Vers une 6e "tremplin" pour tous les élèves ?

Shakti a écrit:Je découvre la 6ème "tremplin" expérimentée dans quelques établissements, publics comme privés, à l'occasion de cette lecture https://theconversation.com/education-nationale-de-quoi-le-college-est-il-malade-191436

Le lien existe aussi sur Café pédagogique. Il semble que l'expérimentation devrait se généraliser.

Connaissiez-vous ce dispositif ?
Et que pensez-vous de cet article de Claude Lelièvre sur le collège ?
 Il semble assez bien informé.

La 6ème tremplin est un nouveau dispositif mis en place afin de renforcer les apprentissages fondamentaux et développer l’autonomie de l’élève, en augmentant la confiance en soi, pour une scolarité sereine et réussie au collège.

Les élèves intégrés à ce dispositif ont été préalablement ciblés par des évaluations en fin d’année de CM2. Ils seront répartis dans des groupes de travail en fonction de leurs besoins.

Des professeurs des écoles et du collège interviendront sur des ateliers en français, mathématiques, graphie et estime de soi, ainsi que pendant les heures d’accompagnement personnalisé.]

Shakti a écrit:Voilà comment c'est présenté sur le site d'un collège de l'académie d'Amiens:

La 6ème tremplin est un nouveau dispositif mis en place afin de renforcer les apprentissages fondamentaux et développer l’autonomie de l’élève, en augmentant la confiance en soi, pour une scolarité sereine et réussie au collège.

Les élèves intégrés à ce dispositif ont été préalablement ciblés par des évaluations en fin d’année de CM2. Ils seront répartis dans des groupes de travail en fonction de leurs besoins.

Des professeurs des écoles et du collège interviendront sur des ateliers en français, mathématiques, graphie et estime de soi, ainsi que pendant les heures d’accompagnement personnalisé.]

L'ambition affichée est toujours éminemment respectable.
Il me semble que leur emploi du temps prévoit des retours en classe "ordinaire". Peut-être un moyen de supprimer la Segpa ?

Matteo a écrit:Il ne fera vraiment pas bon être un enfant qui aime l'école...

Il y a quelques décennies, les bons élèves pauvres étaient entraînés à l'exigence et accédaient en bon nombre à des enseignements d'excellence qu'ils étaient parfaitement capables de suivre. Ils s'en voient aujourd'hui structurellement empêchés par le principe d'un enseignement unique pour tous : par nécessité, l'exigence est alors bannie des programmes et interdite dans les pratiques de classe. Les élèves doués et travailleurs issus de milieux modestes, que nous voyons tous les jours dans les classes, n'auraient besoin, pour réussir selon leur mérite, ni de quotas ni de concours adaptés à leur origine sociale, mais seulement d'un peu d'ambition de la part de l'école. Hélas ! Le ministère et ses belles âmes ne l'entendent pas de cette oreille et imposent la « réussite de tous », c'est-à-dire de personne.

Matteo a écrit:Il ne fera vraiment pas bon être un enfant qui aime l'école...

lisa81 a écrit:

Matteo a écrit:Il ne fera vraiment pas bon être un enfant qui aime l'école...

Cela ne date pas d'hier, hélas ( l'article date de 2010 )
https://www.lesechos.fr/2010/02/comment-on-empeche-les-enfants-de-pauvres-dacceder-a-lelite-1085250

Il y a quelques décennies, les bons élèves pauvres étaient entraînés à l'exigence et accédaient en bon nombre à des enseignements d'excellence qu'ils étaient parfaitement capables de suivre. Ils s'en voient aujourd'hui structurellement empêchés par le principe d'un enseignement unique pour tous : par nécessité, l'exigence est alors bannie des programmes et interdite dans les pratiques de classe. Les élèves doués et travailleurs issus de milieux modestes, que nous voyons tous les jours dans les classes, n'auraient besoin, pour réussir selon leur mérite, ni de quotas ni de concours adaptés à leur origine sociale, mais seulement d'un peu d'ambition de la part de l'école. Hélas ! Le ministère et ses belles âmes ne l'entendent pas de cette oreille et imposent la « réussite de tous », c'est-à-dire de personne.

Philippe Champy et Roger-François Gauthier en doutent dans un ouvrage (Contre l'école injuste, ESF Sciences humaines) qui ouvre une nouvelle voie pour la démocratisation scolaire. L'Ecole est irréformable si on s'obstine dans le même "imaginaire collectif" qui dirige l'éducation nationale et les réformes depuis des années. La réponse doit donc d'abord être intellectuelle. Ils appellent à une redéfinition des finalités de l'Ecole par une approche curriculaire qui organise l'Ecole autour de ses valeurs. Philippe Champy, auteur de "Vers la guerre scolaire" (La Découverte) et Roger-François Gauthier, inspecteur général, s'expliquent dans cet entretien.

Vous dénoncez un "imaginaire collectif" qui serait responsable de l'incapacité de l'Ecole à se réformer. Peut-on dire que vous proposez une réponse intellectuelle et qualitative à la crise de l'école là où d'autres proposent une réponse quantitative ?
On peut le dire. Mais le qualitatif va de pair avec le quantitatif. Davantage de moyens est sans doute nécessaire, c’est une évidence. Mais on ne peut pas continuer à éluder la question du "à quoi servent" ces moyens supplémentaires. Pour que l’Ecole serve quelles finalités ? Si on reste dans l'école actuelle qui trie les élèves, avec un système de notation qui fait que pour les élèves la note importe davantage que les savoirs, à quoi ça sert ? Il faut interroger l'imaginaire scolaire dominant et prendre conscience qu'il y a des caractéristiques du système éducatif français héritées d'un passé élitiste. Il faut interpeller et mettre en cause cet héritage qui n’est jamais interrogé dans sa globalité, car il est considéré comme « allant de soi »

roxanne a écrit:

Matteo a écrit:Il ne fera vraiment pas bon être un enfant qui aime l'école...

Mais, il ne fait pas très bon non plus être un enfant qui n'aime pas trop ça actuellement. On ne va pas nier que le collège ne fonctionne plus. Le collège modulaire pourrait être une solution mais évidemment avec les moyens qui vont avec.

Les groupes classes sont réduits et un accompagnement renforcé existe selon les besoins : au collège, la moyenne se situe entre 15 et 20 élèves par classe. Si un élève a trop de difficultés à suivre, il va voir l’enseignant spécialisé qui le prend dans un plus petit groupe (3-5 élèves) ou individuellement.

Les équipements sont de grande qualité, avec des outils numériques performants et un matériel impressionnant en technologie, musique, cours de cuisine !

NanouV a écrit:Suis-je la seule à grogner en lisant la présence d'un atelier "confiance en soi"?
Comment est-ce qu'un sujet aussi intime que la confiance pourrait faire l'objet d'un atelier scolaire ? Mais qu'est-ce que c'est que ce monde ?

henriette a écrit:

NanouV a écrit:Suis-je la seule à grogner en lisant la présence d'un atelier "confiance en soi"?
Comment est-ce qu'un sujet aussi intime que la confiance pourrait faire l'objet d'un atelier scolaire ? Mais qu'est-ce que c'est que ce monde ?

L'école peut ruiner l'estime de soi chez des élèves ayant des difficultés scolaires, avec l'effet pernicieux de les amplifier et de rendre leurs apprentissages encore plus difficiles.
Donc non, dans l'absolu, cela ne me choque pas du tout, bien au contraire. J'essaye autant que je peux, dans mes classes, de mettre en place du renforcement positif, parce que les élèves, lorsqu'ils ont confiance en eux et pensent qu'ils ont eux aussi des capacités, réussissent mieux.

Par contre, encore faut-il que ce ne soit pas juste des mots, un autre dispositif bidon-zéro-moyen (coucou les PIAL) pour faire des économies sur le dos des élèves en difficulté.

trompettemarine a écrit:Mais les heures d'AP font bien partie des 4h30 de l'horaire plancher ? (Question sérieuse). C'est en tout cas le cas chez nous et ces heures en demi-groupe sont très importantes pour moi : je fais la grammaire et l'orthographe. 
Ces élèves perdraient donc une heure du programme de français de 6e.

henriette a écrit:

NanouV a écrit:Suis-je la seule à grogner en lisant la présence d'un atelier "confiance en soi"?
Comment est-ce qu'un sujet aussi intime que la confiance pourrait faire l'objet d'un atelier scolaire ? Mais qu'est-ce que c'est que ce monde ?

L'école peut ruiner l'estime de soi chez des élèves ayant des difficultés scolaires, avec l'effet pernicieux de les amplifier et de rendre leurs apprentissages encore plus difficiles.
Donc non, dans l'absolu, cela ne me choque pas du tout, bien au contraire. J'essaye autant que je peux, dans mes classes, de mettre en place du renforcement positif, parce que les élèves, lorsqu'ils ont confiance en eux et pensent qu'ils ont eux aussi des capacités, réussissent mieux.

Par contre, encore faut-il que ce ne soit pas juste des mots, un autre dispositif bidon-zéro-moyen (coucou les PIAL) pour faire des économies sur le dos des élèves en difficulté.