- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Chacun a ses motivations et son parcours. Pour ce qui me concerne, je suis devenu enseignant par inadvertance ou presque, et non par l'effet d'un éblouissement initial que d'ailleurs je n'espère pas particulièrement provoquer chez mes élèves. Et je pense n'être devenu acceptable qu'à partir du moment où je me suis convaincu qu'il n'est pas indispensable que je sois exceptionnel.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Pareil.
Je suis très fière de ce métier.
Certes il est épuisant par moment, on est déconsidérés par beaucoup de monde mais je me sens utile de former les générations futures.
Effectivement j’ai eu l’immense chance de rencontrer des profs qui m’ont donné envie d’exercer mais je l’ai fait aussi en connaissance de cause. J’étais prévenue du nombre de places au CAPES, des mutations loin de chez moi, du salaire pas à la hauteur etc. Ma seule grosse déconvenue a été la charge de travail que je n’avais pas soupçonnée aussi importante.
Et même si aujourd’hui je ne suis plus devant élèves, je suis fière d’avoir mené le combat de ma vie (pire que l’acceptation du handicap!) pour avoir le droit de travailler en poste adapté au CNED. Savoir que mes corrections argumentées peuvent aider un élève où qu’il soit dans le monde, quelque soit ses situations d’apprentissage me rendent fière.
Certains estiment que c’est la planque ou que ce n’est pas un vrai travail, d’autres ne comprennent pas que j’ai fait le choix de travailler mais moi je suis heureuse de ce que je fais au quotidien (je dis ca car je suis en vacances mais dans 15 jours je ralerai devant mon gros paquet de copies )
Je suis très fière de ce métier.
Certes il est épuisant par moment, on est déconsidérés par beaucoup de monde mais je me sens utile de former les générations futures.
Effectivement j’ai eu l’immense chance de rencontrer des profs qui m’ont donné envie d’exercer mais je l’ai fait aussi en connaissance de cause. J’étais prévenue du nombre de places au CAPES, des mutations loin de chez moi, du salaire pas à la hauteur etc. Ma seule grosse déconvenue a été la charge de travail que je n’avais pas soupçonnée aussi importante.
Et même si aujourd’hui je ne suis plus devant élèves, je suis fière d’avoir mené le combat de ma vie (pire que l’acceptation du handicap!) pour avoir le droit de travailler en poste adapté au CNED. Savoir que mes corrections argumentées peuvent aider un élève où qu’il soit dans le monde, quelque soit ses situations d’apprentissage me rendent fière.
Certains estiment que c’est la planque ou que ce n’est pas un vrai travail, d’autres ne comprennent pas que j’ai fait le choix de travailler mais moi je suis heureuse de ce que je fais au quotidien (je dis ca car je suis en vacances mais dans 15 jours je ralerai devant mon gros paquet de copies )
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots! [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
- PrezboGrand Maître
Fabrice25 a écrit:Exactement.
Comment espérer la reconnaissance de la société pour cette mission d'intérêt public si nous passons notre temps à nous déconsidérer ? J'ai fait de longues études et j'exerce un métier qui a du sens. C'est plutôt pas mal, non ?
Alors certes, les conditions d'exercice se durcissent mais cela n'entame en rien la fierté de mon métier...
En mathématiques passé un certain âge, je pense que pour une majorité d'élèves, notre métier n'a plus grand sens. Nous les mettons en souffrance sans qu'ils ne progressent. Et sur ce point, ce n'est pas un problème de rémunération ( à titre personnel, je ne fais pas partie des plus mal payé) que de gestion comptable des flux d'élèves et de déconnection du discours institutionnel.
Quand au durcissement des conditions d'exercices, je pense pas qu'on puisse y répondre en renvoyant éternellement les enseignants à la fierté de faire se métier, surtout s'il est fait justement dans des conditions d'empêchement. A la fin du fin, le manque d'attractivité croissant des concours le montre.
- CasparProphète
Elaïna a écrit:Sans aller jusqu'à laisser un souvenir jusqu'au lit de mort, je me rappelle l'émotion de ma prof d'histoire de 2nd et de terminale, quand je lui ai dit que c'était grâce à elle que j'étais devenue prof d'histoire, et notamment grâce à la première séance de terminale qui m'a marquée et à laquelle je pense souvent. J'aimerais faire aussi bien qu'elle. Et si un jour un élève vient me dire qu'il est devenu prof d'histoire grâce à moi, eh bien, je serais extrêmement heureuse.
Encore un fois, je ne dis pas le contraire. Bien sûr que nous pouvons marquer certains élèves et "changer leur vie" d'une certaine façon mais je pensais plutôt à l'image du super-prof véhiculée par les médias puisque c'est le sujet de ce fil.
Quand j'ai acheté ma voiture, le vendeur m'a dit qu'il était passé par mon lycée et qu'il avait été marqué par un prof de français extraordinaire et très original...dont il ne se rappelait plus le nom, ça rend modeste.
- ElaïnaDevin
Alors personnellement je vais être très claire, je persiste à penser que mon métier fait partie des plus chouettes du monde. J'ai fait des études d'histoire, mon boulot consiste à parler histoire toute la journée (bon ok oui géo aussi promis j'en fais). Et le discours "fuyez pauvres fous" j'avoue j'en ai un peu soupé, comme tu le dis ça existait déjà il y a 30 ans, et, j'en ai déjà parlé, mais tu trouves les mêmes arguments dans des bouquins de 1900, en France, en Amérique, au Japon (lisez Soseki, Botchan ou Je suis un chat, c'est édifiant).L'EN ne va pas bien, c'est un fait, de là à dire "fuyez pauvres fous" sans nuance, eh bien il faut quand même être sacrément naïf sur ce qu'est le monde du travail actuellement.
Je sais bien que la tendance est au misérabilisme comme cette prof sur Twitter qui pense que tout le monde sauf les profs gagne 3000 balles par mois minimum avec primes, CE, 13e mois, mais il faut quand même être réaliste, non prof ce n'est pas toujours pire que le Voreux.
Je sais bien que la tendance est au misérabilisme comme cette prof sur Twitter qui pense que tout le monde sauf les profs gagne 3000 balles par mois minimum avec primes, CE, 13e mois, mais il faut quand même être réaliste, non prof ce n'est pas toujours pire que le Voreux.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- JennyMédiateur
Je trouve aussi qu’on fait un boulot sympa, fatiguant et mal payé certes. Mais je préfère enseigner que de faire pas mal d’autres métiers beaucoup moins intéressants ou plus instables.
- CasparProphète
Elaïna a écrit:Alors personnellement je vais être très claire, je persiste à penser que mon métier fait partie des plus chouettes du monde. J'ai fait des études d'histoire, mon boulot consiste à parler histoire toute la journée (bon ok oui géo aussi promis j'en fais). Et le discours "fuyez pauvres fous" j'avoue j'en ai un peu soupé, comme tu le dis ça existait déjà il y a 30 ans, et, j'en ai déjà parlé, mais tu trouves les mêmes arguments dans des bouquins de 1900, en France, en Amérique, au Japon (lisez Soseki, Botchan ou Je suis un chat, c'est édifiant).L'EN ne va pas bien, c'est un fait, de là à dire "fuyez pauvres fous" sans nuance, eh bien il faut quand même être sacrément naïf sur ce qu'est le monde du travail actuellement.
Je sais bien que la tendance est au misérabilisme comme cette prof sur Twitter qui pense que tout le monde sauf les profs gagne 3000 balles par mois minimum avec primes, CE, 13e mois, mais il faut quand même être réaliste, non prof ce n'est pas toujours pire que le Voreux.
Il y a aussi des scènes assez édifiantes dans Villette de Charlotte Brontë (1853). J'aime beaucoup aussi Botchan, qui fut brièvement mon pseudo sur ce forum.
- CasparProphète
Jenny a écrit:Je trouve aussi qu’on fait un boulot sympa, fatiguant et mal payé certes. Mais je préfère enseigner que de faire pas mal d’autres métiers beaucoup moins intéressants ou plus instables.
Être toute la journée devant un écran d'ordinateur par exemple, ça ne me fait pas du tout rêver.
- zigmag17Guide spirituel
Tout dépend de l'établissement où l'on travaille, des élèves que l'on en a face de soi et de la possibilité qui nous est offerte d'exercer notre métier, parce que les conditions de travail connaissent désormais de telles variables d'ajustement que l'on ne peut plus dire que l'on exerce tous le même métier. Nous exerçons un métier, qui s'avère ne pas recouvrir à chaque fois la même réalité.
Si j'avais été au courant il y a un peu plus de 30 ans de la manière dont les choses tourneraient , je n'aurais pas signé ( il existe un tas d'autres façons de transmettre des connaissances que face à des classes rétives), et en l'état dans le contexte que je connais , je ne le conseillerais pas.
Je sais, j'enseigne en LP et les paramètres sont sans doute différents. Mais ils existent.
Si j'avais été au courant il y a un peu plus de 30 ans de la manière dont les choses tourneraient , je n'aurais pas signé ( il existe un tas d'autres façons de transmettre des connaissances que face à des classes rétives), et en l'état dans le contexte que je connais , je ne le conseillerais pas.
Je sais, j'enseigne en LP et les paramètres sont sans doute différents. Mais ils existent.
- dandelionVénérable
Il y a aussi de nombreux collègues pour qui tout se passe bien jusqu’au jour où ils tombent sur l’élève (ou la classe) et/ou les parents d’élève qui lui pourrissent la vie et changent sa vision du métier.
- CasparProphète
dandelion a écrit:Il y a aussi de nombreux collègues pour qui tout se passe bien jusqu’au jour où ils tombent sur l’élève (ou la classe) et/ou les parents d’élève qui lui pourrissent la vie et changent sa vision du métier.
Oui, c'est ça qui est dur je trouve, on ne sait jamais si on va tomber sur la classe ou l'élève qui vont nous pourrir la vie. C'est mon cas cette année avec un élève très pénible qui a essayé de me faire craquer et aurait pu y arriver mais j'ai tenu le coup quand même, ça va mieux et je vois arriver la fin de l'année avec un certain soulagement.
- zigmag17Guide spirituel
dandelion a écrit:Il y a aussi de nombreux collègues pour qui tout se passe bien jusqu’au jour où ils tombent sur l’élève (ou la classe) et/ou les parents d’élève qui lui pourrissent la vie et changent sa vision du métier.
Ça arrive aussi.
Le métier tel qu'il devrait s'exercer normalement- et qui me ferait dire que je le trouve super - serait corrélé à des élèves qui globalement respectent l'enseignant et son travail, sont à peu près courtois, n'exercent pas de réelle pression quand on aborde certains sujets en classe, en bref se comportent comme des élèves qui viennent là pour apprendre et pas comme dans une arène pour en découdre. Le tout avec des parents qui ne se sentent pas dans la toute-puissance ni le contrôle, et une direction qui tient la route.
J'ai admiré ce fonctionnement dans un ancien lycée polyvalent où les collègues n'auraient échangé leur poste pour rien au monde et s'eclataient vraiment au boulot.
Cela concerne certains établissements, et certaines sections ( européenne, bachi et abibac, CHAM, CHAD...), autres très bonnes classes de lycées, établissements choisis... Au choix ou tout à la fois.
Même dans cette configuration idéale, il peut arriver un couac, en effet.
D'ailleurs je trouve qu'un petit sondage sur l'âge ( ou le temps passé dans une carrière) et le ressenti sur le métier serait instructif. Ce n'est pas pour rien qu'autrefois existaient les CPA. A partir de 55 ans.
Je pense que la quarantaine est l'âge idéal pour ce métier, quand on a de la bouteille: la pratique est là, on est à priori au mieux de sa forme, on y croit à fond, on gère, on fait avec dynamisme. Au fil des années et c'est normal, l'énergie s'émousse un peu, on a eu affaire à des tonnes de comportements similaires de la part d'élèves aux comportements fatalement stéréotypés mais avec lesquels à chaque fois il faut tout recommencer à zéro puisque ce ne sont pas les mêmes d'une année sur l'autre.
Et le fait d'avoir commencé à travailler dans de relatives bonnes conditions rend encore plus amers les constats devant la réalité d'aujourd'hui.
Nous ne sommes à l'abri de rien et c'est là que le bât blesse.
- A TuinVénérable
Fabrice25 a écrit:Exactement.
Comment espérer la reconnaissance de la société pour cette mission d'intérêt public si nous passons notre temps à nous déconsidérer ? J'ai fait de longues études et j'exerce un métier qui a du sens. C'est plutôt pas mal, non ?
Alors certes, les conditions d'exercice se durcissent mais cela n'entame en rien la fierté de mon métier...
On peut très bien être content de faire ce métier, mais se rendre compte aussi que ce métier est actuellement en train de ne plus avoir les moyens de permettre une instruction adaptée pour les enfants en raison de nombreux facteurs extérieurs : baisse des horaires dédiés aux matières, attendus inadaptés des programmes actuels, imprégnation de la violence sociétale au sein des établissements dans certains endroits, atteintes à la laïcité, difficultés d'amener les enfants vers la concentration du fait de la non prise en compte par les pouvoirs publics de la nécessité à réguler l'usage des écrans et des réseaux sociaux, etc....
Tout cela, et tous les autres éléments de contexte oubliés sans doute, mais qui pourraient s'ajouter, font qu'actuellement le niveau des enfants n'est pas bon, que le goût de l'effort et du travail bien fait n'est plus là, et que nous ne pouvons pas vraiment modifier la voilure du fait de nos actions individuelles de professeurs.
Enseigner dans ces conditions et se sentir empêché de partout, à l'avenir, ne va pas aller de soi pour ce qui est du sens...
- JennyMédiateur
Je crains que les autres métiers en contact avec le public ne suivent la même évolution.
- mafalda16Modérateur
Ou sont déjà autant dans la mouise que nous.
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"Si no luchas, al menos ten la decencia de respetar a quienes lo hacen", José Martí.
- profdoctoujoursNiveau 7
Ah oui, j'avais oublié le super prof qui change la vie des élèves, en faisant en général à peu près tout sauf enseigner.
- ElaïnaDevin
Caspar a écrit:
Il y a aussi des scènes assez édifiantes dans Villette de Charlotte Brontë (1853). J'aime beaucoup aussi Botchan, qui fut brièvement mon pseudo sur ce forum.
Je ne connais pas Villette, je vais le lire ! merci pour la référence.
Caspar a écrit:Jenny a écrit:Je trouve aussi qu’on fait un boulot sympa, fatiguant et mal payé certes. Mais je préfère enseigner que de faire pas mal d’autres métiers beaucoup moins intéressants ou plus instables.
Être toute la journée devant un écran d'ordinateur par exemple, ça ne me fait pas du tout rêver.
Pareil. Et, si le salaire de mon cher et tendre a de quoi faire rêver, son boulot (pourtant essentiel) me ferait tellement bailler d'ennui à chaque minute que je préfère encore corriger dix mille copies que de faire ce qu'il fait.
zigmag17 a écrit:Tout dépend de l'établissement où l'on travaille, des élèves que l'on en a face de soi et de la possibilité qui nous est offerte d'exercer notre métier, parce que les conditions de travail connaissent désormais de telles variables d'ajustement que l'on ne peut plus dire que l'on exerce tous le même métier. Nous exerçons un métier, qui s'avère ne pas recouvrir à chaque fois la même réalité.
Si j'avais été au courant il y a un peu plus de 30 ans de la manière dont les choses tourneraient , je n'aurais pas signé ( il existe un tas d'autres façons de transmettre des connaissances que face à des classes rétives), et en l'état dans le contexte que je connais , je ne le conseillerais pas.
Je sais, j'enseigne en LP et les paramètres sont sans doute différents. Mais ils existent.
Je crois que là encore il n'y a aucune règle. J'enseigne dans une zone très très favorisée (chez les riches des Yvelines qui sont globalement les riches d'Ile de France bref très très friqué) et ça n'empêche pas d'avoir des classes de l'angoisse, j'en sais quelque chose, j'ai une première affreuse cette année (où rien ne va, du niveau au comportement en passant par la mentalité générale). ça m'agace beaucoup, en formation, quand je parle de faire tel truc, "ha mais oui mais toi tu enseignes là, tu peux faire ça", alors non j'ai aussi des classes pourraves de chez pourraves (notamment car nous n'avons pas de section techno donc un élève en très grande difficulté qui ne veut pas aller dans la ville voisine faire une série techno, on se le garde jusqu'au bac). Non ce n'est pas parce que j'enseigne là que c'est facile. Et l'une des pires classes que j'ai pu avoir en termes de comportement, c'était dans ce lycée bourge, avec une classe dont la très grande majorité des élèves avait une option euro. Comme quoi.
Mais le type de pénibilité des élèves chez moi ne me pose pas de problème ("ma mère demandera à son avocat pour vous obliger à retirer le zéro, ça ne lui coûtera qu'une bouteille de champagne" - "oh mais faites, mon jeune ami, moi je demanderai à mon mari pour le laisser dans votre moyenne, ça ne me coûtera même pas le champagne"). Evidemment avec un autre type de pénibilité style REP j'aurais sûrement perdu pied il y a longtemps.
Caspar a écrit:dandelion a écrit:Il y a aussi de nombreux collègues pour qui tout se passe bien jusqu’au jour où ils tombent sur l’élève (ou la classe) et/ou les parents d’élève qui lui pourrissent la vie et changent sa vision du métier.
Oui, c'est ça qui est dur je trouve, on ne sait jamais si on va tomber sur la classe ou l'élève qui vont nous pourrir la vie. C'est mon cas cette année avec un élève très pénible qui a essayé de me faire craquer et aurait pu y arriver mais j'ai tenu le coup quand même, ça va mieux et je vois arriver la fin de l'année avec un certain soulagement.
Idem mais ça vaut pour tous les établissements. Et pour tous les métiers en général. Combien de travailleurs en souffrance disent "j'adorais mon travail jusqu'à ce que le manager change / que les actionnaires décident d'augmenter la productivité" etc ?
Le métier de prof n'est ni pire ni mieux qu'un autre. Personnellement je ne suis pas cette prof qui a la vocation, moi au départ je voulais être conservatrice de musée parce que j'aimais l'histoire et les arts, c'est pour ça que j'ai fait les Chartes. Et puis j'ai fait des stages et je me suis rendu compte avec horreur que la conservation c'était de l'admiinistration, je me suis dit "ça va je vais passer l'agrégation c'est mieux pour tout le monde". Et quand je vois les (très belles, au demeurant) carrières de mes confrères et consoeurs, je ne peux que me dire que j'ai fait le bon choix pour moi.
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Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- zigmag17Guide spirituel
Elaïna a écrit:Caspar a écrit:
Il y a aussi des scènes assez édifiantes dans Villette de Charlotte Brontë (1853). J'aime beaucoup aussi Botchan, qui fut brièvement mon pseudo sur ce forum.
Je ne connais pas Villette, je vais le lire ! merci pour la référence.Caspar a écrit:Jenny a écrit:Je trouve aussi qu’on fait un boulot sympa, fatiguant et mal payé certes. Mais je préfère enseigner que de faire pas mal d’autres métiers beaucoup moins intéressants ou plus instables.
Être toute la journée devant un écran d'ordinateur par exemple, ça ne me fait pas du tout rêver.
Pareil. Et, si le salaire de mon cher et tendre a de quoi faire rêver, son boulot (pourtant essentiel) me ferait tellement bailler d'ennui à chaque minute que je préfère encore corriger dix mille copies que de faire ce qu'il fait.zigmag17 a écrit:Tout dépend de l'établissement où l'on travaille, des élèves que l'on en a face de soi et de la possibilité qui nous est offerte d'exercer notre métier, parce que les conditions de travail connaissent désormais de telles variables d'ajustement que l'on ne peut plus dire que l'on exerce tous le même métier. Nous exerçons un métier, qui s'avère ne pas recouvrir à chaque fois la même réalité.
Si j'avais été au courant il y a un peu plus de 30 ans de la manière dont les choses tourneraient , je n'aurais pas signé ( il existe un tas d'autres façons de transmettre des connaissances que face à des classes rétives), et en l'état dans le contexte que je connais , je ne le conseillerais pas.
Je sais, j'enseigne en LP et les paramètres sont sans doute différents. Mais ils existent.
Je crois que là encore il n'y a aucune règle. J'enseigne dans une zone très très favorisée (chez les riches des Yvelines qui sont globalement les riches d'Ile de France bref très très friqué) et ça n'empêche pas d'avoir des classes de l'angoisse, j'en sais quelque chose, j'ai une première affreuse cette année (où rien ne va, du niveau au comportement en passant par la mentalité générale). ça m'agace beaucoup, en formation, quand je parle de faire tel truc, "ha mais oui mais toi tu enseignes là, tu peux faire ça", alors non j'ai aussi des classes pourraves de chez pourraves (notamment car nous n'avons pas de section techno donc un élève en très grande difficulté qui ne veut pas aller dans la ville voisine faire une série techno, on se le garde jusqu'au bac). Non ce n'est pas parce que j'enseigne là que c'est facile. Et l'une des pires classes que j'ai pu avoir en termes de comportement, c'était dans ce lycée bourge, avec une classe dont la très grande majorité des élèves avait une option euro. Comme quoi.
Mais le type de pénibilité des élèves chez moi ne me pose pas de problème ("ma mère demandera à son avocat pour vous obliger à retirer le zéro, ça ne lui coûtera qu'une bouteille de champagne" - "oh mais faites, mon jeune ami, moi je demanderai à mon mari pour le laisser dans votre moyenne, ça ne me coûtera même pas le champagne"). Evidemment avec un autre type de pénibilité style REP j'aurais sûrement perdu pied il y a longtemps.Caspar a écrit:dandelion a écrit:Il y a aussi de nombreux collègues pour qui tout se passe bien jusqu’au jour où ils tombent sur l’élève (ou la classe) et/ou les parents d’élève qui lui pourrissent la vie et changent sa vision du métier.
Oui, c'est ça qui est dur je trouve, on ne sait jamais si on va tomber sur la classe ou l'élève qui vont nous pourrir la vie. C'est mon cas cette année avec un élève très pénible qui a essayé de me faire craquer et aurait pu y arriver mais j'ai tenu le coup quand même, ça va mieux et je vois arriver la fin de l'année avec un certain soulagement.
Idem mais ça vaut pour tous les établissements. Et pour tous les métiers en général. Combien de travailleurs en souffrance disent "j'adorais mon travail jusqu'à ce que le manager change / que les actionnaires décident d'augmenter la productivité" etc ?
Le métier de prof n'est ni pire ni mieux qu'un autre. Personnellement je ne suis pas cette prof qui a la vocation, moi au départ je voulais être conservatrice de musée parce que j'aimais l'histoire et les arts, c'est pour ça que j'ai fait les Chartes. Et puis j'ai fait des stages et je me suis rendu compte avec horreur que la conservation c'était de l'admiinistration, je me suis dit "ça va je vais passer l'agrégation c'est mieux pour tout le monde". Et quand je vois les (très belles, au demeurant) carrières de mes confrères et consoeurs, je ne peux que me dire que j'ai fait le bon choix pour moi.
De mon point de vue, si, à l'instar de certains autres le métier de prof est devenu pire qu'un autre car en plus de tout ce qui lui est inhérent et qu'on peut lui reprocher, on risque sa vie maintenant en allant bosser. Franchement ça pour moi c'est un point de non-retour qui fait que je ne le conseillerais pas à quelqu'un ( conditions de travail + salaire + etc)
- Clecle78Bon génie
Moi c'est la visite des archives en hypochartes qui m'a fait changer d'avis et de voie. Par contre, pour avoir été harcelée en tant qu'élève, et avoir vu plusieurs enseignants être harcelés par des élèves, sans aucun soutien de l'administration (et on parle des années 70, je viens d'ailleurs de revoir Diabolo menthe qui montre aussi ça dans les années 60) on ne peut pas dire que je me faisais des illusions sur le métier de prof. J'ai toujours su que ce serait dur et cela l'a été, pas tout le temps heureusement. C'est un métier où on n'a pas droit à l'erreur, la moindre peut-être fatale, et au fil du temps c'est très usant cette pression constante.Elaïna a écrit:Caspar a écrit:
Il y a aussi des scènes assez édifiantes dans Villette de Charlotte Brontë (1853). J'aime beaucoup aussi Botchan, qui fut brièvement mon pseudo sur ce forum.
Je ne connais pas Villette, je vais le lire ! merci pour la référence.Caspar a écrit:Jenny a écrit:Je trouve aussi qu’on fait un boulot sympa, fatiguant et mal payé certes. Mais je préfère enseigner que de faire pas mal d’autres métiers beaucoup moins intéressants ou plus instables.
Être toute la journée devant un écran d'ordinateur par exemple, ça ne me fait pas du tout rêver.
Pareil. Et, si le salaire de mon cher et tendre a de quoi faire rêver, son boulot (pourtant essentiel) me ferait tellement bailler d'ennui à chaque minute que je préfère encore corriger dix mille copies que de faire ce qu'il fait.zigmag17 a écrit:Tout dépend de l'établissement où l'on travaille, des élèves que l'on en a face de soi et de la possibilité qui nous est offerte d'exercer notre métier, parce que les conditions de travail connaissent désormais de telles variables d'ajustement que l'on ne peut plus dire que l'on exerce tous le même métier. Nous exerçons un métier, qui s'avère ne pas recouvrir à chaque fois la même réalité.
Si j'avais été au courant il y a un peu plus de 30 ans de la manière dont les choses tourneraient , je n'aurais pas signé ( il existe un tas d'autres façons de transmettre des connaissances que face à des classes rétives), et en l'état dans le contexte que je connais , je ne le conseillerais pas.
Je sais, j'enseigne en LP et les paramètres sont sans doute différents. Mais ils existent.
Je crois que là encore il n'y a aucune règle. J'enseigne dans une zone très très favorisée (chez les riches des Yvelines qui sont globalement les riches d'Ile de France bref très très friqué) et ça n'empêche pas d'avoir des classes de l'angoisse, j'en sais quelque chose, j'ai une première affreuse cette année (où rien ne va, du niveau au comportement en passant par la mentalité générale). ça m'agace beaucoup, en formation, quand je parle de faire tel truc, "ha mais oui mais toi tu enseignes là, tu peux faire ça", alors non j'ai aussi des classes pourraves de chez pourraves (notamment car nous n'avons pas de section techno donc un élève en très grande difficulté qui ne veut pas aller dans la ville voisine faire une série techno, on se le garde jusqu'au bac). Non ce n'est pas parce que j'enseigne là que c'est facile. Et l'une des pires classes que j'ai pu avoir en termes de comportement, c'était dans ce lycée bourge, avec une classe dont la très grande majorité des élèves avait une option euro. Comme quoi.
Mais le type de pénibilité des élèves chez moi ne me pose pas de problème ("ma mère demandera à son avocat pour vous obliger à retirer le zéro, ça ne lui coûtera qu'une bouteille de champagne" - "oh mais faites, mon jeune ami, moi je demanderai à mon mari pour le laisser dans votre moyenne, ça ne me coûtera même pas le champagne"). Evidemment avec un autre type de pénibilité style REP j'aurais sûrement perdu pied il y a longtemps.Caspar a écrit:dandelion a écrit:Il y a aussi de nombreux collègues pour qui tout se passe bien jusqu’au jour où ils tombent sur l’élève (ou la classe) et/ou les parents d’élève qui lui pourrissent la vie et changent sa vision du métier.
Oui, c'est ça qui est dur je trouve, on ne sait jamais si on va tomber sur la classe ou l'élève qui vont nous pourrir la vie. C'est mon cas cette année avec un élève très pénible qui a essayé de me faire craquer et aurait pu y arriver mais j'ai tenu le coup quand même, ça va mieux et je vois arriver la fin de l'année avec un certain soulagement.
Idem mais ça vaut pour tous les établissements. Et pour tous les métiers en général. Combien de travailleurs en souffrance disent "j'adorais mon travail jusqu'à ce que le manager change / que les actionnaires décident d'augmenter la productivité" etc ?
Le métier de prof n'est ni pire ni mieux qu'un autre. Personnellement je ne suis pas cette prof qui a la vocation, moi au départ je voulais être conservatrice de musée parce que j'aimais l'histoire et les arts, c'est pour ça que j'ai fait les Chartes. Et puis j'ai fait des stages et je me suis rendu compte avec horreur que la conservation c'était de l'admiinistration, je me suis dit "ça va je vais passer l'agrégation c'est mieux pour tout le monde". Et quand je vois les (très belles, au demeurant) carrières de mes confrères et consoeurs, je ne peux que me dire que j'ai fait le bon choix pour moi.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Elaïna a écrit:
Je crois que là encore il n'y a aucune règle. J'enseigne dans une zone très très favorisée (chez les riches des Yvelines qui sont globalement les riches d'Ile de France bref très très friqué) et ça n'empêche pas d'avoir des classes de l'angoisse, j'en sais quelque chose, j'ai une première affreuse cette année (où rien ne va, du niveau au comportement en passant par la mentalité générale). ça m'agace beaucoup, en formation, quand je parle de faire tel truc, "ha mais oui mais toi tu enseignes là, tu peux faire ça", alors non j'ai aussi des classes pourraves de chez pourraves (notamment car nous n'avons pas de section techno donc un élève en très grande difficulté qui ne veut pas aller dans la ville voisine faire une série techno, on se le garde jusqu'au bac). Non ce n'est pas parce que j'enseigne là que c'est facile. Et l'une des pires classes que j'ai pu avoir en termes de comportement, c'était dans ce lycée bourge, avec une classe dont la très grande majorité des élèves avait une option euro. Comme quoi.
N'y a-t-il vraiment aucune règle? Je ne prendrais pas le risque de me prononcer là-dessus. Mais en étant passé par une douzaine d'établissements différents, j'ai effectivement eu l'occasion de constater que mes expériences les plus compliquées n'ont pas toujours été là où on me les promettait. Celles de mes premières années n'ont pas été les plus simples (et pas seulement parce que j'étais inexpérimenté), et je me dis parfois qu'en plaçant ces expériences dans un ordre différent je pourrais avoir l'impression d'une dégradation progressive du métier.
Mes classes les plus difficiles ont été: 1/ la pire et de loin, en collège dans le centre d'une petite ville. On m'avait dit: "tu verras, là-bas, aucun problème". Des élèves issus de milieu favorisé (enfants de notables du coin) ayant pour beaucoup des facilités, mais qui, guidés par quelques meneurs, employaient leur intelligence à mettre en place des défis visant à pourrir les cours; 2/ une classe de collégiens où l'on avait rassemblé des élèves en difficulté issus d'un quartier périphérique de Strasbourg; pas mal d'élèves gentils mais en perdition, et un bon groupe d'agitateurs (le mot est assez faible) qui se comportaient plus ou moins en classe comme dans la rue et ne toléraient pratiquement aucune contrainte; 3/ au fin-fond de la campagne, beaucoup d'enfants de milieu agricole; très loin de mes références, un milieu assez fermé (y compris du côté des enseignants, tous les "piliers" étant enfants du pays), un autre monde dont je n'avais pas les codes. Certains ont rayé ma voiture, essayé de crever mes pneus, fait exploser ma boîte aux lettres, volé mon courrier. A l'inverse, j'ai passé certaines de mes meilleures années de TZR dans des établissements qu'on m'avait décrit comme des repoussoirs.
Je remarque toutefois que s'il y a un point commun entre bon nombre de situations que j'ai vécues comme "difficiles" (outre mon inexpérience et mes maladresses, dont il est évident qu'elles ont pesé), c'est une direction peu "soutenante", voire (cas 1 et 2 ci-dessus) carrément à l'ouest.
- ElyasEsprit sacré
profdoctoujours a écrit:Ah oui, j'avais oublié le super prof qui change la vie des élèves, en faisant en général à peu près tout sauf enseigner.
Qui a dit ça ?
La caricature est un désaveu de la raison.
Nous faisons un métier qui est actuellement rendu difficile par des décisions institutionnelles alors que notre société connaît des mutations importantes. Toutes les décisions prises ces trente dernières années ont été de mauvais choix.
En revanche, notre travail est essentiel. Nous assurons la pérennité des savoirs qui ont fait que notre société va mieux. Si c'est pour avoir des générations qui sauront moins de choses, maîtriseront moins d'éléments que les précédentes, c'est une trahison des clercs.
Notre métier est beau. J'enseigne l'histoire, la géographie et l'EMC, j'apprends à raisonner, à écrire, à cartographier, à lire de l'histoire, de la géographie et de la presse, c'est un plaisir intégral de pouvoir faire ça et de lire ce que mes élèves réalisent à chaque heure. C'est un métier hautement humain où nous devons accueillir des enfants, des adolescents et des jeunes adultes qui ont aussi une vie à côté et notre devoir est d'assurer un cadre d'apprentissage le mieux possible pour eux. Cependant, notre institution nous maltraite tous. C'est un fait.
Cependant, si c'est pour continuer la maltraitance avec des gens qui viennent là comme pour un job entre deux emplois, sans être formés et lâchés sans soutiens institutionnels avec un salaire de misère, c'est compliqué. La maltraitance institutionnelle est là. Néanmoins, notre métier est beau (j'oserais écrire qu'il est καλὸς κἀγαθός) et vital.
Dire qu'il faut fuir le métier, certes. Néanmoins, pour avoir de la famille en usine ou dans des métiers de services à la personne, mon confort de vie et mon salaire sont indubitablement plus élevés et mon niveau de santé largement supérieur pour le même âge. Notre métier va mal mais il est dans une mouvance générale de souffrance au travail généralisé. Les données du nombre de maladies professionnelles, de morts au travail ou d'accidents du travail sont en explosion croissante dans le pays.
Notre mal-être est un symptôme parmi d'autres dans une crise du monde du travail généralisé où les travailleurs sont considérés comme des handicaps pour les entreprises et les institutions.
C'est pour cela qu'il faut se battre, pour que nos métiers et que les gens soient mieux.
- JennyMédiateur
Aperçu par hasard a écrit:
Je remarque toutefois que s'il y a un point commun entre bon nombre de situations que j'ai vécues comme "difficiles" (outre mon inexpérience et mes maladresses, dont il est évident qu'elles ont pesé), c'est une direction peu "soutenante", voire (cas 1 et 2 ci-dessus) carrément à l'ouest.
+1.
Effectivement, je suis bien plus tranquille dans mon établissement de cette année, régulièrement décrit comme un des pires de l'académie que dans l'établissement CSP+ de l'an dernier où les collègues se faisaient bien plus souvent agresser/insulter sans réaction. Une direction qui tient la route, ça serait un de mes premiers critères.
Les élèves ne sont pas faciles dans pas mal d'établissements où j'ai travaillé, mais mon métier me plaît. Et globalement, le fait d'avoir fait beaucoup de petits boulots (parfois bien mieux payés que prof d'ailleurs) m'incite aussi à nuancer certaines difficultés.
- BaldredSage
Elyas a écrit:profdoctoujours a écrit:Ah oui, j'avais oublié le super prof qui change la vie des élèves, en faisant en général à peu près tout sauf enseigner.
Qui a dit ça ?
La caricature est un désaveu de la raison.
Nous faisons un métier qui est actuellement rendu difficile par des décisions institutionnelles alors que notre société connaît des mutations importantes. Toutes les décisions prises ces trente dernières années ont été de mauvais choix.
En revanche, notre travail est essentiel. Nous assurons la pérennité des savoirs qui ont fait que notre société va mieux. Si c'est pour avoir des générations qui sauront moins de choses, maîtriseront moins d'éléments que les précédentes, c'est une trahison des clercs.
Notre métier est beau. J'enseigne l'histoire, la géographie et l'EMC, j'apprends à raisonner, à écrire, à cartographier, à lire de l'histoire, de la géographie et de la presse, c'est un plaisir intégral de pouvoir faire ça et de lire ce que mes élèves réalisent à chaque heure. C'est un métier hautement humain où nous devons accueillir des enfants, des adolescents et des jeunes adultes qui ont aussi une vie à côté et notre devoir est d'assurer un cadre d'apprentissage le mieux possible pour eux. Cependant, notre institution nous maltraite tous. C'est un fait.
Cependant, si c'est pour continuer la maltraitance avec des gens qui viennent là comme pour un job entre deux emplois, sans être formés et lâchés sans soutiens institutionnels avec un salaire de misère, c'est compliqué. La maltraitance institutionnelle est là. Néanmoins, notre métier est beau (j'oserais écrire qu'il est καλὸς κἀγαθός) et vital.
Dire qu'il faut fuir le métier, certes. Néanmoins, pour avoir de la famille en usine ou dans des métiers de services à la personne, mon confort de vie et mon salaire sont indubitablement plus élevés et mon niveau de santé largement supérieur pour le même âge. Notre métier va mal mais il est dans une mouvance générale de souffrance au travail généralisé. Les données du nombre de maladies professionnelles, de morts au travail ou d'accidents du travail sont en explosion croissante dans le pays.
Notre mal-être est un symptôme parmi d'autres dans une crise du monde du travail généralisé où les travailleurs sont considérés comme des handicaps pour les entreprises et les institutions.
C'est pour cela qu'il faut se battre, pour que nos métiers et que les gens soient mieux.
+1, une fois de plus.
J'ajouterai qu'en dehors des difficultés du métier, le "ressenti" dépend également de la réalisation ou pas, heureuse ou pas, de nos stratégies sociales, qui peuvent être très diverses. Le fameux "vivre mieux que mes parents" peut être un impératif, une mission, une idée saugrenue ou une malédiction qui conditionne une part de notre sentiment de réussite ou d' échec.
- nicole 86Expert spécialisé
Prezbo a écrit:Fabrice25 a écrit:Exactement.
Comment espérer la reconnaissance de la société pour cette mission d'intérêt public si nous passons notre temps à nous déconsidérer ? J'ai fait de longues études et j'exerce un métier qui a du sens. C'est plutôt pas mal, non ?
Alors certes, les conditions d'exercice se durcissent mais cela n'entame en rien la fierté de mon métier...
En mathématiques passé un certain âge, je pense que pour une majorité d'élèves, notre métier n'a plus grand sens. Nous les mettons en souffrance sans qu'ils ne progressent. Et sur ce point, ce n'est pas un problème de rémunération ( à titre personnel, je ne fais pas partie des plus mal payé) que de gestion comptable des flux d'élèves et de déconnection du discours institutionnel.
Quand au durcissement des conditions d'exercices, je pense pas qu'on puisse y répondre en renvoyant éternellement les enseignants à la fierté de faire se métier, surtout s'il est fait justement dans des conditions d'empêchement. A la fin du fin, le manque d'attractivité croissant des concours le montre.
Je tiens à préciser que je me suis exprimée en tant que professeur de mathématiques et que je suis pleinement d'accord avec la phrase graissée et que d'autre part je n'aurais pas pu écrire :
Elyas a écrit:Notre métier est beau. J'enseigne l'histoire, la géographie et l'EMC, j'apprends à raisonner, à écrire, à cartographier, à lire de l'histoire, de la géographie et de la presse, c'est un plaisir intégral de pouvoir faire ça et de lire ce que mes élèves réalisent à chaque heure. C'est un métier hautement humain ....
- profdoctoujoursNiveau 7
Je parlais de la façon dont est représentée le métier dans les médias, comme on en parlait un peu plus haut dans le fil. Je pense qu'on a tous en tête un film ou une série qui dépeint un bon prof, qui passe beaucoup de temps à jouer le rôle de psychologue, d'assistant social, etc, mais peu à enseigner. Et certains se mettent en tête que c'est ça, un bon prof, et que ceux qui ne font pas tout ça se moquent de leurs élèves.Elyas a écrit:profdoctoujours a écrit:Ah oui, j'avais oublié le super prof qui change la vie des élèves, en faisant en général à peu près tout sauf enseigner.
Qui a dit ça ?
La caricature est un désaveu de la raison.
Nous faisons un métier qui est actuellement rendu difficile par des décisions institutionnelles alors que notre société connaît des mutations importantes. Toutes les décisions prises ces trente dernières années ont été de mauvais choix.
En revanche, notre travail est essentiel. Nous assurons la pérennité des savoirs qui ont fait que notre société va mieux. Si c'est pour avoir des générations qui sauront moins de choses, maîtriseront moins d'éléments que les précédentes, c'est une trahison des clercs.
Notre métier est beau. J'enseigne l'histoire, la géographie et l'EMC, j'apprends à raisonner, à écrire, à cartographier, à lire de l'histoire, de la géographie et de la presse, c'est un plaisir intégral de pouvoir faire ça et de lire ce que mes élèves réalisent à chaque heure. C'est un métier hautement humain où nous devons accueillir des enfants, des adolescents et des jeunes adultes qui ont aussi une vie à côté et notre devoir est d'assurer un cadre d'apprentissage le mieux possible pour eux. Cependant, notre institution nous maltraite tous. C'est un fait.
Cependant, si c'est pour continuer la maltraitance avec des gens qui viennent là comme pour un job entre deux emplois, sans être formés et lâchés sans soutiens institutionnels avec un salaire de misère, c'est compliqué. La maltraitance institutionnelle est là. Néanmoins, notre métier est beau (j'oserais écrire qu'il est καλὸς κἀγαθός) et vital.
Dire qu'il faut fuir le métier, certes. Néanmoins, pour avoir de la famille en usine ou dans des métiers de services à la personne, mon confort de vie et mon salaire sont indubitablement plus élevés et mon niveau de santé largement supérieur pour le même âge. Notre métier va mal mais il est dans une mouvance générale de souffrance au travail généralisé. Les données du nombre de maladies professionnelles, de morts au travail ou d'accidents du travail sont en explosion croissante dans le pays.
Notre mal-être est un symptôme parmi d'autres dans une crise du monde du travail généralisé où les travailleurs sont considérés comme des handicaps pour les entreprises et les institutions.
C'est pour cela qu'il faut se battre, pour que nos métiers et que les gens soient mieux.
J'aime aussi mon métier, mais je constate qu'il y a un écart entre la représentation de ce que les gens s'en font et la réalité (bon pour ma part les gens s'imaginent que je suis surtout bibliothécaires, mais ça reste dans l'imaginaire collectif qu'on va sauver les élèves...). Quand j'entends une de mes amies qui subit une pression de dingue, dans une entreprise qui n'emploie les gens qu'en CDD et poussent ceux en CDI au burn-out, où ils devraient être deux fois plus sur son poste pour faire le travail correctement, où on lui rajoute des tâches qui ne sont pas son boulot et qu'on lui reproche de ne pas les faire en priorité, et avec des chefs qui ne savent pas toujours de quoi ils parlent... Je ne me dis pas que l'herbe serait plus verte si je travaillais avec elle.
Il y a des gens à qui je ne conseillerais pas notre métier, parce que je ne les vois pas gérer une classe, travailler avec des jeunes, faire preuve de pédagogie, supporter la vision d'eux-mêmes que les jeunes leur renverront, ou tout autre chose inhérente à notre métier. Mais malheureusement, je pense qu'il y a beaucoup d'autres professions où nous ne sommes traités via une politique du chiffre et sans reconnaître nos qualifications, pour économiser sur nos salaires...
- roxanneOracle
Pareil. Quand je fais cours de français, j'ai l'impression d'être à ma place, et c'est déjà pas mal. Je ne sais pas si je marque ou pas, j'ai souvent (de plus en plus d'ailleurs avec les années) de chouettes retours. Et non, je ne dirais pas de fuir. C'est un beau métier. Je ne suis pas dans l'angélisme pour autant. Et effectivement, il suffit d'un élève, d'une classe, d'un chef (même si globalement je n'ai pas eu trop de problèmes à ce sujet) pour que ça tourne. Mais parfois, kle syndrome de "on est les plus malheureux du monde" me gonfle un peu. L'autre jour, on a fait une heure syndicale où on était royalement 10 (on est pas loin de 200 profs dans ma cité scolaire). Ca a tourné aux AA et je n'étais pas la dernière à râler (notamment sur l'absence de fermeté générale de la direction). Après, une collègue a parlé des conseils à 18h 30 se terminant à 20h en disant que dans aucun métier, on n'admettait ça. Euh, si, dans plein en fait et les conseils, c'est 2 ou 3 fois dans l'année et c'est rare qu'on ait ces horaires à chaque fois. Bon, le côté "c'est tellement mieux ailleurs" est l'équivalent de "les pros bossent 18 h".Elaïna a écrit:Alors personnellement je vais être très claire, je persiste à penser que mon métier fait partie des plus chouettes du monde. J'ai fait des études d'histoire, mon boulot consiste à parler histoire toute la journée (bon ok oui géo aussi promis j'en fais). Et le discours "fuyez pauvres fous" j'avoue j'en ai un peu soupé, comme tu le dis ça existait déjà il y a 30 ans, et, j'en ai déjà parlé, mais tu trouves les mêmes arguments dans des bouquins de 1900, en France, en Amérique, au Japon (lisez Soseki, Botchan ou Je suis un chat, c'est édifiant).L'EN ne va pas bien, c'est un fait, de là à dire "fuyez pauvres fous" sans nuance, eh bien il faut quand même être sacrément naïf sur ce qu'est le monde du travail actuellement.
Je sais bien que la tendance est au misérabilisme comme cette prof sur Twitter qui pense que tout le monde sauf les profs gagne 3000 balles par mois minimum
.avec primes, CE, 13e mois, mais il faut quand même être réaliste, non prof ce n'est pas toujours pire que le Voreux.
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