- kenegavNiveau 1
Bonjour,
Actuellement en train de finir un master 2 d'histoire et sciences politiques, j'ai pu effectuer un stage de 6 mois dans une collectivité. J'ai donc choisi la voie [professionnelle de mon master. Cependant, je me suis vite rendu compte au sein du stage; que tout l'aspect intellectuel de mon cursus universitaire ne servait plus à rien dans une collectivité, et que j'étais bien loin de la réflexion et de la stimulation intellectuelle de mes études.
Ainsi, j'ai compris que ce qui me plaisait c'était bien évidemment de faire de la recherche et d'observer la vie politique française, ce qui me fait aspirer à être docteur en sciences politiques plus tard.
Cependant, ayant effectué un mémoire professionnel et non de recherche, je ne suis logiquement pas éligible pour réaliser une thèse actuellement. C'est pourquoi je me suis tourné vers l'agrégation d'histoire en espérant l'obtenir, pour enseigner dans le secondaire. C'était un plan B au départ mais finalement je me suis dis que cela pouvait être intéressant d'être prof d'histoire, d'autant qu'en lycée il y a désormais l'HGGSP, ce qui peut me permettre de m'épanouir en tant que passionné de sciences politiques et géopolitique.
Dans cette optique, je voulais savoir si, en même temps que mon travail d'enseignant (qui est évidemment très énergivore et difficile évidemment) je peux m'atteler à effectuer une thèse, pour progressivement passer du secondaire à l'université et devenir à terme enseignant chercheur ?
Merci à vous
Actuellement en train de finir un master 2 d'histoire et sciences politiques, j'ai pu effectuer un stage de 6 mois dans une collectivité. J'ai donc choisi la voie [professionnelle de mon master. Cependant, je me suis vite rendu compte au sein du stage; que tout l'aspect intellectuel de mon cursus universitaire ne servait plus à rien dans une collectivité, et que j'étais bien loin de la réflexion et de la stimulation intellectuelle de mes études.
Ainsi, j'ai compris que ce qui me plaisait c'était bien évidemment de faire de la recherche et d'observer la vie politique française, ce qui me fait aspirer à être docteur en sciences politiques plus tard.
Cependant, ayant effectué un mémoire professionnel et non de recherche, je ne suis logiquement pas éligible pour réaliser une thèse actuellement. C'est pourquoi je me suis tourné vers l'agrégation d'histoire en espérant l'obtenir, pour enseigner dans le secondaire. C'était un plan B au départ mais finalement je me suis dis que cela pouvait être intéressant d'être prof d'histoire, d'autant qu'en lycée il y a désormais l'HGGSP, ce qui peut me permettre de m'épanouir en tant que passionné de sciences politiques et géopolitique.
Dans cette optique, je voulais savoir si, en même temps que mon travail d'enseignant (qui est évidemment très énergivore et difficile évidemment) je peux m'atteler à effectuer une thèse, pour progressivement passer du secondaire à l'université et devenir à terme enseignant chercheur ?
Merci à vous
- IridianeFidèle du forum
Bonjour,
Pour répondre aux différents points que soulève ton post:
- Tu dis que tu as passé un master professionnel (et non recherche), ce qui t'empêche de faire une thèse. Mais, le fait que tu aies ou non l'agrégation ne va pas transformer ton master pro en master recherche: tu auras donc le même problème. Pour pouvoir t'inscrire en thèse, il te faudra un master recherche (à moins que ton master, que je ne connais pas, te permette d'accéder à une thèse de sciences politiques: il faut te renseigner auprès de l'établissement où tu envisages de faire ta thèse).
- Avec l'agrégation, tu pourras enseigner dans le secondaire dans de relativement bonnes (pardon, relativement pas trop mauvaises) conditions, notamment en termes de temps de travail. Des gens arrivent tout à fait à faire des thèses en cumulant avec un poste d'agrégé, parfois au prix d'un temps partiel, que le salaire d'agrégé peut permettre de "supporter".
- En revanche, avec une thèse faite dans le secondaire, mieux vaut renoncer tout de suite à devenir enseignant-chercheur: tu auras juste le temps de faire ta thèse (ce qui est déjà bien!) et presque pas de temps pour participer à la vie de ton labo, à des colloques, à des revues... Ce sera donc très compliqué, dans ces conditions, de te constituer un CV d'aspirant-MCF. Si c'est ce que tu vises, mieux vaudrait te mettre en quête d'un contrat doctoral.
- De façon générale, il n'y a presque plus de postes d'enseignant-chercheur. Mieux vaut le savoir et se dire dès le départ que ce sera presque impossible de le devenir: ça n'empêche pas d'essayer (tous les gagnants ont tenté leur chance, je suis bien placée pour le savoir) mais il ne vaut mieux pas se faire d'illusions.
Bon courage pour tes démarches et ton concours!
Pour répondre aux différents points que soulève ton post:
- Tu dis que tu as passé un master professionnel (et non recherche), ce qui t'empêche de faire une thèse. Mais, le fait que tu aies ou non l'agrégation ne va pas transformer ton master pro en master recherche: tu auras donc le même problème. Pour pouvoir t'inscrire en thèse, il te faudra un master recherche (à moins que ton master, que je ne connais pas, te permette d'accéder à une thèse de sciences politiques: il faut te renseigner auprès de l'établissement où tu envisages de faire ta thèse).
- Avec l'agrégation, tu pourras enseigner dans le secondaire dans de relativement bonnes (pardon, relativement pas trop mauvaises) conditions, notamment en termes de temps de travail. Des gens arrivent tout à fait à faire des thèses en cumulant avec un poste d'agrégé, parfois au prix d'un temps partiel, que le salaire d'agrégé peut permettre de "supporter".
- En revanche, avec une thèse faite dans le secondaire, mieux vaut renoncer tout de suite à devenir enseignant-chercheur: tu auras juste le temps de faire ta thèse (ce qui est déjà bien!) et presque pas de temps pour participer à la vie de ton labo, à des colloques, à des revues... Ce sera donc très compliqué, dans ces conditions, de te constituer un CV d'aspirant-MCF. Si c'est ce que tu vises, mieux vaudrait te mettre en quête d'un contrat doctoral.
- De façon générale, il n'y a presque plus de postes d'enseignant-chercheur. Mieux vaut le savoir et se dire dès le départ que ce sera presque impossible de le devenir: ça n'empêche pas d'essayer (tous les gagnants ont tenté leur chance, je suis bien placée pour le savoir) mais il ne vaut mieux pas se faire d'illusions.
Bon courage pour tes démarches et ton concours!
- kenegavNiveau 1
Merci de votre réponse, ces conseils sont précieux. Je pensais également réaliser un Master 2 de recherche dans les années suivantes pour être dans les clous.
Si je comprends bien, il m'est impossible d'aspirer à être MCF si je n'effectue pas une thèse à temps plein avec un contrat doctoral qui la finance, car je ne participerai pas suffisamment aux activités de recherches tels que la rédaction d'articles, l'organisation et participation à des colloques etc ?
Il est vraiment impossible de devenir enseignant-chercheur dans les années à venir, et ce dans toutes les disciplines ? Y compris en sciences politiques ? Pourtant, je constate un accroissement de l'intérêt des universités de provinces pour les sciences politiques. Par exemple, au début de ma licence d'histoire, ma fac ne comprenait pas de master sciences politiques. Celui-ci s'est crée récemment pour répondre à ce succès croissant de cette discipline et le laboratoire d'histoire a recruté un enseignant-chercheur de sciences politiques pour diriger cette formation. Des places vont peut-être s'ouvrir dans les années futures ?
Je suis encore assez amateur sur cet environnement et mes observations peuvent être naïves ahah. Merci de votre aide.
Si je comprends bien, il m'est impossible d'aspirer à être MCF si je n'effectue pas une thèse à temps plein avec un contrat doctoral qui la finance, car je ne participerai pas suffisamment aux activités de recherches tels que la rédaction d'articles, l'organisation et participation à des colloques etc ?
Il est vraiment impossible de devenir enseignant-chercheur dans les années à venir, et ce dans toutes les disciplines ? Y compris en sciences politiques ? Pourtant, je constate un accroissement de l'intérêt des universités de provinces pour les sciences politiques. Par exemple, au début de ma licence d'histoire, ma fac ne comprenait pas de master sciences politiques. Celui-ci s'est crée récemment pour répondre à ce succès croissant de cette discipline et le laboratoire d'histoire a recruté un enseignant-chercheur de sciences politiques pour diriger cette formation. Des places vont peut-être s'ouvrir dans les années futures ?
Je suis encore assez amateur sur cet environnement et mes observations peuvent être naïves ahah. Merci de votre aide.
- IridianeFidèle du forum
kenegav a écrit:Merci de votre réponse, ces conseils sont précieux. Je pensais également réaliser un Master 2 de recherche dans les années suivantes pour être dans les clous.
Si je comprends bien, il m'est impossible d'aspirer à être MCF si je n'effectue pas une thèse à temps plein avec un contrat doctoral qui la finance, car je ne participerai pas suffisamment aux activités de recherches tels que la rédaction d'articles, l'organisation et participation à des colloques etc ?
Il est vraiment impossible de devenir enseignant-chercheur dans les années à venir, et ce dans toutes les disciplines ? Y compris en sciences politiques ? Pourtant, je constate un accroissement de l'intérêt des universités de provinces pour les sciences politiques. Par exemple, au début de ma licence d'histoire, ma fac ne comprenait pas de master sciences politiques. Celui-ci s'est crée récemment pour répondre à ce succès croissant de cette discipline et le laboratoire d'histoire a recruté un enseignant-chercheur de sciences politiques pour diriger cette formation. Des places vont peut-être s'ouvrir dans les années futures ?
Je suis encore assez amateur sur cet environnement et mes observations peuvent être naïves ahah. Merci de votre aide.
D'accord, en effet si tu comptes valider un M2 recherche entre temps, ça devrait être possible de t'inscrire en thèse, mais alors il faut voir les choses à long terme : le temps de prendre la mesure de ton poste d'agrégé (les premières années notamment, il y a fort à faire), de passer ton M2, puis de faire ta thèse, qui peut prendre de longues années selon les conditions d'enseignement que tu as à gérer à côté.
Pour ce que j'ai mis en gras dans ton message, oui, tu as bien compris en effet. Disons que, "impossible" n'est jamais le mot juste, il y a toujours des exceptions, mais c'est très très peu probable.
Quant à l'impossibilité générale de devenir enseignant-chercheur, c'est un peu pareil: non ça n'est pas "impossible" mais... c'est très très peu probable. Il ne faut pas confondre l'attractivité et le dynamisme de certaines filières (je ne connais pas les sciences politiques mais je te crois sur parole) et les débouchés effectifs au niveau des postes d'enseignant-chercheur titulaire. Il ne faut pas perdre de vue que l'immense majorité des cours à la fac et dans les grandes écoles sont assurés par des contractuels (contrats doctoraux, ATER) ou des vacataires, dont les situations sont plus ou moins précaires (certains font cela en complément d'un autre travail et d'un salaire confortable ; d'autres le font en galérant à côté et en pensant un peu naïvement qu'ils finiront par avoir un poste...) Le fait qu'il y ait de plus en plus d'étudiants dans une filière ne veut pas du tout dire qu'on va davantage recruter de titulaires, malheureusement. La plupart des universités sont en grosse difficulté financière et les postes qui se libèrent sont le plus souvent gelés plusieurs années quand ils ne sont pas purement et simplement supprimés. Sauf changement radical de politique dans les années à venir (et, spoiler, quelque chose me dit que c'est peu probable), la situation va au mieux stagner, au pire continuer de se dégrader - avant la dissolution, le gouvernement nous préparait le 2e volet de l'autonomie des universités, avec plein de saloperies dedans.
Bref, pour en revenir à des considérations pragmatiques: on peut essayer de devenir enseignant-chercheur si on le veut VRAIMENT et qu'on est prêt à de TRES LOURDS sacrifices à la fois financiers et au niveau de sa vie privée. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'on peut s'épuiser dans cette quête, et perdre de précieuses années de vie dans un poste qui n'arrivera jamais. Donc, soit on se lance à fond, et on se fixe une limite temporelle pour renoncer ou bifurquer avant de devenir zinzin, soit on lâche l'affaire tout de suite. Mais cela n'empêche absolument pas de faire une thèse, au demeurant, à condition de la prendre pour ce qu'elle est dans l'ordre actuel des choses: une aventure intellectuelle passionnante et exigeante, et un diplôme qui ne garantit aucun emploi une fois qu'on l'a obtenu.
En revanche, si tu as envie d'enseigner à la fac, tu peux parfaitement faire des vacations une fois que tu seras agrégé et thésard: tu seras accueilli à bras ouverts (mais mal payé, on ne fait pas ça pour l'argent...).
- kenegavNiveau 1
Bon, si je peux idéalement devenir PRAG et dispenser des cours en sciences politiques dans une fac ce sera déjà un très bel accomplissement de carrière. Merci à vous pour vos conseils.
- IridianeFidèle du forum
kenegav a écrit:Bon, si je peux idéalement devenir PRAG et dispenser des cours en sciences politiques dans une fac ce sera déjà un très bel accomplissement de carrière. Merci à vous pour vos conseils.
Alors en effet, je n'ai pas parlé de la possibilité d'être PRAG dans mon message, et c'est déjà beaucoup plus accessible qu'enseignant-chercheur - même si ces postes deviennent également concurrentiels, parce que justement ils servent de "succursales" aux aspirants-EC qui se font refouler, alors que ce n'est pas la raison d'être de ces postes à l'origine.
Pour info, sur le papier, il n'y a pas besoin de faire une thèse pour être PRAG. La thèse peut soit être un plus, sur certains postes (quand le PRAG est recruté dans une UFR pour faire sensiblement les mêmes cours que les EC, il peut même parfois être membre du labo et avoir des facilités pour sa recherche s'il souhaite la poursuivre), soit devenir un handicap (par exemple dans les IUT) car certains instituts ont vraiment besoin de qqn qui se consacre à 100, voire 200% à l'enseignement et à l'encadrement des étudiants. Je ne sais pas ce qu'il est en, par exemple, dans les instituts d'études politiques.
- ElaïnaDevin
Je partage 100 % des réponses d'Iridiane, même si je suis peut-être un peu moins optimiste qu'elle
En gros : fais une thèse pour t'éclater intellectuellement, pas pour devenir enseignant chercheur. Le nombre de postes est risible. Bien sûr il faut tenter. Mais ne pas compter là-dessus.
Après, ben, prof d'histoire dans le secondaire, il y a largement pire comme situation...
En gros : fais une thèse pour t'éclater intellectuellement, pas pour devenir enseignant chercheur. Le nombre de postes est risible. Bien sûr il faut tenter. Mais ne pas compter là-dessus.
Après, ben, prof d'histoire dans le secondaire, il y a largement pire comme situation...
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- IridianeFidèle du forum
Pourtant Elaïna je n’ai pas été hyper optimiste
- DesolationRowEmpereur
Moins optimiste que les messages d'Iridiane, c'est rude quand même.
- ElaïnaDevin
Oui c'est justement là que ça coince
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- IridianeFidèle du forum
Je pense qu’il faut quand même rester mesuré : c’est très très dur, c’est un pari très risqué etc… sur tout ça on est bien d’accord, mais une fois qu’on a dit ça force est de constater que des gens arrivent à avoir des postes. Dans la mesure où c’est mon cas, je me vois mal dire aux autres « ah non non autant moi j’ai eu un poste autant vous, vous n’en aurez jamais »… (ce serait un peu présomptueux !)
- CondorcetOracle
Il y a un autre aspect : mener une thèse à son terme suppose plusieurs années (je ne sais pas ce qu'il en est en science politique mais en histoire, le délai des 3 ans devient vite une période de 5 ans) de dur labeur qui peut mettre à l'épreuve l'enthousiasme pour la recherche voire la discipline des débuts ou à l'inverse frustrer le/la nouveau/nouvelle diplômé(e) qui éprouvera alors l'envie de poursuivre. Hors, l'activité d'un MCF (en cas de réussite) comprend certes un volet recherche mais qui est fortement rogné par la partie pédagogique et les tâches administratives.
- IridianeFidèle du forum
Certes, enfin bon, quand on veut faire de la recherche, le statut de MCF (puis plus tard éventuellement celui de PU) reste largement le plus confortable - voire le seul confortable, si l'on excepte le cas des chercheurs CNRS, mais alors là c'est le problème inverse, il faut avoir envie de ne faire QUE de la recherche (ou presque). Je précise que ce que je dis vaut en tout cas pour les LSHS, dont font partie les sciences politiques.
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