- JfLeBNiveau 3
Bonjour,
Un peu comme les Japonais qui débarquent à Paris pleins d'illusion et qui en découvrant la réalité de la ville finissent par péter les plombs, j'ai l'impression de vivre la même chose . J'écris ça de façon humoristique bien sûr.
Je suis en reconversion (CAPES de physique/chimie à 48 ans). J'ai effectué mon stage l'année dernière dans un établissement du 16è arrondissement de Paris. Sur mes 5 classes, j'avais une classe de cinquième un peu difficile mais ça restait gérable pour le stagiaire que j'étais. Mais globalement les élèves étaient polis, attentifs et travailleurs (même si je râlais parfois quant à leur attitude).
J'ai changé d'académie et suis maintenant dans l'académie de Versailles. Je passe du collège au lycée et j'ai la chance (vraiment) d'être à 15 minutes de chez moi en voiture. Ça me change des 1 h 20 par trajet de l'année dernière. Mais le choc reste rude, ce ne sont pas du tout les mêmes élèves. La politesse ? ils ne connaissent pas. Le travail ? C'est quoi ?
Bien sûr, ce ne sont que les premières semaines de cours et j'espère que ça va changer. Mais que c'est compliqué, moralement, de faire cours à une classe de 35 élèves (je n'ai que des classes à 35) et de voir que 30 élèves s'en fichent. Lundi soir je suis rentré chez moi le moral dans les chaussettes en me demandant à quoi je servais. Ma tutrice m'a toujours dit que je ne pourrai pas sauver tout le monde, et qu'il fallait que j'essaye de sauver ceux qui avaient envie d'être sauvé, mais qu'il ne fallait pas que je m'épuise à essayer de sauver ceux qui n'avaient pas envie. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif en quelque sorte.
Heureusement hier, à la fin d'une heure d'enseignement scientifique en 1ère, une élève est venue me voir en me disant "monsieur, j'ai adoré votre cours, c'était très clair et on voit que vous êtes passionné, merci". Alors j'ai pris ça avec plaisir et ça m'a fait ma journée.
Mais déjà je m'interroge sur mon avenir, d'autant plus quand je vois le fonctionnement interne de l'EN qui ne donne pas envie de rester. C'est un peu l'inconvénient de recruter des profs qui ont eu une vie pro avant l'EN. Ils n'ont pas peur de partir puisqu'en général ils ont déjà démissionné plusieurs fois au cours de leur carrière. En plus j'ai une amie qui est médiatrice scientifique et qui m'a dit qu'ils allaient recruter une nouveau médiateur en 2025. Le salaire étant supérieur à mon salaire actuel (échelon 8), je peux vous garantir que j'ai le cerveau en ébullition. A mon âge et mon échelon, je ne sais même pas si j'atteindrais la hors-classe avant ma retraite.
Bref des doutes de T1 probablement tout à fait normaux. Je n'attends pas de vous de solution miracle, j'avais juste besoin de partager mes états d'âme
Bonne journée.
Un peu comme les Japonais qui débarquent à Paris pleins d'illusion et qui en découvrant la réalité de la ville finissent par péter les plombs, j'ai l'impression de vivre la même chose . J'écris ça de façon humoristique bien sûr.
Je suis en reconversion (CAPES de physique/chimie à 48 ans). J'ai effectué mon stage l'année dernière dans un établissement du 16è arrondissement de Paris. Sur mes 5 classes, j'avais une classe de cinquième un peu difficile mais ça restait gérable pour le stagiaire que j'étais. Mais globalement les élèves étaient polis, attentifs et travailleurs (même si je râlais parfois quant à leur attitude).
J'ai changé d'académie et suis maintenant dans l'académie de Versailles. Je passe du collège au lycée et j'ai la chance (vraiment) d'être à 15 minutes de chez moi en voiture. Ça me change des 1 h 20 par trajet de l'année dernière. Mais le choc reste rude, ce ne sont pas du tout les mêmes élèves. La politesse ? ils ne connaissent pas. Le travail ? C'est quoi ?
Bien sûr, ce ne sont que les premières semaines de cours et j'espère que ça va changer. Mais que c'est compliqué, moralement, de faire cours à une classe de 35 élèves (je n'ai que des classes à 35) et de voir que 30 élèves s'en fichent. Lundi soir je suis rentré chez moi le moral dans les chaussettes en me demandant à quoi je servais. Ma tutrice m'a toujours dit que je ne pourrai pas sauver tout le monde, et qu'il fallait que j'essaye de sauver ceux qui avaient envie d'être sauvé, mais qu'il ne fallait pas que je m'épuise à essayer de sauver ceux qui n'avaient pas envie. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif en quelque sorte.
Heureusement hier, à la fin d'une heure d'enseignement scientifique en 1ère, une élève est venue me voir en me disant "monsieur, j'ai adoré votre cours, c'était très clair et on voit que vous êtes passionné, merci". Alors j'ai pris ça avec plaisir et ça m'a fait ma journée.
Mais déjà je m'interroge sur mon avenir, d'autant plus quand je vois le fonctionnement interne de l'EN qui ne donne pas envie de rester. C'est un peu l'inconvénient de recruter des profs qui ont eu une vie pro avant l'EN. Ils n'ont pas peur de partir puisqu'en général ils ont déjà démissionné plusieurs fois au cours de leur carrière. En plus j'ai une amie qui est médiatrice scientifique et qui m'a dit qu'ils allaient recruter une nouveau médiateur en 2025. Le salaire étant supérieur à mon salaire actuel (échelon 8), je peux vous garantir que j'ai le cerveau en ébullition. A mon âge et mon échelon, je ne sais même pas si j'atteindrais la hors-classe avant ma retraite.
Bref des doutes de T1 probablement tout à fait normaux. Je n'attends pas de vous de solution miracle, j'avais juste besoin de partager mes états d'âme
Bonne journée.
- JennyMédiateur
C'est effectivement assez normal. Tu étais dans un établissement avec un public facile, tu découvres un public lambda (et l'enseignement scientifique est du saupoudrage). Je crois qu'il ne faut pas idéaliser forcément une académie, tu pourrais très bien avoir un public blasé et peu scolaire à Paris voire difficile.
Si tu as envie de bouger, tu peux te renseigner sur les disponibilités. C'est clair que le salaire ne donne pas toujours envie de rester, notamment en RP.
Bon courage à toi.
Si tu as envie de bouger, tu peux te renseigner sur les disponibilités. C'est clair que le salaire ne donne pas toujours envie de rester, notamment en RP.
Bon courage à toi.
- Lord StevenExpert
Il existe encore nombe d'établissements où les eleves sont polis et à tout le moins font semblant d'écouter. À mon âge je ne suis pas du tout dans la mouvance actuelle et je fais cours pour/avec ceux qui veulent faire cours. Votre désappointement est compréhensible, nous l'avons tous connu. Mais si vous souhaitez changer de carrière, cela n'appartient qu'à vous. En pesant les tenants et les aboutissants. Je maintiens que l'enseignement offre une qualité de vie qu'on ne trouve pas facilement ailleurs, même si je sais que c'est facile d'affirmer cela quand on est un vieil agrégé dans un lycée calme de centre ville.
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- JfLeBNiveau 3
Oui ce sont des doutes normaux, surtout quand on est en reconversion. On se demande si on n'a pas fait une erreur de quitter une situation, certes ennuyeuse, mais confortable pour l'enseignement. J'ai eu les mêmes doutes l'année dernière en début de stage. Juste le temps de m'habituer à ce nouvel environnement.
Et effectivement, dans Paris il y a des établissements bien compliqués. Tout comme il y a des établissements bien confortables dans l'académie de Versailles. Une camarade d'INSPE est TZR sur Paris et est en remplacement (à l'année) en REP dans le 19e arrondissement. C'est bien plus compliqué que pour moi.
J'avais demandé Versailles pour avoir une chance de me rapprocher de mon domicile, voeux exaucé, et c'est très confortable de pouvoir être à la maison 20 minutes après avoir quitté le lycée.
Et effectivement, dans Paris il y a des établissements bien compliqués. Tout comme il y a des établissements bien confortables dans l'académie de Versailles. Une camarade d'INSPE est TZR sur Paris et est en remplacement (à l'année) en REP dans le 19e arrondissement. C'est bien plus compliqué que pour moi.
J'avais demandé Versailles pour avoir une chance de me rapprocher de mon domicile, voeux exaucé, et c'est très confortable de pouvoir être à la maison 20 minutes après avoir quitté le lycée.
- JennyMédiateur
Je crois qu'il faut voir le positif : c'est un premier établissement de titulaire, tu es en poste fixe, près de chez toi, de surcroît en lycée (moins facile à obtenir que le collège). Tu pourras toujours avoir un autre service ou faire des voeux pour viser un autre type d'établissement par la suite.
Je ne partage pas forcément en totalité le constat de ta tutrice (ce serait paradoxal vu le type de public avec lequel je travaille par choix). On peut toujours tenter de raccrocher certains au cours ou à l'école, mais il ne faut pas s'y épuiser et parfois mettre de la distance. C'est difficile parfois à doser en début de carrière.
Mais tu peux aussi avoir une situation qui évolue avec une classe. Tu arrives, ils ne te connaissent pas, ils vont s'habituer à ta manière de travailler, tu peux aussi faire évoluer ta manière de faire cours, t'adapter à ce nouveau public. Ca viendra.
Je ne partage pas forcément en totalité le constat de ta tutrice (ce serait paradoxal vu le type de public avec lequel je travaille par choix). On peut toujours tenter de raccrocher certains au cours ou à l'école, mais il ne faut pas s'y épuiser et parfois mettre de la distance. C'est difficile parfois à doser en début de carrière.
Mais tu peux aussi avoir une situation qui évolue avec une classe. Tu arrives, ils ne te connaissent pas, ils vont s'habituer à ta manière de travailler, tu peux aussi faire évoluer ta manière de faire cours, t'adapter à ce nouveau public. Ca viendra.
- marjoDoyen
JfLeB a écrit:Bien sûr, ce ne sont que les premières semaines de cours et j'espère que ça va changer. Mais que c'est compliqué, moralement, de faire cours à une classe de 35 élèves (je n'ai que des classes à 35) et de voir que 30 élèves s'en fichent. Lundi soir je suis rentré chez moi le moral dans les chaussettes en me demandant à quoi je servais. Ma tutrice m'a toujours dit que je ne pourrai pas sauver tout le monde, et qu'il fallait que j'essaye de sauver ceux qui avaient envie d'être sauvé, mais qu'il ne fallait pas que je m'épuise à essayer de sauver ceux qui n'avaient pas envie. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif en quelque sorte.
Heureusement hier, à la fin d'une heure d'enseignement scientifique en 1ère, une élève est venue me voir en me disant "monsieur, j'ai adoré votre cours, c'était très clair et on voit que vous êtes passionné, merci". Alors j'ai pris ça avec plaisir et ça m'a fait ma journée.
Les classes à 35 sont devenues la norme en lycée. C'est partout comme ça (ce qui peut changer au sein d'une classe, c'est le pourcentage d'élèves qui ont sincèrement envie de travailler).
La remarque de l'élève faite hier était fort sympathique et rassurante, mais il ne faut clairement pas s'attendre à ce genre de remarque toutes les semaines de la part des élèves. Notre public est souvent assez ingrat.
J'espère ne pas paraître trop dure, mais dans ce métier, il faut se blinder, à tous les niveaux. C'est normal d'avoir des doutes, mais la réalité du métier c'est quand même beaucoup de travail, peu de remerciements (de toutes parts), des élèves qui veulent en faire le moins possible et un regard peu bienveillant de la part du reste de la société.
- JennyMédiateur
marjo a écrit:Les classes à 35 sont devenues la norme en lycée. C'est partout comme ça (ce qui peut changer au sein d'une classe, c'est le pourcentage d'élèves qui ont sincèrement envie de travailler).
Pas exactement, mais lorsqu'on a de petits effectifs, il y a en général des raisons.
C'est une des difficultés au lycée, ce n'est pas si simple à gérer en tout cas, surtout quand on y débute. J'ai très rarement eu de gros effectifs au lycée, mais ça m'a pesé quand c'était le cas.
Pour les effectifs (avec d'énormes variations, je pense) :
- Spoiler:
- Clecle78Bon génie
Je n'ai connu que des classes à 35/36 en région parisienne et à Bordeaux. C'est en arrivant dans mon lycée de campagne en fin de carrière que j'ai découvert le bonheur de classes entre 23 et 27 élèves. Ça change tout !
- ElaïnaDevin
Les classes à 35 sont la norme en lycée. Cette année j'ai une classe de terminale à 37 mais ouf m'a-t-on dit, soyez rassurée Madame Elaïna, y'en a une qui est dispensée de la matière (ah). Et puis ho j'ai une première à 32 donc voilà
Plus sérieusement : tu as eu un public facile l'an dernier mais rien ne te dit qu'il n'y a pas de classe de l'angoisse là où tu étais. Tu sais, j'enseigne dans un établissement tranquille de la banlieue parisienne ouest très friquée, et j'ai de tout : des classes en or (mes secondes chouchous de l'an dernier) et des classes atroces (mes abominables premières de l'an dernier). Le nombre d'élèves ne veut rien dire non plus : j'ai eu des classes à 35 formidables, et une fois un groupe de spé à 23 élèves absolument ingérables. Bon, pour le lycée, il n'y a pas non plus trop trop de surprise : dans les "classes en or", y'a allemand, latin, option euro, grec parfois (champagne !), chinois/italien LV3... et surtout les spécialités : on ne va pas se mentir, chez nous la spé HGGSP c'est la spé de quelques excellents élèves mais surtout des mauvais en tout (les anciens L, en fait - oui, j'ai fait L moi aussi hein, et on dira pudiquement que le niveau global y était confondant).
A titre personnel je pense comme Lord Steven que professeur offre la plupart du temps une qualité de vie que peu de métiers peuvent proposer, mais une fois qu'on a dit ça, on n'est pas à ta place. C'est normal de patauger en T1... Ne prends pas de décision hâtive. Mais si tu as d'autres ouvertures qui te tentent, après tout, le métier n'est pas non plus une cage !
Plus sérieusement : tu as eu un public facile l'an dernier mais rien ne te dit qu'il n'y a pas de classe de l'angoisse là où tu étais. Tu sais, j'enseigne dans un établissement tranquille de la banlieue parisienne ouest très friquée, et j'ai de tout : des classes en or (mes secondes chouchous de l'an dernier) et des classes atroces (mes abominables premières de l'an dernier). Le nombre d'élèves ne veut rien dire non plus : j'ai eu des classes à 35 formidables, et une fois un groupe de spé à 23 élèves absolument ingérables. Bon, pour le lycée, il n'y a pas non plus trop trop de surprise : dans les "classes en or", y'a allemand, latin, option euro, grec parfois (champagne !), chinois/italien LV3... et surtout les spécialités : on ne va pas se mentir, chez nous la spé HGGSP c'est la spé de quelques excellents élèves mais surtout des mauvais en tout (les anciens L, en fait - oui, j'ai fait L moi aussi hein, et on dira pudiquement que le niveau global y était confondant).
A titre personnel je pense comme Lord Steven que professeur offre la plupart du temps une qualité de vie que peu de métiers peuvent proposer, mais une fois qu'on a dit ça, on n'est pas à ta place. C'est normal de patauger en T1... Ne prends pas de décision hâtive. Mais si tu as d'autres ouvertures qui te tentent, après tout, le métier n'est pas non plus une cage !
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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