Préparationdu capes de philosophie ; inquiétude, méthode et bibliographie.

Bonjour à tout.e.s

En arrivant sur ce forum je me suis perdu dans les discussions animées sur la préparation sur le CAPES / Agreg de philo, souvent instiguées par Parménide, que je salue. Elles m'ont assez inquiété sur la préparation de ces épreuves, auxquelles je me consacre depuis désormais 3 ans (master M1 et M2 Meef validés après 3 ans de prépa A/L, actuellement en "prépa agreg" à la Sorbonne - mais je vise surtout le CAPES).

En effet dans les problèmes de méthodes invoqués par Parménide à répétition j'ai peur de me retrouver un peu ; j'ai pu avoir d'assez bonnes notes, mais j'ai l'impression que je passe toujours à côté de l'essentiel. Je fais donc un petit topo sur ma préparation / Mes notes / ma méthode, et enfin ma bibliographie, pour avoir vos avis si cela vous intéresse de les donner - en tous cas je pense qu'ils pourraient m'être précieux !

Sans raconter ma vie, je peux d'abord vous dire que les témoignages de Parménide m'ont perturbé car j'ai le sentiment d'avoir eu un parcours assez similaire au sien - ce qui m'inquiète pour l'avenir. Mes études sup on été très compliquées pour un tas de raisons personnelles ; mauvaise orientation (je regrette aujourd'hui de ne pas avoir fait une L3 et un master recherche plutôt que d'être passé direct de prépa à MEEF...) pbs de santé, années Covid, pbs familiaux (je précise aussi, pour le contexte, que je suis AED à temps plein car je dois m'assumer seul financièrement). Du coup, en "fin" de parcours, je ne me sens pas non plus très assuré sur mes appuis, méthodologiques ou d'un point de vue "contenu des connaissances".

En revanche, le stage de MEEF + mon expérience d'AED m'ont confirmé une chose ; je veux VRAIMENT être prof de philo. Devant une classe, ça se passe très bien, avec les élèves (dans différents établissements), le contact passe très bien, j'ai vraiment eu le sentiment de leur apprendre qqch. Mes autres expériences ("stages" de philo donnés à des Terminale en cours privé) m'ont également confirmé dans ce but.

Ainsi, pour préparer le concours, j'ai accumulé les fiches, en travaillant par notions (les 17 notions du programme de Tle, que j'ai rassemblées en 7/8 "groupes" disctincts. En fait, je réalise aujourd'hui que j'ai déjà préparé mes "cours" ; j'ai d'ailleurs candidaté pour être contractuel, et je sais que demain on me dit "fais un cours sur le travail", par exemple, j'ai le matériel pour ; toutes mes fiches sont constituées sur le modèle "le travail selon X (Locke, Marx, Smith, Arendt...), établies en général à partir d'articles universitaires ou de cours de fac.

Malheureusement, c'est là où le bât blesse : j'ai le sentiment de ne pas avoir assez lu d'oeuvres intégrales, par manque de temps. En travaillant 35h/ semaine + les cours, c'est difficile de se plonger dans une des Critiques de Kant, qui pour moi ne peut pas se "lire" (cAd ficher) en sessions de travail d'1h récupérées par-ci par là. J'ai donc été "obligé" de me sauver la mise avec mes notions, et mes articles. Autrement dit, je sais expliquer l'Etat de Nature selon X, Y , Z, mais je n'ai pas lu intégralement l'oeuvre de Locke qui en parle... Ou celle de Hobbes.

J'ai peur à présent que cette méthode m'ait fortement pénalisé. J'ai déjà passé le Capes 2 fois, d'abord en M1 (sans réviser), puis en M2 (en ayant accumulé plus de connaissances, mais encore une fois avec un sentiment d'insatisfaction). J'ai eu une note à peu près semblable aux deux essais (environ 9/20 de moyenne, à 2 points à peu près de la barre d'admissibilité).
Dans mes préparations, j'ai eu de bonnes et de mauvaises notes. L'année dernière, j'ai eu 14 à un concours blanc ; et c'était parce que j'avais pu exploiter à fond le groupe de notion que j'avais constitué (autour du désir).
Mais j'ai aussi enchaîné cette année les 8/20, avec le reproche suivant ; je connais assez bien la doctrine, mais ma réflexion "personnelle" n'est pas assez à l'oeuvre ; en gros, je plaque trop les thèses des philosophes, et pas assez ma "pensée". Et honnêtement ça me pose une énigme.
Pour ça que je pense devoir accuser ma méthode ; j'en suis venu à la réflexion qu'en fait, sans doute, pour développer une vraie "réflexion personnelle" - ou du moins ce qui semble en être une sur une disserte de 6h, il faut développer sa capacité de réflexion philosophique... Et donc davantage fréquenter les auteurs en intégralité, car leurs textes permettent de voir comment eux-mêmes s'attaquent à un problème, le discutent, et le résolvent.

Si j'échoue à nouveau au CAPES cette année, je pense donc constituer un ensemble bibliographique fait de "classiques" et "moins classiques" (dont certaines oeuvres que je connais déjà), et tâcher de m'atteler à la (très grosse tâche) de lire le plus possible. Mais au moins mon ensemble de fiches / notions (déjà conséquent) me servira de base conceptuelle ; j'ai un peu tout fait à l'envers, en fait...

J'ai l'impression donc que, avec ma méthode de compilation, j'ai construit un système un peu pervers du "ça passe ou ça casse". Qu'en pensez-vous ?
Merci de m'avoir conscré déjà votre temps à lire ce très long message, j'ai essayé d'être concis mais le problème me paraît assez multiple !
PS : le message est déjà très long, j'ai préparé une bibliographie qui compile les oeuvres que j'ai lu et celles qui selon moi me restent à lire pour parfaire ma culture philo, je la posterai si cela intéresse.

Bonjour !
Je lisais beaucoup de topics sur ce forum il y a quelques années de cela, quand je passais moi-même les concours de philosophie (2015-2017). J'ai dû me forcer à arrêter de lire les interventions de certains (Parménide et Jésus en premier lieu) car cela me faisait beaucoup de mal et leur situation personnelle, leurs échecs et inquiétudes vis-à-vis des concours m'angoissaient. Je te dirais donc :
- ne jamais t'identifier à quelqu'un, même si son parcours professionnel et personnel semble similaire au tien.
- en ce qui concerne le concours à proprement parler, et notamment le capes : j'ai connu des amis qui l'ont eu en rabâchant de courts extraits de textes, d'autres qui ne fonctionnaient que par œuvres intégrales et qui maîtrisaient 3 ou 4 auteurs etc. Je pense qu'il y a une diversité de profils au niveau des lauréats. Cependant, tu sembles mal à l'aise avec ta propre méthode de travail, ce qui montre peut-être que tu devrais t'y prendre autrement.
- étant maintenant prof de philosophie (certifiée), l'idée que tu te fais de l'enseignement me paraît incorrecte. Tu écris que tes cours sont en quelque sorte déjà prêts puisque tu as accumulé beaucoup de fiches sur des doctrines. Or, un cours, ce n'est pas un exposé d'histoire de la philosophie (I. L'art selon Platon et Aristote. II. L'art selon Kant III. L'art selon Hegel) mais c'est avant tout un travail de conceptualisation de la notion, de sa problématisation.  Peut-être devrais-tu davantage travailler cela ?
- je me suis toujours sentie plus à l'aise avec les auteurs que je connaissais bien (id est, dont j'avais vraiment lu les œuvres) ; cela donne incontestablement de la profondeur et de la nuance à ta réflexion. Idéalement, je t'encouragerais à lire des œuvres intégrales mais tu expliques que tu ne peux t'y consacrer pleinement puisque tu n'as pas trop le temps.
- peut-être travailler davantage la méthodologie ? Tu sembles dire que l'on te reproche surtout d'utiliser les auteurs comme des arguments d'autorité (selon Kant...., selon Descartes ...) : peut-être faudrait-il revoir la manière dont tu introduis les auteurs en dissertation ?

Avec le recul, je trouve qu'il y a tromperie : l'année de préparation aux concours de philo est plutôt une année de confirmation, de consolidation des acquis (accumulés depuis la licence) mais on ne pas partir de rien et tout recommencer (découvrir et lire les 3 Critique de Kant l'année de la préparation).

Bon courage à toi

Merci pour toutes ces réponses !

J'ai sans doute un peu caricaturé pour les cours ; ce que je voulais dire par là, c'est qu'évidemment il y a un gros travail de problématisation, mais justement les fiches que j'ai préparé sont déjà axées en fonction de ce qui me semble être les aspects "problématiques" de telle ou telle notion. Par exemple, l4etat - pourquoi l'Etat, quel pouvoir sur le peuple, quel rôle joue-t-il dans l'organisation de la société, etc. - et mes fiches recoupent des auteurs en affirmant leur point de vue sur telle ou telle de ces questions sans l'étouffer mais en lui donnant de la profondeur ; c'est comme cela que j'avais compris l'articulation des thèmes / auteurs / notions. Bien sur je ne commencerais pas un cours par I) L'art selon Platon, j'essaierais d'amener la réflexion sur des thèmes (présence, représentation, réalité, valeur de l'imitation) qui ensuite trouvent leur écho dans la pensée de tel ou tel auteur. C'est un gros travail (et combien passionnant ! ) mais justement j'ai aussi peur de ne pas avoir assez de temps pour l'approfondir suffisamment pour les concours.

Rapport au temps, pour ça que je regrette aussi de ne pas avoir fait un parcours plus "classique" où justement j'aurais peut-être eu le temps d'asseoir un peu ma culture personnelle, car là ça fait 5 ans que je prépare un concours, au fond chaque année ; et comme tu dis,

l'année de préparation aux concours de philo est plutôt une année de confirmation, de consolidation des acquis (accumulés depuis la licence) mais on ne pas partir de rien et tout recommencer a écrit:

Enfin bon, ce qui est fait est fait ! Mais ça m'amène à une espèce d'instabilité pédagogique (appelons ça comme ça ?) qui parfois me stress un peu, mais bon je pense que tout ce travail que j'essaie de fournir ne sera pas vain de toute façon...
Et j'espère mettre à profit la période entre les écrits et la rentrée pour bosser à fond certaines oeuvres justement, maintenant que le "point" sur les notions est assez important dans son contenu (bien évidemment je ne considère rien comme "fini, et j'espère que ce sera toujours le cas dans 35 ans... )

En tous cas : merci de ta cordialité !