Être prof c'est bien ? Public ou privé ?

Bonjour,

Je suis en M2 et j'ai décidé de passer le CAPES/CAFEP cette année.

Je travaille avec des collégiens à côté de mes études et cela me plaît vraiment, je me sens utile et j'ai l'impression que cela me plairait de travailler dans le secteur éducatif.
Cependant, je suis consciente des difficultés auxquelles les profs sont confrontés et des conditions de travail dégradées, ce qui m'interroge sur ma volonté de travailler dans l'EN. Je pensais que les établissements privés seraient une garantie de facilité (en grande partie pour les mutations) mais j'ai lu/entendu du négatif aussi (parents, direction, statut...).
Je pense passer les concours du public mais j'aimerais quand même avoir vos conseils concernant vos expériences du métier, vos "préférences" entre le privé et le public, votre gestion du système de mutation, le rapport à l'institution et ses politiques... j'adorerai enseigner mais j'ai peur que les aspects négatifs de la profession prennent le dessus sur le plaisir d'exercer.

Merci beaucoup pour vos retours,
Juliette

Bien le bonjour,

Je n'enseigne pas en France donc je vais simplement apporter une réponse limitée à la question que tu utilises comme titre, sans me pencher sur les détails plus "administratifs", pour lesquels je ne saurais te conseiller faute de compétence.

C'est un métier génial à condition d'avoir conscience de tout ce qu'il implique. Le contact avec des jeunes et l'envie de leur faire passer des choses (avec ou sans leur collaboration ) est simplement ce qui me donne envie de me lever le matin. J'adore aussi le contact avec la plupart de mes collègues, qui me stimulent en me proposant de nouvelles manières de voir les choses. Évidemment, ça n'est pas parfait : pas mal d'administration et les corrections sont souvent une tannée. Mais j'ai fait depuis un moment déjà le choix d'accepter les choses qui me déplaisent dans la vie sans me les cacher et de profiter du reste. Je dois dire qu'avec cet état d'esprit, ce boulot est essentiellement du plaisir.

Public pour moi, sans regret, par attachement à une école publique pour tous.
C’est un beau métier, parfois difficile, mais c’est un métier utile. Je trouve qu’on ne s’y ennuie pas, que les journées ne se ressemblent pas. J’aime le contact avec les ados.
Les points négatifs sont le salaire et parfois, le « pas de vague », la paperasse croissante. Je trouve aussi que les relations avec les parents se sont fortement détériorés depuis la réforme du lycée. Je commence aussi à être lassée du statut de TZR.

Public aussi pour moi, je ne me suis jamais vraiment posé la question, ayant fait toute ma scolarité dans le public. Si on veut rester près de chez soi, il est préférable de passer le CAFEP, mais le côté anonyme et national des concours du public me plaît, ainsi que le barème pour les mutations que je trouve relativement égalitaire et clair: il évite le recrutement à la tête du client et le copinage (j'exagère car j'imagine que ça ne se passe pas exactement comme ça dans le privé, mais je n'aime pas spécialement l'idée de devoir postuler auprès de tel ou tel établissement).

Je ne veux pas avoir affaire de près ou de loin avec la religion, donc le privé n'était pas pour moi mais c'est très personnel.

Comme le dit Jenny, et tu le verras sur d'autres fils du forum, je trouve que nos conditions de travail se dégradent: de plus en plus de tâches absurdes, des revirements incessants de l'institution qui nous impose des réformes mal fagotées et mal conçues qui dégradent nos conditions de travail sans améliorer celles des élèves. Ma santé mentale s'en trouve affecté insidieusement et j'espère tenir sans burn-out ou pétage de plomb quand on me présentera le prochain "dispositif" dont il faut "s'emparer" pour reprendre le jargon débile de notre belle maison.

... pour moi, les aspects négatifs ont pris le dessus, et mon principal frein au changement de ministère est la difficulté de m'absenter de 6 à 18 mois pour une école qui ne me permettrait pas re rentrer le soir (je m'en fais moins pour les mutations, sachant que j'habite un secteur peu demandé ET peu pourvoyeur de lauréats aux concours).

Cette année, j'ai des classes plus faciles que d'habitude, mais si on prend l'écart entre leur niveau et celui qui me permettrait de traiter le travail correctement, la paresse, leur je m'en foutisme, leur difficulté à se mettre au travail, l'énergie que je dois déployer pour qu'ils fassent leurs devoirs, qu'ils rattrapent les cours manqués en cas d'absence, la nécessité de se justifier sur tout dès qu'un parent écrit à la direction pour se plaindre que blablabla (éventuellement biaisé par un mensonge de son enfant), plus des "dispositifs" qui poppent de partout et le côté administratif / pénible (sans compter que depuis quelques années, les INSPE semblent valider ou non les candidats sur le principal critère de la servilité à l'égard de l'institution), c'est pénible. Ce serait vivable avec un traitement (on ne dit pas "salaire" pour un fonctionnaire) à la hauteur de la tâche, et donc du temps passé, mais on est clairement sous payé. Nombre de débutants travaillent sous le SMIC horaire, si on tient compte du temps de corrections / préparations / autres.
J'oubliais la possibilité de tomber sur une direction toxique, ce qui semble de plus en plus fréquent (les personnels de directions étant, eux aussi, essorés, et recrutés sur "la loyauté" à l'égard de l'institution).

Franchement, je ne conseillerais pas ce métier aujourd'hui. Cette année, je mange un peu de pain blanc, car effectivement, j'ai moins de discipline à gérer (mais je "compense" en me dépendant pour les pousser à travailler et en étant assez carrée sur les "oublis" de travail et compagnie), et mes groupes de latin sont spécialement peu fournis et spécialement sympathiques, mais je sais que c'est fragile, et temporaire (et ce n'est pas l'image de ma collègue qui rechute régulièrement et sévèrement après un burn-out qui date d'il y a quelques années qui me rend mon optimisme).

Je pense que la réponse va varier d'une personne à l'autre et suivant les conditions. Moi je trouve que je serais plus utile en balayant les rues, mes étudiants (j'enseigne en BTS) ne font strictement rien, n'apprennent rien, et je ne vois pas en quoi mon travail leur apporte la moindre chose. Si j'avais 20 ans, jamais je ne recommencerais ces études et je ne ferais ce job. Je suis dans le public, j'ignore comment c'est ailleurs.

Salut
Concernant le choix public/privé, je dirais que c'est avant tout une question de valeurs. Personnellement, je suis très attaché à l'Ecole de la République, gratuite et laïque ainsi qu'au service public en général. Je ne pourrais donc pas concevoir d'enseigner dans le privé, bien que je respecte évidemment toutes celles et tous ceux qui font le choix d'y exercer.
En ce qui concerne le métier, au-delà des injonctions de l'institution, les conditions de travail sont assez variables selon les établissements, qui sont le reflet de politiques urbanistes n'autorisant malheureusement pas un brassage suffisant.
Actuellement, je trouve mes conditions de travail à la fois épuisantes, démoralisantes et absurdes. Mes classes de 4ème, c'est en gros 30 élèves, parmi lesquels très nombreux sont ceux qui :
- n'ont pas acquis les fondamentaux du cycle 3 ;
- ne comprennent pas une consigne écrite pourtant basique ;
- sont incapables de rédiger la moindre petite phrase sans commettre des fautes monstrueuses ;
- ont une capacité d'écoute qui n'excède pas la vingtaine de secondes ;
- ne voient pas l'école comme un levier de réussite socioprofessionnelle mais seulement comme un lieu contraignant où on cherche à s'occuper par tous les moyens sauf par le travail ;
- ne respectent ni les paroles des camarades ni celle du prof, ni quoi que ce soit d'ailleurs... (j'ai une pensée pour le personnel d'entretien qui retrouve parfois certaines salles dans des états inadmissibles) ;
- n'ont (presque) jamais leurs affaires (ils réclament même des mouchoirs...).
Bon allez, je m'arrête là... mais j'aurais pu continuer. Désolé d'obscurcir le tableau mais c'est la réalité de mon quotidien. Et encore je n'ai pas parlé de la 5ème dont je suis le PP ; là, c'est carrément une autre galaxie !
Mais avec le choc d'attractivité promis pour le métier, nul doute qu'enseigner va redevenir le plus beau métier du monde !

Prof dans le public par conviction depuis 37 ans. Je n'ai jamais regretté ce choix alors que ma soeur est dans le privé. J'ai beaucoup aimé enseigner et j'aime toujours cela, notamment dans mon établissement actuel où les élèves sont vraiment attachants et pour certains originaux et brillants malgré le désert culturel où nous vivons. Par contre je ne supporte plus la façon dont la société et notre hiérarchie nous considèrent et nous méprisent. Je ne supporte plus les injonctions paradoxales, le manque de confiance de l'institution, les salaires insuffisants, la réunionite aigüe, les modes pédagogiques, la mise en concurrence entre matières, le stress de chaque rentrée sur mon poste ou mon service. 37 ans de stress, de remises en question, de travail acharné quoique plaisant, de conflits parfois douloureux, de bonnes ou mauvaises surprises, 37 ans à ne jamais pouvoir se dire : Oh c'est cool aujourd'hui parce que c'est aujourd'hui justement qu'il y aura un clash. 37 ans c'est très long et très court à la fois, c'est en tout cas épuisant. Je n'ai jamais eu de véritable vocation ni d'illusions ayant subi le harcèlement de certains condisciples au collège et au lycée, sur ce plan là au moins je n'ai pas été déçue. J'ai réussi à survivre finalement, ayant plusieurs fois songé à tout quitter. Je ne suis pas sûre que le privé soit plus ou moins facile mais en tout cas je sais que ce métier est plus qu'un métier, qu'il s'est insinué dans toutes les strates de ma vie. Je ne le conseille ni ne le déconseille. A chacun de tenter sa propre aventure. C'est comme avec mon mari. Quand je l'ai rencontré j'aurais juré sur notre histoire ne durerait pas et pourtant 37 ans plus tard je suis toujours prof et mariée. Alors, bon courage à ceux qui se lancent. Pour moi l'histoire s'achève bientôt et elle fut plutôt positive somme toute.

Etre prof, c'est bien si:
- tu ne comptes pas trop sur la paye (après, si tu as le temps de dérouler toute une carrière , ça finit pas trop mal. Mais tu te promets quelques années de vache maigre)
- tu sais t'imposer (vis à vis des élèves, vis à vis de la hiérarchie): ça s'apprend bien sûr, mais ce n'est pas un boulot pour les grands timides qui craquent à la moindre parole qui ne va pas dans leur sens ou les met en difficulté.
- tu sais travailler vite et bien et n'est pas dans une logique sacrificielle (ceux qui y passent leur soirée et leurs vacances craquent vite), en sachant faire avec l'optimum (notion bien différente du parfait^^)

En terme de facilité, je te conseillerai clairement le public:
- protection du statut de fonctionnaire ce qui assure une certaine liberté de parole et d'action: presque tout peut être dit/fait, tant qu'on y met les formes, qu'on argumente et qu'on respecte ses obligations de fonctionnaire (et la loi bien entendu, ce qui inclut le suivi des programmes).
- possibilité d'évoluer dans la fonction publique par voie de concours ou autre, quand tu en auras marre (c'est limité mais ça permet tout de même certaines choses. Pour ma part, je cherche par exemple à évoluer comme beaucoup de collègues vers les finances qui paient mieux)
- quelque part, c'est dans le public où y'a le plus gros besoin si tu fais ça par conviction
- pas besoin de faire semblant de croire si tu es athée et la seule valeur cardinale, c'est la république: vaste programme.

Bon pour ma part, venu là pour des raisons alimentaires, je cherche à en partir car région parisienne, et voilà la paye.
Mais si ce n'est pas un problème pour toi (et y'a tout de même certaines possibilités pour faire des heures sup), c'est un très beau métier. Difficile, mais très intéressant si on veut vraiment s'investir, et y'a de beaux moment avec les élèves. Il faudra savoir passer les premières années qui sont pour beaucoup (ce fut mon cas pendant deux ans) un cauchemar et être patient si tu tombes au départ dans un établissement/ une équipe de m****. Ca arrive, surtout en début de carrière où t'as peu de choix. Accessoirement, dans le second degré, y'a le problème des mutations: tu sais que t'iras travailler un moment en région parisienne, si j'ai bien compris l'affaire (dans le 1er degré qui paie un peu moins, par contre, tu restes dans l'académie où tu passes le concours)

C'est correct comme métier, à condition d'être agrégé et d'adopter la position du "quiet quitting", sinon on risque de ruiner sa santé pour un salaire plutôt faible pour la 6ème puissance mondiale (sans parler du "prof bashing" dans les médias).
Sinon, vous pouvez tenter l'expérience quelques mois en tant que contractuel pour voir si ce métier vous convient (après qqs années d'exercice, changer de voie devient plus difficile)
Bonne chance dans votre recherche de métier

juliette-nini a écrit:j'adorerai enseigner mais j'ai peur que les aspects négatifs de la profession prennent le dessus sur le plaisir d'exercer.

Ils l'ont pris en ce qui me concerne, c'est pourquoi j'ai déjà quitté le navire après quelques années seulement d'enseignement.

pseudo-intello a écrit:Ce serait vivable  avec un traitement (on ne dit pas "salaire" pour un fonctionnaire) à la hauteur de la tâche, et donc du temps passé, mais on est clairement sous payé. Nombre de débutants travaillent sous le SMIC horaire, si on tient compte du temps de corrections / préparations / autres.

Je ne suis pas complètement d'accord avec ta remarque sur le vocabulaire: le traitement n'est qu'une partie du net à payer.
En changeant d'administration, je me retrouve avec un traitement qui reste faible mais un net à payer bien plus élevé, sans faire d'heure sup.

Et sinon le privé sous contrat c'est avoir la même ministère que le public, les mêmes diplômes en papier toilette, les mêmes programmes mal ficelés et inadaptés aux horaires et les mêmes oukases lunaires de certains adjudants pédagogiques régionaux. Et, pour une échelle de rémunération « équivalente », un peu moins de paye et beaucoup moins de retraite.

Bonjour !

J'ai passé le CAFEP il y a six ans, pas par idéologie, mais parce que je vivais déjà en couple et que je refusais de prendre le risque d'être éloignée de mon bien-aimé via le système de mutations du public.
Je travaille depuis cinq ans dans un établissement de banlieue parisienne, en collège, et nos élèves sont des adolescents parfois difficiles mais très attachants (attachiants, quoi).
Je ne supporte pas:
-le mépris de l'institution et de la nation,
-les tâches administratives de plus en plus lourdes,
-la paie qui ne récompense pas véritablement tous les efforts que l'on nous demande de fournir en permanence,
-l'agressivité de certaines familles de mauvaise foi.
J'adore:
-préparer mes cours,
-faire cours,
-ma liberté,
-les relations avec la majorité de mon équipe,
-voir de temps en temps un élève progresser.

C'est un métier particulier mais honnêtement, je pense qu'il vaut quand même le coup. Pour l'instant. On verra ce qu'il en est dans 10 ans...

Le problème du public, c'est que c'est vraiment la roulette russe, qu'on ne sait pas du tout sur quoi on peut tomber, qu'on n'a pas de possibilité de refuser une affectation et ce toute sa carrière, parce qu'on n'est jamais à l'abri d'une suppression de poste ou d'une réforme à la noix.

Avec les réformes successives, ma charge de travail, à exigences égales, aurait doublé en une dizaine d'années. Je ne m'en sors (épuisée) qu'en baissant la qualité, et donc en augmentant l'insatisfaction professionnelle. Qui peut prédire où il sera, avec quels élèves et quelle direction et ce que sera ce métier dans 5 ou 10 ans ?

Ce métier peut être le bonheur comme l'enfer. Cette année j'ai un mixe. Le lundi est un pur bonheur, malgré une journée de 6h de cours. Le mardi c'est l'horreur. Heureusement que je n'ai pas cours le mercredi pour m'en remettre, mais ça c'est parce que je suis à temps partiel... il ne faut pas trop compter sur l'emploi du temps non plus.

Merci beaucoup pour toutes vos réponses !!!

Bonjour,
Je me suis réorienté vers l’enseignement après 2 décennies dans le privé comme cadre.
Je suis dans un lycée privé , et ça ne m’empêche pas d’être autant attaché aux valeurs des la république que les autres. D’ailleurs j’ai passé le même concours avec le même jury et donc je suis aussi formé aux valeurs de la laïcité que mes collègues du public.
Comme dans le monde des entreprises, c’est souvent une affaire de personnes. Je m’explique: certaines équipes sont accueillantes, bienveillantes avec des collègues motivés. D’autres le sont moins, avec des profs « au bout du rouleau «  et aigris.
Je serai peut être comme ça une dans quelques années qui sait.
Mais pour l’instant je me sens 1000 fois plus utile à apprendre aux jeunes et surtout j’ai tiré un trait sur mes 50 heures de bureau par semaine sans reconnaissance , mes dirigeants à la solde de financiers qui délocalisent et licencient à la pelle.
Aujourd’hui mon travail a du sens ,même si l’expression est galvaudée.
Alors oui l’education nationale est hyper administrée et manque sérieusement de réactivité par rapport au secteur privé. Et évidemment, si tu veux faire fortune, passe ton chemin.
Bonne réflexion.

C'est vrai qu'il y a beaucoup de reconnaissance dans notre métier et qu'on ne travaille pas 50 h par semaine ... Et notre ministre n'est pas du tout à la solde de financiers qui bradent notre métier à des intérêts privés...

La reconnaissance je l’ai de la part de mes étudiants. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais entendu parlé d’un prof licencié en Visio par teams en 7mn car « ton poste est supprimé «  . Au profit d’un autre qui travaille pour 2 fois moins cher à quelques milliers de km. C’était les règles et je les connaissais.
Mais c’est aussi pour ça que j’ai choisi l’éducation nationale. J’espère ne pas me tromper pour ne pas revivre ça.

LeDuc a écrit:La reconnaissance je l’ai de la part de mes étudiants. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais entendu parlé d’un prof licencié en Visio par teams en 7mn car « ton poste est supprimé «  . Au profit d’un autre qui travaille pour 2 fois moins cher à quelques milliers de km. C’était les règles et je les connaissais.
Mais c’est aussi pour ça que j’ai choisi l’éducation nationale. J’espère ne pas me tromper pour ne pas revivre ça.

Un poste peut tout à fait être supprimé et l'enseignant, qui était jusqu'alors en poste fixe, se retrouve affecté dans un ou plusieurs autres établissements par mesure de carte scolaire pour effectuer son service. Certes, il perçoit son salaire, mais les conditions de travail n'ont plus rien à voir, et cela fait une énorme différence.

Absolument. Chaque année mon poste est remis en question ainsi que mes heures d'option. Et on te laisse mariner des semaines durant ou bien tu apprends qu'on t'a supprimé tes heures pendant l'été. Quant à la reconnaissance je trouve bizarre de parler d'étudiants s'agissant d'élèves. Certes on en a de leur part, parfois, mais aucune de l'institution ni de la nation. Il faut être bien nouveau dans le métier, ou bien naïf, pour se croire protégé de quoi que ce soit ...

stench a écrit:Je pense que la réponse va varier d'une personne à l'autre et suivant les conditions. Moi je trouve que je serais plus utile en balayant les rues, mes étudiants (j'enseigne en BTS) ne font strictement rien, n'apprennent rien, et je ne vois pas en quoi mon travail leur apporte la moindre chose. Si j'avais 20 ans, jamais je ne recommencerais ces études et je ne ferais ce job. Je suis dans le public, j'ignore comment c'est ailleurs.

J'enseigne aussi en BTS et tu as tout dit! Si j'avais encore quelques illusions sur le système, j'aurais honte de coûter si cher pour mon inutilité.

LeDuc a écrit:La reconnaissance je l’ai de la part de mes étudiants. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais entendu parlé d’un prof licencié en Visio par teams en 7mn car « ton poste est supprimé «  . Au profit d’un autre qui travaille pour 2 fois moins cher à quelques milliers de km. C’était les règles et je les connaissais.
Mais c’est aussi pour ça que j’ai choisi l’éducation nationale. J’espère ne pas me tromper pour ne pas revivre ça.

Visiblement tu n'as pas encore entendu parler des profs de certains LP parisiens (ou situés dans les Hauts de France) qui ont appris la semaine dernière par des indiscrétions (en ce qui me concerne par un collègue proche d'une personne bien placée dans les syndicats qui l'a elle-même appris par oui-dire) que son lycée va fermer et que donc mutation forcée, pas forcément de manière avantageuse... Sachant que l'annonce ne sera faite officiellement que le 8 novembre, je (et tous les collègues concernés) apprécient ta remarque... Sans compter les réformes visant la mort du LP, pas encore entérinée mais bien programmée, et qui vont nous forcer soit à changer de métier, soit à faire un métier pour lequel nous n'avons pas signé... C'est bien de défendre le métier, mais en ne disant pas n'importe quoi et en ayant un peu d'emathie pour des collègues qui vivent en ce moment une situation très difficile moralement (je ne parle même pas des élèves...) c'est beaucoup mieux, surtout quand on a six message au compteur (et qu'on est peut-être prof depuis un an, voire moins...), sinon ça sonne tout de suite bizarre, au mieux...

On reparle de tout ça dans 38 ans !

LisaK :

Lisak40 a écrit:

LeDuc a écrit:La reconnaissance je l’ai de la part de mes étudiants. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais entendu parlé d’un prof licencié en Visio par teams en 7mn car « ton poste est supprimé «  . Au profit d’un autre qui travaille pour 2 fois moins cher à quelques milliers de km. C’était les règles et je les connaissais.
Mais c’est aussi pour ça que j’ai choisi l’éducation nationale. J’espère ne pas me tromper pour ne pas revivre ça.

Visiblement tu n'as pas encore entendu parler des profs de certains LP parisiens (ou situés dans les Hauts de France) qui ont appris la semaine dernière par des indiscrétions (en ce qui me concerne par un collègue proche d'une personne bien placée dans les syndicats qui l'a elle-même appris par oui-dire) que son lycée va fermer et que donc mutation forcée, pas forcément de manière avantageuse... Sachant que l'annonce ne sera faite officiellement que le 8 novembre, je (et tous les collègues concernés) apprécient ta remarque... Sans compter les réformes visant la mort du LP, pas encore entérinée mais bien programmée, et qui vont nous forcer soit à changer de métier, soit à faire un métier pour lequel nous n'avons pas signé... C'est bien de défendre le métier, mais en ne disant pas n'importe quoi et en ayant un peu d'emathie pour des collègues qui vivent en ce moment une situation très difficile moralement (je ne parle même pas des élèves...) c'est beaucoup mieux, surtout quand on a un message au compteur (et qu'on est peut-être prof depuis un an, voire moins...), sinon ça sonne tout de suite bizarre, au mieux...

Je t’envoie tout mon soutien. Quand j’ai lu les articles à ce sujet dans la presse nationale et locale, j’ai tout de suite pensé aux collègues qui vont perdre leur poste, parfois après une longue attente pour l’obtenir. Tout cela pour des raisons « économiques ».

Merci pour votre soutien à tous ! Je ne peux pas trop en dire plus sur ma situation personnelle car ce serait je pense trop reconnaissable, mais oui c'est dur, pour tout le monde (les profs, les AEd, les agents, les admins, le chef et évidemment les élèves...). Fin du HS...