- JohnMédiateur
Ysabel ayant demandé si on pouvait lancer un post "Pastiches", c'est chose faite.
Avec celui-ci, de février 2009, pour inaugurer le fil :
Tartuffe à l'Université, ou le décret hypocrite (V, 3).
Madame Pécresse
Qu'est-ce ? J'entends parler de mécontentement...
Un enseignant-chercheur
C'est ce nouveau décret dont mes yeux sont témoins.
Voilà donc tout le prix dont sont payés mes soins :
Je travaille ardemment pour l'Université ;
Je recherche et j'enseigne avec honnêteté ;
Mon emploi du temps est chaque jour plus chargé ;
Je donne tout mon temps et le loisir que j'ai ;
Mais, au même moment, par un perfide texte,
On tente de m'ôter, sous d'infâmes prétextes;
Et mon indépendance, et ma sérénité.
On m'incite à prouver ma rentabilité,
On dit, pour soutenir ma motivation,
Qu'il faut évaluer mes publications,
Et punir les chercheurs jugés incompétents
En leur donnant bien plus d'heures d'enseignement.
Madame Pécresse
Allons, mon cher Monsieur, vous ne pouvez penser
Que ce nouveau décret est aussi insensé.
L'enseignant-chercheur
Comment ?
Madame Pécresse
Un bon ministre est envié toujours.
L'enseignant-chercheur
Que voulez-vous donc dire avec votre discours,
Madame ?
Madame Pécresse
Qu'à la fac, l'extrême-gauche existe
Et l'on ne sait que trop le danger des gauchistes.
L'enseignant-chercheur
Mais qu'ont-ils donc à faire avec tous mes soucis ?
Madame Pécresse
Il vous faut écouter Nicolas Sarkozy :
Une réforme, en France est toujours critiquée ;
Les esprits novateurs sont par tous attaqués.
L'enseignant-chercheur
Mais que fait ce discours aux choses d'aujourd'hui ?
Madame Pécresse
Sur mon nouveau décret, on vous aura menti.
L'enseignant-chercheur
Je vous ai dit déjà mes craintes très précises.
Madame Pécresse
Le mensonge, vraiment, à tort vous terrorise.
L'enseignant-chercheur
Vous me feriez damner, Madame. Je vous di
Que j'ai lu de mes yeux ce décret si hardi.
Madame Pécresse
Les langues ont toujours du venin à répandre,
Et rien n'est ici-bas qui s'en puisse défendre.
L'enseignant-chercheur
C'est tenir un propos de sens bien dépourvu.
Je l'ai lu, dis-je, lu, de mes propres yeux lu,
Ce qu'on appelle lu. Faut-il vous le rebattre
Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ?
Madame Pécresse
Mon Dieu ! on est parfois victime de lectures
Rapides, empressées, et qui ne sont pas sûres.
L'enseignant-chercheur
J'enrage.
Madame Pécresse
Aux faux soupçons l'on est vite amené,
Et c'est, ma foi, à tort que je suis condamnée.
L'enseignant-chercheur
Je dois interpréter à charitable soin
Le désir de me contrôler ?
Madame Pécresse
Il est besoin,
Pour accuser les gens, d'avoir de justes causes.
Vous devriez attendre à vous voir sûr des choses.
L'enseignant-chercheur
Hé ! diantre ! Je sais bien ce qui peut résulter,
D'un texte qui promeut la rentabilité,
La compétition... Ce ne sont que sottises.
Madame Pécresse
Pourtant d'un grand respect pour vous je suis éprise,
Et je veux avant tout vous mettre dans l'esprit
Que les choses ne sont telles qu'on vous les dit.
L'enseignant-chercheur
Allez, je ne sais pas, si vous n'étiez ministre,
Ce que je vous dirais de ce décret de cuistres.
Avec celui-ci, de février 2009, pour inaugurer le fil :
Tartuffe à l'Université, ou le décret hypocrite (V, 3).
Madame Pécresse
Qu'est-ce ? J'entends parler de mécontentement...
Un enseignant-chercheur
C'est ce nouveau décret dont mes yeux sont témoins.
Voilà donc tout le prix dont sont payés mes soins :
Je travaille ardemment pour l'Université ;
Je recherche et j'enseigne avec honnêteté ;
Mon emploi du temps est chaque jour plus chargé ;
Je donne tout mon temps et le loisir que j'ai ;
Mais, au même moment, par un perfide texte,
On tente de m'ôter, sous d'infâmes prétextes;
Et mon indépendance, et ma sérénité.
On m'incite à prouver ma rentabilité,
On dit, pour soutenir ma motivation,
Qu'il faut évaluer mes publications,
Et punir les chercheurs jugés incompétents
En leur donnant bien plus d'heures d'enseignement.
Madame Pécresse
Allons, mon cher Monsieur, vous ne pouvez penser
Que ce nouveau décret est aussi insensé.
L'enseignant-chercheur
Comment ?
Madame Pécresse
Un bon ministre est envié toujours.
L'enseignant-chercheur
Que voulez-vous donc dire avec votre discours,
Madame ?
Madame Pécresse
Qu'à la fac, l'extrême-gauche existe
Et l'on ne sait que trop le danger des gauchistes.
L'enseignant-chercheur
Mais qu'ont-ils donc à faire avec tous mes soucis ?
Madame Pécresse
Il vous faut écouter Nicolas Sarkozy :
Une réforme, en France est toujours critiquée ;
Les esprits novateurs sont par tous attaqués.
L'enseignant-chercheur
Mais que fait ce discours aux choses d'aujourd'hui ?
Madame Pécresse
Sur mon nouveau décret, on vous aura menti.
L'enseignant-chercheur
Je vous ai dit déjà mes craintes très précises.
Madame Pécresse
Le mensonge, vraiment, à tort vous terrorise.
L'enseignant-chercheur
Vous me feriez damner, Madame. Je vous di
Que j'ai lu de mes yeux ce décret si hardi.
Madame Pécresse
Les langues ont toujours du venin à répandre,
Et rien n'est ici-bas qui s'en puisse défendre.
L'enseignant-chercheur
C'est tenir un propos de sens bien dépourvu.
Je l'ai lu, dis-je, lu, de mes propres yeux lu,
Ce qu'on appelle lu. Faut-il vous le rebattre
Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ?
Madame Pécresse
Mon Dieu ! on est parfois victime de lectures
Rapides, empressées, et qui ne sont pas sûres.
L'enseignant-chercheur
J'enrage.
Madame Pécresse
Aux faux soupçons l'on est vite amené,
Et c'est, ma foi, à tort que je suis condamnée.
L'enseignant-chercheur
Je dois interpréter à charitable soin
Le désir de me contrôler ?
Madame Pécresse
Il est besoin,
Pour accuser les gens, d'avoir de justes causes.
Vous devriez attendre à vous voir sûr des choses.
L'enseignant-chercheur
Hé ! diantre ! Je sais bien ce qui peut résulter,
D'un texte qui promeut la rentabilité,
La compétition... Ce ne sont que sottises.
Madame Pécresse
Pourtant d'un grand respect pour vous je suis éprise,
Et je veux avant tout vous mettre dans l'esprit
Que les choses ne sont telles qu'on vous les dit.
L'enseignant-chercheur
Allez, je ne sais pas, si vous n'étiez ministre,
Ce que je vous dirais de ce décret de cuistres.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- JohnMédiateur
Oui ! Mais on peut aussi faire un fil "Pastiches" et un fil "Pastiches de chansons" pour que ce soit plus clair !
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- AbraxasDoyen
Vous l'aurez voulu !
On sait qu’en 1688, un incendie détruisit la maison de Racine, réduisant en cendres ses écrits d’historiographe. Divers brouillons, premiers jets, poèmes de circonstance et l’essentiel de sa correspondance disparurent aussi dans l’incendie. On sait moins qu’un voisin, homme de lettres de moindre renom, grand admirateur du grand dramaturge, fit de son mieux pour sauver les feuilles qui voletaient au gré des flammes. Et c’est l’une de ces précieuses pages que nous nous proposons de livrer au public pour la première fois. Pièce inédite, et surprenante à plus d’un titre : elle semble constituer une ébauche d’une scène célèbre de Phèdre, ou tout au moins une version alternative, destinée peut-être à un public choisi — et averti.
Le manuscrit, tout entier de la main de l’illustre poète, a été altéré partiellement par le feu, et par l’eau qui, jetée contre les façades en flammes, coulait de toutes parts. Tel quel, il pose peut-être plus d’énigmes qu’il n’en résout, mais jette un jour nouveau sur le moment dramatique où Phèdre, après l’aveu de son amour à Hippolyte, le dépossède de son épée. Plusieurs critiques, surtout contemporains, ont voulu y voir une métaphore.
Ils n’avaient pas tort.
Phèdre
Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée.
Mon âme fond du dur désir d’être […] (1)
Mais non point d’une étreinte achevée dans l’instant :
Non, je voudrais qu’il prît avec moi tout son temps (2),
Comme une femme en rêve au plus brûlant du songe,
Comme un homme en promet par quelque pieux mensonge,
Et comme je sais bien que vous pourriez l’oser,
Si dans mon lit de deuil vous vouliez vous poser.
C’est vous, Prince, c’est vous qui l’épée à la main,
Menaçant votre Amante au visage ou au sein,
Déverseriez sur moi une pensée féconde !
Roulée entre vos bras comme Vénus sur l’onde,
Je naîtrais, je mourrais, et renaîtrais encor
Tout en vous enfantant aux pertuis de mon corps.
De mon époux enfui j’ai conservé l’image
Puisqu’en vous il revit ! En votre doux visage,
J’ai reconnu les traits qui me firent pâmer,
Quand d’Ariane lassé il se prit à m’aimer !
Et dans le fer fatal pour lequel je soupire,
Je saurai retrouver, soumise à votre empire,
La dague dont jadis il sut me transpercer,
Avant que chez les Morts il s’en aille danser,
Vaincu par les appâts rances (3) de Proserpine.
Je soupire, je meurs, donnez-moi votre […] (4)
C’est dit, je le saisis… Qu’il est beau ! Qu’il est fier !
Charnu, majestueux, et si propre à l’ouvrage
Qui de mon […] (5) en feu fera fondre l’orage !
L’amante sous ta loi meurt, ressuscite et vit ;
Je suis le flot ouvert qu’ensemence ton […] (6)
Oui, le fils de Thésée est l’héritier du trône ;
Oui, Hippolyte est roi sur toute ma personne ;
Et son sceptre sur moi a un si grand pouvoir
Qu’il m’exile aussitôt à l’est de mon devoir (7).
De mon dédale obscur explorant la retraite,
Ta […] (8) a la vigueur du monstre de la Crète.
Rompue enfin d’excès, je cède à mon désir,
Et mourante je viens entre tes bras mourir !
Hippolyte
Dieu me préserve, hâtif, de courir à ma perte… (9)
(1) L’eau a délayé le mot et l’a rendu illisible. Est-ce « brisée » ? « Baisée » ? « Brimée », peut-être — mais la rime serait pauvre…
Par ailleurs, on croyait que l’expression « dur désir de » était née sous la plume de Paul Eluard avec le Dur désir de durer (1947). On s’aperçoit que Racine avait déjà eu la même intuition allitérative.
(2) C’est à de tels vers, d’un prosaïsme insoutenable, que l’on peut déduire qu’il s’agit là d’une ébauche, ou d’une œuvre de circonstance écrite sur un genou, avant une représentation privée.
(3) Kakemphaton curieux sous la plume de Racine, et qui vaut bien le « Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » de son grand rival, Corneille (Polyeucte, I, 1).
(4) Le bord du manuscrit est brûlé, irrémédiablement perdu. On se perd en suppositions sur le mot que Racine avait mis à la rime.
(5) Tache d’eau. On devine un mot en trois lettres. Mais quel ?
(6) Une escarbille a dû tomber juste à cet endroit. Le trou est légèrement allongé, montant selon un angle de 45°.
(7) Curieuse expression. Sans doute Racine, nourri d’Ancien testament, s’est-il souvenu de Caïn fuyant « à l’est d’Eden ».
(8) Mot délayé, de cinq lettres apparemment. Toute allitération avec le « vigueur » qui suit serait bienvenue.
(9) Ici s’arrête la page. On enrage de ne pas avoir la suite. Peut-être quelque érudit la sortira un jour de son tiroir.
On sait qu’en 1688, un incendie détruisit la maison de Racine, réduisant en cendres ses écrits d’historiographe. Divers brouillons, premiers jets, poèmes de circonstance et l’essentiel de sa correspondance disparurent aussi dans l’incendie. On sait moins qu’un voisin, homme de lettres de moindre renom, grand admirateur du grand dramaturge, fit de son mieux pour sauver les feuilles qui voletaient au gré des flammes. Et c’est l’une de ces précieuses pages que nous nous proposons de livrer au public pour la première fois. Pièce inédite, et surprenante à plus d’un titre : elle semble constituer une ébauche d’une scène célèbre de Phèdre, ou tout au moins une version alternative, destinée peut-être à un public choisi — et averti.
Le manuscrit, tout entier de la main de l’illustre poète, a été altéré partiellement par le feu, et par l’eau qui, jetée contre les façades en flammes, coulait de toutes parts. Tel quel, il pose peut-être plus d’énigmes qu’il n’en résout, mais jette un jour nouveau sur le moment dramatique où Phèdre, après l’aveu de son amour à Hippolyte, le dépossède de son épée. Plusieurs critiques, surtout contemporains, ont voulu y voir une métaphore.
Ils n’avaient pas tort.
Phèdre
Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée.
Mon âme fond du dur désir d’être […] (1)
Mais non point d’une étreinte achevée dans l’instant :
Non, je voudrais qu’il prît avec moi tout son temps (2),
Comme une femme en rêve au plus brûlant du songe,
Comme un homme en promet par quelque pieux mensonge,
Et comme je sais bien que vous pourriez l’oser,
Si dans mon lit de deuil vous vouliez vous poser.
C’est vous, Prince, c’est vous qui l’épée à la main,
Menaçant votre Amante au visage ou au sein,
Déverseriez sur moi une pensée féconde !
Roulée entre vos bras comme Vénus sur l’onde,
Je naîtrais, je mourrais, et renaîtrais encor
Tout en vous enfantant aux pertuis de mon corps.
De mon époux enfui j’ai conservé l’image
Puisqu’en vous il revit ! En votre doux visage,
J’ai reconnu les traits qui me firent pâmer,
Quand d’Ariane lassé il se prit à m’aimer !
Et dans le fer fatal pour lequel je soupire,
Je saurai retrouver, soumise à votre empire,
La dague dont jadis il sut me transpercer,
Avant que chez les Morts il s’en aille danser,
Vaincu par les appâts rances (3) de Proserpine.
Je soupire, je meurs, donnez-moi votre […] (4)
C’est dit, je le saisis… Qu’il est beau ! Qu’il est fier !
Charnu, majestueux, et si propre à l’ouvrage
Qui de mon […] (5) en feu fera fondre l’orage !
L’amante sous ta loi meurt, ressuscite et vit ;
Je suis le flot ouvert qu’ensemence ton […] (6)
Oui, le fils de Thésée est l’héritier du trône ;
Oui, Hippolyte est roi sur toute ma personne ;
Et son sceptre sur moi a un si grand pouvoir
Qu’il m’exile aussitôt à l’est de mon devoir (7).
De mon dédale obscur explorant la retraite,
Ta […] (8) a la vigueur du monstre de la Crète.
Rompue enfin d’excès, je cède à mon désir,
Et mourante je viens entre tes bras mourir !
Hippolyte
Dieu me préserve, hâtif, de courir à ma perte… (9)
(1) L’eau a délayé le mot et l’a rendu illisible. Est-ce « brisée » ? « Baisée » ? « Brimée », peut-être — mais la rime serait pauvre…
Par ailleurs, on croyait que l’expression « dur désir de » était née sous la plume de Paul Eluard avec le Dur désir de durer (1947). On s’aperçoit que Racine avait déjà eu la même intuition allitérative.
(2) C’est à de tels vers, d’un prosaïsme insoutenable, que l’on peut déduire qu’il s’agit là d’une ébauche, ou d’une œuvre de circonstance écrite sur un genou, avant une représentation privée.
(3) Kakemphaton curieux sous la plume de Racine, et qui vaut bien le « Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » de son grand rival, Corneille (Polyeucte, I, 1).
(4) Le bord du manuscrit est brûlé, irrémédiablement perdu. On se perd en suppositions sur le mot que Racine avait mis à la rime.
(5) Tache d’eau. On devine un mot en trois lettres. Mais quel ?
(6) Une escarbille a dû tomber juste à cet endroit. Le trou est légèrement allongé, montant selon un angle de 45°.
(7) Curieuse expression. Sans doute Racine, nourri d’Ancien testament, s’est-il souvenu de Caïn fuyant « à l’est d’Eden ».
(8) Mot délayé, de cinq lettres apparemment. Toute allitération avec le « vigueur » qui suit serait bienvenue.
(9) Ici s’arrête la page. On enrage de ne pas avoir la suite. Peut-être quelque érudit la sortira un jour de son tiroir.
- DwarfVénérable
Ah, je vois que l'on retrouve l'esprit des "A la manière de..."! Reboux et Muller devraient figurer au programme de l'agrèg' ou être gracieusement fournis par l'EN à tout prof de Lettres débutant!!!
- AbraxasDoyen
J'en ai pas mal d'autres.
Mais il y a de grandes pudiques sur ce forum, que mes tendances ludico-pornographiques (j'ai mis ci-dessus le plus soft de ce que j'ai en stock) pourraient effaroucher…
Mais il y a de grandes pudiques sur ce forum, que mes tendances ludico-pornographiques (j'ai mis ci-dessus le plus soft de ce que j'ai en stock) pourraient effaroucher…
- DwarfVénérable
oh, nous n'aurons qu'à leur mettre le "A la manière de..." Mallarmé (chef d'oeuvre du genre) : ça les préparera à la suite, non?
- AbraxasDoyen
Très bien, Dwarf. Alors, "à la manière de" Mallarmé :
Tombeau pour une absente
Nulle éblouie de sang sur la tombale nue
Ne déchiffre le sens du poème infusé
Sous la mousse, occultant cette langue inconnue
Page en attente d’encre où le style musait.
Nulle offrande de Moi dans sa chair devenue
L’espoir de vie déçu du ventre mésusé.
Le serpent se dérobe et crache vers la nue
Le venin d’encre pâle au gouffre refusé.
Lente, d’un ongle las, elle cueille la prose
Jetée au marbre blanc de son sein haletant,
Et goûte au Verbe amer qui chante toute chose
- Et l’amour, et l’absence, et l’envie, et le temps…
La femme de papier quête d’autres caresses,
Seule au tombeau désert où ses doigts la confessent.
Tombeau pour une absente
Nulle éblouie de sang sur la tombale nue
Ne déchiffre le sens du poème infusé
Sous la mousse, occultant cette langue inconnue
Page en attente d’encre où le style musait.
Nulle offrande de Moi dans sa chair devenue
L’espoir de vie déçu du ventre mésusé.
Le serpent se dérobe et crache vers la nue
Le venin d’encre pâle au gouffre refusé.
Lente, d’un ongle las, elle cueille la prose
Jetée au marbre blanc de son sein haletant,
Et goûte au Verbe amer qui chante toute chose
- Et l’amour, et l’absence, et l’envie, et le temps…
La femme de papier quête d’autres caresses,
Seule au tombeau désert où ses doigts la confessent.
- ysabelDevin
Abraxas a écrit:J'en ai pas mal d'autres.
Mais il y a de grandes pudiques sur ce forum, que mes tendances ludico-pornographiques (j'ai mis ci-dessus le plus soft de ce que j'ai en stock) pourraient effaroucher…
Où ??
j'adore les pastiches !
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- AbraxasDoyen
Bon - alors, pour Ysabel, un petit Ponge :
L'œillet
Si l'œillet fronce en surface, c'est pour celer sa profondeur. Mais le doigt patient du poète explore ses pétales, en déploie les pièges puritains et plonge vers le cœur : car le chemin qui va de cette fleur secrète au cœur mystérieux est d'une rectitude qui étonne l'habitué du catleya.
Et comme cette orchidée que d'aucuns lui préfèrent, l'œillet exhale un parfum de sous-bois malmené par l'orage, de feuilles froissées de rage et d'encre bleue.
Virginal, l'œillet blanc rosit parfois d'une honte secrète, d'une espérance tue, dès qu'il s'offre à l'iris - la fleur de l'œil scrute bizarrement l'œillet crispé entre les dômes de cristal. Le regard évalue la fraîcheur de l'aurore, quand l'œillet encore peu au fait de ses pouvoirs se refuse et s'offre à cueillir.
L'œillet rougit de maladresse : il ne sait trop comment se plier à l'hommage dont la langue du Poète lustre son calice. Mais vaincue de rosée, la fleur consent à la prière réitérée, le bouton froncé s'épanouit et s'offre à l'oraison — ce dont une cabale de dévots lui fait un plaisant reproche !
Déplié et sondé, l'œillet violit enfin et s'accoutume à l'amour pénétrant du Poète, qui accède à l'humus reculé obsédant son vertige.
L'œillet
Si l'œillet fronce en surface, c'est pour celer sa profondeur. Mais le doigt patient du poète explore ses pétales, en déploie les pièges puritains et plonge vers le cœur : car le chemin qui va de cette fleur secrète au cœur mystérieux est d'une rectitude qui étonne l'habitué du catleya.
Et comme cette orchidée que d'aucuns lui préfèrent, l'œillet exhale un parfum de sous-bois malmené par l'orage, de feuilles froissées de rage et d'encre bleue.
Virginal, l'œillet blanc rosit parfois d'une honte secrète, d'une espérance tue, dès qu'il s'offre à l'iris - la fleur de l'œil scrute bizarrement l'œillet crispé entre les dômes de cristal. Le regard évalue la fraîcheur de l'aurore, quand l'œillet encore peu au fait de ses pouvoirs se refuse et s'offre à cueillir.
L'œillet rougit de maladresse : il ne sait trop comment se plier à l'hommage dont la langue du Poète lustre son calice. Mais vaincue de rosée, la fleur consent à la prière réitérée, le bouton froncé s'épanouit et s'offre à l'oraison — ce dont une cabale de dévots lui fait un plaisant reproche !
Déplié et sondé, l'œillet violit enfin et s'accoutume à l'amour pénétrant du Poète, qui accède à l'humus reculé obsédant son vertige.
- ysabelDevin
extra !
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- Reine MargotDemi-dieu
J'ai cherché partout des extraits de "Mururoa mon amour " de Marguerite Duraille (P rambaud) mais je n'en trouve pas...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
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