute la journée pour cause de conseil de classe ou autre). Une collègue avait fait le chemin inverse quelques années avant sa retraite et elle m'avait dit que ça lui avait donné un coup de boost...Ce serait un changement d'ambiance total mais je connais aussi les petits établissements dans de petites villes et ils ont des inconvénients aussi.
Mon académie n'est pas très grande donc les lycées qui pourraient correspondre à ce que je recherche ne sont pas nombreux et pour l'instant je ne me vois pas repartir au collège.
Quant au mouvement inter, c'est tellement risqué qu'il faudrait un événement familial ou personnel majeur pour me persuader d'y participer, et encore...
J'ai déjà pensé à Saint-Pierre et Miquelon: chaque année nous recevons un message à propos de ce mouvement particulier mais l'idée d'être coincé sur une petite île a perdu tout attrait pour moi alors que j'étais très attiré par les îles étant plus jeune mais ça m'a complètement passé, comme quoi on change...
J'aimerais aussi aller dans un lycée sans classes techno en grande partie pour éviter l'ETLV (enseignement technique en langue vivante), heure de co-enseignement que je déteste (rien à avoir avec les collègues de co-enseignement concernés, ça s'est toujours bien passé mais cette heure est une corvée hebdomadaire qui pèse sur mon moral).
Il devrait y avoir un poste libre dans un tout petit lycée sans classe technologique, l'opposé de l'énorme cité scolaire où je suis actuellement, mais c'est à 30 minutes en voiture de chez moi et j'ai peur de regretter ensuite (et comme le dit @Catalunya plus haut, c'est galère quand on est obligé de rester toute la journée pour cause de conseil de classe ou autre). Une collègue avait fait le chemin inverse quelques années avant sa retraite et elle m'avait dit que ça lui avait donné un coup de boost...Ce serait un changement d'ambiance total mais je connais aussi les petits établissements dans de petites villes et ils ont des inconvénients aussi.
Mon académie n'est pas très grande donc les lycées qui pourraient correspondre à ce que je recherche ne sont pas nombreux et pour l'instant je ne me vois pas repartir au collège.
Quant au mouvement inter, c'est tellement risqué qu'il faudrait un événement familial ou personnel majeur pour me persuader d'y participer, et encore...
J'ai déjà pensé à Saint-Pierre et Miquelon: chaque année nous recevons un message à propos de ce mouvement particulier mais l'idée d'être coincé sur une petite île a perdu tout attrait pour moi alors que j'étais très attiré par les îles étant plus jeune mais ça m'a complètement passé, comme quoi on change...
- simpsonNiveau 1
Pour répondre au questionnement des inspecteurs conseillant aux profs en poste depuis + de 6 ans, de muter en lycée:
Sachez que les inspecteurs considèrent qu'un enseignant est efficace en REP / REP+ pendant 5 ans, puis qu'il ne l'est plus au delà (baisse d'exigence, adaptation à l'environnement: cad cours façonnés de façon à ne pas avoir de pb de discipline: cours sous forme d'animation par ex, comportement ayant pour but d'acheter la paix sociale sous prétexte de bienveillance, cynisme ...
Certains diront qu'ils sont restés passionnés toute leur carrière dans le meme établissement.
Mon exemple ne porte que concernant les REP / REP+
Sachez que les inspecteurs considèrent qu'un enseignant est efficace en REP / REP+ pendant 5 ans, puis qu'il ne l'est plus au delà (baisse d'exigence, adaptation à l'environnement: cad cours façonnés de façon à ne pas avoir de pb de discipline: cours sous forme d'animation par ex, comportement ayant pour but d'acheter la paix sociale sous prétexte de bienveillance, cynisme ...
Certains diront qu'ils sont restés passionnés toute leur carrière dans le meme établissement.
Mon exemple ne porte que concernant les REP / REP+
- cléliaFidèle du forum
simpson a écrit:Sachez que les inspecteurs considèrent qu'un enseignant est efficace en REP / REP+ pendant 5 ans, puis qu'il ne l'est plus au delà (baisse d'exigence, adaptation à l'environnement: cad cours façonnés de façon à ne pas avoir de pb de discipline: cours sous forme d'animation par ex, comportement ayant pour but d'acheter la paix sociale sous prétexte de bienveillance, cynisme ...
Honnêtement, nos inspecteurs sont tellement déconnectés de la réalité du terrain que leur expertise sur l'efficacité des enseignants me fait mourir de rire.
D'ailleurs, je suis dans un petit collège rural où les enseignants ont tendance à rester longtemps (ben oui, peu de postes, des routes de campagne enneigées l'hiver, des conjoints travaillant dans le secteur géographique, des enfants scolarisés, un établissement tranquille... beaucoup de raisons de ne pas muter) et les inspecteurs ont l'habitude de nous encourager, à chacune de leur visite, à envisager une mutation au lycée, dans la moyenne-ville-voisine. Parce que... nous le valons bien : des enseignants chevronnés et motivés comme nous gâchent leurs capacités dans notre petit collège de bouseux (je vous assure que c'est le discours sous-jacent). Bref, faire ce qu'on veut / ce qu'on peut, et surtout ne pas écouter ces gens.
_________________
Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
- CasparProphète
clélia a écrit:simpson a écrit:Sachez que les inspecteurs considèrent qu'un enseignant est efficace en REP / REP+ pendant 5 ans, puis qu'il ne l'est plus au delà (baisse d'exigence, adaptation à l'environnement: cad cours façonnés de façon à ne pas avoir de pb de discipline: cours sous forme d'animation par ex, comportement ayant pour but d'acheter la paix sociale sous prétexte de bienveillance, cynisme ...
Honnêtement, nos inspecteurs sont tellement déconnectés de la réalité du terrain que leur expertise sur l'efficacité des enseignants me fait mourir de rire.
D'ailleurs, je suis dans un petit collège rural où les enseignants ont tendance à rester longtemps (ben oui, peu de postes, des routes de campagne enneigées l'hiver, des conjoints travaillant dans le secteur géographique, des enfants scolarisés, un établissement tranquille... beaucoup de raisons de ne pas muter) et les inspecteurs ont l'habitude de nous encourager, à chacune de leur visite, à envisager une mutation au lycée, dans la moyenne-ville-voisine. Parce que... nous le valons bien : des enseignants chevronnés et motivés comme nous gâchent leurs capacités dans notre petit collège de bouseux (je vous assure que c'est le discours sous-jacent). Bref, faire ce qu'on veut / ce qu'on peut, et surtout ne pas écouter ces gens.
Après une de mes rares inspections (j'ai été inspecté trois fois en trente ans), une IPR m'a déballé tout un discours sur les concours de perdir et les mutation outre-mer mais j'ai senti que c'était un topo récité quasiment par cœur, un message qu'on lui avait demandé de relayer "à la base" mais rien à voir avec ma petite personne.
- CleroliDoyen
Merci pour ton éclairage. Je ne sais pas si ce sont les changements réguliers de programme (au moins en lycée), l'évolution du profil des élèves (qui concerne sûrement presque tous les établissements) ou tout simplement le caractère de chacun mais je trouve que c'est difficile de ne pas se remettre en question. C'est aussi un aspect de notre métier que je trouve fatigant.Fatras a écrit:
Personnellement, c'est quand je fais plus les choses par habitude. Quand je suis bien installé, avec l'habitude je n'ai pas besoin de me remettre en question car tout se passe très bien. Cela me permet de faire plus de choses aussi.
Mais en fait, quand je change d'établissement, je me rends compte que j'ai une plus grande capacité de remise en question car tout est différent.
J'ai rencontré plusieurs fois des collègues arrivant à se remettre en question, se renouveler, évoluer, tout en étant en poste depuis 30 ans dans le même établissement. Question de personnalité sans doute.
Je connais depuis 3 ans l'exact inverse de ce que tu décris : c'est le dernier arrivé dans notre équipe (il est TZR mais affecté chez nous sur décision de l'IPR, qu'il connait très bien -c'est sûrement l'explication au fait que le poste ne passe pas au mouvement) qui décide "pour nous tous". L'ambiance générale s'en ressent.Clecle78 a écrit:Le problème quand les gens restent au même endroit c'est qu'il y a des situations de domination et d'impunité qui peuvent s'installer et il devient très difficile de faire évoluer les choses parce que "c'est comme ça ". Et parfois ça devient invivable quand un petit chef décide de tout.
- TivinouDoyen
Je suis depuis plus de vingt ans dans mon établissement et je muterais bien (pour les mêmes raisons que celles données par Caspar), mais ici les muts en lettres sont complètement bloquées et il faudrait de toute façon que je fasse 1h30 de route de plus par jour aller-retour. Donc je reste où je suis, et je serre les dents à chaque répartition. J'essaie de faire la liste de tout ce qui rend mon établissement agréable, et honnêtement, il doit y avoir bien pire ailleurs. C'est vrai que le risque est l'encroutement, mais en lettres les programmes qui changent chaque année limitent quand même cette sensation; par la force des choses, nous renouvelons une bonne partie de nos cours chaque année !
- sookieGrand sage
Après avoir fait un an dans un collège privé très sélect de ma ville, passer le Capes puis deux ans de stage (prolongation pour cause de congé mater) dans un collège ZEP (REP+ aujourd'hui) puis un lycée tranquille , les deux assez proches de chez moi, puis un premier poste fixe (merci les enfants pour les points) à 30km de chez moi, j'ai pu avoir après 3 ans un poste à 10 mn en voiture, mais en REP, zone sensible, j'étais contente d'être proche mais vu le collège je pensais n'y passer que quelques années, et j'y entame ma 24e année et je vais y sûrement y rester jusqu'à la retraite (dans 5 ans normalement)
Je n'ai pas le sentiment de m'encrouter mais c'est quand même de plus en plus difficile de travailler en REP et d'être dans un environnement social très défavorisé, et avec des élèves de niveau très faible.
Mais j'aurai beaucoup de mal à partir, déjà parce que je suis près de chez moi, qu'il y a plein de collègues sympas, on est assez soudé (même si c'est un peu moins qu'avant), il n'y a pas de véritable clan (juste des petits groupes par affinité,mais tout le monde se parle), il y a de l'entraide, je fait cours toujours dans la même salle, jusqu'à présent mon emploi du temps n'était jamais trop dégueu (un peu plus compliqué cette année), je peux rester à 16h, et j'aurais beaucoup de mal à partir et à recommencer ailleurs, en plus de la crainte liée au dernier arrivé.
On s'entend bien aussi entre collègues de la matière, même en ayant quelques désaccords, on arrive à travailler ensemble et à faire des répartitions qui conviennent à tous (mais l'année prochaine, ma collègue-copine va demander sa mut.)
J'ai penser à partir une année à cause de la direction, mais les directions changent et je suis restée.
Je n'ai jamais eu envie d'aller au lycée, car je voulais garder du temps pour ma vie personnelle.
Alors c'est sûr qu'il y a parfois de la lassitude et surtout beaucoup de fatigue vu les conditions de travail, j'ai quand même beaucoup plus de mal à supporter les élèves difficiles mais j'ai la chance de pouvoir être à 16h et c'est ce qui me sauve. Donc si les conditions ne changent pas, je finirai ma carrière dans ce collège, et à partir de l'année prochaine, je ne serai pas la plus ancienne, mais je serai la doyenne des enseignants (au moins tout le monde me devra le respect)
Je n'ai pas le sentiment de m'encrouter mais c'est quand même de plus en plus difficile de travailler en REP et d'être dans un environnement social très défavorisé, et avec des élèves de niveau très faible.
Mais j'aurai beaucoup de mal à partir, déjà parce que je suis près de chez moi, qu'il y a plein de collègues sympas, on est assez soudé (même si c'est un peu moins qu'avant), il n'y a pas de véritable clan (juste des petits groupes par affinité,mais tout le monde se parle), il y a de l'entraide, je fait cours toujours dans la même salle, jusqu'à présent mon emploi du temps n'était jamais trop dégueu (un peu plus compliqué cette année), je peux rester à 16h, et j'aurais beaucoup de mal à partir et à recommencer ailleurs, en plus de la crainte liée au dernier arrivé.
On s'entend bien aussi entre collègues de la matière, même en ayant quelques désaccords, on arrive à travailler ensemble et à faire des répartitions qui conviennent à tous (mais l'année prochaine, ma collègue-copine va demander sa mut.)
J'ai penser à partir une année à cause de la direction, mais les directions changent et je suis restée.
Je n'ai jamais eu envie d'aller au lycée, car je voulais garder du temps pour ma vie personnelle.
Alors c'est sûr qu'il y a parfois de la lassitude et surtout beaucoup de fatigue vu les conditions de travail, j'ai quand même beaucoup plus de mal à supporter les élèves difficiles mais j'ai la chance de pouvoir être à 16h et c'est ce qui me sauve. Donc si les conditions ne changent pas, je finirai ma carrière dans ce collège, et à partir de l'année prochaine, je ne serai pas la plus ancienne, mais je serai la doyenne des enseignants (au moins tout le monde me devra le respect)
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On est belle et on ne se tait pas, on n'est jamais trop vieille pour quoique ce soit
- profdoctoujoursNiveau 7
simpson a écrit:Pour répondre au questionnement des inspecteurs conseillant aux profs en poste depuis + de 6 ans, de muter en lycée:
Sachez que les inspecteurs considèrent qu'un enseignant est efficace en REP / REP+ pendant 5 ans, puis qu'il ne l'est plus au delà (baisse d'exigence, adaptation à l'environnement: cad cours façonnés de façon à ne pas avoir de pb de discipline: cours sous forme d'animation par ex, comportement ayant pour but d'acheter la paix sociale sous prétexte de bienveillance, cynisme ...
Certains diront qu'ils sont restés passionnés toute leur carrière dans le meme établissement.
Mon exemple ne porte que concernant les REP / REP+
Intuitivement j'aurais plutôt penser le contraire : après plusieurs années en REP / REP+, on a plus de bouteille pour gérer les élèves difficiles, surtout par rapport aux pauvres enseignants qu'on parachute là pour un premier poste.
Sinon pour ma part, je pense essayer de muter sur un établissement un peu plus proche de chez moi, et sinon ne plus bouger soit jusqu'à la fin de ma carrière, soit (plus probable) jusqu'à ce que je claque la porte de l'éducation nationale (ou que l'éducation nationale me claque la porte au nez, je ne suis gère confiante dans l'avenir des profs-docs). Tout ce qui compte pour moi c'est de pouvoir faire des choses qui me plaisent, dans des conditions agréables. Et vu que ça, c'est déjà compliqué, si je trouve un établissement qui réunit les conditions je n'en bouge plus !
- *Ombre*Grand sage
La vache ! 17 ans de REP pour ma part ! Mon cerveau est sans doute plus atteint que je ne le craignais...
- profdoctoujoursNiveau 7
*Ombre* a écrit:La vache ! 17 ans de REP pour ma part ! Mon cerveau est sans doute plus atteint que je ne le craignais...
Mais oui Ombre, est d'ailleurs en voici la preuve : ta forte mobilisation contre les groupes de niveau ne peut être que le signe que tu vis sous le prisme de l'abaissement du niveau, de la soumission aux parents mécontents et à l'illétrisme ! Si tu avais muté en lycée, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais ne t'en fais pas, à ta prochaine inspection, s'il n'est pas trop tard, l'IPR te montrera la voie à suivre, lorsque tu entendras de sa bouche les mots "vous êtes prête pour le lycée", car sans lui, ce désir enfoui en toi n'aurait jamais pu s'exprimer !
(c'est de l'humour, hein, si vous en doutiez)
- horriblaNiveau 7
Voilà, cela fait 10 ans que je suis en rep/rep+, et c'est un choix. Moins d'élèves (donc moins de copies...), moins d'heures, une équipe plus soudée.
Que des inspecteurs se permettent d'affirmer qu'aller au lycée représente une espèce de promotion me fait sourire. Moins de sous, plus d'heures et plus de travail de correction, ce n'est pas mon idée d'une promotion.
Après, je comprends parfaitement qu'on ait besoin de changer d'air, d'élèves ou de programme. Mais quand je retrouve des élèves, que j'ai les petits frères ou les petites sœurs, je me sens bien, à ma place.
J'espère me sentir aussi bien quand ce sera les enfants de mes premiers élèves que j'aurai en face de moi !
Que des inspecteurs se permettent d'affirmer qu'aller au lycée représente une espèce de promotion me fait sourire. Moins de sous, plus d'heures et plus de travail de correction, ce n'est pas mon idée d'une promotion.
Après, je comprends parfaitement qu'on ait besoin de changer d'air, d'élèves ou de programme. Mais quand je retrouve des élèves, que j'ai les petits frères ou les petites sœurs, je me sens bien, à ma place.
J'espère me sentir aussi bien quand ce sera les enfants de mes premiers élèves que j'aurai en face de moi !
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