Des élèves à la conquête du passé. Faire de l'histoire à l'école primaire, de Magali Jacquemin

Bonjour,

Je suis actuellement à la moitié du livre Des élèves à la conquête du passé, aux éditions Libertalia, qui vient de sortir. L'autrice, adepte de la pédagogie Freinet, explique comment elle donne le goût de l'histoire aux élèves, tout ça, notamment en partant de leurs propres interrogations. Pour l'instant je n'ai pas vu mentionné le nombre d'élèves par classe, je me demande si ce qu'elle met en place est faisable avec des grosses classes (à mon époque en CM2 on était 38...).

Je me demandais si d'autres personnes l'ont lu, parce que je n'ai pas l'expérience pour juger de ce qu'elle raconte, je ne suis pas dans le primaire et je n'ai pas fait histoire et je ne suis prof que depuis quelques mois.

Nan mais déjà l'intérêt de l'histoire géo au primaire, voilà quoi...

C’est une initiation, et au moins une prise de conscience du temps. Les enfants ont beaucoup de mal à se situer dans le temps, et beaucoup de sujets sont tout de même peu adaptés à de jeunes enfants, ce qui limite forcément ce qui peut-être fait à ce niveau. Par contre je ne dirais pas que ce n’est pas de l’histoire ou de la géographie, au même titre que l’anglais, les sciences ou même les mathématiques et le français ne sont pas abordées de la même façon que dans le secondaire ou le supérieur sans que cela soit autre chose que des mathématiques, des sciences, etc. Je suspecte que l’on créé tout de même de l’intérêt chez les enfants, et on peut aborder certains sujets avec une relative profondeur (mon neveu avait visité Notre Dame de Paris avec sa classe et avait retenu tout un tas de choses tout à fait intéressantes). J’avais enseigné un peu d’histoire en cp en Suisse et c’était intéressant pour les enfants, même si ça demeurait très basique (se situer dans le temps, parler de l’école telle qu’elle était avant avec un instituteur retraité, etc).
Il me semble qu’il n’y a pas beaucoup d’enseignants du primaire sur le forum, mais j’espère que que l’un d’entre eux te lira et pourra t’apporter un éclairage plus spécialisé.

Alors je peux répondre parce que c'est un clivage puissant chez les gens qui pratiquent les pédagogies coopératives de ce style là.

Il y a de nombreux collègues qui font tous leurs cours juste en partant du questionnement des élèves et qui ensuite laissent les élèves faire leurs recherches pour le présenter en cours. Je connais des collègues qui font ça et parviennent à couvrir tout le programme.

Cela s'appelle le travail libre.

On arrive dans les pédagogies coopératives par un des trois outils suivants : conseil de coopération, le travail libre ou le plan de travail.

Je n'ai jamais su faire, cela ne me correspond pas du tout mais j'ai vu des collègues réaliser des trucs remarquables avec cette approche.

Comme je suis dans les "plans de travail" touched, je n'ai pas de conseil à donner mais une visite dans une réunion de l'ICEM 2d degré ou dans le groupe Freinet local devrait te permettre de poser la question et d'avoir des réponses.

Je te trouve très dure Elaïna. A ce compte, les maths en élémentaire, le français en élémentaire, les sciences en élémentaire...Avec les yeux levés au ciel et le petit soupir entendu. On parle d'élèves entre 7 et 11 ans, c'est sûr qu'on en fait pas des historiens ou des mathématiciens au CE2. On peut aussi attendre la sixième pour les choses conséquentes, les vraies, les dures et avant ce ne serait qu'un sas, un temps d'attente pour des êtres pas trop finis et un peu limités (avec des PE pas très finis et un peu limités aussi cela tombe bien). Moi je ne suis pas Historienne ni Géographe et pourtant je le vois l’intérêt en élémentaire. Ils apprennent à se décentrer, la curiosité, la comparaison, à sortir de la sphère familiale. Je trouve que c'est énorme. Dans le temps cela portait bien son nom: l'éveil.

Elaïna a écrit:Nan mais déjà l'intérêt de l'histoire géo au primaire, voilà quoi...

90% de mes souvenirs en histoire géographie, hors seconde guerre mondiale date du primaire et de la 6eme.

Je ne serais clairement pas historien, mais je suis bien heureux d'avoir pu apprendre cela a cette époque.

Moi aussi. Mais je dois dire qu'en l'état actuel des choses, au primaire, en histoire géo, on remplit des fiches sur des thèmes de lycée version bébé.
Les gamins remplissent des fiches par paquet de douze, sont infichus d'en tirer de quoi faire un récit historique, sur des thèmes qui les dépassent (mon cadet perplexe devant sa fiche sur l'intercommunalité, mon grand traumatisé par la fiche sur les chambres à gaz et qui en pleure encore régulièrement quand il y repense), alors que dans le même temps le nombre d'élèves en difficulté de lecture augmente. Non, la priorité n'est pas à faire des foutues fiches d'histoire géo.

(je précise que je suis favorable à l'éveil : parler du moyen-âge, des chevaliers, ou des hommes de neantertal, des glaciers, des continents, oui. Mais faire du mini lycée comme ça se fait actuellement : non.

(Et je passe sur le n'importe quoi que j'ai pu voir. Cette année pour le cm2 du grand, première fiche, première phrase : qu'est-ce que l'histoire ? Réponse : l'histoire, c'est la mémoire que les hommes ont des choses passées. Et bim.)

Elaïna a écrit:(je précise que je suis favorable à l'éveil : parler du moyen-âge, des chevaliers, ou des hommes de neantertal, des glaciers, des continents, oui.)

Oui c'est exactement a cela que je faisais référence !
Je ne connais pas les programmes actuels d'où mon étonnement mais vu ce que tu expliques après, c'est compréhensible...

Et en 6eme, découverte des religions monothéistes et polythéistes (Je revois ma prof d'histoire nous raconter les mythes d'Osiris puis d'Horus ... Une révélation ! C'était il y a bientôt 30 ans...)

Bon bah j'ai fini le livre et c'était très sympa.

Merci pour toutes vos réponses

Après je me demande si pour la suite de la scolarité les élèves ne vont pas être déçus parce que à un moment il faudra bien qu'ils suivent le programme au collège, les thèmes abordés seront imposés et ne pourront plus partir de leurs propres questionnements et centres d'intérêts. Est-ce que aborder l'histoire via leurs centres d'intérêts leur donne vraiment le goût de l'histoire en général ?

Dalvar a écrit:Bon bah j'ai fini le livre et c'était très sympa.

Merci pour toutes vos réponses

Après je me demande si pour la suite de la scolarité les élèves ne vont pas être déçus parce que à un moment il faudra bien qu'ils suivent le programme au collège, les thèmes abordés seront imposés et ne pourront plus partir de leurs propres questionnements et centres d'intérêts. Est-ce que aborder l'histoire via leurs centres d'intérêts leur donne vraiment le goût de l'histoire en général ?

Non, ça n'arrive pas dans toutes les expériences que je connais. Après, le propos que j'ai graissé est partiellement faux et très ignorant de l'enseignement de l'histoire dans le 2d degré. Les élèves se découvrent de nouveaux questionnements et pas mal de professeurs en prennent compte.

Enfin, le goût de l'histoire ne naît pas qu'en cours. Les jeux vidéos pourvoient pas mal les rangs actuels des amateurs d'histoire, tout comme Youtube.

Enfin, pour ta question, oui, ça donne un goût pour l'histoire en général. Non pas dans l'idée d'aimer les grands personnages et les grands événements, mais la démarche de découverte et d'apprentissage du passé.

Ce n'est que du travail libre et les professeurs qui maîtrisent ça sont exceptionnels, franchement. J'ai rarement de l'admiration pour des collègues mais ceux-là, c'est impressionnant.