retour dans l'EN et thèse LC après parcours haché, perspectives ?

Bonjour à tous,

Ne sachant pas à qui m'adresser, je poste ici un questionnement qui se pose pour moi de façon assez urgente :

Ayant obtenu l'agrégation de LC en 2019 et sortie de l'ENS depuis 2020, et souhaitant initialement faire de la recherche dans ma discipline, je n'ai pas été validée lors de ma première année de stage en 2021 (motifs divers et partiellement obscurs). Ayant craint que cela se reproduise lors de mon renouvellement, j'avais pris à l'époque un congé entre 2 années de stage pour passer d'autres concours. Cette période ayant été assez compliquée, j'ai néanmoins réussi le concours d'une autre administration (Banque de France). J'ai repris mon poste dans l'EN en septembre pour attendre la date d'entrée dans mon nouveau poste (janvier) tout en me posant de nombreuses questions sur le bien-fondé de cette reconversion.
Aujourd'hui, je suis en poste mais je souhaite après réflexion retourner valider l'agrégation (avec prolongation des mois manqués entre janvier-février) et commencer une thèse dans la foulée. D'où plusieurs questions :

- quelqu'un sait-il dans quelle mesure cette "sortie" risque d'être rédhibitoire pour la validation de mon agrégation? J'ai appris que le rectorat n'avait pas prévu de remplacement pour mon poste, malgré la connaissance de mon projet de partir ; je redoute un peu la réaction de mon établissement si je reprends ma fonction deux mois plus tard ...


- je souhaiterais débuter une thèse parallèlement dans ma discipline (lettres classiques et numérique). Pensez-vous qu'il soit trop tard (28 ans) pour envisager une carrière académique (université, prépa) ? Je crains que, malgré le background ENS + agrégation, avec mon âge + mon parcours portant la marque de ces hésitations, tout soit cloisonné à ce niveau-là. Je suis passionnée, mais ne me sentirais pas le courage de me lancer dans ce projet sans viser ces perspectives.

Merci d'avance pour vos éclairages !

Je ne peux pas te répondre pour la validation de l'agrégation, mais quelqu'un de qualifié va sûrement passer.

Pour la thèse (as-tu un directeur ? un financement ?), d'après ce que je constate autour de moi, comme tu l'as certainement fait toi aussi, il y a pléthore de jeunes thésards restés dans le circuit qui ne trouvent rien, surtout en LC (le numérique peut être un plus, mais assez ?).

Je comprends que tu tiennes à valider le concours, et j'espère que tu le pourras, mais tu pourras ensuite faire une belle carrière à la Banque de France

Ton message paraît un peu contradictoire: tu dis à la fois être en poste et ne pas avoir fait cours depuis janvier.
S'agit-il:
1) D'un CST pour occuper ton emploi à la Banque de France (art. 20 décret 94-874) ? Je ne suis pas certain que l'article soit applicable, cependant.
2) D'un CST pour convenances personnelles (art. 23 du décret, max. 3 mois) ?

Si tu réintègres après 2 mois de congé régulier, il y a 2 possibilités:
a) l'inspection considère qu'il y a suffisamment d'éléments pour t'évaluer, et tu es alors (si ça se passe bien) titularisée en novembre;
b) l'inspection considère qu'il n'y en a pas assez et t'inspecte à la rentrée prochaine.
Le a) me paraîtrait plus logique, mais « souvent IA-IPR varie, … ».

Quant à la carrière académique, j'avais déjà quasiment lâché l'affaire lorsque je suis entré dans l'EN, et ce n'est pas quelque chose que je recommanderais de viser sans avoir un bon plan B.

Par curiosité, qu'est-que tu fais en numérique en rapport avec les lettres classiques ? De l'ecdotique? De l'archéologie ?

larellee annonce être une ancienne de l'ENS...

Si même les anciens élèves normaliens n'ont pas de poste académique, qui donc va prendre la relève dans la recherche (et l'enseignement supérieur / prépa) en France en lettres classiques ?

larellee : j'ai cru comprendre que les élèves normaliens avaient plusieurs moyens de valider leur stage => un contrat d'ATER en début de thèse ne pourrait-il pas être envisageable ?

Il me semble que de nombreux normaliens n’ont pas de poste à la fac, notamment en LC.

LiliFrance a écrit:Si même les anciens élèves normaliens n'ont pas de poste académique, qui donc va prendre la relève dans la recherche (et l'enseignement supérieur / prépa) en France en lettres classiques ?

Vu comment les choses se présentent et vu la panade financière dans laquelle le pouvoir a mis les universités en 15 ans, je dirais que ce qui va prendre la relève, c'est youtube. Au mieux et sauf si c'est payant.

Bonjour @larellee.
Le problème, c'est que les perspectives ne sont pas bonnes pour les postes universitaires. Je ne candidate pas sur les postes de LC même si je suis qualifié dans la section (il faut être un peu dingue pour imaginer la possibilité d'un poste en médiolatin dans ce contexte hahahaha) ; je vois que ce n'est pas glorieux cette année (pas de poste de MCF en latin, pour la session synchronisée en tout cas).
Je doute qu'on puisse se lancer en thèse avec cette seule motivation du poste désormais. En revanche, du côté de la prépa, il y a peut-être plus de chance pour quelqu'un qui est passé par l'ENS une fois la thèse finie.
Les normaliens qui restent dans le secondaire sans que ce soit vraiment leur vocation sont nombreux. Alors imaginez qu'il y a aussi les a-normaliens à côté qui n'ont même pas cette case dans leur CV mais candidatent quand même.

Je crains qu’il ne faille désormais partir du principe qu’il n’y aura plus de poste de MCF en latin/grec dans les années à venir.

Commencer une thèse à 28 ans, c’est tout à fait possible: je l’ai fait, après avoir travaillé 5 ans dans le secondaire, et j’ai obtenu un contrat doctoral sans problème (obtenir mon détachement a été plus compliqué mais c’est une autre histoire, et j’ai fini par l’avoir aussi). Thèse faite ensuite en 4 ans, puis trois ans à enchaîner les ATER et post doc, et j’ai finalement obtenu un poste de MCF en juin dernier, en 9e section. Je ne suis pas normalienne : j’ai passé le master et l’agreg à Ulm en entrant par la petite porte (sur dossier). De toute façon, de ce que je peux voir autour de moi, pour les postes à la fac, le critère « normalien » est assez peu déterminant : j’ai plein de connaissances non normaliennes qui ont des postes et à l’inverse plein de connaissances normaliennes qui n’en ont pas. Il y a plein d’autres critères qui entrent en jeu, à commencer par la spécialité… et là, je rejoins ce qui t’a été dit plus haut : en latin / grec (8e section) il n’y a plus du tout de postes, et ça ne va pas aller en s’améliorant (de façon générale d’ailleurs, il y a de moins en moins de postes). Le seul moyen d’espérer, c’est de faire une thèse qui permette d’être qualifié dans plusieurs sections, par exemple en littérature ancienne et littéraire comparée (8-10) ou bien en histoire ancienne (21e). Une autre possibilité est de tenter le CNRS, où les profils de postes sont plus ouverts. Mais là encore, tout est très incertain, et il ne faut surtout pas commencer une thèse dans l’optique d’avoir un poste dans le supérieur : la déception à l’arrivée sera rude.
Pour ce qui est de la prépa, la situation n’est pas beaucoup plus reluisante, mais il y a tout de même plus de postes, et les nominations se font à la discrétion de l’IG, dont il faut se faire connaitre. Là, la ligne de CV « normale sup » assortie d’un bon rang à l’agreg sera beaucoup plus déterminante.
Bon courage à toi pour cette décision et tes projets !