Lecture cursive Géographie 3e

Bonjour,

J’aimerais avoir l’avis de collègues d’H-G, mais pourquoi pas de collègues d’autres disciplines (lettres, langues) qui travaillent régulièrement sur ce type d’exercices.

Dans le cadre du programme de géographie, pour la rentrée prochaine je souhaite lancer avec l’une de mes deux 3e, une analyse d’une œuvre autobiographique sur les espaces de faible densité. Il s’agit du livre de Cécile Coulon, Les grandes villes n’existent pas. Pour faire simple, c’est un livre qui raconte certains aspects du mode de vie dans les villages de la « diagonale du vide » du point de vue des enfants et ado.

Je ne pars pas non plus d’une feuille blanche pour mener à bien mon projet. Cette année, je me suis servi d’extraits du livre en question et de photographies de Raymond Depardon pour mes 3e prépa métiers afin de réinterroger avec eux la notion d’habiter en lien avec le paysage et des habitudes de vie.
L’année prochaine, je souhaite donc mener le projet, mais avec l’ensemble du livre et pas simplement un extrait pioché en guise d’exemple. Le hic c’est que je ne vois pas très bien comment mener une lecture cursive, à l’image de ce que peuvent faire les collègues de lettres qui interrogent de nombreux aspects du texte lors de cet exercice.
L’avantage du livre c’est que la langue est très accessible, le point de vue adopté est celui d’un ado.
Le bémol c’est d’accrocher suffisamment des élèves de 3e sur de la géographie à travers un témoignage écrit. Car certes, le fait de travailler la géographie autrement que par des cartes, des graphiques ou des textes plus classiques, rend la chose dépaysante, mais jusqu’à quel point ?

Qu’en pensez-vous ?

Merci d’avance pour vos avis divers et variés !

C’est intéressant mais/et exigeant !
Tu le ferais lire avant ton cours ? Je ne connais pas ce livre mais il faut bien laisser du temps pour le lire.
Je n’ai pas vraiment d’expérience sur ce sujet, je fais toutefois un « rallye lectures historiques » en 6eme. Je l’avais fait partiellement cette année, je le refais de manière plus suivie l’an prochain sur la préhistoire et l’Antiquité. Mais ce n’est pas la même chose, c’est « simplement » pour les faire lire le plus possible.

Je compte donner le livre à lire dès la rentrée de septembre. Le chapitre sera abordé après les vacances de la Toussaint, ça laisse suffisamment de temps pour lire l’ouvrage (moins d’une centaine de pages).
L’idée du rallye lecture peut être intéressante. Cela permettrai de créer des étapes de lecture et de faire des bilans avant d’aborder le chapitre en lui-même avec son étude de cas.

Tu vas faire ton edc sur ce livre ? Peut-être peux-tu la fractionner pour la donner en plusieurs fois histoire de les motiver à lire le livre ?
Je ne le connais pas mais ça me donne envie en tout cas.

Je ne suis pas en HG, mais en français, et je trouve ton idée intéressante. Deux petites choses: si tu leur fais lire le livre en amont, ne prévois pas un temps trop long avant de commencer ton chapitre, sinon certains éléments de ce qu'ils ont lu risquent de leur être sortis de la tête.
Vois peut être avec leur prof de français comment cela peut s'articuler avec les lectures qu'il leur donne, car deux livres à lire de front, cela peut être compliqué pour des petits lecteurs.
En tout cas, c'est une très bonne idée !

Je fais mon étude de cas sur les Cévennes. Beaucoup de passages du livre évoquent une vie semblable à celle des habitants de cette région.
Compte tenu de vos recommandations je vais essayer d’adapter au mieux le temps de lecture. Je retiens l’idée du rallye en découpant certaines parties du livre en les associant à des concepts de géographie sur les espaces de faible densité. Ça permettra d’introduire certaines notions avant l’entrée en matière via l’étude de cas du chapitre.

Maju a écrit:
Vois peut être avec leur prof de français comment cela peut s'articuler avec les lectures qu'il leur donne, car deux livres à lire de front, cela peut être compliqué pour des petits lecteurs.

Je rejoins Maju : il faut te coordonner avec le collègue de français parce que pour un grand nombre, ce sera impossible de lire deux livres en même temps.
En français, je ne donne rarement une lecture cursive de manière "brute" : je fais un découpage avec des étapes, je donne un planning de lecture, on fait des petits points réguliers ... Il m'arrive de résumer des passages pour les faibles lecteurs, de leur donner de ce fait une sorte de "parcours de lecture" du type : "Lire des p. x à x, puis lire le résumé ci-dessous. Reprendre la lecture p. x". Tout ça pour dire qu'il ne faut pas trop t'illusionner sur l'autonomie des élèves face à un livre, sur leur capacité à en lire un (sur ma classe de 24 cette année, environ 9-10 élèves n'ont lu aucun des livres donnés en LC, malgré tout le travail de préparation et d'accompagnement à la lecture qu'on a pu faire, malgré le fait que j'ai varié : lecture imposée ; lecture au choix ; lecture différenciée selon le niveau).

Même en latin, où j'ai de bons élèves lecteurs, en général, j'hésite à donner des LC pour que ça ne se chevauche pas avec le travail de français ; je donne des suggestions de LC, facultatives.

Je me permets d’actualiser ce sujet afin de partager mon retour d’expérience.

Suite aux différents conseils lus sur Néo et par les collègues de lettres de mon établissement, j’ai donc procédé de la façon suivante.
Au cours de l’été, j’ai préparé un carnet de lecture afin de guider les élèves. Il était découpé par chapitres et comportait des questions de compréhension, des réflexions personnelles portant sur certains passages du livre, ainsi qu’un abécédaire. La tâche finale reposait sur une critique rapide du livre et un choix justifié d’une photographie de Raymond Depardon (parmi une sélection préalable de ma part) en lien avec le livre.

En début d’année, j’ai prévenu mes élèves de 3e qu’ils auraient un livre à lire en lien avec le chapitre de géographie sur les espaces de faible densité. Aucune récrimination de leur part, malgré le fait que la lecture soit programmée pendant les vacances de la Toussaint.
Deux semaines avant les vacances, je procède à la distribution des exemplaires et des carnets, ce qui leur laisse au total 4 semaines pleines pour lire et compléter leur carnet. Ma collègue de lettres m’avait suggéré cette organisation afin de maximiser leur attention sur le livre et la tâche à réaliser.

Au retour des vacances, je récupère l’intégralité des carnets de lecture. Après examen rapide je constate des écarts de remplissage du carnet. Certains élèves détaillent énormément leurs réponses sur le questionnaire de compréhension, quand d’autres se contentent du minimum.
Dans leurs critiques du livre, les deux tiers notent qu’ils n’ont pas apprécié la lecture, le sujet leur apparaît souvent comme ennuyant.
Afin de confronter les différents points de vue, je décide de faire une table ronde pour que les élèves puissent discuter autour du livre, de ce qu’ils ont compris, de ce qu’ils peuvent en garder dans le cadre du programme de géographie.
Cette séance a lieu sur deux créneaux horaires en A.P., la classe est en demi groupe. Malheureusement, les deux groupes sont peu motivés et gênés d’être mis en situation de groupe de parole. Je suis obligé d’énormément guider les débats et les réponses, malgré des questions ouvertes s’appuyant sur leurs ressentis et impressions au fil de la lecture.

Le bilan que je tire est donc mitigé. Quelques points positifs d’abord, les élèves ont tous lus le livre et complété (même partiellement) le carnet de lecture. Certains élèves se sont réellement investis et produits d’excellentes synthèses. Lors des tables rondes, certains élèves m’ont fait part de difficultés face à l’exercice de l’abécédaire. Cela me permettra d’ajuster l’exercice pour l’année prochaine.
Parmi les points négatifs, je note qu’une part non négligeable d’élèves n’ont pas su répondre aux attentes, se contentant du minimum et ne développant pas leurs réponses. Cela dit, rien ne change par rapport à d’habitude, dans des exercices classiques on retrouve cette même proportion d’élèves.
Peu de liens sont faits par les élèves entre le livre et le chapitre de géographie étudié, notamment lors de la table ronde en A.P. Ce point est dommageable, car c’est dans cette optique que j’avais engagé ce projet de lecture cursive. Je pense que cela est dû à la programmation de ce chapitre au retour des vacances de la Toussaint. Il aurait sans doute fallu faire ce chapitre avant les vacances.

En conclusion, je pense renouveler l'expérience l'année prochaine en corrigeant certains points d'organisation. Je pense que l'exercice est peu commun en Histoire-géographie et mérite d'être essayé, malgré une réticence des élèves à s'investir dans la lecture.

Merci de revenir en parler, c’est instructif d’avoir ton retour !

Oui, merci. Tiens nous au courant si tu retentes l'année prochaine.

Je fais remonter ce sujet un an plus tard pour vous partager l'expérience de cette année.

Ayant à nouveau deux classes de 3e, j'ai choisi celle avec le plus de "potentiel" d'accroche vis-à-vis du sujet du livre. Au regard des commentaires que j'ai pu lire dans les critiques du livre, ce dernier a été plus apprécié cette année, bien que certains élèves trouvent encore que le sujet n'est pas vraiment intéressant ou que l'écriture manque de dynamisme.

Contrairement à l'an passé, j'ai modifié le carnet de lecture afin que celui-ci ne soit pas trop long à compléter par les élèves. J'ai conservé des questions de réflexion personnelle afin de faire travailler l'argumentation, ainsi que la tâche finale (une critique rapide du livre et un choix justifié d’une photographie de Raymond Depardon en lien avec le livre).

Pour les questions de compréhension, j'ai ainsi privilégié l'usage du numérique. Pour chaque chapitre j'ai confectionné des QCM, un abécédaire avec des citations à prélever dans le livre pour justifier un mot de vocabulaire, etc. Les élèves n'avaient qu'à se connecter à leur ENT pour faire ces petits questionnaires très rapides pour chaque chapitre lu.
Cela a plusieurs avantages pour eux comme pour moi :
Pour les élèves : progressivité dans la lecture, vérification plus rapide des informations à retenir par chapitre, pouvoir consacrer plus de temps à la production de la tâche finale et à la critique du livre.
Pour moi : faciliter la correction et visualiser de manière plus optimale les erreurs de compréhension sur certaines notions de géographie que je peux reprendre en cours sur le chapitre 3 sur les espaces de faible densité. Par ailleurs, ce format d'exercice m'évite d'avoir des écarts importants sur la qualité du travail rendu (cf. mon précédent post l'année dernière).

Au retour des vacances de la Toussaint, je récupère l’intégralité des carnets de lecture. Je décide cette fois de faire une table ronde en classe entière. La séance a été assez animée, avec des élèves impliqués qui arrivaient à faire des liens intéressants entre les différentes thématiques du livre et avec le vocabulaire géographique travaillé les années précédentes et au début de l'année (mobilité, contrainte).
La lecture des différents carnets montre des élèves cherchant à développer leurs idées, avec parfois des liens faits avec leur propre expérience.

Je me suis servi de cette lecture pour introduire le chapitre 3 sur les espaces de faible densité. Je n'ai pas modifié ma programmation, contrairement à ce que j'envisageais à la suite de la première expérimentation. Le livre m'a un peu servi de fil rouge tout au long du chapitre afin que les élèves puissent faire des liens efficaces entre les situations lues et l'étude de cas du chapitre.

Je ne sais pas trop dans quelle direction m'orienter pour l'année prochaine en terme d'améliorations. Toutes les idées sont le bienvenues.

Mais si vous avez des doutes sur ce type d'exercice pour l'Histoire-géographie, je suis pour ma part assez convaincu du bien-fondé de celui-ci, donc n'hésitez pas à expérimenter !

Bonjour,

C'est un beau projet !

De mon point de vue de prof doc, en termes d'améliorations, je trouve que la tâche finale (choisir une photographie de Raymond Depardon en lien avec le livre en justifiant ce choix) se prêterait assez bien à la réalisation d'une "exposition" au CDI : les photographies sont imprimées, avec à côté l'explication de l'élève et éventuellement une citation du livre. Le livre de Cécile Coulon pourrait être acheté par le CDI et mis en avant à cette occasion. Peut-être que les photographies de Raymond Depardon ont été publiées dans un livre également, à acheter. L'exposition, c'est aussi une manière de valoriser leur travail à l'extérieur de la classe.

Par ailleurs, aller voir la/le prof doc de ton établissement, peut-être qu'il y aurait des choses à faire ensemble ! Par exemple, c'est tout bête, mais si le CDI le permet, faire quelques séances au CDI (par exemple la table ronde en classe entière), c'est une manière de les faire fréquenter ce lieu de lecture.

Merci pour ton retour VB! C’est intéressant de voir l’évolution.