- DalvarNiveau 6
Bonjour, j'ai décidé de faire des fiches de lecture des livres que je lis, parce que j'ai tendance à enchaîner sans faire l'effort de garder une trace de ce que j'ai appris, et je me suis dit que je mettrais mes fiches sur le forum.
Very Important People. Argent, gloire et beauté : enquête au cœur de la jet-set.
Ashley Mears, Editions La Découverte 2023 (Usa 2020)
Ashley Mears est professeur au département de sociologie et au programme d’études sur les femmes, le genre et la sexualité de l’université de Boston.
Terrain : Le principal terrain de l’ouvrage est constitué par les boites de nuit branchées des plus grandes villes américaines.
Méthodo : Mears a fait de l’observation participante dans une centaine de soirées, a pu interroger 44 promoteurs, 20 mannequins et 20 clients.
L’enquête de Mears dévoile les dessous du potlatch qui s’opère dans les boites les plus branchées de la scène New-yorkaise, dans lesquelles on peut voir des riches hommes entourés de mannequins acheter des caisses de champagne, en offrir à tout le monde et arroser les convives. Les gros clients vont ainsi rivaliser entre eux par le biais de ces dépenses ostentatoires, à celui qui fera le plus grand gaspillage de richesse.
Mears montre l’importance du rôle des promoteurs, ceux qui font venir les mannequins dans les clubs. Les promoteurs, d’origine souvent populaire, et parfois les seuls hommes non-blancs dans les boites (hormis le personnel), passent le plus clair de leur temps à entretenir un réseau de mannequin. Il faut pour cela les recruter, en les abordant à la sortie des castings par exemple, puis les inviter aux soirées en prenant en charge tous leurs frais. Parfois les promoteurs qui veulent être sûrs d’avoir suffisamment de mannequins à disposition les hébergent. L’intérêt pour les mannequins de venir à ces soirées est de pouvoir sortir gratuitement dans les meilleurs clubs, et parfois de faire des contacts. Les clubs ont intérêt à avoir des mannequins si ils veulent attirer les gros clients, donc ils rétribuent les promoteurs pour que ceux-ci fassent venir des mannequins. Les gros clients veulent être entourés de mannequins (femmes jeunes grandes maigres et blanches, et idéalement qui doivent être vraiment mannequins), car cela fait partie pour eux de la démonstration de valeur (de même que dépenser des milliers ou dizaines de milliers de dollars en champagne). La fonction de promoteur permet d’éviter aux clubs d’engager directement des mannequins, tout comme d’éviter aux clients d’avoir à entretenir un réseau pour avoir des mannequins quand ils sortent.
Mears montre les dessous économiques des relations de don et contre-don entre les clients, promoteurs et mannequins, qui sont à la fois clairs et en même temps niés. Par exemple les promoteurs ont intérêt à ce que les mannequins considèrent qu’elles ont avec eux une relation d’amitié pour dissimuler l’exploitation dont elles font l’objet : par exemple un promoteur va être mécontent si une fille part de soirée avant trois heures du matin alors qu’elle a mangé puis bu à ses frais, et considère qu’elle doit rester et faire le show (danser, avoir l’air de s’amuser) jusqu’à cette heure là, quand les gérants des clubs font le tour pour voir combien de filles leur ont amené les promoteurs. Ils vont pareillement être mécontents si une fille qu’ils hébergent sort avec un autre promoteur. Comme aucun contrat ne les lie, le promoteur aura plutôt tendance à jouer sur la dette que les mannequins ont envers lui du fait des services qu’il leur rend.
Il y a également une relation ambiguë entre les gros clients et les promoteurs. Les promoteurs peuvent encourager les clients à venir faire la fête avec eux, comme si ils étaient amis, en leur disant qu’il y aura des mannequins, mais derrière le club va rémunérer le promoteur avec une commission sur les bouteilles que le client achètera.
Mears évoque le rôle des inégalités de genre, des stéréotypes, de la distinction, évoque les aspirations de chacun, etc.
Livre très plaisant à lire, très accessible pour les gens qui n'ont pas fait socio mais avec beaucoup de choses intéressantes pour illustrer les notions de don, de distinction, de capital social, etc.
Very Important People. Argent, gloire et beauté : enquête au cœur de la jet-set.
Ashley Mears, Editions La Découverte 2023 (Usa 2020)
Ashley Mears est professeur au département de sociologie et au programme d’études sur les femmes, le genre et la sexualité de l’université de Boston.
Terrain : Le principal terrain de l’ouvrage est constitué par les boites de nuit branchées des plus grandes villes américaines.
Méthodo : Mears a fait de l’observation participante dans une centaine de soirées, a pu interroger 44 promoteurs, 20 mannequins et 20 clients.
L’enquête de Mears dévoile les dessous du potlatch qui s’opère dans les boites les plus branchées de la scène New-yorkaise, dans lesquelles on peut voir des riches hommes entourés de mannequins acheter des caisses de champagne, en offrir à tout le monde et arroser les convives. Les gros clients vont ainsi rivaliser entre eux par le biais de ces dépenses ostentatoires, à celui qui fera le plus grand gaspillage de richesse.
Mears montre l’importance du rôle des promoteurs, ceux qui font venir les mannequins dans les clubs. Les promoteurs, d’origine souvent populaire, et parfois les seuls hommes non-blancs dans les boites (hormis le personnel), passent le plus clair de leur temps à entretenir un réseau de mannequin. Il faut pour cela les recruter, en les abordant à la sortie des castings par exemple, puis les inviter aux soirées en prenant en charge tous leurs frais. Parfois les promoteurs qui veulent être sûrs d’avoir suffisamment de mannequins à disposition les hébergent. L’intérêt pour les mannequins de venir à ces soirées est de pouvoir sortir gratuitement dans les meilleurs clubs, et parfois de faire des contacts. Les clubs ont intérêt à avoir des mannequins si ils veulent attirer les gros clients, donc ils rétribuent les promoteurs pour que ceux-ci fassent venir des mannequins. Les gros clients veulent être entourés de mannequins (femmes jeunes grandes maigres et blanches, et idéalement qui doivent être vraiment mannequins), car cela fait partie pour eux de la démonstration de valeur (de même que dépenser des milliers ou dizaines de milliers de dollars en champagne). La fonction de promoteur permet d’éviter aux clubs d’engager directement des mannequins, tout comme d’éviter aux clients d’avoir à entretenir un réseau pour avoir des mannequins quand ils sortent.
Mears montre les dessous économiques des relations de don et contre-don entre les clients, promoteurs et mannequins, qui sont à la fois clairs et en même temps niés. Par exemple les promoteurs ont intérêt à ce que les mannequins considèrent qu’elles ont avec eux une relation d’amitié pour dissimuler l’exploitation dont elles font l’objet : par exemple un promoteur va être mécontent si une fille part de soirée avant trois heures du matin alors qu’elle a mangé puis bu à ses frais, et considère qu’elle doit rester et faire le show (danser, avoir l’air de s’amuser) jusqu’à cette heure là, quand les gérants des clubs font le tour pour voir combien de filles leur ont amené les promoteurs. Ils vont pareillement être mécontents si une fille qu’ils hébergent sort avec un autre promoteur. Comme aucun contrat ne les lie, le promoteur aura plutôt tendance à jouer sur la dette que les mannequins ont envers lui du fait des services qu’il leur rend.
Il y a également une relation ambiguë entre les gros clients et les promoteurs. Les promoteurs peuvent encourager les clients à venir faire la fête avec eux, comme si ils étaient amis, en leur disant qu’il y aura des mannequins, mais derrière le club va rémunérer le promoteur avec une commission sur les bouteilles que le client achètera.
Mears évoque le rôle des inégalités de genre, des stéréotypes, de la distinction, évoque les aspirations de chacun, etc.
Livre très plaisant à lire, très accessible pour les gens qui n'ont pas fait socio mais avec beaucoup de choses intéressantes pour illustrer les notions de don, de distinction, de capital social, etc.
- Camille BNiveau 9
Merci pour ce compte rendu, France Culture a fait une émission dessus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/ultrariches-et-super-fetes-une-sociologie-de-l-ostentation-5370380, que je compte bien écouter.
- DalvarNiveau 6
Ah merci!! c'est avec l'auteure en plus mais c'est dommage elle parle pas français apparemment, je me demandais comme des fois elle était en France dans le livre et que elle cite beaucoup d'auteurs français.
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