Que faire face à une copie à l'orthographe semblant relever d'un PPS ?

Bonjour, je me trouve face à une copie d'une élève très fragile (tant du point de vue des résultats que de la compréhension, et qui n'ose presque jamais lever la main). Cette copie contient des erreurs hallucinantes presque à tous les mots (soit en écrivant en comme un seul mot tout un ensemble de mots. ex : toulemend > tout le monde) soit un seul mot peut être découpé en deux, trois ou quatre mots (ex : la qua pi teine) Je précise qu'elle n'est pas d'origine étrangère. Elle peut aussi varier plusieurs graphies dans un même paragraphe pour dire la même chose. Ex : çes tais / c'etté / cet tes / sait es / sai tai / et même ... sais et ai

C'est comme si elle ne mettait aucun sens dans les mots qu'elle écrit.

L'infirmière scolaire dit qu'elle ne peut la renvoyer à une structure de l'EN pour lui faire passer un bilan (il me semble pourtant que c'est ainsi que nous procédions auparavant). Cette élève est d'ailleurs dans une petite structure où la COP, comme l'infirmière scolaire, ne passe qu'occasionnellement, et il m'est très dur de les voir. Je ne me vois pas noter la copie sans un bilan permettant de savoir s'il y a un trouble ou pas (rien n'a été signalé en primaire, si ce n'est qu'elle avait de grandes difficultés d'apprentissage et de compréhension)

J'aimerais appeler la famille. Mais que puis-je lui conseiller ? De se rapprocher directement d'un orthophoniste ? D'un autre type de professionnels ? Doit-elle passer d'abord par le généraliste ? Les coûts seront-il remboursés ou seront-ils à la charge des parents ? Je préfère avoir toutes ces réponses bien claires pour pouvoir les aiguiller au mieux, et les réponses pourront surtout servir à d'autres collègues qui ne savent pas toujours quoi faire ni comment réagir face à ce genre d'élèves qui arrivent sans bilan, sachant que nous ne pouvons établir de diagnostics et que certains attendent que le PPS vienne directement de l'institution, ou des parents, ou d'un médecin. Mais dans les cas où chacun pense que c'est à un autre de lancer la démarche, ça pourrait prendre du temps à se faire. Donc autant poser la question ici pour que les réponses servent au plus grand nombre possible.

Je suis surprise par la réponse de l'infirmière. Je suis dans un petit collège, où la psy-EN a une journée de permanence par mois. Dans ce cas de figure, le professeur principal contacte la famille, fait part de ses interrogations et propose un rendez-vous avec la psy-EN. Celle-ci se débrouille pour caser un rendez-vous avec l'élève à sa prochaine visite, quitte à programmer une autre rencontre, éventuellement avec les parents, le mois suivant.

Si la situation est telle au collège, il est peu probable qu'il n'y ait pas eu d'alerte avant. Contacter la famille permet de vérifier ce qui a déjà été entrepris. Parfois, un bilan orthophonique a déjà été fait, parfois les parents ont baissé les bras devant les délais, parfois la famille dit qu'elle va s'en occuper et ne fait rien, laissant passer les années. Notre marge de manœuvre n'est pas la même selon la situation.

Pour être prises en charge, les séances d'orthophonie doivent être prescrites. Je pense que c'est la même chose pour le bilan. (Je ne me souviens plus.) Les parents peuvent d'abord se rapprocher de leur médecin traitant.

A ta place, j'irais aussi voir le dossier scolaire de cette élève, pour savoir ce qui a été fait les années précédentes. Peut-être que le chef d'établissement ou le CPE ont plus d'informations. Ensuite, tu pourras contacter la famille.

Si elle doit être prise en charge par une orthophoniste, tout sera pris en charge avec une ordonnance du médecin traitant s'ils ont une mutuelle, aussi bien le bilan que la rééducation. En revanche le temps d'avoir un RV pour un bilan et de monter le dossier de PPS, il y en a pour des mois. Chez nous pour le PPS il faut une réunion à l'école pour remplir un gevasco qui est ensuite envoyé à la Mdph, donc il faut que le collège se mette dans la boucle, mais ça peut varier suivant les départements. Dans tous les cas c'est long.

Moi je suis étonnée : j'ai une élève qui a clairement un problème. Il y a un fossé entre son sérieux, son niveau à l'oral et sa manière de rédiger à l'écrit, quasi incompréhensible. Elle dit qu'elle est dyslexique, qu'elle a été suivie mais ne l'est plus, et les aménagements pour le bac viennent de lui être refusés. Je ne comprends pas. À mon avis c'est un problème dans la démarche, pas le bon certificat ou je ne sais quoi, parce qu'à côté de ça il y a des élèves qui n'ont rien de visible et qui bénéficient des aménagements. C'est assez opaque tout ça.

Oui, dans la même classe de 6ème que cette gamine, j'ai un élève ayant non seulement des aménagements mais en plus un AESH, et qui est pour moi un des moteurs de la classe. Il est juste un peu lent, mais très pertinent. Et à côté, on a une élève qui ne comprend rien, qui écrit de manière incompréhensible, et pour qui il n'y a rien d'autres dans le dossier que "difficultés de compréhension".

Les années précédentes, je passais par la psy-EN, mais la nouvelle dit que ce n'est pas de son ressort, mais qu'elle acceptera de la recevoir juste pour voir si elle est en situation de souffrance, pas pour faire des démarches afin de mettre en place un quelconque bilan.
D'où ma question, car cela m'a laissé perplexe quant à la procédure.

Bonsoir Serge,
Si cette élève a moins de 12 ans, il est peut être possible de mettre en œuvre un dossier pco...
https://handicap.gouv.fr/engagement-2#:~:text=Les%20PCO%20ont%20pour%20objectif,en%20%C3%A9vitant%20le%20sur%20handicap.

Surtout ne pas rester sans rien dire à personne.
Voici ce que nous faisons dans mon collège pour ce genre d'élèves :
- on contacte la famille pour conseiller un RDV chez un orthophoniste (je le fais souvent en tant que prof de français, en expliquant gentiment ce que j'ai remarqué dans les copies), vu qu'il y a 2 ou 3 ans d'attente autant s'y prendre le plus tôt possible ;
- on signale à l'équipe médico-sociale que l'élève a un problème et doit faire un bilan, comme l'AS, l'infirmière et la Psy-EN ne sont pas toujours là on le fait souvent par mail ;
- on en parle aussi au PP de la classe et généralement on demande la mise en place d'un PPRE conjointement avec le PP : ce PPRE permet "d'attendre" qu'un PAP ou un PPS soit mis en place une fois qu'on a le bilan ortho ;
- en cas de refus des parents pour un PPRE ou un bilan (no comment, ça nous arrive souvent ), ça bloque, rien ne se fait.

Généralement, sans bilan ortho nous ne pourrons rien faire de plus qu'un PPRE, mais c'est déjà ça : on peut donc adapter les évaluations en toute légalité et cela permet à l'élève de sortir un peu la tête de l'eau.