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- maikreeeesseGrand sage
Je pourrais écrire mot pour mot ce qu'a clairement énoncé Randoschtroumf. Mes CP lisent tous en fin d'année. Il y a un très bon travail dès la maternelle (au passage, un travail systématique dès la MS ou GS de la phonologie comme du geste graphique pour TOUS les élèves peut être aussi contre productif pour des enfants pas encore prêts, la variabilité à cet âge étant énorme). Ils lisent comme ils savent poser les additions et les soustractions. Mais à la fin du CM2, le manque de vocabulaire, d'habitude de lecture creusent les différences, les élèves de mon école deviennent moyens puis le niveau diminue encore au collège. Les parents qui cumulent les petits boulots, artisans, serveurs, qui font les 3*8 sont épuisés le soir. Pourtant nos élèves peuvent faire seul leur devoir mais ils n'y sont pas encouragés. Passé le CP et le côté sérieux de la grande école, il y a un relâchement.Randoschtroumf a écrit:L'extrait indique : "transmettre aux parents des techniques".
Avec cette phrase, on rebondit sur une des difficultés majeures rencontrées dans la difficulté scolaire : l'importance apportée au suivi de la scolarité.
Je parle bien d'importance et non pas de capacité des parents à suivre.
Un parent non francophone qui dit chaque soir à son enfant d'ouvrir son agenda et lui demande ce qu'il a à faire, même sans pouvoir suivre personnellement, en lui disant de s'appliquer, c'est bien donner de l'importance aux études.
Une famille qui fait manquer régulièrement la classe pour aller chez Mickey, qui ne regarde jamais le cahier du jour, n'ouvre pas les LSU (sur educonnect, on sait qui s'est connecté ou non ..et on imprime les livrets pour les familles en difficulté avec le numérique... Et on reçoit pour expliquer.... Les familles qui viennent), qui ne regarde pas si l'enfant a une leçon ou de la lecture, qui ne vient pas en RDV, ne facilite pas la scolarité de son enfant.
Cette remarque est sans rapport avec le niveau social des familles, et répond à la phrase citée.
Concernant l'apprentissage de la lecture, je travaille dans une école dans laquelle tous les enfants sortent lecteurs du CP (ce qui n'est pas le cas partout !), avec un enseignement soutenu du code, et un travail sur la compréhension structuré, à l'oral puis sur les textes déchiffrables. Même nos élèves à probable profil Clis déchiffrent.
Ce qui est réellement bloquant ensuite est :
- le niveau de langage et le vocabulaire. Certains "lisent" mais ne comprennent rien.
- quand on avance dans les classes, le positionnement comme élève (moi je, moi d'abord, à la maison, je fais ce que je veux, je n'ai pas envie... Et le classique "je ne fais que si la maîtresse est avec moi).
Évidemment, si on rajoute des enseignants pour prendre individuellement les élèves (ou en petits groupes), cela change la donne.
Actuellement, la mode n'est pas à ajouter du personnel dans les écoles (en dehors des CP dédoublés ou limités à 24, qui se font e' gonflant les effectifs des autres classes). D'ailleurs, les Rased sont moribonds. Mon école n'a même pas de psychologue scolaire...
Elle est plutôt à répartir les élèves faute de remplaçant.
Sinon, parler des manuels classiques n'a aucun sens, puisqu'il existe une grande diversité de manuels.
J'adore ces expériences hors sol et sans rapport avec la réalité d'une classe, dont on tire des conclusions générales ensuite, sensées coller avec une classe lambda.
Cela ne signifie pas que la méthode n'a pas d'importance (d'ailleurs, en GS, j'utilisais le Venot, un vrai trésor), mais que l'expérience n'est pas reproductible à moyens constants dans une classe lambda et avec des familles lambda.
Et au passage, l’enseignement explicite, cela fait 15 ans qu'on nous le propose en formation, rien de très novateur .
- User9525Niveau 8
Écusette de Noireuil a écrit:[Programme B] École, inégalités au programme | 1/3 #programmeB
https://podcastaddict.com/episode/137216468 via @PodcastAddict
Je me permets de signaler le premier de trois excellents épisodes sur la question des inégalités scolaires, avec notamment dans le premier un retour historique très intéressant sur la construction même du système qui comporte une dimension inégalitaire dès le départ ... ça casse un peu le mythe de l'école de la Troisième République en tant qu'ascenseur social et ça amène vraiment à s'interroger sur la façon dont la représentation qu'on se fait de l'école comme facteur d'égalité à des effets pervers.
Il y a de quoi, et ce n'était pas son projet, l'orphelin de père à la fin de la première guerre mondiale, élevé seule par sa grand-mère, n'avait que peu de chance de devenir médecin (exemple familial); évidemment il y a eu quelques exceptions.
Je trouve très intéressante ta dernière phrase. La mission assignée à l'école relève quasiment de la mystique égalitaire alors que tout le reste (ou presque) repose sur la distinction (emploi, logement, biens de consommation, alimentation, vacances, ...), ça devrait nous interroger.
Merci pour la référence, je vais écouter ça!
- JanWebNiveau 1
Elisabeth Borne a écrit:
L'éducation est certainement notre premier bien commun, déclare la Première ministre. On a en France un système éducatif qui sait produire l'excellence mais il est sans doute l'un de ceux qui reproduit le plus les inégalités." Elisabeth Borne a par la suite souligné les difficultés de recrutement des entreprises françaises. "Manifestement, notre système éducatif ne forme pas les compétences dont notre économie a besoin. (francetvinfo.fr)
La formulation de la ministre, en ajoutant ces "certainement", "sans doute" et "manifestement" introduit suffisamment de flou pour ne pas trop choquer ni s'engager pour de bon. On comparera avec une version non édulcorée : "L'éducation est notre premier bien commun. On a en France un système éducatif qui sait produire l'excellence mais il est l'un de ceux qui reproduit le plus les inégalités. Notre système éducatif ne forme pas les compétences dont notre économie a besoin." J'espère que le diagnostic sera ferme et donnera lieu à de véritables changements.
- Ajonc35Sage
Je constate à travers mes petits- Ajoncs ( MS, CP et CM1) le travail fabuleux que font les PE. Petite école pour l' un, école de périphérie mais commune " favorisée " ( si je me base sur les dernières élections- comme ma commune dont je connais mieux les publics).maikreeeesse a écrit:Je pourrais écrire mot pour mot ce qu'a clairement énoncé Randoschtroumf. Mes CP lisent tous en fin d'année. Il y a un très bon travail dès la maternelle (au passage, un travail systématique dès la MS ou GS de la phonologie comme du geste graphique pour TOUS les élèves peut être aussi contre productif pour des enfants pas encore prêts, la variabilité à cet âge étant énorme). Ils lisent comme ils savent poser les additions et les soustractions. Mais à la fin du CM2, le manque de vocabulaire, d'habitude de lecture creusent les différences, les élèves de mon école deviennent moyens puis le niveau diminue encore au collège. Les parents qui cumulent les petits boulots, artisans, serveurs, qui font les 3*8 sont épuisés le soir. Pourtant nos élèves peuvent faire seul leur devoir mais ils n'y sont pas encouragés. Passé le CP et le côté sérieux de la grande école, il y a un relâchement.Randoschtroumf a écrit:L'extrait indique : "transmettre aux parents des techniques".
Avec cette phrase, on rebondit sur une des difficultés majeures rencontrées dans la difficulté scolaire : l'importance apportée au suivi de la scolarité.
Je parle bien d'importance et non pas de capacité des parents à suivre.
Un parent non francophone qui dit chaque soir à son enfant d'ouvrir son agenda et lui demande ce qu'il a à faire, même sans pouvoir suivre personnellement, en lui disant de s'appliquer, c'est bien donner de l'importance aux études.
Une famille qui fait manquer régulièrement la classe pour aller chez Mickey, qui ne regarde jamais le cahier du jour, n'ouvre pas les LSU (sur educonnect, on sait qui s'est connecté ou non ..et on imprime les livrets pour les familles en difficulté avec le numérique... Et on reçoit pour expliquer.... Les familles qui viennent), qui ne regarde pas si l'enfant a une leçon ou de la lecture, qui ne vient pas en RDV, ne facilite pas la scolarité de son enfant.
Cette remarque est sans rapport avec le niveau social des familles, et répond à la phrase citée.
Concernant l'apprentissage de la lecture, je travaille dans une école dans laquelle tous les enfants sortent lecteurs du CP (ce qui n'est pas le cas partout !), avec un enseignement soutenu du code, et un travail sur la compréhension structuré, à l'oral puis sur les textes déchiffrables. Même nos élèves à probable profil Clis déchiffrent.
Ce qui est réellement bloquant ensuite est :
- le niveau de langage et le vocabulaire. Certains "lisent" mais ne comprennent rien.
- quand on avance dans les classes, le positionnement comme élève (moi je, moi d'abord, à la maison, je fais ce que je veux, je n'ai pas envie... Et le classique "je ne fais que si la maîtresse est avec moi).
Évidemment, si on rajoute des enseignants pour prendre individuellement les élèves (ou en petits groupes), cela change la donne.
Actuellement, la mode n'est pas à ajouter du personnel dans les écoles (en dehors des CP dédoublés ou limités à 24, qui se font e' gonflant les effectifs des autres classes). D'ailleurs, les Rased sont moribonds. Mon école n'a même pas de psychologue scolaire...
Elle est plutôt à répartir les élèves faute de remplaçant.
Sinon, parler des manuels classiques n'a aucun sens, puisqu'il existe une grande diversité de manuels.
J'adore ces expériences hors sol et sans rapport avec la réalité d'une classe, dont on tire des conclusions générales ensuite, sensées coller avec une classe lambda.
Cela ne signifie pas que la méthode n'a pas d'importance (d'ailleurs, en GS, j'utilisais le Venot, un vrai trésor), mais que l'expérience n'est pas reproductible à moyens constants dans une classe lambda et avec des familles lambda.
Et au passage, l’enseignement explicite, cela fait 15 ans qu'on nous le propose en formation, rien de très novateur .
Ai si j'ai été surprise de voir la rapidité avec laquelle l'aînée puis le second, ont commencé à lire de manière autonome. J'ai pu constater pendant le confinement l'an passé, leur degré d'autonomie, que je vois déjà chez mon troisième.
Je me demande vraiment, sauf particularités et handicaps, comment en collège cela se dégrade si vite. Randostroumpf y a répondu.
Sans doute aussi que pour certains des acquis trop fragiles et qui se delitent dans le temps. Il y a des enfants qui ont besoin de plus de temps et au collège tout va vite.
- JanWebNiveau 1
Lombalgia a écrit:Entre autresShakti a écrit:Qu'est-ce qui permettait au "système éducatif" des années 60-70 de moins "reproduire" les inégalités ?
Des programmes éprouvés et plutôt stables, des préconisations pédagogiques plus adaptées et efficaces
Une formation des maîtres et des professeurs fondée sur une grande maîtrise des savoirs à enseigner et sur la façon précise d'introduire ces savoirs auprès des élèves
Des apprentissages progressifs à base de leçons à apprendre et d'exercices systématiques pour tous
Une évaluation plus exigeante
Des horaires beaucoup plus favorables à l'acquisition de savoirs fondamentaux solides
Tout ça pourrait justifier que le "niveau" global a baissé, mais je ne crois pas que ça explique une supposée augmentation de la reproduction des inégalités.
La société des années 60-70 était bien moins inégalitaire qu'aujourd'hui (comme le disent Piketty et bien d'autres). Alors même si le système actuel "ne reproduisait pas plus les inégalités", au final elles resteraient plus fortes. Il est facile de blâmer le système éducatif pour des inégalités qui relèvent de bien d'autres choses.
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