Article tiré de l'AFP : les enseignants japonais victimes de surmenage

Je viens de tomber sur cet article un peu sommaire mais intéressant :

https://www.larepubliquedespyrenees.fr/societe/afp/france-monde-societe/le-ras-le-bol-des-enseignants-japonais-victimes-de-surmenage-13397258.php

AFP a écrit:Une étude de l'OCDE publiée en 2018 a révélé que les enseignants des collèges japonais travaillaient 56 heures par semaine, contre une moyenne de 38 heures ailleurs.

Mais ce chiffre ne tient pas compte des heures supplémentaires. Une enquête d'un groupe de réflexion lié à un syndicat a montré que les enseignants effectuaient en moyenne 123 heures supplémentaires par mois, un chiffre qui dépasse largement le "seuil karoshi" de 80 heures.

Quand on voit ce que les enseignants japonais sont amenés à faire (superviser les sorties sportives et culturelles des élèves, surveiller les élèves sur le chemin de l'école, etc.), je me dis que le ministère a encore une belle marge de manoeuvre pour son "pacte"...

Quelle tristesse.

Nemuyoake (professeure française devenue enseignante au Japon) ne vient plus ici, et son blog est désormais vide. Son dernier article expliquait justement la dégradation des conditions d'enseignement au Japon. Je viens de vérifier, son compte Twitter est inactif. J'espère qu'elle va bien.
Eh oui, enseigner est devenu difficile partout.

Ah oui c'est vrai, que devient-elle ? Elle rénovait une maison traditionnelle...

C'est assez terrifiant. Ceci dit, ça me pose une question : est-ce spécifique à l'enseignement ? De ce que je peux lire (et de quelques discussions que j'ai pu avoir), le rapport des Japonais au travail est "très particulier" (disons ça comme ça) de manière générale ? Il y a certes une mention dans l'article d'une loi qui pose un problème particulier mais le résultat me semble passablement ressembler à ce qui se pratique (ou pratiquais, mais je n'ai pas tant que ça entendu parler de changement) dans les entreprises.
Je précise, je ne pose pas du tout cette question pour minimiser. Au contraire, j'essaie plutôt de comprendre comment cette situation interagit avec le reste de la société pour réfléchir aux chances de nos collègues japonais de voir leur situation s'améliorer.

Cath a écrit:Ah oui c'est vrai, que devient-elle ? Elle rénovait une maison traditionnelle...

Oui, elle a aussi écrit un ebook sur son parcours et sa formation au Japon (que j'ai lu avec intérêt mais qui m'a in peu frustré parce qu'elle n'entrait pas assez dans les détails je trouve).

C'est sûr qu'au Japon on est bien au-delà de la surveillance ponctuelle du self pour le repas de Noël.

Taillevent a écrit:C'est assez terrifiant. Ceci dit, ça me pose une question : est-ce spécifique à l'enseignement ? De ce que je peux lire (et de quelques discussions que j'ai pu avoir), le rapport des Japonais au travail est "très particulier" (disons ça comme ça) de manière générale ? Il y a certes une mention dans l'article d'une loi qui pose un problème particulier mais le résultat me semble passablement ressembler à ce qui se pratique (ou pratiquais, mais je n'ai pas tant que ça entendu parler de changement) dans les entreprises.
Je précise, je ne pose pas du tout cette question pour minimiser. Au contraire, j'essaie plutôt de comprendre comment cette situation interagit avec le reste de la société pour réfléchir aux chances de nos collègues japonais de voir leur situation s'améliorer.

Le phénomène de “karoshi” (“épuisement voire mort par surmenage”), qui touche des personnes parfois très jeunes, a été très commenté il y a quelques années, et a donné lieu à une nouvelle loi pour tenter de limiter les dégâts.

Beaucoup de "présentisme" au Japon aussi je crois: il faut être le dernier parti pour montrer qu'on bosse mais ce n'est pas forcément signe de productivité.

Cela me fait penser au président de la Corée du Sud qui voudrait faire passer l'obligation de travail à 80h.

Il faudrait leur envoyer quelques livres de David Graeber.

slynop a écrit:Cela me fait penser au président de la Corée du Sud qui voudrait faire passer l'obligation de travail à 80h.

Et après ça, on s'étonne que de nombreux jeunes coréens veuillent quitter le pays...
Et au Japon, ils se réfugient chez eux et en ligne...

Caspar a écrit:Oui, elle a aussi écrit un ebook sur son parcours et sa formation au Japon (que j'ai lu avec intérêt mais qui m'a in peu frustré parce qu'elle n'entrait pas assez dans les détails je trouve).

Ah, j'avais hésité à le commander (il s'agit d'Intuitu Personae), mais si elle ne détaille pas suffisamment son parcours c'est dommage.


Justement, Taillevent, l'article de la collègue en question était titré, de mémoire, "Comment la dernière réforme de l'enseignement a mis fin à mon paradis", signe que les conditions sont devenues critiques.

Irulan a écrit:Justement, Taillevent, l'article de la collègue en question était titré, de mémoire, "Comment la dernière réforme de l'enseignement a mis fin à mon paradis", signe que les conditions sont devenues critiques.

En cherchant, j'ai fini par trouver l'article : https://web.archive.org/web/20210310071144/https://nemuyoake.wordpress.com/2019/12/29/comment-la-reforme-japonaise-du-travail-a-detruit-mon-petit-paradis/
C'est très intéressant à lire. Je ne peux pas dire que ce qu'elle décrit avant la réforme me fasse rêver, mais ça semble en effet s'être notablement dégradé.

Irulan a écrit:

Caspar a écrit:Oui, elle a aussi écrit un ebook sur son parcours et sa formation au Japon (que j'ai lu avec intérêt mais qui m'a in peu frustré parce qu'elle n'entrait pas assez dans les détails je trouve).

Ah, j'avais hésité à le commander (il s'agit d'Intuitu Personae), mais si elle ne détaille pas suffisamment son parcours c'est dommage.


Justement, Taillevent, l'article de la collègue en question était titré, de mémoire, "Comment la dernière réforme de l'enseignement a mis fin à mon paradis", signe que les conditions sont devenues critiques.

Ça vaut le coup de lire son livre quand même, c'est intéressant, il y a juste des passages où je le suis dit qu'il me manquait des éléments pour bien comprendre.

Ah, merci d'avoir retrouvé l'article ! Je n'étais pas loin d'avoir le bon titre.

Alors, quand j'aurais terminé (et commencé !) de lire Japon : abécédaire d'un amour contrarié de Florence Costa, je pourrai enchaîner avec le livre de notre collègue (qui va bien, j'espère ! Si jamais elle passe par là...).