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Bonjour,
Actuellement en train de lire Le Menteur, de Corneille, au programme de l’Agrégation de Lettres Modernes 2025, six passages de l’Acte I résistent à ma compréhension. Pourriez-vous m’aider à comprendre le sens littéral de ces passages ? Merci beaucoup !
- Dans la scène I :
Premier passage, lorsque Cliton répond à Dorante (v. 22-34) :
« CLITON
C'est là le plus beau soin qui vienne aux belles âmes,
Disent les beaux esprits. Mais sans faire le fin,
Vous avez l'appétit ouvert de bon matin :
D'hier au soir seulement vous êtes dans la ville,
Et vous vous ennuyez déjà d'être inutile !
Votre humeur sans emploi ne peut passer un jour,
Et déjà vous cherchez à pratiquer l'amour !
Je suis auprès de vous en fort bonne posture
De passer pour un homme à donner tablature ;
J'ai la taille d'un maître en ce noble métier,
Et je suis, tout au moins, l'intendant du quartier.
DORANTE
Ne t'effarouche point : je ne cherche, à vrai dire,
Que quelque connaissance où l'on se plaise à rire »
Je me demande comment il faut comprendre les quatre derniers vers de la tirade de Cliton.
* Est-ce à prendre au premier degré ? Est-ce que Cliton se vante effectivement d’être un bon maître parce qu’il connaît tout de l’amour ?
* Ou est-ce que, choqué par ce que vient de lui dire Dorante - comme semble le laisser entendre la réplique de Dorante suivante - il affirme qu’auprès de Dorante, il aura mauvaise réputation ? « je suis auprès de vous en fort bonne posture » serait alors une antiphrase « je suis auprès de vous en mauvaise posture » > « vous me mettez en mauvaise posture ».
Cette deuxième interprétation me semble moins probable, parce que comment comprendre dans ce cas les deux derniers vers de sa réplique « J’ai la taille d’un maître en ce noble quartier / Et je suis, tout au moins, l'intendant du quartier ».
Mais la première interprétation me semble bancale aussi, pourquoi Dorante dirait-il à Cliton « ne t’effarouche point », si Cliton est précisément, non en train de s’effaroucher, mais de se vanter ?
Autre passage de la scène I qui me pose problème, le vers 41 :
« CLITON
J'entends, vous n'êtes pas un homme de débauche,
Et tenez celles-là trop indignes de vous
Que le son d'un écu rend traitables à tous.
Aussi que vous cherchiez de ces sages coquettes
Où peuvent tous venants débiter leurs fleurettes,
Mais qui ne font l'amour que de babil et d'yeux,
Vous êtes d'encolure à vouloir un peu mieux. » (v. 39-44)
J’en comprends le sens, mais comment comprendre sur le plan syntaxique l’emploi du subjonctif dans le vers : « Aussi que vous cherchiez de ces sages coquettes » ? Avec quoi syntaxiquement, avec quelle proposition principale va cette subordonnée au subjonctif ?
Enfin, j’ai aussi du mal à comprendre un mot au dernier passage de la scène 1, quand Dorante dit, aux v. 67-70 :
« DORANTE
Mais il faut à Paris bien d'autres qualités :
On ne s'éblouit point de ces fausses clartés ;
Et tant d'honnêtes gens, que l'on y voit ensemble,
Font qu'on est mal reçu, si l'on ne leur ressemble. »
Que veut dire « ensemble » ici au v. 69 ? Est-ce que c’est un synonyme de « rassemblés » ?
- Quatrième passage qui me pose problème, dans la scène 3 cette fois, Dorante écrit à Clarice (v. 155-160) :
« DORANTE
[…]
Je suis et jour et nuit dedans votre quartier ;
Je vous cherche en tous lieux, au bal, aux promenades ;
Vous n'avez que de moi reçu des sérénades ;
Et je n'ai pu trouver que cette occasion
À vous entretenir de mon affection. »
Comment comprendre le vers « Vous n’avez que de moi reçu des sérénades » : est-ce qu’il faut le comprendre comme « toutes les sérénades que vous avez reçues sont toutes de ma part et non de la part d’autres amants » ? Ou « vous n’avez reçu de moi que des sérénades [et vous n’avez pas reçu de moi des insultes ou du mépris] » : le « que » serait alors antéposé pour des raisons de versification … ?
- Autre passage que je ne suis pas sûre de comprendre, une réplique de Philiste, au vers 301, dans la scène 5, qui fait dialoguer Dorante et ses deux amis, Alcippe et Philiste (ici v. 297-303) :
« ALCIPPE
Certes, vous avez grâce à conter ces merveilles ;
Paris, tout grand qu'il est, en voit peu de pareilles.
DORANTE
J'avais été surpris ; et l'objet de mes voeux
Ne m'avait tout au plus donné qu'une heure ou deux.
PHILISTE
Cependant l'ordre est rare, et la dépense belle.
DORANTE
Il s'est fallu passer à cette bagatelle :
alors que le temps presse, on n'a pas à choisir. »
Que veut dire la réplique de Philiste « Cependant l'ordre est rare, et la dépense belle. » ? De quel « ordre » parle-t-il ? Et pourquoi Dorante répond ensuite par « Il s’est fallu passer à cette bagatelle » ? Est-ce qu’il veut dire que tout le récit du festin que vient de faire Dorante est très peu ordonné et coûteux ? Et Dorante, ensuite, pour se vanter, appelle cela une « bagatelle » ?
- Enfin, dernier passage qui me pose problème, le vers 350, à la scène 6 de l’Acte I (ici v. 345-351) :
"CLITON
À qui vous veut ouïr, vous en faites bien croire ;
Mais celle-ci bientôt peut savoir votre histoire.
DORANTE
J'aurai déjà gagné chez elle quelque accès ;
Et loin d'en redouter un malheureux succès,
Si jamais un fâcheux nous nuit par sa présence,
Nous pourrons sous ces mots être d'intelligence.
Voilà traiter l'amour, Cliton, et comme il faut. »
Je ne comprends pas à quoi se réfère le syntagme « ces mots » dans le vers 350 : « Nous pourrons sous ces mots être d’intelligence ». Est-ce que Dorante affirme que lorsque Clarice l’aimera, elle lui pardonnera, et quand il racontera ses mensonges, elle saura désormais qu’il s’agit de mensonge ? Que cela créera une complicité entre eux parce qu’elle saura la vérité ?
Merci beaucoup pour votre aide !
Actuellement en train de lire Le Menteur, de Corneille, au programme de l’Agrégation de Lettres Modernes 2025, six passages de l’Acte I résistent à ma compréhension. Pourriez-vous m’aider à comprendre le sens littéral de ces passages ? Merci beaucoup !
- Dans la scène I :
Premier passage, lorsque Cliton répond à Dorante (v. 22-34) :
« CLITON
C'est là le plus beau soin qui vienne aux belles âmes,
Disent les beaux esprits. Mais sans faire le fin,
Vous avez l'appétit ouvert de bon matin :
D'hier au soir seulement vous êtes dans la ville,
Et vous vous ennuyez déjà d'être inutile !
Votre humeur sans emploi ne peut passer un jour,
Et déjà vous cherchez à pratiquer l'amour !
Je suis auprès de vous en fort bonne posture
De passer pour un homme à donner tablature ;
J'ai la taille d'un maître en ce noble métier,
Et je suis, tout au moins, l'intendant du quartier.
DORANTE
Ne t'effarouche point : je ne cherche, à vrai dire,
Que quelque connaissance où l'on se plaise à rire »
Je me demande comment il faut comprendre les quatre derniers vers de la tirade de Cliton.
* Est-ce à prendre au premier degré ? Est-ce que Cliton se vante effectivement d’être un bon maître parce qu’il connaît tout de l’amour ?
* Ou est-ce que, choqué par ce que vient de lui dire Dorante - comme semble le laisser entendre la réplique de Dorante suivante - il affirme qu’auprès de Dorante, il aura mauvaise réputation ? « je suis auprès de vous en fort bonne posture » serait alors une antiphrase « je suis auprès de vous en mauvaise posture » > « vous me mettez en mauvaise posture ».
Cette deuxième interprétation me semble moins probable, parce que comment comprendre dans ce cas les deux derniers vers de sa réplique « J’ai la taille d’un maître en ce noble quartier / Et je suis, tout au moins, l'intendant du quartier ».
Mais la première interprétation me semble bancale aussi, pourquoi Dorante dirait-il à Cliton « ne t’effarouche point », si Cliton est précisément, non en train de s’effaroucher, mais de se vanter ?
Autre passage de la scène I qui me pose problème, le vers 41 :
« CLITON
J'entends, vous n'êtes pas un homme de débauche,
Et tenez celles-là trop indignes de vous
Que le son d'un écu rend traitables à tous.
Aussi que vous cherchiez de ces sages coquettes
Où peuvent tous venants débiter leurs fleurettes,
Mais qui ne font l'amour que de babil et d'yeux,
Vous êtes d'encolure à vouloir un peu mieux. » (v. 39-44)
J’en comprends le sens, mais comment comprendre sur le plan syntaxique l’emploi du subjonctif dans le vers : « Aussi que vous cherchiez de ces sages coquettes » ? Avec quoi syntaxiquement, avec quelle proposition principale va cette subordonnée au subjonctif ?
Enfin, j’ai aussi du mal à comprendre un mot au dernier passage de la scène 1, quand Dorante dit, aux v. 67-70 :
« DORANTE
Mais il faut à Paris bien d'autres qualités :
On ne s'éblouit point de ces fausses clartés ;
Et tant d'honnêtes gens, que l'on y voit ensemble,
Font qu'on est mal reçu, si l'on ne leur ressemble. »
Que veut dire « ensemble » ici au v. 69 ? Est-ce que c’est un synonyme de « rassemblés » ?
- Quatrième passage qui me pose problème, dans la scène 3 cette fois, Dorante écrit à Clarice (v. 155-160) :
« DORANTE
[…]
Je suis et jour et nuit dedans votre quartier ;
Je vous cherche en tous lieux, au bal, aux promenades ;
Vous n'avez que de moi reçu des sérénades ;
Et je n'ai pu trouver que cette occasion
À vous entretenir de mon affection. »
Comment comprendre le vers « Vous n’avez que de moi reçu des sérénades » : est-ce qu’il faut le comprendre comme « toutes les sérénades que vous avez reçues sont toutes de ma part et non de la part d’autres amants » ? Ou « vous n’avez reçu de moi que des sérénades [et vous n’avez pas reçu de moi des insultes ou du mépris] » : le « que » serait alors antéposé pour des raisons de versification … ?
- Autre passage que je ne suis pas sûre de comprendre, une réplique de Philiste, au vers 301, dans la scène 5, qui fait dialoguer Dorante et ses deux amis, Alcippe et Philiste (ici v. 297-303) :
« ALCIPPE
Certes, vous avez grâce à conter ces merveilles ;
Paris, tout grand qu'il est, en voit peu de pareilles.
DORANTE
J'avais été surpris ; et l'objet de mes voeux
Ne m'avait tout au plus donné qu'une heure ou deux.
PHILISTE
Cependant l'ordre est rare, et la dépense belle.
DORANTE
Il s'est fallu passer à cette bagatelle :
alors que le temps presse, on n'a pas à choisir. »
Que veut dire la réplique de Philiste « Cependant l'ordre est rare, et la dépense belle. » ? De quel « ordre » parle-t-il ? Et pourquoi Dorante répond ensuite par « Il s’est fallu passer à cette bagatelle » ? Est-ce qu’il veut dire que tout le récit du festin que vient de faire Dorante est très peu ordonné et coûteux ? Et Dorante, ensuite, pour se vanter, appelle cela une « bagatelle » ?
- Enfin, dernier passage qui me pose problème, le vers 350, à la scène 6 de l’Acte I (ici v. 345-351) :
"CLITON
À qui vous veut ouïr, vous en faites bien croire ;
Mais celle-ci bientôt peut savoir votre histoire.
DORANTE
J'aurai déjà gagné chez elle quelque accès ;
Et loin d'en redouter un malheureux succès,
Si jamais un fâcheux nous nuit par sa présence,
Nous pourrons sous ces mots être d'intelligence.
Voilà traiter l'amour, Cliton, et comme il faut. »
Je ne comprends pas à quoi se réfère le syntagme « ces mots » dans le vers 350 : « Nous pourrons sous ces mots être d’intelligence ». Est-ce que Dorante affirme que lorsque Clarice l’aimera, elle lui pardonnera, et quand il racontera ses mensonges, elle saura désormais qu’il s’agit de mensonge ? Que cela créera une complicité entre eux parce qu’elle saura la vérité ?
Merci beaucoup pour votre aide !
- NorcidNiveau 1
Bonsoir,
J'avoue ne pas m'être posé de questions pour ces passages. Voici mes modestes propositions !
- Dans la scène I :
Premier passage, lorsque Cliton répond à Dorante (v. 22-34) :
Oui, au 1er degré, pas d'antiphrase selon moi.
Selon moi, Dorante dit "ne t'effarouche point", car Cliton pense à "pratiquer l'amour", alors que Dorante ne cherche que le "divertissement" v. 35 et il n'y a donc pas lieu de s'effaroucher pour un jeu.
Autre passage de la scène I qui me pose problème, le vers 41 :
« CLITON
Ce cas est effectivement étrange... Comme c'est Cliton qui parle, un homme du peuple, il reprend peut-être "j'entends" du vers 38, qu'il complète avec la complétive-phrase du vers 41 et suivants : j'entends /je comprends aussi que vous cherchiez... (?), le subjonctif exprimant une supposition, un doute.
Enfin, j’ai aussi du mal à comprendre un mot au dernier passage de la scène 1, quand Dorante dit, aux v. 67-70 :
Que veut dire « ensemble » ici au v. 69 ? Est-ce que c’est un synonyme de « rassemblés » ?
Oui, ça me semble clair
- Quatrième passage qui me pose problème, dans la scène 3 cette fois, Dorante écrit à Clarice (v. 155-160) :
Ta première solution me semble la bonne !
- Autre passage que je ne suis pas sûre de comprendre, une réplique de Philiste, au vers 301, dans la scène 5, qui fait dialoguer Dorante et ses deux amis, Alcippe et Philiste (ici v. 297-303) :
Pour moi, c'est une conversation plaisante, faite de bons mots et d'ironie, chacun voulant avoir, de façon courtoise, le dernier mot, et paraître le plus humble possible.
- Enfin, dernier passage qui me pose problème, le vers 350, à la scène 6 de l’Acte I (ici v. 345-351) :
Je pense que "ces mots" reprend "force mots" et "bayes", v. 335 et 342 = les mensonges de Dorante, qui lui permettent d'avoir accès à Clarice/Lucrece. Même si elle apprend la vérité, v. 346, Dorante pense ce mensonge découvert lui permettra d'écarter les rivaux /fâcheux.
Désolé pour ces réponses un peu légères, mais merci de m'avoir permis de réfléchir à ces passages !
J'avoue ne pas m'être posé de questions pour ces passages. Voici mes modestes propositions !
- Dans la scène I :
Premier passage, lorsque Cliton répond à Dorante (v. 22-34) :
Oui, au 1er degré, pas d'antiphrase selon moi.
Selon moi, Dorante dit "ne t'effarouche point", car Cliton pense à "pratiquer l'amour", alors que Dorante ne cherche que le "divertissement" v. 35 et il n'y a donc pas lieu de s'effaroucher pour un jeu.
Autre passage de la scène I qui me pose problème, le vers 41 :
« CLITON
Ce cas est effectivement étrange... Comme c'est Cliton qui parle, un homme du peuple, il reprend peut-être "j'entends" du vers 38, qu'il complète avec la complétive-phrase du vers 41 et suivants : j'entends /je comprends aussi que vous cherchiez... (?), le subjonctif exprimant une supposition, un doute.
Enfin, j’ai aussi du mal à comprendre un mot au dernier passage de la scène 1, quand Dorante dit, aux v. 67-70 :
Que veut dire « ensemble » ici au v. 69 ? Est-ce que c’est un synonyme de « rassemblés » ?
Oui, ça me semble clair
- Quatrième passage qui me pose problème, dans la scène 3 cette fois, Dorante écrit à Clarice (v. 155-160) :
Ta première solution me semble la bonne !
- Autre passage que je ne suis pas sûre de comprendre, une réplique de Philiste, au vers 301, dans la scène 5, qui fait dialoguer Dorante et ses deux amis, Alcippe et Philiste (ici v. 297-303) :
Pour moi, c'est une conversation plaisante, faite de bons mots et d'ironie, chacun voulant avoir, de façon courtoise, le dernier mot, et paraître le plus humble possible.
- Enfin, dernier passage qui me pose problème, le vers 350, à la scène 6 de l’Acte I (ici v. 345-351) :
Je pense que "ces mots" reprend "force mots" et "bayes", v. 335 et 342 = les mensonges de Dorante, qui lui permettent d'avoir accès à Clarice/Lucrece. Même si elle apprend la vérité, v. 346, Dorante pense ce mensonge découvert lui permettra d'écarter les rivaux /fâcheux.
Désolé pour ces réponses un peu légères, mais merci de m'avoir permis de réfléchir à ces passages !
- yranohHabitué du forum
Je ne réponds qu'aux 2 premiers, et peut-être au reste plus tard.
Je lis comme ça :
hypothèse 1 (des femmes faciles, voire +) : Non, pas pour vous
hypothèse 2 (les coquettes qui se contentent de flirter avec tout le monde) : Non, pas pour vous
hypothèse 3 (les femmes en apparence respectables) : Oui, c'est pour vous.
Je lis : De même, que vous cherchiez de ces sages coquettes etc, (non) vous êtes d'encolure à vouloir un peu mieux. Il y a une légère anacoluthe (ou bien une tournure de l'époque que je ne connais pas, qui équivaudrait à : "que de chercher...", et qui éviterait de sous-entendre un "non").
Pas sûr de moi.
- Spoiler:
- Je suis auprès de vous en fort bonne posture
De passer pour un homme à donner tablature ;
J'ai la taille d'un maître en ce noble métier,
Et je suis, tout au moins, l'intendant du quartier.
- Spoiler:
- J'entends, vous n'êtes pas un homme de débauche,
Et tenez celles-là trop indignes de vous
Que le son d'un écu rend traitables à tous.
Aussi que vous cherchiez de ces sages coquettes
Où peuvent tous venants débiter leurs fleurettes,
Mais qui ne font l'amour que de babil et d'yeux,
Vous êtes d'encolure à vouloir un peu mieux.
Loin de passer son temps, chacun le perd chez elles ;
Et le jeu, comme on dit, n'en vaut pas les chandelles.
Mais ce serait pour vous un bonheur sans égal
Que ces femmes de bien qui se gouvernent mal,
Et de qui la vertu, quand on leur fait service,
N'est pas incompatible avec un peu de vice.
Vous en verrez ici de toutes les façons.
Je lis comme ça :
hypothèse 1 (des femmes faciles, voire +) : Non, pas pour vous
hypothèse 2 (les coquettes qui se contentent de flirter avec tout le monde) : Non, pas pour vous
hypothèse 3 (les femmes en apparence respectables) : Oui, c'est pour vous.
Je lis : De même, que vous cherchiez de ces sages coquettes etc, (non) vous êtes d'encolure à vouloir un peu mieux. Il y a une légère anacoluthe (ou bien une tournure de l'époque que je ne connais pas, qui équivaudrait à : "que de chercher...", et qui éviterait de sous-entendre un "non").
Pas sûr de moi.
- NLM76Grand Maître
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- yranohHabitué du forum
Ah oui ! J'avais oublié qu'on avait parlé de ce passage ! Bon, e-wanderer rejoint ma lecture, mais il est bien plus précis et connaisseur.
- e-WandererGrand sage
C'est gentil mais c'est très exagéré : je n'ai jamais rien compris au théâtre comique, trop d'implicite, d'ellipses, de sous-entendus, de suppositions concernant le jeu d'acteur, d'expressions lexicalisées plus ou moins retravaillées… C'est pareil avec Plaute ou Térence, il me faut toujours un temps infini pour comprendre, alors que sinon je me débrouille plutôt correctement en latin. Pour être franc, je suis assez content de ne pas faire le cours d'agreg sur Le Menteur : je suis beaucoup plus à mon aise avec Hélisenne de Crenne.
_________________
« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- yranohHabitué du forum
Je ne savais pas que tu enseignais à la fac. Je n'ai pas exagéré tant que ça, manifestement.
Pour les expressions retravaillées, c'est vrai que c'est compliqué. J'ai lu un spécialiste dire que la rhétorique de l'époque, dans ses effets, nous étaient inaccessible. Je trouve ça exagéré, pour le coup. Le jeu des acteurs de l'époque nous manque beaucoup en revanche, pour lire finement.
Pour les expressions retravaillées, c'est vrai que c'est compliqué. J'ai lu un spécialiste dire que la rhétorique de l'époque, dans ses effets, nous étaient inaccessible. Je trouve ça exagéré, pour le coup. Le jeu des acteurs de l'époque nous manque beaucoup en revanche, pour lire finement.
- NorcidNiveau 1
Y a-t-il un fil ouvert sur Hélisenne ?
- faustine62Érudit
Bonsoir,
J'ai une question à mon tour. J'ai du mal à faire une distinction nette entre les notions de "galanterie" et d'"honnête homme" . Au début du Menteur, Dorante se réjouit d'être dedans "les Tuileries, le pays du beau monde et des galanteries". Et au début de la Suite du menteur, il affirme vivre désormais en "honnête homme". Y a-t-il antinomie entre la galanterie et les valeurs de l'honnête homme ? Corneille affirme pourtant faire parler ses personnages en « honnêtes gens ».
Quelqu'un aurait un article ou un chapitre d'ouvrage à me conseiller ?
J'ai une question à mon tour. J'ai du mal à faire une distinction nette entre les notions de "galanterie" et d'"honnête homme" . Au début du Menteur, Dorante se réjouit d'être dedans "les Tuileries, le pays du beau monde et des galanteries". Et au début de la Suite du menteur, il affirme vivre désormais en "honnête homme". Y a-t-il antinomie entre la galanterie et les valeurs de l'honnête homme ? Corneille affirme pourtant faire parler ses personnages en « honnêtes gens ».
Quelqu'un aurait un article ou un chapitre d'ouvrage à me conseiller ?
- menerveOracle
Je ne pense pas qu'il y ait antinomie. Je n'ai pas lu ces pièces mais vivre en honnête homme est plutôt l'aboutissement de l'apprentissage de la galanterie. Je ne sais pas si je m'exprime clairement.
- yranohHabitué du forum
La galanterie s'entend dans le rapport hommes / femmes. Dans la première scène, Dorante parle aussi des "honnêtes gens" : c'est un cercle social dont les membres se distinguent par leur maîtrise de certains codes, disons esthétiques et moraux, dont la galanterie fait partie. "Honnête homme" dans le contexte de la Suite du Menteur a une connotation plus morale. Ici "honnête" a presque son sens moderne.
- faustine62Érudit
Merci à vous pour ces précisions.
- IphigénieProphète
On peut se rappeler La Bruyère:
« L'on parle d'une région où les vieillards sont galants, polis et civils ; les jeunes gens au contraire, durs, féroces, sans mœurs ni politesse » où on peut voir les oppositions( +/-) en chiasme: sans mœurs ni politesse ce qui recouvre ce que dit Yranoh
« L'on parle d'une région où les vieillards sont galants, polis et civils ; les jeunes gens au contraire, durs, féroces, sans mœurs ni politesse » où on peut voir les oppositions( +/-) en chiasme: sans mœurs ni politesse ce qui recouvre ce que dit Yranoh
- yranohHabitué du forum
Je voudrais corriger ma dernière phrase qui est un peu fausse, ou en tout cas pourrait prêter à confusion. Dans le Menteur, il s'agissait dans la première scène d'intégrer le cercle des honnêtes gens, de s'y conformer en apparence, ce que Dorante est parvenu à faire très vite, avec la scène galante de la scène 2 et avec le duel. Toute la difficulté est de s'y maintenir quand on est un menteur invétéré, mais c'est possible quand on a la "grâce" de Dorante. Dans la Suite du Menteur, en disant "vivre en honnête homme" Dorante revendique une conformité de l'être (de l'effet, pour parler en terme cornélien) et de l'apparence. Cela exclut les mensonges gratuits et les mensonges faits dans son propre intérêt, mais il peut y avoir des mensonges honnêtes, s'ils sont faits par générosité, ou plus généralement qu'ils s'inscrivent dans le code de l'honnête homme. C'est toute une casuistique sur le mensonge dans le cadre de l'honnêteté qui se met en place, n'oublions pas que Corneille a été formé chez les jésuites (casuistique grossière et sans enjeux philosophiques, ce n'est pas le sujet, c'est de la casuistique comique).
Dans l'examen de Mélite, quand Corneille dit que son style naïf faisait "une peinture de la conversation des honnêtes gens", il fait référence à la catégorie sociale, contemporaine, et à son langage. Le changement de style a provoqué un changement de personnel comique. C'est un certain rapport à la mimesis qui s'en trouve modifié, même s'il ne faut pas forcer le trait : Corneille n'est ni Balzac (Honoré) ni même d'Aubignac. Il ne se propose pas de représenter le réel, et il s'inscrit parfaitement dans la tradition comique, avec laquelle il joue (voir ce qu'il fait du type du vieillard amoureux avec Geronte par exemple, ou, plus massif et spectaculaire, ce qu'il fait de l'éternel valet et du gracioso de la comédie espagnole avec Cliton)
Je n'avais pas prévu de développer autant, j'espère ne pas avoir dit encore plus d'erreurs en voulant en corriger une seule.
Dans l'examen de Mélite, quand Corneille dit que son style naïf faisait "une peinture de la conversation des honnêtes gens", il fait référence à la catégorie sociale, contemporaine, et à son langage. Le changement de style a provoqué un changement de personnel comique. C'est un certain rapport à la mimesis qui s'en trouve modifié, même s'il ne faut pas forcer le trait : Corneille n'est ni Balzac (Honoré) ni même d'Aubignac. Il ne se propose pas de représenter le réel, et il s'inscrit parfaitement dans la tradition comique, avec laquelle il joue (voir ce qu'il fait du type du vieillard amoureux avec Geronte par exemple, ou, plus massif et spectaculaire, ce qu'il fait de l'éternel valet et du gracioso de la comédie espagnole avec Cliton)
Je n'avais pas prévu de développer autant, j'espère ne pas avoir dit encore plus d'erreurs en voulant en corriger une seule.
- faustine62Érudit
Merci beaucoup pour ces compléments yranoh.
- NLM76Grand Maître
Il me semble quand même qu'une galanterie, ou les galanteries, ce n'est pas exactement la galanterie. Les galanteries, ce sont, comme dans La princesse de Clèves, les aventures amoureuses, et surtout extra-conjugales.faustine62 a écrit:Bonsoir,
J'ai une question à mon tour. J'ai du mal à faire une distinction nette entre les notions de "galanterie" et d'"honnête homme" . Au début du Menteur, Dorante se réjouit d'être dedans "les Tuileries, le pays du beau monde et des galanteries". Et au début de la Suite du menteur, il affirme vivre désormais en "honnête homme". Y a-t-il antinomie entre la galanterie et les valeurs de l'honnête homme ? Corneille affirme pourtant faire parler ses personnages en « honnêtes gens ».
Quelqu'un aurait un article ou un chapitre d'ouvrage à me conseiller ?
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- yranohHabitué du forum
Oui, tu fais bien de relever le pluriel. Par contre je ne crois pas au sens d'aventures extra-conjugales ici, dans la bouche de Dorante (ça aurait été plus loin dans la même scène, oui, pourquoi pas). En tout cas c'est vrai que dans cette scène on n'est pas vraiment dans un contexte d'honnêteté.
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